La liberté sans conscience n’est que servitude absolue et ruine de l’Âme du monde

Bruno Bertez a le double avantage de connaitre les ficelles de la finance et de donner un relief anthropologique et symbolique au Système. Bertez nous parle en clinicien d’un Système qui est autonome et surdéterminant d’une élite qui se pense libre de ses actes alors même qu’elle est soumise et inféodée à une fonction d’état: l’hybris, la jalousie…. Cette condition « reptilienne » épouse celle de l’idéal de puissance/jouissance, rajoutez-y celle du sentiment divin que leur procure cette domination en tant que maître sur la masse des serfs et vous obtenez une hiérarchie dégénérée par rapport à celle de la Tradition qu’elle fusse occidentale ou orientale.

 

Originellement, les structures sociales en Inde, par exemple, ont 3 niveaux : la plèbe (vaishyas – la caste des gens libres, des commerçants; sudras – la caste des serviteurs; paria – intouchables), la guerrière (kshatrya) et celle des prêtres (brahmanes). En occident, les brahmanes correspondraient à ceux que nous nommons les « maîtres ». De fait, ils absorbent aussi le haut de l’élite des vaishyas car ces derniers représentent, contrôlent et développent des industries commerciales, tout comme ils s’occupent des banques. Or, la particularité des maîtres, dans le monde post-moderne occidental, est de s’être substituer à la caste des prêtres… ce qui nous amène à fonder notre point de vue sur le cas avéré d’un transfert de la sphère spirituelle et religieuse traditionnelle reprise en main par celle des banquiers et, à une échelle inférieure, avec l’appuis zélé de celle des grands magnats de l’économie et du commerce mondial dont ils sont tributaires (quand ils n’ont pas la double casquette de banquier/affairiste).

Cette nouvelle hiérarchie a pu s’imposer grâce à un processus sournois ou les Etats furent rendus dépendants d’un système d’octroi du crédit pour mener leurs guerres et ainsi soumettre à leur bon vouloir la sphère guerrière et politique (Kshatrya) qui ne pouvait plus faire autrement (« la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit »). Ne dit-on pas très justement : « La dette c’est l’esclavage ? »

En réduisant le pouvoir de l’élite politique et guerrière on affaiblissait de même celui de l’église. La particularité de cette refonte est qu’elle fut graduée, transgénérationnelle, et qu’elle devait, pour être rendue efficace, s’appuyer sur la force, la duplicité et les travers humains. Ce long processus historique est entropique, il est une condition naturelle qui n’est que le reflet des grands cycles ou se transmettent les sempiternelles questions des rapports de forces de vie et de mort (Yin et Yang du Taoïsme).

Le Système actuel est une attirance pour la mort. C’est le vide métaphysique qui attire à soi, dans un grand ballet tortueux, des âmes égarés qu’il conditionne (par l’inversion des valeurs) dans une profusion d’illusions occultant l’état de réalité derrière le masque grossier de la fatuité de nos non-valeurs post-modernes. Cette course effrénée, tendant vers l’hiver cognitif d’une humanité rendue fatiguée d’elle-même, se destine à l’abîme (à la manière d’un produit manufacturé dont l’obsolescence est sciemment programmée).

L’Etre se cherche malgré tout une raison d’espérer… mais il y a perdu son language et son ancrage spirituel… il tourne en rond dans le labyrinthe du Minotaure… Ayant rompu le fil d’Ariane, il se doit, par les épreuves d’une quête initiatique, reconstruire ce fil d’Ariane. En s’allégeant du poids des non-valeurs de ce monde Potemkine. Puis enfin libéré de son lest, il s’élèvera comme la montgolfière vers cette hauteur céleste qui prodigue à l’intelligence la même acuité que celle de l’aigle… le minotaure vaincu, il revêtira enfin la Toison d’Or.

La force noire du Système se nourrit de ces humains déshumanisés et s’allèche de ceux possédant encore cette lumière spirituelle. Lumière que le Système réprouve car voilà son pire adversaire ! Quel que soit la religion (passée et présente), la Tradition nous enseigne que le cœur est le siège de la Lumière divine et que l’Ego est le prisme (judas) qui recouvre ce cœur. Dissiper l’Ego c’est dévoiler la Réalité absolue, la révéler sous la pleine Lumière du Bien et du Vrai, c’est au-delà du symbole la réalité de l’Age d’Or de l’individu et de manière expansive celle de l’Humanité.

