Trump dévoile la stratégie de sécurité nationale de « l’Amérique d’abord »

Le président Donald Trump a prononcé un discours à Washington en décembre 2017, présentant la nouvelle stratégie de sécurité nationale du programme « l’Amérique d’abord » de son gouvernement, un document de 55 pages qui expose en termes francs les préparatifs d’une nouvelle guerre mondiale. Il n’est même pas sûr que Trump ait même lu le document. Son discours lui-même était essentiellement un discours à peine réchauffé de campagne, célébrant son élection en novembre 2016, son inauguration en 2017 et vantant tous ses thèmes de « l’Amérique d’abord » et de « rendre sa grandeur à l’Amérique », allant de la construction d’un mur frontalier et la répression des immigré à la rupture des accords commerciaux et climatiques et de l’accord nucléaire avec l’Iran.

Prononcé sur un ton monotone, le discours avait toutes les caractéristiques d’un texte rédigé par le conseiller politique fasciste de Trump, Stephen Miller, avec ses thèmes anti-immigrés stridents, son invocation de la « culture » et des « valeurs » américaines et sa promesse « Nous nous défendrons et nous défendrons notre pays comme nous ne l’avons jamais fait auparavant ». Trump a caractérisé son mandat de près d’un an comme un redressement économique pour les États-Unis, reflété surtout dans le marché boursier qui a atteint un « record absolu » pour la 85e fois depuis son élection. Il a promis que les réductions d’impôt en attente pour les sociétés et les riches assorties de déréglementations feraient continuer cette tendance. Il y avait plus qu’un faible écho de l’idéologie hitlérienne dans l’allocution de Trump, avec ses dénonciations de présidents antérieurs pour avoir trahi les citoyens américains « oubliés » et son vœu de restaurer l’économie en construisant l’armée et l’industrie américaine de l’armement. « Notre volonté est renouvelée, notre avenir est retrouvé, et nos rêves sont restaurés », a conclu Trump dans son discours, ajoutant : « Chaque Américain a un rôle à jouer dans ce grand effort national. »

L’essence même du document sur la stratégie de sécurité nationale consiste en un appel à la préparation d’une nouvelle ère de conflits entre « grandes puissances » et de guerre mondiale. Tout en incluant les thèmes de militarisation de la frontière et de harcèlement des immigrés ainsi que les invocations du nationalisme américain, la substance du document reflète la pensée de la cabale des généraux actifs et retraités qui dominent la politique étrangère américaine, y compris le conseiller à la sécurité nationale, le général HR McMaster, le secrétaire à la défense, le général James Mad Dog (chien enragé) Mattis, et le chef d’état-major de Trump, le général James Kelly.

McMaster, qui aurait joué un rôle de premier plan dans la rédaction du document, a exprimé la portée de son message lors d’une conférence organisée par un groupe de réflexion britannique, Policy Exchange. « La géopolitique est de retour, et très fortement, après ces vacances par rapport à l’histoire que nous avons prises dans la prétendue période de l’après-guerre froide », a déclaré M. McMaster.

Après un quart de siècle de guerres américaines ininterrompues à la suite de la dissolution de l’Union Soviétique par les bureaucrates staliniens en 1991, McMaster et ses collègues utilisent la nouvelle stratégie de sécurité nationale pour insister sur le manque d’agressivité de Washington et pour une recrudescence sans précédent du militarisme américain, visant à préparer la guerre mondiale dirigée contre la Chine et la Russie, les deux puissances nucléaires. Le document décrit la Chine et la Russie comme des « puissances révisionnistes » et des « concurrents hostiles » qui cherchent à « façonner un monde antithétique aux valeurs et intérêts américains ». « La Chine et la Russie défient le pouvoir, l’influence et les intérêts américains, en essayant d’éroder sa sécurité et sa prospérité », indique le document. « Ces concurrences obligent les États-Unis à repenser les politiques des deux dernières décennies – des politiques basées sur l’hypothèse que l’engagement avec leurs rivaux et leur inclusion dans les institutions internationales et le commerce mondial en feraient des acteurs et des partenaires de confiance » continue le document. « Pour la plupart, cette prémisse s’est avérée fausse. »

Le document inclut dans ses prescriptions de sécurité nationale un agenda pour la guerre commerciale et un ensemble de politiques économiques nationales – toutes visant à transférer la richesse de la classe ouvrière à Wall Street par des réductions d’impôts, la déréglementation et la restriction des dépenses fédérales. Cependant, sa revendication principale est un renforcement militaire effréné. Alors que les multiples guerres menées au cours des 16 dernières années ont drainé près de 6000 milliards de dollars de l’économie américaine et que Washington continue de dépenser plus pour ses forces armées que les huit pays suivants, le document présent la machine de guerre américaine comme massivement sous financée et en sous-effectifs.

