Le Saint-Esprit (V)

par le professeur de yoga Gregorian Bivolaru

Dans ce qui suit, nous cherchons à synthétiser les connaissances et les révélations au sujet de la réalité mystérieuse du Saint-Esprit. Dans la tradition hébraïque ancienne, le mot « ruach » a des significations différentes, toutes avec un poids relativement égal. La première est « Vent », indiquant une puissance invisible et mystérieuse, qui est généralement associée à l’idée de force.

Il y a aussi le sens de « esprit » (« souffle »), qui exprime la même force mystérieuse qui a été observée à la fois dans la vie et dans les manifestations vitales de l’être humain et même des animaux. Cette force peut être clairement perturbée ou peut parfois être activée et orientée dans une certaine direction. Dans certaines situations, elle peut être bloquée ou diminuée, dans d’autres cas elle peut être régénérée et réanimée. En d’autres termes, cette force dynamique et énigmatique qui constitue l’homme peut être réduite (on dit qu’elle disparaît une fois avec la mort) ou bien elle peut apparaître dans certaines conditions telle une manifestation soudaine de force vitale. C’est entre autres « le pouvoir divin énigmatique » qui apparaît lorsque les êtres humains sont capables de surmonter leurs limites (alors il n’est plus question d’une simple augmentation naturelle de la vitalité, mais il est évident qu’il y a une force mystérieuse et surnaturelle, qui inonde tout simplement l’être concerné). Ceci survenait souvent, surtout à certains leaders charismatiques de l’antiquité ou aux prophètes. Le même Esprit Divin a déclenché des états d’extase divine et l’apparition de certains messages prophétiques. Cependant, il est nécessaire de se rendre compte qu’en réalité, toutes ces significations différentes se confondent dans une certaine mesure, parce qu’elles désignent bien sûr la même réalité.

Dans un premier temps, toutes ces significations ont donc été considérées comme de simples manifestations de l’Esprit, elles n’étaient pas strictement séparées. Par conséquent, on ne peut présumer que la tradition hébraïque ancienne ai fait une distinction entre l’Esprit (souffle) Divin et l’Esprit (le souffle) humain. A l’inverse, l’Esprit mystérieux de l’homme peut être identifié dans son essence avec l’Esprit de Dieu. Le concept d’« esprit » (« ruach ») représente dans la pensée hébraïque un terme existentiel. Son essence se réfère à l’expérience d’une force extraordinaire et mystérieuse, force comparée à la force invisible du vent, évoquant le mystère de la vitalité à travers une puissance externe qui transforme. Toutes celles-ci sont des esprits (ruach) et toutes sont des manifestations d’une énergie divine infinie et mystérieuse.

Dans les utilisations ultérieures du mot « ruach » prédomine les sens (beaucoup plus distincts) d’« esprit humain », « esprit angélique », « esprit démoniaque » et « esprit divin ». Dans le « Nouveau Testament », le terme « Saint-Esprit » (« pneuma ») est utilisé environ 40 fois pour indiquer que la dimension occulte de la personnalité humaine rend possible la relation et même la communication directe avec Dieu. Moins fréquemment apparaît le sens d’esprit démoniaque, mauvais et impur – force étrange, cachée, que l’homme ressent comme une maladie, comme une limitation nuisible de sa relation profonde et pleine avec Dieu et avec les autres. Parfois ce mot fait référence aux esprits célestes (bénéfiques) ou tout simplement aux esprits des morts (qui ont définitivement quitté ce monde). Mais le plus souvent il fait référence (en particulier dans le « Nouveau Testament ») au Saint-Esprit ou Esprit de Dieu. En même temps, la gamme plus large des significations antérieures continue à se refléter dans l’ambiguïté qui existe dans le cas de l’Evangile de l’apôtre Jean et elle persiste en particulier dans certains passages où il est impossible de déterminer avec certitude s’il y a question de l’esprit humain ou de Saint-Esprit. Dans l’interprétation ancienne du terme « esprit » (« ruach »), on faisait trop peu la distinction entre naturel et surnaturel. Par exemple, le vent pouvait être décrit dans un langage poétique comme « le souffle des narines de Dieu ». L’Esprit mystérieux qui était insufflé en l’homme par Dieu le Père est apparu dès le début comme étant plus ou moins synonyme à l’âme. L’esprit était la même force mystérieuse, vitale et divine qui pouvait être observée de façon évidente tant dans l’action du vent que dans les états extatiques d’un prophète ou d’un leader charismatique.

