L’ « Occident » et sa « guerre au terrorisme » : traitement des symptômes, mais pas des causes de la maladie

Lorsque Jeremy Corbyn a établi un lien direct entre le bombardement de Manchester et les guerres de la Grande-Bretagne contre l’Irak, la Libye et la Syrie, il a été vivement attaqué pour « justification du terrorisme », « soutien au terrorisme », « complaisance envers le terrorisme » et faiblesse…

 

Theresa May l’a accusé d’avoir dit que les attaques terroristes au Royaume-Uni « sont entièrement de notre faute ». Avant même qu’il n’ait parlé, le Sun faisait état « d’indignation » car « on a appris que Corbyn prétendra que la guerre de la Grande-Bretagne contre le terrorisme est responsable de l’attaque terroriste à Manchester. »


En fait, Jeremy Corbyn n’avait pas l’intention de faire une telle déclaration ni ne l’a faite. Le lien qu’il a fait, c’était avec les attaques britanniques contre d’autres pays, et non avec la « guerre contre le terrorisme », qu’il n’a mentionnée que comme étant un échec. Alors que les bombardements en Grande-Bretagne et dans d’autres pays se sont poursuivis au fil des années, il est certainement opportun de reconnaître qu’il a raison, ou du moins que quelque chose cloche dans la manière dont les gouvernements font face à cette menace.

La complicité officielle est l’un des sujets tabou. John Pilger et d’autres ont souligné le fait que le gouvernement britannique savait qu’il y avait une cellule terroriste potentielle à Manchester, formée d’adhérents du Groupe de lutte islamique libyenne (LIFG), interdit comme organisation terroriste par le gouvernement, mais qui s’est transformé en un outil utile pendant la guerre contre la Libye. Les sympathisants ou les membres du groupe étaient bien connus des autorités de Manchester. Beaucoup avaient été placés sous une forme d’assignation à domicile lorsque, en 2011, ils ont été libérés, leur passeport leur a été rendu et ils ont été autorisés – pratiquement encouragés – à retourner en Libye pour rejoindre des groupes affiliés à Al-Qaida se battant sous la couverture aérienne fournie par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France.

L’un d’eux était Ramadan Abedi, vivant à présent à Tripoli, père de Salman, l’auteur de l’attentat suicide de Manchester. Salman était connu de la police, et figurait également sur une liste de terroristes du FBI. Le FBI avait alerté le gouvernement britannique de sa présence et de la menace qu’il représentait. Donc, très clairement, le gouvernement savait qui il était, où il était et où il était allé. Juste avant l’attentat, il s’était rendu en Syrie et était revenu en Grande-Bretagne de Libye sans attirer suffisamment l’attention pour être arrêté, interrogé et surveillé.

Donc, qu’est ce qui est plus important ici, les faiblesses de caractère présumées d’un jeune homme, tel que décrit par les médias, un marginal et un fumeur de drogues, un « loup solitaire », attiré par le terrorisme en raison d’un vide dans sa vie – ou le fait que ce vide se soit trouvé rempli par les conséquences de ce qu’il a vu en Libye et en Syrie ? Qu’il ait choisi de se faire exploser en Grande-Bretagne plutôt qu’en Syrie suggère qu’il considérait que c’était l’« Occident » l’ennemi le plus sérieux et le plus dangereux, et non le gouvernement de Damas.

L’autre sujet tabou ce sont les guerres occidentales qui ont tué des millions de musulmans depuis l’invasion de l’Irak en 1991. Rien que les douze années de sanctions (1990-2002) ont causé la mort de centaines de milliers d’enfants irakiens. La première guerre contre l’Irak a été suivie de l’invasion de 2003, de la destruction de la Libye et de la guerre contre la Syrie. Si au nombre de victimes de ces guerres on ajoute celles d’Afghanistan, le nombre de morts s’élève alors au minimum à quatre millions, et certaines estimations atteignent les huit millions.

Innombrables millions d’autres Afghans, Irakiens, Libyens et Syriens ont été transformés en réfugiés sans-abris dans leur propre pays ou ont été chassés au-delà de leurs frontières. À la suite de ces guerres, des milliers de personnes, d’hommes, de femmes et d’enfants, nourrissons et bébés y compris, se sont noyés en mer Égée ou Méditerranée en essayant d’atteindre la sécurité en Europe. Les gouvernements « occidentaux » qui ont fait la guerre à leur pays doivent être tenus totalement responsables des conséquences à court et à long terme de ce qu’ils ont fait même s’ils ne sont pas prêts à reconnaître une responsabilité personnelle.

