Comment manipuler l’esprit et l’attention des masses

Un des plus importants aspects appris dans la vie c’est que notre énergie va où se porte notre attention. Si vous trouvez cela difficile à croire, tentez ceci : promenez-vous dans une foule. Portez votre attention sur les gens. Puis promenez-vous de nouveau dans la même foule et portez votre attention sur l’espace entre les gens. Il y en aura davantage à s’écarter les uns des autres. Essayez. Ça ne rate jamais. Voici une autre expérience. Arrêtez-vous à l’angle d’une rue et regardez en l’air pendant un moment. Vous verrez que les gens autour de vous regarderont aussi en l’air. Ils veulent savoir ce que vous regardez et pendant cette brève période vous aurez déterminé la direction de leur attention.


Si on dit à un groupe de penser à une voiture rouge, il est très probable qu’ils le fassent tous. Et si on leur dit de ne pas penser à une voiture rouge… ils penseront quand même à une voiture rouge ! Ils auraient pu choisir de penser à une montagne bleue à la place. Ce qui permet de réaliser combien il est facile de diriger l’attention des masses.

Très peu de gens formuleront une pensée personnelle ou choisiront autre chose que ce qui leur a été dit. En fait, si vous ne prenez pas de décisions ni n’avez d’objectif, quelqu’un d’autre le fera pour vous. Vous connaissez cela dans votre vie personnelle : si votre conjoint vous demande où vous voulez aller diner et que vous n’avez aucune préférence particulière, ce sera donc lui qui décidera où aller. La même chose s’applique à grande échelle. En raison d’un défaut général de volonté et de prise de conscience de la plupart des gens, on décide pour eux de leur réalité, en leur donnant seulement l’illusion d’un choix – comme l’option de payer leurs impôts par carte de crédit ou par virement bancaire.

À l’école, les enfants n’apprennent pas comment penser mais à quoi penser. On ne leur parle pas de la manière de diriger leur attention mais de diverses choses vers lesquelles ils sont supposés diriger leur attention. Il est peu réjouissant de constater que la plupart des gens sur la planète ne s’exercent pas à concentrer leur attention, à la guider, la rediriger, à la déplacer, à la récupérer et à en décrocher. Ainsi, le vécu est pour beaucoup déterminé par des agendas extérieurs tels les médias de masse, l’école, les parents et les innombrables autres sources qui n’ont pas grand-chose à voir avec notre réalité la plus profonde.

Considérons-nous comme chanceux quand nous recevons une direction bénéfique de l’extérieur. Nous avons de la chance si nous avons des parents qui disent, « Tu as beaucoup de talent, tu es intelligent et beau », dirigeant ainsi notre attention dans la bonne direction. Avez-vous déjà entendu un annonceur vous dire, « Vous êtes en sécurité, talentueux, intelligent, beau, autonome et doué ? » C’est peu probable. Il vous dira que vous êtes victime d’horribles circonstances auxquelles vous ne pouvez échapper.

En dirigeant votre attention, vous devenez créateur d’une mini-réalité. Mais les médias de masse sont de grands sorciers qui manipulent la réalité en dirigeant l’attention de millions de gens. On ne comprend généralement pas dans quelle mesure les médias d’information participent activement à la création de notre réalité. On pense qu’ils ne font que « rapporter » ce qui se passe, mais ce n’est pas le cas.

Ce qui suit présente les différents niveaux de création de la réalité des masses par les médias d’information, classés selon leur degré de manipulation :

Niveau 1 : le filtrage

Quand on crée un film pour son travail, on peut choisir un emplacement en plein air. On prend soin d’installer la caméra dans la nature pour que le décor soit vraiment agréable. En choisissant vers quoi pointer la caméra, on exclut tout ce qu’on ne veut pas montrer aux spectateurs, tout ce qui ne rentre pas dans le cadre de son projet.

Sur les millions d’événements qui se produisent chaque jour, le journaliste filtre ceux qu’il va présenter. C’est le procédé habituel. Les gens le font sur Facebook en se présentant d’une certaine manière et en excluant les photos qui pourraient les montrer sous un mauvais jour.

Les médias d’information ont tendance à appliquer plusieurs filtres. Le premier filtre est une préférence pour le négatif. Pourquoi ? Parce qu’avec l’actuel niveau de conscience sur Terre, la peur, le drame et la haine captent toujours plus l’intérêt que la paix, la prospérité et l’harmonie. Voulant vendre à tout prix des plages horaires de pub dans leurs programmes et des encarts dans leurs journaux qui se vendent de moins en moins, la plupart des reportages sont filtrés en fonction du volume de bouleversements et d’action qu’ils contiennent. De plus, les médias d’information télévisés suivent le principe, « s’il n’y a pas d’images, ça ne pèse pas lourd ».

