Le grand guide spirituel tibétain Padma-Sambhava (III)

de Lăcrămioara Visterneanu

„Padma-Sambhava est un des plus grands héros civilisateurs et Initiateurs du monde. En tant que maître dans la réalisation des miracles, Padma-Sambhava ressemble au fameux pythagoricien Apollonius de Tyana; à l’image d’Apollonius, on dit de Padma qu’il comprenait le langage des gens et des animaux et qu’il pouvait lire les pensées les plus cachées des autres. Les deux ont eu un pouvoir effectif sur les démons, ils ont ressuscité les morts et par toutes leurs actions extraordinaires, ils se sont donnés du mal pour faire sortir les gens de l’obscurité de l’ignorance, leur but étant toujours orienté vers le bien spirituel de l’humanité tout entière.”
(C.G.Yung – de son commentaire sur le „Livre Tibétain de la Suprême Libération spirituelle”, édité par W.Y. Evans-Wentz)
Lisez ici :
Le grand Guide spirituel Tibétain Padma-Sambhava (I)

Le grand Guide spirituel Tibétain Padma-Sambhava (II)

On dit que la force spirituelle du Grand Guide spirituel Padma-Sambhava va croître à mesure que les conditions du monde se détérioreront. Il est le Sublime Alchimiste, le Guide spirituel qui transforme la haine en sagesse, les passions inférieures en amour, l’obscurité en lumière. Plus les forces du mal deviennent puissantes, plus les formes Divines sous lesquelles le grand Guide spirituel se manifestent sont prégnantes. Dans les abîmes du désespoir et des souffrances humaines de toute sorte, le diamant de sa sagesse brille comme un soleil.

Les difficultés, les oppositions de toute sorte et les dangers sur la voie spirituelle peuvent être dépassées avec succès grâce à l’aide précieuse de ce Guide spirituel parfait.

Pour atteindre la perfection au deuxième niveau VIDYADHARA, celui de la maîtrise totale de la vie, Padma-Sambhava est parti avec Mandarava vers la grotte Maratika au Népal, à propos de laquelle on dit qu’elle offrirait facilement un accès au monde subtil, paradisiaque du BODHISATTVA AVALOKITESHVARA.


Il a savouré le nectar de l’immortalité

Ici ils ont pratiqué pendant trois mois et sept jours la SADHANA de la Vie Éternelle (qui consiste en certaines formes d’ascèse tantrique consacrées à DHYANI BUDDHA AMITAYUS, une émanation de DHYANI BUDDHA AMITHABA).