Ces événements épouvantables sembleraient être une raison suffisante pour que tout musulman (ou arabe chrétien d’ailleurs) ressente une très grande colère contre ce qu’a fait l’« Occident » et la justification d’une volonté de riposter d’un très petit nombre. Avec en toile de fond l’étendue des dommages causés aux pays musulmans, le saisissement causé par les « attaques terroristes » (les guerres qui prennent la vie de millions de personnes ne rentrent pas dans cette catégorie) devrait probablement être qu’il n’y en a pas eu davantage.

Il faut dire précisément qui est responsable de ces crimes. L’OTAN n’a pas détruit la Libye: les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France l’ont fait avec l’aide marginale d’autres acteurs. Ces trois pays ont été au centre de toutes les catastrophes qui ont submergé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord depuis l’invasion française de l’Algérie en 1830.

Il y a beaucoup de gens en « Occident » qui ne sont pas musulmans ni même chrétiens, mais athées ou agnostiques, ou de conviction humaniste, qui sont tout aussi sensibles que les personnes de religion aux violations flagrantes du droit international et des droits de l’homme que sont les attaques « occidentales » contre des pays majoritairement musulmans. Néanmoins, ce sont les musulmans qui doivent supporter les conséquences de ces attaques, qui doivent assister à la destruction de leur pays et à l’oblitération de millions de leurs compatriotes ou coreligionnaires dans la poursuite des intérêts « occidentaux ». Ils savent, d’après leur propre histoire, que ces attaques se poursuivent sans interruption depuis deux siècles.

Au 19ème siècle, du Caucase aux frontières lointaines de l’Afrique du Nord, l’islam (« fanatisme mahométan ») et non les invasions et l’occupation des terres musulmanes par les armées européennes était identifié comme le principal moteur de la haine de l’Europe ou de « l’Occident chrétien ». C’était un mensonge intéressé et maintenant nous voyons une répétition de la même déconnexion délibérée entre cause et effet, le refus obstiné de voir ce qui devrait être évident aux yeux de tous.

La recherche de la responsabilité ultime pour les attentats terroristes a été dirigée dans la direction des communautés musulmanes, contournant les conséquences contre-productives des politiques des gouvernements « occidentaux ». Ce sont les musulmans que l’on doit empêcher de recourir à l’extrémisme violent, pas les gouvernements; Les musulmans qui sont soupçonnés, pas les politiques gouvernementales fondées sur le mensonge, la propagande et l’illégalité flagrante; Et les musulmans qui sont confrontés à l’islamophobie alors que le gouvernement attise les inquiétudes du public à l’égard de leur communauté.

Ils ont raison d’avoir du ressentiment. Les musulmans n’ont pas seulement à l’esprit les événements actuels, mais deux siècles d’agression « occidentale » constante, ce qui leur permet de conclure que l’ « Occident » ne change pas parce qu’il ne veut pas changer, car moins d’agression et plus de moralité à l’étranger entraveront la poursuite des bénéfices et du pouvoir et parce que le prix qu’il a dû payer pour ses guerres n’est pas encore assez élevé pour l’obliger à changer, malgré le 11 septembre, le Bataclan, Nice, Manchester et toutes les autres horreurs que nous avons vues récemment.

En amont, des mises en garde rebondissent sur sa peau dure comme des cailloux de la paroi d’un char. Il n’écoute pas parce qu’il ne veut pas écouter des arguments qui font obstacle à ses politiques, aussi logiques, humains et fondés sur le droit international soient-ils. Quand il subit les conséquences de son refus d’écouter, mineures par rapport aux dommages qu’il a causés ailleurs, il écarte ou nie la responsabilité, exprimant de l’indignation envers ceux qui font une suggestion si scandaleuse. Dans une impasse, parce que la loi ne fonctionne pas au niveau local ou international, et permet à ces gouvernements de s’en tirer impunément malgré le meurtre de masse, que sont censés faire les musulmans ?

Ils protestent, ils font pression sur leurs députés locaux, ils écrivent des lettres au rédacteur et demandent à leurs concitoyens musulmans d’être plus actifs dans le soutien à leurs coreligionnaires bombardés et persécutés à l’étranger, au risque, en ces temps de surveillance accrue, d’attirer l’attention de la sécurité de l’État. Presque aucun d’entre eux ne recourra à la violence pour répondre à la violence dont ils sont les témoins obligés. Comme presque tout le monde partout, ils abhorrent la violence: ils ne le veulent pas pour eux-mêmes, pour leurs familles ou pour d’autres personnes, pour le pays dans lequel ils vivent ou leur pays d’origine.

