Un livre inédit de Michel Foucault sur la sexualité et le consentement publié 34 ans après sa mort

 

Il s’agit du quatrième tome de l’« Histoire de la sexualité ».

Le quatrième et dernier volume de l’« Histoire de la sexualité », jamais publié du vivant de Michel Foucault, paraît enfin vendredi 9 février, près de 34 ans après la mort du philosophe.

Intitulé « Les aveux de la chair », ce volume, publié comme les précédents chez Gallimard, clôt sa monumentale « Histoire de la sexualité » dont le premier volet a paru en 1976 et prend un relief inattendu au moment où la question du consentement (le sujet du livre) est également au centre des débats actuels sur le harcèlement.

Le livre de Michel Foucault, écrit dans les années 1980, n’est pourtant évidemment pas un ouvrage d’actualité. Ce à quoi s’intéresse l’auteur de l’« Histoire de la folie à l’âge classique » et de « Surveiller et punir », ce sont les règles et doctrines des Pères chrétiens des premiers siècles (de Justin à saint Augustin) concernant la sexualité.

Le philosophe, dont on connaît l’intérêt pour le christianisme, démontre, contre nombre d’idées reçues, que les prescriptions chrétiennes concernant les pratiques sexuelles ne sont pas plus répressives que les préceptes réputés, à tort, plus permissifs des philosophes païens.

« Ces principes auraient en quelque sorte émigré dans la pensée et la pratique chrétienne, à partir de milieux païens dont il fallait désarmer l’hostilité en montrant des formes de conduite déjà reconnues par eux pour leur haute valeur », écrit le philosophe.

Déterminer ce qui est tolérable en matière de sexualité

Mariage, adultère, procréation, chasteté, virginité, homosexualité, masturbation… les Pères de l’Église comme avant eux les philosophes grecs et païens ont fixé un ensemble de normes relatives aux pratiques sexuelles.

Mais si ces normes, relève le philosophe, se révèlent souvent répressives avec leur lot d’interdits, elles ont aussi le mérite de parler abondamment de sexualité, de ne pas faire de l’amour un sujet tabou.

Au fond, souligne le philosophe, d’Aristote à Clément d’Alexandrie, il a d’abord été question de déterminer ce qui est tolérable ou pas en matière de sexualité.

Intolérable dès les premiers siècles de notre ère qui pourrait souhaiter aujourd’hui admettre le viol comme licite ? La lecture de Foucault met au jour les racines des questions qui agitent la société d’aujourd’hui.

Texte inachevé

Au départ, rappelle Frédéric Gros, éditeur de Michel Foucault dans la Pléiade, dans la préface des « Aveux de la chair », le philosophe avait l’intention de publier une « Histoire de la sexualité » en six volumes. Mais Foucault, professeur au Collège de France, enseignant à l’université de Californie à Berkeley, ne publiera le deuxième volume de son « Histoire de la sexualité » que huit ans après le premier après avoir bouleversé son plan de travail.

Atteint du SIDA, épuisé, Michel Foucault est hospitalisé après un malaise le 3 juin 1984. Il meurt à l’hôpital quelques jours plus tard, le 25 juin.

Le manuscrit des « Aveux de la chair » est un texte inachevé. « Les ayants droit de Michel Foucault ont considéré que le moment et les conditions étaient venus pour la publication de cet inédit majeur », s’est félicité Frédéric Gros.

yogaesoteric

10 mai 2018

 

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