SAMADHI – L’état supraconscient d’extase divine

de Iulia Radu

SAMADHI représente l’état glorieux et le stade final de toute voie spirituelle authentique. Même si on l’appelle de diverses façons – SATORI dans la pratique du zen, NIRVANA en bouddhisme, ou l’état de perfection divine dans le christianisme – il est en fait, la même condition suprême de l’être humain.


La réalité de l’état de SAMADHI doit être vécue effectivement : il ne suffit pas d’apprendre des informations à son sujet ou d’essayer de l’imaginer, parce que, de toute façon, cela est impossible. La vérité de son existence en dehors de l’expérience effective n’est qu’une miette de vérité.


SAMADHI, l’état supraconscient d’extase divine, représente la phase ultime en Yoga, la fusion totale entre le connaisseur, l’objet à connaître et la connaissance proprement dite.

Ainsi, la méditation (DHYANA) peut être représentée par un triangle : ici c’est la conscience du connaisseur (celui qui médite), ce qui est cherché à être connu (l’objet de la méditation) et l’action de connaître l’objet de la méditation. Ces aspects sont distincts. En SAMADHI (l’extase divine), ils fonctionnent ensemble, ils se fondent l’un dans l’autre, en devenant la même réalité.

En SAMADHI (l’extase divine), l’objet de la concentration mentale et de la méditation profonde arrive à briller tout seul dans le champ élargi de la conscience du yogi. En même temps, la dualité sujet-objet, connaisseur-connu disparaît en totalité. Dans cet état, le mental prend entièrement la forme de l’objet et c’est pourquoi sa forme propre semble manquer. En réalité, les yogis disent que le mental ne disparaît pas, parce que même si son mouvement libre qui penche à s’orienter vers les différents objets manque à ce moment, la conscience énormément enrichie de l’acte de la connaissance demeure. Cela montre que maintenant la perception est réalisée sans intermédiaire (comme les sens, le mental, l’intellect), fait pour lequel une telle expérience est, pratiquement, un phénomène d’identification. SAMADHI représente donc un état d’identification indifférenciée avec l’objet à connaître, une immersion dans son essence ultime, dans une attitude de détachement de soi du connaisseur. Le yogi expérimente un état de conscience où il perçoit le substrat unique et indifférencié de toutes les choses, créatures et univers. Maintenant apparaît la connaissance directe de ce que les sages affirment depuis des millénaires, que „la partie se trouve dans le Tout et que le Tout est présent dans la partie.”

L’être en SAMADHI retire sa conscience de l’objet de la méditation, le dédoublant en lui-même. En agissant de la sorte, il apparaît un état où l’objet de la connaissance devient le connaisseur, le processus de la connaissance. Cet état est décrit parfois comme „vide” (SHUNYA), à cause du contraste avec l’apparente plénitude de l’objectivité qui l’a précédée.

La béatitude de l’entrée en état de SAMADHI est indescriptible

La méditation (DHYANA) finalisée avec l’état de SAMADHI est un processus progressif de pouvoir débarrasser l’objet de ses attributs extérieurs, jusqu’à ce que l’être s’identifie à l’essence de cet objet. Ce qui reste c’est l’Existence Pure, notre nature essentielle. Lorsque l’eau s’évapore d’un bassin, la réflexion du Soleil disparaît elle aussi. Analogiquement parlant, lorsque le mental se dissout dans la Réalité Absolue (Dieu), et donc lorsque le lac du mental disparaît, la conscience de l’individualité disparaît aussi. La béatitude qui marque l’entrée dans l’état de SAMADHI est indescriptible.

Ce processus de redécouverte du substrat unique, indifférencié, de tout ce qui existe constitue la condition sine qua non pour l’atteinte de l’illumination spirituelle.

À partir de ce moment, les objets finis n’apparaissent plus comme des structures séparées et limitées. Plus encore, la conscience qui forme toutes les choses ressort à la surface, se révélant comme étant la vraie réalité des objets perceptibles.

SAMADHI ne représente pas une condition inerte, comme certains sceptiques le soutiennent. La vie dans l’esprit ne signifie pas annihilation. Lorsque l’esprit se confond avec le voile de l’illusion, en orientant son attention vers les choses habituelles et en dépassant les limites de cette existence éphémère, la vie s’intensifie.

SAMADHI représente l’état glorieux et le stade final de toute voie spirituelle authentique. Même si on l’appelle de diverses façons – SATORI dans la pratique du zen, NIRVANA en bouddhisme, ou l’état de perfection divine dans le christianisme – il s’agit en fait de la même condition suprême de l’être humain.