Certains, un très petit nombre, vont franchir le pas et se rendre à l’étranger pour se battre avec le groupe de leur choix ou riposter contre, de leur point de vue, l’ennemi chez eux, tuant et blessant des personnes innocentes de tout crime tout comme les foules qui ont été tuées dans les guerres de l’« Occident » aux pays à majorité musulmane ou qui sont mortes en conséquence directe de ces dernières. Ces groupes justifient leur meurtre tout comme les gouvernements « occidentaux » justifient les leurs. La ligne de démarcation morale entre eux est quasiment indiscernable, malgré la haine qu’ils professent se vouer.

L’un agit au nom de l’islam, alors que le meurtre de personnes innocentes, le meurtre de chrétiens, simplement parce qu’ils sont chrétiens et la destruction de leurs églises, ne sont pas seulement incompatibles avec l’islam, mais une violation de ses principes fondamentaux, et en font des renégats à l’égard de leur propre foi. Le massacre de civils par l’autre camp dans des guerres agressives constitue tout autant une violation des principes et des « valeurs partagées » que les gouvernements « occidentaux » disent défendre.

Si l’ « Occident » avait, ne serait-ce qu’une fois, traduit en justice l’un des responsables de ces crimes, disons, bien évidemment, Tony Blair, les musulmans pourraient au moins estimer qu’un tant soit peu de justice avait été rendue. Mais l’ « Occident » protège les siens quel que soit leurs crimes. Ni les politiciens qui font la guerre en violation du droit international, ni les soldats en tant qu’individus et les aviateurs responsables des atrocités, ne sont punis pour ce qu’ils ont fait…

Il y a très peu d’exceptions. Il y a la loi, mais personne pour la faire respecter et arrêter le contrevenant, de sorte que s’il n’y en avait pas ce serait pareil. Il existe une institution mondiale, l’ONU, sans le pouvoir de faire appliquer la loi. Il n’y a pas de policiers en service et comme une bande de voleurs de bijoux, collectivement l’« Occident », ayant impunément commis de nombreux crimes, ne voit aucune raison de s’arrêter.

Si la violation sans retenue du droit international est une question centrale du débat sur qui est finalement responsable du chaos dans lequel a été précipitée une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et qui revient comme un boomerang en Grande Bretagne et en Europe, les valeurs « partagées » ou « fondamentales » que les gouvernements « occidentaux » sont censées représenter en est une autre. Ces valeurs sont à la base des programmes de « déradicalisation » et de « réhabilitation » mis en place en Grande-Bretagne et dans d’autres pays, ciblant spécifiquement les musulmans. Ceux qui sont en danger doivent être amenés à les comprendre et à les accepter. Partout où elles sont inscrites en « Occident », elles reviennent à la même chose: respect de l’état de droit et respect des droits de l’homme.

L’extrémisme violent est défini par le gouvernement australien comme « croyances et les actions de personnes qui soutiennent ou utilisent la violence pour atteindre des objectifs idéologiques, religieux ou politiques. » La définition d’autres gouvernements impliqués dans des guerres d’agression contre des pays musulmans serait la même. Les contradictions doivent surgir d’emblée à l’esprit des musulmans, mais pas seulement : « Est-ce qu’attaquer d’autres pays en contravention du droit international fait partie de vos valeurs fondamentales ou partagées ? En Irak ou en Libye, n’avaient vous pas utilisé la violence pour parvenir à une fin politique ? En Syrie ne soutenez-vous pas des groupes extrêmement violents pour atteindre des buts politiques ? Votre propre définition de l’ “ extrémisme violent ” ne s’applique-t-elle pas de fait à vous-mêmes ? Vos principes et valeurs ne sont-ils destinés qu’à usage interne ? »

Ces contradictions ne semblent pas évidentes aux yeux des bureaucrates, des universitaires et experts de l’anti-terrorisme qui élaborent des programmes de « déradicalisation » : si elles sont évidentes ils choisissent de les ignorer sauf comme références notionnelles. Toutes les causes de l’« extrémisme violent » sont examinées sauf celle qui doit être considérée comme la plus cruciale, le massacre de musulmans à grande échelle au cours de la vague récente des guerres « occidentales ». Ce refus d’accepter ce qui est sans doute la cause centrale de la riposte musulmane violente est probablement la raison pour laquelle on considère que ces programmes ont failli.