Après cette période, Padma Sambhava et sa bien-aimée ont eu la vision de BOUDDHA AMITAYUS lui-même (dénommé aussi par les tibétains „Celui dont la vie est sans fin”) qui, selon la légende tibétaine, „a placé l’urne de la vie infinie sur la tête de Padma et de Mandarava, leur a donné à boire du nectar de l’immortalité, les initiant et faisant en sorte qu’ils ne dépendent plus du tout du cycle des morts et des renaissances jusqu’à la fin de ce KALPA” (ce langage symbolique exprime en fait l’atteinte, par les deux, du niveau VIDYADHARA de maîtrise de la vie, nommé aussi le niveau VIDYADHARA de la longévité). Dans le cadre de ces ascèses tantriques, Padma a réalisé l’identification parfaite, grâce à sa transfiguration intense, avec HAYAGRIVA (en tibétain, TAMDRIN; HAYAGRIVA est une divinité protectrice terrible appartenant à la „famille” d’énergies Divines PADMA dans le cadre de la tradition VAJRAYANA), et Mandarava a réalisé l’identification parfaite avec VAJRA-VARAHI. Les tibétains considèrent que VAJRA-VARAHI – en tibétain, DORJE-PHAG-MO – s’est incarnée successivement dans chaque moniale du monastère Yam-dok Lake au Tibet. Ils appellent souvent VAJRA-VARAHI „La pierre précieuse de la plus grande valeur de la parole” ou „L’Énergie féminine du Bien Divin”, suggérant ainsi certaines de ses qualités essentielles : une haute capacité d’initiation et un grand pouvoir d’annihilation du mal. Les deux ont acquiert ainsi les pouvoirs paranormaux qui leur permettaient de transformer leur corps en arc-en-ciel (en langage tantrique „le corps d’arc-en-ciel” exprime la quintessence sublime des énergies divines des cinq „familles” de DHYANI BOUDDHAS) ou de devenir invisibles. Ensuite, Padma et Mandarava ont trouvé abri dans une grotte des Montagnes de Gisements Précieux, qui se trouvent dans la région de Kotala, entre le Zahor et le reste de l’Inde. Ils sont restés dans cet endroit pendant 12 ans, en pratiquant avec conséquence le YOGA. Pendant ce temps-là, le roi de Kotala, Nubsarupa, s’est occupé qu’il ne leur manque rien. Après avoir conduit toute la contrée du Zahor à embrasser le bouddhisme, Padma a désiré faire la même chose dans son pays natal et il est parti pour un voyage vers l’Orgyen avec Mandarava. Pendant qu’ils mendiaient, ils ont été arrêtés par le roi et ses ministres et brûlés sur un immense bûcher fait de bois de santal. Le guide spirituel et son épouse ont pu démontrer la force extraordinaire de leur pratique spirituelle, en transformant par un miracle le bûcher en un lac avec de l’eau froide, au centre duquel Padma et Mandarava sont réapparus sains et sauf sur un lotus immense, portant autour du cou un collier de crânes, symbole de la libération de tous les êtres des mailles du filet de SAMSARA. Après la réalisation de ce miracle, Padma-Sambhava a été nommé Padma Thotreng Tsal („Le Lotus invincible du Collier de Crânes”). Il est ensuite resté pendant 13 ans dans le pays de l’Orgyen, en tant que conseiller spirituel du roi, conduisant le peuple à embrasser la voie du DHARMA, en aidant bon nombre d’êtres humains à se libérer de l’ignorance. Durant cette période, Padma-Sambhava a offert l’investiture spirituelle et les enseignements spécifiques pour KADUE CHOKYI GYAMTSO (ces termes tibétains pourraient être traduits par : „L’Enseignement Divin, Unique et Infini, qui englobe en lui tous les autres enseignements”), par lesquels le roi, la reine et tous ceux auxquels le KARMA a permis l’atteinte de l’état d’illumination spirituelle. Alors Padma-Sambhava a été nommé Padma Raja („Le Roi Lotus”).


Il a vaincu la mort à l’aide de ses pouvoirs spirituels

Les légendes tibétaines racontent aussi d’autres miracles réalisés par Padma-Sambhava : ainsi, au retour d’Orgyen, Padma-Sambhava est allé dans la ville de Pataliputra de Kusumapura (en Inde) où habitait un roi cruel et sans croyance spirituelle, qui s’appelait d’Ashoka, celui qui, après avoir fomenté une dispute entre les moines bouddhistes et les plus vieux de son pays, a ensuite massacré les uns et les autres.

Pour aider le roi Ashoka à s’orienter vers la croyance spirituelle authentique, Padma a pris l’apparence du moine Wangpo Dey et il est allé au palais d’Ashoka, en mendiant. Étant plein de suspicion envers tout moine qui venait à sa cour, Ashoka a sollicité que ce moine soit bouilli dans une marmite immense remplie d’huile jusqu’à ce qu’il ne reste rien de lui.

Le lendemain, le roi a voulu vérifier comment son ordre a été respecté. Comblé par la surprise, il a trouvé une fleur de lotus poussant dans la grande marmite, et au milieu de la fleur se trouvait le moine qu’il avait puni, c’est-à-dire Padma-Sambhava. Devant ce miracle jamais rencontré, le roi Ashoka s’est immédiatement rendu compte de sa faute et il a ressenti des remords. Padma-Sambhava a aidé ce roi sans croyance à construire en une seule nuit, pour se repentir, un nombre impressionnant de STUPA-s, éveillant ainsi en Ashoka une croyance spirituelle inébranlable. Ashoka est allé en pélerinage à Bodh-Gaya (l’endroit où Bouddha a pratiqué la méditation et a atteint l’illumination), a offert beaucoup d’aumônes aux pauvres et il a mis sa vie au service de la doctrine spirituelle authentique. C’est pourquoi il a été connu sous le nom d’Ashoka le Juste. La biographie du Grand Guide spirituel mentionne aussi un autre roi qui a empoisonné Padma-Sambhava, mais celui-ci a réussi a s’échapper sain et sauf après cette épreuve, en faisant preuve une fois de plus, des pouvoirs exceptionnels qu’il possédait.