La nourriture du Système est fondée sur le plus puissant des atavismes : la PEUR ! Le Système « Est » ce que l’on ressent de ses œuvres, il grandit à mesure que l’Humanité en nous se réduit.

Les grands prêtres du Système sont des soumis, ils ont déjà hypothéqué leur humanité pour les jouissances mondaines que leur octroie la puissance et le pouvoir de vie ou de mort sur autrui, de faire ou défaire et pire encore de jouer en alchimistes, par leur influence, avec la Nature Humaine mais aussi la Nature… En les dénaturant, car Nature et Humanité sont intriquées, le Système échafaude un état de « dénature » qui est l’expression de son milieu mais aussi l’image substantivée de son « non-Etre ».

Le procédé du Mal passe par l’ignorance, l’acculturation et la destruction des modèles sur lequel l’Humanité procède par transfert. Jeune, on se cherche en voulant combler ce « vide métaphysique » et le désir de se construire est naturellement habilité à se conformer aux images que la société nous renvoie. Les héros d’hier étaient des chevaliers ou de grands noms spirituels, ils avaient le sens commun de la responsabilité, faisaient bon usage du libre arbitre et concevaient l’histoire d’une vie comme un parcours initiatique (ce fut le rôle des mythes). Le parcours initiatique d’aujourd’hui est incarné par le sport tirelire, les « anges de la télé réalité » où tout est dit dans l’intitulé, par l’inversion et le dévoiement mais aussi et surtout en toute chose qui se détermine par la valeur que l’on prête à la monnaie pour elle-même. L’argent fait l’argent et l’argent fait le pouvoir, ceci, autant qu’il les avilie… autre syndrome expressif de l’entropie propre à notre Age agonisant.

« Le pouvoir d’achat », voilà bien une expression significative du mode de pensée/action qui fait basculer le citoyen en consommateur et qui maintient une tension chez ceux dont on voudrait qu’ils en soient uniquement réduis à vivre pour manger et non naturellement à manger pour vivre. Créer des besoins qui ne sont que les extensions pathogènes de nos besoins fondamentaux concourt à sécréter le virus de l’addiction pour le sentiment impermanent de confort avec cette mire pointée sur l’horizon de la prospérité promise… ce paradis inverti, montré, choyé, désiré et rendu désirable, constitue le Nirvana du monde post-moderne alors qu’il n’est que le Tartare (1) des damnés de ce monde.

Si nous n’avons pas les qualités vivantes du brahmane – qui est Hors Système – soyons au moins digne des guerriers car ils possèdent le sens de l’honneur et cette hauteur de vue spirituelle les plaçant comme des Anti Systèmes éclairés. Ceux-là ne peuvent se confondre avec les idiots utiles du Système se prétendant, eux aussi, « anti-systèmes » alors même qu’ils en sont les nervis zélés puisque confondus par leur ignorance. S’ils avaient con-science (« avec science »), ils ne seraient point ignorants.

(1) le Tartare: «Dans la mythologie grecque, Tartare (en grec ancien Τάρταρος/ Tártaros) est le nom d’une des divinités grecques primordiales. Il s’agit d’un lieu à la porte de fer et au seuil de bronze, où l’on expie ses fautes, où toutes les formes de torture physique ou psychologique sont représentées. À l’intérieur, il renferme les plus grands criminels. »

« La porte de fer » représente le passage de l’ancien Age au nouveau alors même que l’ancien, quant à lui finissant, était de Bronze. Cela signifie, comme les traditions nous l’enseignent, que nous sommes dans l’Age de Fer qui est aussi l’Age de Kali de l’hindouisme… le dernier Age préfigurant la venue de l’Age d’Or. Nous avons donc bon espoir, car rien se saurait durer en l’état, de voir dans une ou plusieurs générations la lumière poindre au sortir de la caverne… Le printemps succédera toujours à l’hiver et notre hiver civilisationnel n’y échappera pas, telle est la Loi Naturelle et cyclique de notre espèce, car encore une fois affirmons le haut et fort : Nature et Humanité sont intriquées et … surdéterminées.

yogaesoteric

7 janvier 2018

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