S’ils devaient présenter la vie un jour sur Terre avec exactitude, comme ce l’est pour la plupart des gens la plupart du temps, on trouverait cela « ennuyeux ». La caméra zoome donc sur les endroits où il y a le plus de désordre et de tragédie. Ce filtrage extrême donnant à l’audience la fausse impression que le monde entier est presque en permanence en état de chaos, se double de l’implication que vous ne pourrez absolument rien y faire. Le journaliste à sensation n’ajoute jamais de conseils pour améliorer votre vie, ne montrera pas d’environnement paisible ni n’exprimera de mots d’encouragement. Il ne s’intéresse qu’à la pure terreur des explosions, des décombres, du sang et de la destruction. Si un de vos proches parlait comme un présentateur de nouvelles, vous le considéreriez comme mentalement instable.

Le film The Nightcrawler [Le rôdeur, 2014] expose la mentalité immature et sadique de certaines branches du « journalisme » moderne. Sans aucun doute, les dix dernières années ont vu une augmentation des attaques terroristes dans le monde. Et bien qu’elles soient horrifiantes, ce ne sont en fait que des événements ponctuels, localisés à certains édifices et avec un nombre limité de gens. Rien à voir avec les guerres totales entre nations que nous avons eues il y a plusieurs décennies.

Une curieuse anecdote : le même journaliste qui se trouvait par hasard à Nice une semaine avant l’attaque terroriste et qui a pu enregistrer des séquences en direct, était aussi, « par coïncidence », déjà sur place à Munich, ce qui lui a permis de filmer. Son nom est Richard Gutjahr et soit il est attiré magnétiquement vers de tels événements pour les besoins des « spectacles de terreur », soit quelque chose de plus sinistre est en cours.

Quand avez-vous vu pour la dernière fois aux infos des gens faire du windsurf dans le territoire palestinien de Gaza ou une famille heureuse autour d’un barbecue dans un jardin de Jérusalem ? Ce sont des choses qui se produisent par centaines tous les jours, mais elles ne vous viennent pas automatiquement à l’esprit quand on dit « Gaza » ou « Israël ». Les gens associent ces endroits au sang et au carnage qu’ils ont vu aux infos. Ils ne savent virtuellement rien d’autre de la réalité de ces endroits que ce qu’on leur a montré. Ces exemples extrêmes sont pour souligner ces réalités filtrées. Elles entrainent un manque d’équilibre dans notre perception du monde ainsi qu’une désensibilisation envers la violence.

Dans l’idéal, les médias d’infos devraient non seulement conclure leur reportage sur une note plaisante, mais aussi intercaler des séquences positives et intéressantes d’un bout à l’autre. Nous apprendrions ainsi que le monde est un équilibre de lumière et d’ombre. Où sont les reportages parlant d’espoir, d’inspiration, des héros du quotidien et des réalisations humaines ? Ils sont rarissimes. Si l’on présentait un juste équilibre de l’ombre et de la lumière, l’audience s’impliquerait davantage dans la guérison du mal au lieu d’y répondre par de l’apathie.

Niveau 2 : la distorsion


Le niveau suivant de manipulation de la réalité est la distorsion délibérée pratiquée par les journalistes eux-mêmes dans leur désir d’une vision particulière des choses ou d’une partialité envers une idéologie politique, religieuse ou philosophique.

Bien entendu, personne n’est complètement neutre et impartial et le contraire nous étonnerait. Mais l’un des problèmes de notre temps est qu’il n’existe virtuellement aucun organe de presse grand public qui ne soit largement reconnu pour son affiliation à un « bord », qu’il soit politique, gouvernemental, anti-gouvernemental ou philosophique et se révèle ainsi bien éloigné de la « neutralité ». Des statistiques des Etats Unis montrent que les dix médias d’infos les plus prospères sur internet sont affiliés soit « à droite » soit « à gauche ». Le fait de pouvoir déterminer si un média est « de gauche » ou « de droite » est en soi problématique. Combien décourageant soit le fait que presque toute information des médias au top passe par le filtre d’un parti pris politique. En d’autres mots, il n’y a pas de média « d’infos » et les employés ne sont pas « journalistes », ce sont d’éhontés médias de propagande pour l’un des deux partis politiques américains.

