Al-Kindi, philosophe hellénisant de langue arabe

Abū Yūsuf Yaʿqūb ibn Isḥāq al-Kindī (801 à Koufa-873 à Bagdad), plus connu sous son nom latinisé de Alkindus ou Al-Kindi, est considéré comme l’un des plus grands philosophes hellénisants de langue arabe (faylasuf). Après avoir fait des études à Bassora et Bagdad, il bénéficie du mécénat des trois califes mu’tazilites abbassides (dont Al-Ma’mūn). Al-Kindi est un savant complet, dans des domaines très variés : philosophie, mathématiques, médecine, musique, physique, astronomie.

Philosophie

Al-Kindi reprend la philosophie aristotélicienne, tout en refusant de trop la couper du platonisme. Dans son ouvrage Philosophie Première, il définit la métaphysique comme « la connaissance de la Réalité Première, cause de toute réalité ». La métaphysique viserait la connaissance des raisons des choses, la connaissance physique étant simplement la connaissance des choses et correspondant à l’aristotélisme pur et simple.

Il reprend chez Aristote, la distinction de deux niveaux de réalité : la réalité matérielle, mouvante et instable, sera source d’une connaissance pratique, inférieure. La raison se tournera utilement vers l’intemporel, l’immobile, l’immuable, source de la connaissance la plus pure; ainsi celle des mathématiques.

Al-Kindi reprend dans ce cadre une « preuve » par Aristote de l’existence de Dieu reposant sur la nécessaire finitude du temps : selon lui, il est impossible d’arriver au temps présent en franchissant une distance de temps infinie : il y aurait donc nécessairement un début. Cette prémisse oblige à postuler l’existence de quelque cause première, qui sera parfaitement et nécessairement une, à la différence de toute chose.


Dans cette perspective, Dieu ne pouvait être autre chose que le Principe Premier de toute chose, l’Un vrai. Il est défini comme unique, nécessaire, non causé et infini.

Si Al-Kindi s’insère de plain-pied dans la tradition monothéiste, l’influence de la philosophie grecque va lui faire sentir la nécessité d’énumérer la grande chaîne causale des êtres. Des agents intermédiaires vont faire leur apparition, et c’est ce qui vaudra à Al-Kindi la colère des théologiens violemment opposés à l’idée d’une causalité seconde et indirecte. C’est probablement sous l’influence de la philosophie grecque que Al-Kindi adopte le mutazilisme.

Al-Kindi fut employé par Al-Ma’mūn à la Maison de la sagesse (Baït al-hikma). Avec ses collègues Al-Khwârizmî et les frères Banou Moussa, il était chargé de la traduction de manuscrits de savants grecs. Il semblerait qu’en raison de ses faibles connaissances en grec, il ait seulement amélioré les traductions faites par d’autres, et ajouté ses propres commentaires aux œuvres grecques.

Al-Kindi écrit de nombreux ouvrages sur l’arithmétique, dont des manuscrits sur les nombres indiens, l’harmonie des nombres, la géométrie des lignes, les multiplications, la mesure des proportions et du temps, les algorithmes. Il écrit aussi sur l’espace et le temps qu’il pense tous les deux finis. Selon lui, l’existence d’une grandeur infinie conduit à un paradoxe et n’est donc pas possible.


Dans le domaine de la géométrie, il aborde la théorie des lignes parallèles. Il donne un lemme sur l’existence de deux lignes dans le plan, à la fois non parallèles et sans intersection. La géométrie non euclidienne n’est pas loin.

Deux de ses œuvres sont consacrées à l’optique mais, conformément à l’esprit de l’époque, sans séparer clairement la théorie de la lumière de celle de la vision.

Dans ses ouvrages sur la théorie musicale, il met en évidence comme Pythagore que les sons produisant des accords harmonieux ont chacun une hauteur précise. Le degré d’harmonie dépend de la fréquence des sons. Il sait aussi que la génération d’un son produit des ondes qui viennent stimuler l’oreille.

Il publie le premier ouvrage connu de cryptanalyse, (Manuscrit sur le déchiffrement des messages codés) retrouvé en 1987 dans les archives ottomanes d’İstanbul, cet ouvrage présente la technique d’analyse fréquentielle des lettres du texte chiffré.

Œuvres

Il écrit 290 ouvrages, généralement sous la forme de brefs traités, dont les principaux se répartissent dans les domaines suivants :
Géométrie (32 Ouvrages),
Philosophie (22),
Médecine (22),
Astronomie (16),
Physique (12),
Arithmétique (11),
Logique (9),
Musique (7),
Psychologie (5).

yogaesoteric
18 décembre 2017

Also available in: Română

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