Le gouvernement australien finance des programmes universitaires de « déradicalisation », il donne de l’argent à des clubs de football, des conseils municipaux et à des organismes communautaires, mais tant qu’il ne prendra pas en compte les origines « occidentales » de la violence au Moyen-Orient et ailleurs, et tant que les gouvernements « occidentaux » refuseront de se conformer aux exigences du droit international, ces programmes n’aideront aucunement à éliminer la réponse terroriste à leur propre violence extrême.

Dans un excellent exposé mis en ligne sur le site de la London Review of Books, Karma Nabulsi souligne les idées fausses du « Prevent » Program (programme de prévention) britannique. Elle y décrit un état d’esprit gouvernemental proche de la paranoïa, et les soupçons et l’islamophobie engendrés par les gouvernements dans l’esprit des gens qui peinent à comprendre ce qui se passe.

Les étudiants musulmans à l’université et même les élèves d’école primaire, sont soumis à une surveillance généralisée par les services de sécurité, la police, les médecins, les opticiens, les enseignants, les conférenciers universitaires, toute personne entrant en contact avec eux. Ces derniers sont légalement tenus de remplir des déclarations « d’évaluation des risques » et de donner des exemples concrets de la façon dont ils sont attentifs aux signes de radicalisme en classe et les mesures qu’ils ont prises. S’ils ne le font pas ou refusent de se conformer à cette obligation leur institution peut se voir refuser son financement. Les membres du public sont invités à appeler une hotline de sécurité nationale pour faire part de leurs soupçons, qui pourraient porter sur n’importe qui, une femme avec un foulard, un homme portant une longue barbe, une djellaba et des sandales ou quelqu’un qui parle arabe dans un bus ou un train.

Mme Nabulsi décrit un petit garçon syrien d’âge préscolaire qui passait son temps à dessiner des avions larguant des bombes. Au lieu d’essayer de comprendre pourquoi et de consulter les parents, l’institutrice appela la police. A de nombreuses reprises des étudiants musulmans n’ont pu avoir accès à des salles pour des conférences sur l’Islam. La chambre d’un étudiant sikh a été fouillée après que quelqu’un l’eut entendu prier en punjabi. Porter un badge d’identification avec les Palestiniens peut être suffisant à éveiller les soupçons.

Dans l’énumération des causes de radicalisation, le Prevent program inclut les crises identitaires, l’éloignement à l’égard des valeurs britanniques, les expériences négatives avec les autorités, le sentiment d’échec et les activités criminelles. Il veut « empêcher » des jeunes de se radicaliser d’abord, puis peut-être, emportés par le « tapis roulant », de passer à des actes de violence. Que les mêmes gouvernements qui mettent en place des programmes de « déradicalisation » chez eux vendent des armes à des gouvernements largement considérés comme facilitant l’extrémisme violent à l’étranger n’est qu’un autre aspect contradictoire de leur comportement.

Donald Trump, par exemple, a signé un contrat d’affaires et de vente d’armes d’un montant de 350 milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite, avant de se rendre à Jérusalem pour discuter avec un gouvernement dont l’extrémisme idéologique violent prend pour cible les Palestiniens tous les jours de la semaine. Theresa May a fait le même voyage dans le Golfe : les gouvernements conservateurs britanniques au fil des ans ont vendu pour des dizaines de milliards de livres d’armes aux États du Golfe.

Que des armes puissent être livrées au gouvernement saoudien alors qu’il s’efforce de soumettre le peuple yéménite en l’affamant ou en le bombardant témoigne de l’absence de principes des politiques « occidentales » derrière les discours sur la démocratie et les préoccupations humanitaires. Des milliers d’enfants entre autres ont été tués par des frappes de missiles sur le Yémen, ou sont morts et meurent encore de malnutrition. Donald Trump et Theresa May ont-ils la peau si dure qu’ils y sont insensibles ? A en juger par leur comportement nous devons en conclure que la réponse est « oui ».

Le programme « Vivons ensemble » du gouvernement australien semble être largement inspiré du modèle « Prévention » britannique. De vastes sommes d’argent sont mises à la disposition des universités qui mettent sur pied des programmes de « déradicalisation », de réhabilitation, et d’anti-terrorisme, ainsi qu’à des universitaires individuels faisant des recherches sur des formes « modérées » de l’islam. En abordant les « motivations sociétales » de la radicalisation le programme australien se réfère à l’extrémisme lié à des questions thématiques, donnant en exemple les droits des animaux, le militantisme pour la préservation de l’environnement, l’extrémisme séparatiste ou ethno-national et le contrôle des armes à feu qui, tout en étant une question importante aux États-Unis, n’est guère pertinente en Australie.