Dans un premier temps, le Saint-Esprit de Dieu a été conçu pour exprimer plutôt la puissance divine que les aspects vitaux et les questions morales, Il n’étant pas encore décrit comme le Saint-Esprit de Dieu. Dans cette première étape de sa conceptualisation, l’Esprit de Dieu était vu comme une puissance mystérieuse surnaturelle (toujours sous le contrôle de Dieu), qui exerce une certaine influence subtile mystérieuse sur toutes les créatures. Les premiers dirigeants juifs ont fondé leur autorité sur certaines manifestations spéciales de l’Esprit de Dieu apparu dans leurs états extatiques. Il est également intéressant de noter le rôle que la musique a joué dans l’éveil et la stimulation des états d’extase et même de l’inspiration divine. Plus tard, on commença à faire une distinction plus claire entre naturel et surnaturel, entre Dieu et l’être humain, l’Esprit de Dieu devenant de plus en plus distinct de l’Esprit humain, bien qu’il fasse apparaître et s’épanouir dans l’être humain tout ce qui est surhumain. L’esprit mystérieux de l’homme entretient une relation directe avec Dieu, ce qui indique la taille supérieure de l’existence humaine, en d’autres termes, la dimension mystique de la vie entièrement tournée vers Dieu. Au fil du temps, le mot hébreu « âme » a commencé à indiquer de plus en plus fréquemment les aspects « inférieurs » (par rapport à ceux divins) de la conscience de l’être humain, la vie personnelle en prépondérance humaine, les émotions et les passions humaines. Ainsi a été préparée la voie à une distinction plus claire qui a été faite par l’apôtre Paul, entre l’aspect mental et celui spirituel. L’état très spécial atteint lorsqu ’on est influencé de manière profonde par l’Esprit de Dieu est décrit aujourd’hui comme un état permanent qui peut dans certaines circonstances être transmis à d’autres personnes.

La caractéristique la plus frappante de la période de l’histoire juive avant l’exil est la réticence étrange de leurs prophètes à attribuer au Saint-Esprit l’inspiration qui se manifestait en eux. Lors de la description de l’état d’inspiration divine qu’ils ont vécu, les prophètes préfèrent parler de la Parole de Dieu ou de la Main de Dieu. L’influence mystérieuse de l’Esprit a été identifiée avec les états extatiques. Ultérieurement, on a commencé à attribuer à l’œuvre énigmatique de l’Esprit de Dieu à nouveau de l’importance. Le rôle de l’Esprit Divin en tant qu’inspirateur des prophètes a été réaffirmé.

La tradition qui a attribué à l’œuvre énigmatique de l’Esprit à la fois le talent artistique et celui d’un certain métier a alors établi un lien entre l’Esprit de Dieu et quelques qualités esthétiques et mêmes éthiques. Ce n’est qu’alors que certains auteurs ont appelé l’Esprit, le « Saint-Esprit » de Dieu, certains l’appelant aussi le « Bon Esprit » de Dieu.