Les niveaux d’expérience de l’état de SAMADHI

Il existe plusieurs niveaux d’expérience de l’état de SAMADHI, selon la profondeur avec laquelle l’être humain entre dans l’essence ultime des choses et des phénomènes, en s’identifiant finalement parfaitement avec Dieu, le Suprême Absolu. Ainsi, en Raja Yoga (le Yoga Royal), on obtient NIRODHA SAMADHI – l’extase divine qui apparaît par la suspension des fluctuations mentales. En Bhakti Yoga on obtient BHAVA SAMADHI – état supraconscient, obtenu par une manifestation extrêmement intense de l’Amour Divin. Un pratiquant de Hatha Yoga obtient l’état de SAMADHI par l’éveil de l’énergie potentielle essentielle de l’être, KUNDALINI et l’ascension de celle-ci jusqu’au centre de force du sommet du crâne (SAHASRARA), processus souvent accompagné par l’apparition de nombreuses capacités paranormales. Le védantique obtient BHEDA SAMADHI par l’intellect supérieur, qui entreprend un effort de conscientisation de l’irréalité de ce monde phénoménal. Un chrétien voit JÉSUS partout et aussi dans son cœur, s’identifiant finalement de façon extatique avec Lui et à travers Lui avec DIEU LE PÈRE. Donc, le chrétien ne modifie pas les fluctuations de son mental, il change seulement son attitude mentale.

Mais en essence, tous les états de SAMADHI peuvent être regroupés en deux catégories: SAVIKALPA SAMADHI et NIRVIKALPA SAMADHI. SAVIKALPA SAMADHI représente l’état de supra-conscience où il existe encore des modifications du mental. Dans cette phase ont lieu des analyses et des synthèses, des investigations, des recherches et des raisonnements abstraits. Mais il n’existe plus de pensée négative, parce que le mental est déjà totalement purifié. L’état de bonheur auquel on arrive dans cette forme de SAMADHI peut constituer un obstacle dans l’obtention de l’illumination spirituelle, parce que l’aspirant, en pensant qu’il est arrivé au bout du chemin, risque de s’arrêter. Maintenant la méditation doit être pratiquée avec encore plus d’intensité, pour qu’il entre dans l’étape suivante, NIRVIKALPA SAMADHI, l’état de supra-conscience où il n’existe plus de modification du mental et qui définit en fait, la liberté infinie de l’esprit.

Lorsque cet état de supra-conscience (NIRVIKALPA SAMADHI) devient continu et naturel, on atteint l’état nommé SAHAJAVASTHA, qui est la condition d’un libéré en vie. L’état de SAVIKALPA SAMADHI peut être comparé à une voiture qui se déplace. La voiture s’arrête. Ce moment peut être comparé à l’état de NIRVIKALPA SAMADHI, et le moment où le chauffeur descend de la voiture est l’état de SAHAJAVASTHA.

Le but ultime de tout chercheur spirituel est la communion totale avec Dieu, caractérisée par le manque de toute fluctuation du mental, de l’imagination et de toute autre modification extérieure. C’est le moment où le jeu du mental arrête, où les doutes disparaissent, et où les conséquences de nos actions passées et présentes sont détruites.

Des méthodes pour transcender la personnalité éphémère

Il existe quatre méthodes pour transcender notre petite personnalité éphémère et pour réaliser la communion avec Dieu.

1. La première méthode, nommée aussi la méthode non-duale négative, est la méthode par laquelle le chercheur nie l’existence de tout ce qui se manifeste autour de lui, parce que rien n’est la Réalité Absolue. Par exemple il dit: „Je ne suis ni le corps, ni le mental. Seul Dieu est vrai (réel). Mon Soi est identique à l’Absolu.”

2. La deuxième méthode, nommée la méthode non-duale positive, est la méthode qui permet à l’aspirant d’expérimenter directement que „Tout est Dieu”, que tout représente le Soi, qu’il n’existe rien d’autre à part Dieu.

3. La troisième méthode vise le Bhakti Yoga, le Yoga de la dévotion, en insistant sur le don de soi total et l’absolu abandon de soi devant la volonté divine, l’amour infini de Dieu.

4. La quatrième méthode est celle du sacrifice total de soi, l’aspirant offrant de façon inconditionnelle les fruits de toutes ses actions envers Dieu. C’est le Karma Yoga.