Lorsqu’il fut jeté dans la rivière, Padma a fait en sorte que la rivière coule en amont et il a lévité au-dessus de l’eau. Ainsi il est arrivé à être connu sous le nom de „Le Puissant et Jeune GARUDA”.

En plus, le Grand Guide spirituel tibétain s’est manifesté sous la forme d’Acharya Padmavajra, le Guide spirituel qui a révélé HEVAJRA TANTRA (un traité célèbre du bouddhisme tantrique, qui décrit la voie de l’adoration du couple inséparable réalisé par la connaissance divine, PRAJNA et les modalités de connaissance, UPPAYA, mais aussi sous la forme du BRAHMIN Saraha, de DOMBI HERUKA, de VIRUPA, KAKLOCHARYA et des autres MAHA SIDDHAS.

Lorsque les 500 prêcheurs non bouddhistes (il s’agit des adeptes de la voie BON, une sorte de chamanisme autochtone, dépourvu d’orientation spirituelle véritable) étaient sous le point de prouver „l’infériorité” des enseignements spirituels bouddhistes dans un débat public qui a eu lieu à Bodh-Gaya, Padma les a provoqués et suite à la confrontation qui a suivi, lui et ses disciples ont été vainqueurs.

Certains des prêcheurs Bon ont fait appel à la sorcellerie, mais Padma-Sambhava a contrecarré leurs actions à travers un puisant MANTRA appris d’une DAKINI connu sous le nom de „La Dompteuse de la Mort”. Le reste de la population s’est converti au bouddhisme, et le drapeau de la véritable doctrine spirituelle s’est élevé, victorieux, vers les cieux. Durant cette période, Padma-Sambhava est devenu connu sous le nom de l’Enseignant Senge Dradrok (L’Enseignant qui a la Voix Pareille à celle du Lion”).


Il a obtenu la grâce de l’amour et de la compassion divine spécifique au niveau MAHAMUDRA

Se dirigeant vers la grotte de Yanglesho (à présent connue sous le nom de Palphing) située entre Inde et Népal, le Grand Padma-Sambhava a rencontré Shakya Devi, la fille d’un roi népalais, qui a accepté d’être son épouse mystique et de le suivre dans la réalisation de sa SADDHANA tantrique qui visait l’atteinte du troisième niveau VIDYADHARA nommé MAHAMUDRA. (Au troisième niveau VIDYADHARA – en tibétain, PHYAG CHEN RIG’DZIN – il est supposé que le pratiquant peut quitter, à volonté, son corps). MAHAMUDRA est un des plus hauts enseignements de la voie VAJRAYANA; le terme tibétain pour MAHAMUDRA – PHYAG CHEN RIG’DZIN – est décrit comme représentant la réalisation de la vacuité béatifique, de la libération des chaînes du SAMSARA, ainsi que de l’inséparabilité entre ces deux éléments. Quant à cette période de sa pratique spirituelle, Padma-Sambhava a noté : „Dans la grotte Yanglesho j’ai commencé à devenir conscient de la Sublime Réalité HERUKA du mental qui m’a permis d’obtenir les pouvoirs de l’amour et de la compassion infinie spécifique à la réalisation du MAHAMUDRA”. („Le terme HERUKA désigne ici une expression symbolique de la Conscience Suprême).

La pratique de Padma a été interrompue parce que les NAGAS Gyongpo et Yaksha Gomaka, ainsi que Logmadrin, un démon du palais éthérique, ont fait cesser la pluie pendant plusieurs mois. Cela a conduit à la sécheresse, à la famine et aux maladies, qui ont affecté les gens de l’Inde et du Népal, Padma-Sambhava a réalisé que les démons de cette zone s’opposaient à ce qu’il atteingne la réalisation du MAHAMUDRA.