Un autre aspect important est l’association de l’Esprit et l’action de création et de manifestation. Dans certains textes, on affirme que l’Esprit de Dieu fera une nouvelle création. Les êtres humains devaient être régénérés et recréés d’un certain point de vue sous l’influence de l’Esprit de Dieu, pour jouir ainsi d’un lien plus intime et plein de vie avec Dieu. Dans la période située entre la rédaction des deux Testaments, on n’accordait pas à l’Esprit de Dieu un rôle de premier plan. Quand on parle de la relation entre Dieu et l’homme, on considère que l’état ​​de sagesse est essentielle. Par conséquent, le terme « Esprit » est considéré aussi comme une autre façon de définir la Sagesse Divine. Par ailleurs, même le don de la prophétie est attribué toujours à la Sagesse et non pas à l’Esprit de Dieu. Dans le livre de l’Ecclésiaste, l’Esprit continue à être considéré comme l’Esprit de la prophétie, cette dernière y étant plus proche du terme grec qui décrit l’état d’inspiration extatique. Il n’y a que quelques passages de l’Apocalypse qui parlent de l’Esprit comme d’un agent mystérieux de l’inspiration divine. Au temps de Jésus-Christ prédominait la tendance que Dieu était conçu comme étant de plus en plus éloigné de l’homme. Il était le Dieu Saint et Transcendant existant dans un état mystérieux de gloire, qu’aucun être humain ne pourrait jamais approcher. D’où la réticence, voire la peur de prononcer même le nom de Dieu et toujours d’ici toutes les discussions sur certains entités intermédiaires entre homme et Dieu: les anges, la sagesse, la gloire, etc., parce que tout cela constituait des façons de parler de l’activité de Dieu dans le monde sans mettre en discussion Sa transcendance.

Dans ce contexte, l’activité et les révélations de Jean-Baptiste ont fait beaucoup de bruit. Non seulement a-t-il avoué que dans et à travers son être se manifeste l’Esprit de Dieu, mais il a aussi été reconnu par beaucoup comme un prophète. Comme tel, on estime qu’il a été inspiré par l’Esprit de la prophétie. Son message a été d’autant plus troublant, car il a proclamé que le déversement de l’influence de l’Esprit de Dieu est imminent. En outre, il a annoncé que celui qui viendra après lui baptisera dans l’Esprit de Dieu avec du feu et non pas avec de l’eau, comme il le faisait. La venue de Jésus a créé une agitation encore plus grande, parce que Jésus a dit que l’ère nouvelle, la venue du Royaume de Dieu, est imminente. Ses apôtres n’ont pas douté que tout le travail de Jésus avait été fait dès le début par l’énigmatique pouvoir du Saint-Esprit. L’accent que Jésus a mis dans son message était très différent de celui de Jean-Baptiste, non seulement par le fait qu’Il a proclamé que le Royaume des Cieux était déjà présent, mais aussi par le caractère qu’Il a attribué au Royaume des Cieux. Il a considéré Son action plus sous l’aspect de la bénédiction que dans les termes de jugement. En outre, Jésus a offert à ses disciples la promesse que le Saint-Esprit allait les soutenir quand ils allaient à leur tour traverser des troubles divers et des épreuves.

Dans les Actes, il est montré que le déversement de l’énergie du Saint-Esprit à la Pentecôte était le moment quand les disciples eux-mêmes ont expérimenté l’effusion du trop-plein de l’énigmatique pouvoir du Saint-Esprit, qui est un trait caractéristique de l’ère nouvelle. Pour les premiers chercheurs de Dieu, la promesse de l’Evangile se concentre sur l’effusion du Saint-Esprit. Dans d’autres cas, la réception du Saint-Esprit est considérée comme un facteur crucial qui montre l’acceptation par Dieu de ceux qui croient fermement en Lui. Dans les écrits de l’apôtre Paul, le don du Saint-Esprit est le début de l’expérience divine. En d’autres termes, un être humain ne peut pas appartenir à Dieu à moins que le Saint-Esprit se soit pleinement déversé en lui, et il ne peut être uni à Dieu qu’à travers le Saint-Esprit. Un être humain ne peut pas être un membre du corps gigantesque de Dieu à moins de n ’avoir été d’abord baptisé par l’énigmatique énergie du Saint-Esprit.

De la même manière, dans les écrits de l’apôtre Jean, le Saint-Esprit qui se déverse de quelque part là-haut est la force mystérieuse qui rend possible « la renaissance », parce que le Saint-Esprit est aussi un donneur de vie nouvelle, comme un fleuve avec l’eau vive qui coule de Dieu et donne de la vie à l’être humain qui vient à Lui et qui croit en Lui avec une grande force.

