Au printemps, la cuisine se met au vert


C’est qu’avec cet odieux virus, l’évènement serait presque passé inaperçu. Confinement oblige, l’occasion est toute trouvée de redécouvrir une cuisine simple, fraîche et revigorante sur la base des premières plantes qui reverdissent !

Le grand classique : la salade de pissenlits

C’est l’incontournable salade printanière. Elle ne prend que quelques minutes à récolter pour peu que l’on dispose d’un verger. En revanche, les opérations de nettoyage nécessitent beaucoup plus de temps. La saison du pissenlit est déjà bien entamée. Si certains fleurissent déjà, on peut encore trouver des pousses bien tendres sous un tas de feuilles mortes ou sous les frondaisons des grands arbres.

Rien de plus simple pour déguster ce plat dépuratif. Préparer une vinaigrette avec huile d’olive, vinaigre de cidre, sel, poivre et moutarde à l’ancienne. Assaisonner ainsi les pissenlits. Dans une poêle, verser un fond d’huile de colza pour y faire revenir despetitsmorceauxdetofufumé, oignons ou échalotes et croûtons de pain. Verser chaud sur les pissenlits. Pour colorer la salade (ou pour les végétariens) on peut ajouter un œuf dur effrité, une poignée de lentilles corail ou des dés de pommes de terre cuites à la vapeur, découpés en dès.

La soupe verte mi-automne, mi-printemps

Les derniers seront les premiers, les premiers seront les derniers. La parole biblique vaut aussi en cuisine. Ou comment faire, lors des derniers soirs de frimas, une bonne soupe chaude qui appelle l’été.

En cette saison, souvent traînent encore dans les potagers quelques poireaux, céleris et autres blettes qui ont miraculeusement échappé au gel hivernal (enfin, de moins en moins miraculeusement, car de gel hivernal il n’y en a plus guère). Il suffit dès lors de récupérer l’un ou l’autre poireau, quelques feuilles de blettes et une ou deux branches de céleri, d’y ajouter des pommes de terre et de mettre ça à cuire dans de l’eau salée et poivrée. À ce mélange on peut ajouter quelques feuilles d’oseille fraîche. Une fois cuit, mixer le tout et y ajouter de la ciboulette, de l’oignons vert et/ou du persil ciselé.

Grienasuppa : la potion du Grienadunschtig

Attention, il ne faut pas confondre le Grienasuppa, la soupe verte, et le Suppagriens, la soupe de viande. La préparation de la Grienasuppa relève de la potion magique que nous révélons ci-après. Cette soupe comporte neufs plantes vertes aux vertus dépuratives et régénérantes, les « kritla ». Pas une de plus, pas une de moins. Ce nombre exact a le pouvoir de démultiplier les effets de ces plantes. Parmi ces végétaux on compte, traditionnellement, le chou vert, le poireau, l’ortie, le pissenlit, le persil, les épinards, le cresson, la ciboulette, la blette qui sont les plus faciles à trouver. On peut remplacer l’une de ces plantes par une autre non citée, mais obligatoirement verte. Cette soupe se prépare comme les autres : sel, poivre, un oignon et une gousse d’ail, une pomme de terre, très peu d’eau et c’est tout. Un bouillon d’un quart d’heure et on mixe. Pour que la magie opère, il y a interdiction d’y ajouter de la crème, éventuellement un peu de maggi, la plante bien entendu, mais seulement en poudre.

Les deux derniers mets se servent bouillants avec une tranche de pain de campagne.

La soupe d’orties

La recette est quasiment la même que précédemment, à la différence près que l’oseille est remplacée par une centaine de grammes d’orties fraîches. En fin de cuisson on peut aussi y ajouter un peu de crème fraîche. Aucune crainte à avoir, personne ne se piquera la langue en dégustant ce breuvage. Il n’en sera toutefois pas de même pour ce qui est de la récolte des orties. Mieux vaut ne pas oublier une bonne paire de gants.

Bibeleskaes à la ciboulette et pommes de terre

Encore un grand classique de la gastronomie alsacienne dont la simplicité n’a d’égal que la convivialité ! Dans un bol, verser le Bibeleskaes (un sort de fromage blanc), le saler, le poivrer et y ajouter de la ciboulette ciselée et un ail pressé. Servir ce mélange sur des pommes de terre vapeur.

Tarte verte à la mode corse

De l’Alsace à la Corse ! Paraît-il que les deux régions ont en commun le fait d’avoir une identité forte ! Côté cuisine, il est une recette de la région de Corte, dans le centre de l’île de beauté, qui s’adapte parfaitement à notre climat : la tarte verte ou tarte aux herbes. Confectionner d’abord une pâte sablée avec 250 grammes de farine, 125 grammes de beurre, un œuf et une pincée de sel. Puis piquer dans le jardin les dernières blettes de manière à avoir de quoi remplir le moule. Découper les blettes, le blanc et le vert, en morceaux pour les faire revenir dans de l’huile d’olive avec de l’ail et de l’oignon. En fin de cuisson, y ajouter de la menthe fraîche et mettre au four à 180 degrés pendant quarante-cinq minutes. Au mélange végétal, il est possible d’ajouter un fromage frais de brebis que l’on appelle en langue corse le brocciu. Mais pas certain qu’un tel produit se trouve aisément en Alsace.

Autour des fanes de radis

La grande différence entre les légumes issus d’un potager traditionnel et ceux qui viennent d’ailleurs, c’est que les premiers sont consommables de la racine aux feuilles, en passant par les épluchures. Le radis en est un bel exemple. Les premiers à sortir de terre sont les fameux radis de 18 jours. Semés fin février, ils sont maintenant fin prêts à être cueillis sans oublier, en Alsace, le généreux Ostergrüss qui commence à se pointer.

Laver une belle quantité de fanes de radis. Couper un oignon, le faire revenir dans un peu d’huile. Y ajouter une ou deux petites pommes de terre en morceaux pour donner de la consistance et bien mélanger. Couvrir d’eau et ajouter les fanes de radis, une gousse d’ail, du sel et du poivre. Laisser mijoter un quart d’heure et passer au mixer. Avant de servir on peut y ajouter une goutte de crème fraîche ou de lait coco pour les amateurs de saveurs exotiques. Plusieurs variantes existent : on peut faire roussir quelques morceaux de tofu fumé et les ajouter au velouté, ou encore y plonger des croûtons de pain passer dans du beurre à la poêle.

La salade de persil

Inspirée du taboulé syrien, la salade de persil est rafraîchissante et originale. Laver un bouquet de persil et le couper finement, sans les tiges. Cuire une petite quantité d’orge perlé ou de pâtes à potage (celles alphabétiques conviennent très bien). Laisser refroidir. Couper quelques radis en petits dés ainsi qu’un gros oignon. Mélanger le tout et assaisonner avec un peu vinaigre Melfort uniquement, pas d’huile, saler et poivrer. Les tiges du persil servent à faire un délicieux bouillon : les plonger dans une casserole d’eau bouillante selon la quantité de tige, saler et poivrer. Laisser mijoter un bon quart d’heure. Le bouillon doit prendre une couleur verdâtre. Ce bouillon peut être consommé tel quel ou pourra servir de base pour d’autre soupe.

Bon mise au vert en cuisine et bon appétit !


yogaesoteric
23 avril 2020

Also available in: Română

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