Le plus gros hedge fund du monde parie 22 milliards contre l’Europe !

 

L’analyse des positions « vendeuses » du fonds Bridgewater montre qu’il parie contre nombre d’entreprises allemandes, françaises et italiennes.

Bridgewater mise gros contre l’Europe. En quelques mois, le plus grand fonds spéculatif au monde, gérant environ 160 milliards de dollars d’actifs, a sensiblement augmenté ses positions à la baisse dans des entreprises du Vieux Continent. Selon les chiffres analysés par Reuterset Bloomberg, le total de ces positions s’élèverait à 22 milliards de dollars.

Tout a commencé en Italie l’automne de 2017 lorsque le fonds a pris des positions « short » sur les banques du pays. Les bilans de la plupart d’entre elles sont criblés de créances douteuses, qui minent leur performance et font peser d’importants risques en matière de régulation. La Banque centrale européenne presse les établissements de les nettoyer, mettant sous pression leur cours de Bourse. Bridgewater s’est notamment attaqué à Intesa Sanpaolo.

La moitié des actions du DAX visées

Le hedge fund a ensuite pris des positions vendeuses sur d’autres sociétés italiennes : Enel et Eni… pour un total de 18 sociétés représentant 3 milliards de dollars. Au début de cette année, il a étendu ses paris à la baisse à toute l’Europe. Le fonds est « short » sur les allemands Siemens et Deutsche Bank, l’européen Airbus, la française BNP Paribas, la banque néerlandaise ING, Sanofi, Nokia ou encore sur le pétrolier Total… Il a pris des positions courtes sur près de la moitié des sociétés du DAX allemand, pour un total de 7,3 milliards de dollars outre-Rhin. Dans l’Hexagone le total s’élève à 4,5 milliards.

La mauvaise affaire avec Airbus

Bridgewater a vendu à découvert pour 381 millions de dollars d’actions du fabricant d’avion Airbus. Manque de chance, l’avionneur a publié un résultat net multiplié par trois et son titre a bondi de 10,28 % en février ce qui a dû générer une lourde perte pour le hedge fund.

Bridgewater n’est pas connu pour s’attaquer à des entreprises en particulier, mais plutôt pour parier sur la santé d’une économie en général. L’an dernier, le fondateur du fonds, Ray Dalio, avait posté une note sur la montée inquiétante du populisme en Europe menaçant l’intégrité de l’Union européenne. Bien que l’économie de la zone euro ait montré des signes de dynamisme, il rappelle dans un post LinkedIn datant du 12 février qu’il « n’est pas rare de voir des économies solides accompagnées de marchés actions en baisse ». D’où l’accent mis sur l’Allemagne. Quand la croissance est au rendez-vous, les entreprises ont de plus en plus de mal à répondre à la demande. Elles augmentent alors les prix, ce qui pousse les banques centrales à remonter leurs taux pour contenir l’inflation. Or une hausse des taux est mauvaise pour les entreprises, explique-t-il.

Ce pari s’inscrit à contre-courant des allocations d’actifs des gérants qui préfèrent les marchés européens aux marchés américains, pour des raisons de valorisation et parce que l’économie américaine est plus avancée dans le cycle et donc plus proche de la récession. La secousse à Wall Street et l’envolée de la volatilité sur le S&P 500 ont montré que la menace venait bien de l’autre côté de l’Atlantique. Même si le calme semble revenu – le VIX, l’indice qui mesure la nervosité des marchés, est revenu sous les 20 – Bob Prince, coresponsable des investissements de Bridgewater a déclaré au Financial Times ne pas penser que le tumulte est près de s’arrêter. Le quotidien britannique relève au passage que la plupart des entreprises « shortées » par Bridgewater réalisent la majorité de leurs résultats en dehors d’Europe.

 

yogaesoteric
19 juin 2018

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