Alors il a prié son GURU Prabhahasti („L’Éléphant de Lumière”) de lui offrir un moyen d’éloigner ces obstacles. Prabhahasti a envoyé le texte „DORJE TANTRA PHURBA BYITOTAMA”, qui était si volumineux, qu’il ne pouvait pas être porté par une seule personne. Lorsque ce texte est arrivé, les démons ont été terrifiés par sa simple présence. Ainsi les obstacles de la voie de SADHANA de Padma ont été éloignés, et il a ainsi atteint la perfection en MAHAMUDRA.

Padma-Sambhava a aussi visité d’autres anciens royaumes où il a offert aux gens l’enseignement du DHARMA : Hurmudzu, pays voisin avec Orgyen, Sikojhara, Dharmakosha, Rugma, Tirahuti, Kamarupa, Kancha et encore d’autres. On ne sait pas exactement quand il est allé au pays Droding, mais les enseignements tantriques qu’il ya offerts continuent toujours à l’heure actuelle.


Des enseignements spirituels du Grand Guide spirituel Padma-Sambhava

En conformité avec la vision spirituelle du Grand Guide spirituel Padma-Sambhava, les fondements de la préparations spirituelle sont les suivants:

• Avant tout, il est nécessaire d’éliminer toutes les doutes par une vision correcte, d’arriver à comprendre en totalité tous les enseignements spirituels, comme le vautour qui s’élance vers le ciel. Il est nécessaire d’acquérir de la confiance en soi par un comportement adéquat, sans que rien ne t’intimide, de même qu’un éléphant entre dans l’eau.

• Il est nécessaire de réaliser ta pratique spirituelle jusqu’à l’atteinte de l’état de SAMADHI qui éloigne l’obscurité de l’ignorance, de même qu’une lampe apporte la lumière dans une chambre obscure.

• Il est nécessaire de libérer ton être par la connaissance, devenant ainsi un adepte parfaitement convaincu des enseignements spirituels authentiques, comme un étalon puissant qui se libère de ses liens.

• Il est nécessaire de condenser tous les enseignements en un seul, en comprenant que les nombreux enseignements, apparemment différents, contiennent, en fait, la même Vérité Divine, comme le marchand qui réunit tout le gain.

• Apprends la croyance dépourvue de fluctuations, pareille à l’écoulement d’une rivière.
Apprends la compassion dépourvue d’animosité, comme la lumière du soleil.
Apprends la générosité dépourvue de préjugés, comme l’eau de source potable.
Apprends à respecter le serment spirituel, pareil à la pureté d’un cristal.
Apprends à acquérir la vision spirituelle la plus dépourvue de subjectivité, comme l’étendue pétrifiée de l’espace.
Apprends le comportement dépourvu d’attachement ou de rejet.
Apprends à languir de l’enseignement spirituel authentique, de même qu’un homme affamé languit après la nourriture ou de même qu’un homme assoiffé, après de l’eau.

• En combinant la voie spirituelle avec la vision correcte, la méditation correcte, l’action correcte et la consécration de toutes les actions envers le Divin, ton ignorance va se sublimer en sagesse.

• Les êtres humains qui manquent de persévérance et de but spirituel authentique considèrent que leurs proches, la nourriture, les fortunes et leurs héritiers sont les plus importantes choses de leur vie. Ils considèrent les amusements de toute sorte comme des choses utiles.

Pour eux, la compagnie des autres est quelque chose de très agréable. Ils ne prennent pas du tout en considération le passage des années, des mois et des jours, et au moment de leur mort ils se trouvent devant ce qu’ils ont été et de qu’ils ont fait, mais il est déjà trop tard.

C’est pourquoi l’aspirant spirituel ne doit pas oublier que les années et les mois, les jours et les secondes, sont ce qui abrège sans cesse le temps qui demeure jusqu’à la rencontre avec la mort, et donc il ne doit jamais renoncer, même pas pour un seul instant, à sa pratique spirituelle.

(à suivre)

Article extrait de la Revue Yoga Magazin n° 37

Lisez aussi:
SAMADHI – L’État supra-conscient d’extase divine

yogaesoteric
2009

Also available in: Română

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