Sous la rubrique violence « ethno-national » il est noté que les Australiens sont allés en Yougoslavie, et plus récemment en Afghanistan, Syrie, Liban et en Somalie pour participer « illégalement » à des conflits dans ces pays. L’illégalité du rôle que joue l’Australie dans des guerres étrangères et son soutien de longue date à Israël, état qui viole le droit international et qui a été condamné à maintes reprises par des organisations de défense des droits de l’homme en raison de son comportement violent, extrémiste s’il en est, n’est même pas mentionnée.

Une publication du parlement du New South Wales intitulée, « Radicalisation et extrémisme violent : Causes et Réponses » (février 2016) mentionne entre autres causes de radicalisation : l’idéologie, les relations personnelles, les questions d’identité et l’exclusion sociale, et la « perception » d’une injustice faite aux musulmans, comme dans les cas d’Israël/Palestine et d’Afghanistan (aucune mention de l’Irak) qui figure bien bas sur la liste. La formulation elle-même trahit la mentalité officielle parce que la Palestine et l’assassinat de civils en Afghanistan, sans parler de l’Irak, de la Somalie ou du Yémen ne sont pas des perceptions d’injustice, mais de l’injustice pure et simple, brutale et validée par le droit international.

Malheureusement, il n’y a pas que le refus des gouvernements de reconnaître les crimes qu’ils ont commis, mais il y a aussi leur soutien constant aux politiques violentes d’autres gouvernements. Donald Trump soutient la colonisation totale du territoire palestinien de Cisjordanie, et appuie sa décision de construire un mur le long de la frontière mexicaine en se référant au mur de « séparation » ou d’« apartheid » érigé par Israël. Lui et d’autres hommes/femmes politiques n’hésitent pas à se rendre à Jérusalem, ville occupée selon le droit international, dont une grande partie de la terre et de nombreux bâtiments sont toujours la propriété de Palestiniens quoiqu’en en dise la loi de l’occupant.

Julia Gillard, ex-première ministre d’Australie, tint le Hamas pour responsable des attaques de Gaza par Israël, refusant systématiquement de qualifier d’illégales les colonies israéliennes et essaya d’empêcher que la Palestine n’obtienne le statut d’observateur à l’ONU. Elle fut « horrifiée » par « les immenses pertes en vies humaines » dans les attentats de Paris, mais pas une seule fois au cours de sa carrière politique elle n’a exprimé l’horreur que pouvait lui susciter les massacres en masse de civils à Gaza et au Liban perpétrés par Israël. Elle se présente comme le défenseur mondial des droits des femmes et des enfants mais n’a jamais condamné les massacres à grande échelle des deux catégories par Israël à Gaza, au Liban et en Palestine occupée.

Les jeunes doivent être encadrés et tenus à l’écart d’activités dommageables pour eux-mêmes et les autres autant que possible. De ce point de vue ces programmes de « déradicalisation » ont un but méritoire, mais lorsque l’un des « moteurs » principaux de radicalisation, sinon le principal, est ignoré, les gouvernement qui mettent en place ces programmes traitent les symptômes mais ne soignent pas la maladie. Tant qu’ils refuseront d’admettre les conséquences de ce qu’ils ont fait leur « guerre au terrorisme » échouera forcément.

Regarder en face, avec honnêteté, leur propre comportement nécessitera, toutefois, qu’ils renoncent au modèle de conduite systématique qui consiste à condamner la violence chez eux tout en la pratiquant à l’extérieur. Les victimes de violence où que ce soit, quelles que soient les circonstances et quel que soit le temps, ont besoin que l’auteur cesse de faire ce qu’il fait et demande pardon. Dans les relations personnelles, ou à l’échelle nationale ou mondiale, ce sont les premiers pas indispensables pour revenir à un comportement rationnel, humain et fondé sur des principes, mais l’« Occident » n’arrête jamais et ne demande jamais pardon.

Comme le mauvais étudiant, indiscipliné, et égoïste qu’il est, il refuse d’apprendre, il cherche des excuses et d’autres explications, il accuse tout et tout le monde sauf lui-même, et ainsi les dures leçons vont continuer.

yogaesoteric

23 juillet 2017

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