Dans l’Evangile de Jean, une répétition intentionnelle du texte de la Genèse est évidente. Le Saint-Esprit est le souffle mystérieux qui donne la vie à la nouvelle Création, la présence mystérieuse du Saint-Esprit étant une des « preuves de la vie ». Il est important de réaliser que les premiers chrétiens concevaient le Saint-Esprit comme une puissance divine qui manifestait très clairement ses effets dans la vie de l’être humain dans l’univers duquel il se déversait. L’impact énorme de l’énigmatique énergie du Saint-Esprit ne laisse pas de place au doute quant à la transformation significative qui se produisait dans un être humain par cette action divine. L’apôtre Paul demandait à ceux qui lisaient ses écrits de toujours se rappeler de la première fois qu’ils avaient senti la manifestation comblante du Saint-Esprit.

Pour certains êtres humains, la manifestation du Saint-Esprit est une expérience extraordinaire, qui leur a permis d’expérimenter l’amour de Dieu. Pour d’autres, c’ est une grande joie, pour d’autres encore une expérience indescriptible de l’illumination divine, pour d’autres, c’ est l’expérience comblante de l’état de libération ou d’une transformation intérieure tout à fait extraordinaire pendant laquelle différents dons spirituels se sont éveillés en eux.

C’est pourquoi la perception de l’effusion comblante de l’énergie énigmatique du Saint-Esprit est également mis en évidence comme étant une caractéristique particulière de l’être humain qui découvre Dieu. Même si le Saint-Esprit en tant que tel peut être invisible, Sa présence peut être détectée facilement par les effets extraordinaires et les phénomènes qui se produisent dans l’être humain qui expérimente dans son univers intérieur l’effusion du Saint-Esprit. Bien que dans l’Évangile de Jean, le baptême (avec de l’eau) et le baptême par le Saint-Esprit, qui conduit à la « nouvelle naissance » (ou « celle de haut ») soient étroitement liés, les deux questions ne devraient pas être identifiées.

L’apôtre Paul et l’apôtre Jean ont certainement connu de nombreuses expériences qui sont apparues grâce à la puissance énigmatique du Saint-Esprit. En ce qui concerne le témoignage de l’apôtre Luc, la Pentecôte n’a pas été une seconde expérience de l’effusion de l’énergie du Saint-Esprit pour les apôtres, mais tout simplement leur baptême par l’énergie énigmatique du Saint-Esprit pour entrer dans la « nouvelle ère ».

Selon l’apôtre Paul, le don divin de l’effusion de l’énergie énigmatique du Saint-Esprit est un début qui oriente l’attention de l’homme vers la réalisation finale. C’est le début d’un long processus de transformation grâce à la « similarité » identificatrice avec Jésus, processus qui sera atteint plus tard. Par conséquent, la vie apparaît à l’être humain qui croit fermement, de façon profonde et totale en Dieu, comme étant différente en termes de qualitaté de la vie qu’il a vécue avant de manifester une foi forte, profonde et totale en Dieu. Son expérience quotidienne devient le moyen de répondre au guidage du Saint-Esprit, après avoir été profondément transformé par la puissance mystérieuse du Saint-Esprit. L’effusion de l’énergie énigmatique du Saint-Esprit dans l’univers de l’être humain a apporté un esprit nouveau au sein de sa relation personnelle avec Dieu, relation qui fait devenir de la réalité une espérance divine. L’être humain dans lequel se déverse pleinement l’énigmatique énergie du Saint-Esprit est au-delà de ce monde et de ses normes pour trouver de la satisfaction dans ce monde. L’apôtre Paul reconnaît que tout être humain qui croit fermement, profondément et pleinement en Dieu, vit à travers l’énigmatique pouvoir du Saint-Esprit une relation très complexe et profonde avec Dieu le Père.

Fragment pris du glossaire de l’ouvrage : Programme planétaire d’action urgente „NON A L’APOCALYPSE” par le professeur de yoga Gregorian Bivolaru


Yogaesoteric
2013

Also available in: Română

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