« Depuis les années 1990, les États-Unis ont fait preuve d’une grande autosatisfaction stratégique », indique le document. « Au lieu de renforcer les capacités militaires, alors que les menaces contre notre sécurité nationale augmentaient, les États-Unis ont considérablement réduit la taille de notre armée […] Au lieu de développer des capacités importantes, la Force interarmées a entamé près d’une décennie de pause dans les passations des marchés pendant laquelle l’obtention de nouveaux systèmes d’armes a été sévèrement limitée. »

Le « congé », indique le document, est terminé. Un renforcement militaire est nécessaire pour faire face à la tentative de la Chine et de la Russie de « réaffirmer leur influence à l’échelle régionale et mondiale ». « Aujourd’hui, ils mettent en place des capacités militaires conçues pour empêcher l’accès des États-Unis en temps de crise et pour contester notre capacité à opérer librement dans des zones commerciales critiques en temps de paix », indique le document. « En bref, ils contestent nos avantages géopolitiques et tentent de changer l’ordre international en leur faveur. » Le Pentagone, affirme-t-il, doit parvenir à une « supériorité militaire – une combinaison de capacités suffisante pour empêcher le succès de l’ennemi et faire en sorte que les fils et les filles de l’Amérique ne se battent jamais à armes égales. »

En même temps, il rejette ce qu’il décrit comme une conception post-guerre froide selon laquelle « toutes les guerres seraient combattues et gagnées rapidement, à partir de distances de sécurité et avec un minimum de pertes. » Implicitement, ce qui doit maintenant être accepté, c’est la perspective de guerres beaucoup plus grandes qui impliqueront la mort des troupes américaines à une échelle inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. « Pour maintenir leur surpuissance militaire, les États-Unis doivent restaurer notre capacité à produire des capacités innovantes, restaurer la disponibilité de nos forces pour une guerre majeure et augmenter la taille de la force pour qu’elle puisse fonctionner à une échelle suffisante à travers toute une gamme de scénarios », poursuit le document. « Les États-Unis doivent annuler leurs récentes décisions visant à réduire la taille de la Force interarmées et à développer la force tout en modernisant et en assurant la disponibilité opérationnelle ».

Tout en appelant à une augmentation substantielle du nombre de soldats, le document met également fortement l’accent sur le renforcement des capacités américaines en termes de guerre nucléaire. « Les États-Unis doivent maintenir les capacités de dissuasion et d’assurance crédibles offertes par notre Triade nucléaire et par les capacités nucléaires américaines de théâtre déployées à l’étranger », indique le document. « Des investissements importants sont nécessaires pour maintenir un arsenal nucléaire américain et une infrastructure capable de faire face aux menaces contre la sécurité nationale au cours des prochaines décennies. »

Dans ce qui revient à un argument pour la stratégie de la corde raide nucléaire le document affirme : « Nous ne permettrons pas aux adversaires d’utiliser des menaces d’escalade nucléaire ou d’autres comportements nucléaires irresponsables pour contraindre les États-Unis, nos alliés et nos partenaires. La peur de l’escalade n’empêchera pas les États-Unis de défendre nos intérêts vitaux et ceux de nos alliés et partenaires. »

Ce document stratégique de la Sécurité nationale constitue un avertissement grave. En 2002, l’administration de George W. Bush a publié un tel document prônant une « guerre préventive ». En un an, les troupes américaines avaient envahi l’Irak, déclenchant une guerre d’agression basée sur des mensonges. Le présent document plaide en faveur d’une guerre mondiale avec des armes nucléaires.





yogaesoteric

15 février 2018

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