Rien de mal ne peut plus arriver à celui qui est libéré du point de vue spirituel, parce que pour lui tout est divin, béatifique, éternel et essentiel. Ici s’arrête pour toujours le devenir, la dissolution, l’illusion, l’ignorance, la séparation, la mort. Ici il n’existe que l’être divin dans sa forme originelle, unie avec Dieu le Père.

Le poème „SAMADHI” de Paramahansa Yogananda

L’ombre et la lumière se sont évanouies,
les voiles de l’affliction se sont évaporés,
Les joies passagères ont fui comme des voiliers rapides,
le mirage des sens n’existe plus pour moi.
Maladie ou santé, haine, amour, vie ou mort,
ombres vaines sur l’écran de la dualité – tout cela n’est plus.
Sarcasme, éclats de rire, mélancolie funeste,
ont fondu dans un seul océan bienheureux.
La méditation, cette baguette magique,
Vient d’apaiser l’orage de maya.
Passé, présent, futur, ne sont pour moi
qu’un éternel présent: le Moi omniscient.
Planètes, étoiles, amas stellaires ou Terre,
Mille cratères en feu, cataclysmes sismiques,
Creusets géants de la création !
Glaciers de rayons cosmiques, flux brûlants d’électrons,
Pensées de tous les hommes, passées, présentes, futures,
Chaque brin d’herbe, moi-même, ou toute l’humanité –

La moindre parcelle de poussière cosmique,
Tout cela reflue éternellement à travers mon Moi nouveau-né,
Immense océan – sang de mon Être élargi !
Une joie extatique, née de la méditation,
Aveugle mes yeux noyés de larmes.

Ta flamme immortelle, béatifique, éclate,
Connaissant mes pleurs, mes tissus, mon tout !
Tu es Moi, je suis Toi !
Connaissance, Connaisseur, Connu ne font qu’Un !
Ivresse indicible et sereine,
calme sans cesse renaissant, vie éternelle;
Samadhi – béatitude au-delà de toute expression !
Tu n’es pas un état inconscient,
vain produit de quelque chloroforme mental;
tu élargis, ô Samadhi, le champ de ma conscience
par-delà les limites de mon corps mortel,
jusqu’aux ultimes frontières de l’Eternel!
Là je suis l’océan cosmique,
Je contemple le petit ego flottant en moi.
J’entends murmurer les ultimes atomes,
la Terre obscure, les monts, les vallons – tout cela se liquéfie.
Le Aum sacré souffle sur les vapeurs, écartant leurs voiles;
L’océan se résout en millions de gouttes, en électrons.

Et, soudain, aussi profond que l’infini,
le son du tambour cosmique,
Transmute les rayons moins subtils en
Lumière immatérielle,
Celle de la béatitude qui pénètre tout.

Je suis né de la joie, je vis de la joie,
je me dissous en elle.
Océan spirituel, je bois les fleuves de la création.
Quatre voiles : solide, liquide, vapeur, lumière, se lèvent.
Moi-même, je ne fais qu’un avec le Grand Moi.

Adieu, vaines ombres du souvenir mortel.
Le ciel de mon esprit est immaculé,
Que ce soit en haut, en bas ou devant moi.
Je ne forme qu’un seul rayon avec l’éternité.
Ma joie, légère comme une bulle, a percé les nuages,
Me voici devenu l’Océan de joie par excellence !

Citations célèbres qui révèlent l’expérience de l’état de SAMADHI

Celui qui a cette compréhension (que l’Univers est identique avec le Soi) et qui perçoit toute la manifestation comme un jeu de Dieu avec Lui-même, est, sans doute, un libéré en vie. (Spanda Karika, V, 5)

De même que le sel dissout dans l’eau devient un avec elle, de la même manière, lorsque ATMAN (le Soi individuel) et le mental deviennent un, l’état de SAMADHI (extase divine) apparaît. (Hatha Yoga Pradipika, II, 5)

L’égalité et l’unité entre le Soi individuel, ATMAN, et le Soi universel, PARAMATMAN, est nommé SAMADHI, pour décrire ce qui se trouve au-delà des mots, et pouvant être seulement connu par expérience directe. (Hatha Yoga Pradipika, IV, 7, 32)

Article extrait de la revue Yoga Magazin n° 15

Lisez aussi :
L’éveil à la lumière divine

yogaesoteric

2009

Also available in: Română

Leave A Reply

Your email address will not be published.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More