Une autre forme de distorsion se produit quand le journaliste améliore ou empire quelque chose. Il sait que l’éditeur n’acceptera une histoire que si elle est suffisamment intéressante, il ajoute donc quelques détails par-ci par-là, sachant que personne n’ira probablement les examiner de plus près. Il va sans dire que on ne blâme pas uniquement les médias de masse qui ne font que refléter les désirs du peuple, en favorisant le spectacle et l’émotion au détriment de la raison et de la vérité. Quand cette audience va au cinéma, elle paie rarement pour voir du paisible, de l’amour et de l’harmonie, mais pour des morts et de la souffrance.

Autre forme de distorsion, la plupart des narrations sont rapportées sans être présentées dans un plus large contexte. La plupart des choses qui se produisent font partie d’un schéma plus vaste, d’une histoire, d’une mentalité. La manière de les communiquer se fait pourtant comme des éléments séparés n’ayant que peu ou pas de rapport entre elles.

Quand on relate quelque chose il faut mettre ce qu’on écrit dans son contexte et en comparaison avec d’autres choses déjà écrites pour donner une image d’ensemble congruente. Ce n’est pas le cas chez les médias d’infos conventionnels où les gens pensent que les élections présidentielles, l’ouragan qui s’est produit juste avant, la démission du patron de la CIA et le conflit résurgent Israël-Palestine (tous s’étant produits pendant quelques semaines il y a quelques ans auparavant) n’ont rien à voir entre eux et sont des éléments séparés d’information. Mais ils sont interconnectés, non pas métaphysiquement, mais géopolitiquement. Comme les infos sont trop copieuses et que les journalistes écrivent trop vite, ignorant le contexte et les connections, elles engendrent une ignorance de la complexité et de la signification des choses.

Troisième niveau : la fabrication délibérée

C’est la forme la plus intense de manipulation de la réalité. Une personne qui travaillait pour le « ministère de la défense » britannique a partagé l’histoire suivante : il y a quelques dizaines d’années un groupe de journalistes est allé en Irlande du Nord pour capturer des scènes du conflit. Quand ils sont arrivés, tout était paisible, ils ont donc tout simplement organisé du chaos, pour pouvoir rentrer avec des images. Ils ont soudoyé un habitant pour qu’il jette des cocktails molotov des toits et mette le feu aux voitures et aux poubelles. Dans cet exemple, les journalistes ont littéralement « créé » l’info. Ils refusaient de rentrer en disant que « les rues de Belfast étaient tranquilles en ce moment ».

Il est important pour un adulte d’être conscient au minimum de la manière dont les médias d’infos manipulent la réalité. Une simple prise de conscience nous immunise. Vous pouvez par la suite lire et regarder les infos sans tomber dans une mentalité de victime ou une apathie insensible et si vous vous intéressez à une histoire, lisez différents médias pour avoir d’autres points de vue et versions et vous faire une idée de l’ensemble. Il vaut mieux ne pas dépendre d’un seul média. La plupart de ces histoires sont bonnes à mettre à la poubelle. Aucune n’a rien à voir avec vous, avec votre réalité et celle de votre entourage. Vous n’expérimentez que ce que vous attirez par le contenu de votre conscience et des décisions qui en découlent. Dans certains cas vous verrez un ami ou un parent se fourvoyer, trop absorbé par les médias, exagérant l’importance des divers événements.

Dans les années 80, on pensait que le SIDA allait anéantir la planète en 2000. Cela ne s’est pas produit. Puis on a pensé que la grippe porcine allait « anéantir la civilisation telle que nous la connaissons » : cela n’est pas arrivé. Puis on pensait que 2012 allait apporter l’illumination à l’humanité avec un âge d’or de paix et de béatitude à venir. Ce qui ne s’est pas produit. Et on pensait que le 11 septembre marquerait le début d’une troisième guerre mondiale. Cela n’est pas arrivé non plus. La vie a continué comme elle l’a fait les 10 années précédentes et progressé ou régressé selon son niveau personnel de conscience.

Ceux qui tiennent trop sérieusement compte des infos n’agissent que rarement pour améliorer la situation. Ils préfèrent afficher de la contrariété et de l’indignation au lieu de s’engager dans une action constructive. Leur intérêt quotidien pour les nouvelles est pour eux comme une échappatoire à une vie qui peut manquer de mouvement ou d’exaltation. Mais quand vient le moment où leur vie retrouve de l’animation, leur intérêt pour les nouvelles diminue. Ce qui signifie qu’ils ont choisi de focaliser leur chère attention sur des sujets qui importent vraiment dans le développement de leur esprit.

L’attention est le maître-mot du 21ème siècle et il est recommandé d’en user avec sagesse. Soyez conscient de ce que vos yeux vous font voir, ce que vos oreilles vous font entendre, ce que votre esprit vous donne à penser et ce que votre cœur vous fait ressentir.

yogaesoteric
29 septembre 2017

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