Persécution du Falun Gong (4)

Lisez la troisième partie de cet article

Prélèvements d’organes

Des rapports sur des prélèvements forcés d’organes sur des pratiquants du Falun Gong en Chine ont été publiés à plusieurs reprises. En mai 2006, le vice-président du Parlement européen, Edward McMillan-Scott s’est rendu en Chine et a recueilli un témoignage attestant de prélèvements d’organes forcés sur des prisonniers pratiquants de Falun Gong. À partir de 2006, une investigation a été menée par l’avocat international des droits de l’homme David Matas et l’ancien Secrétaire d’État du Canada (région Asie Pacifique) et avocat de la couronne David Kilgour. Ils ont publié deux rapports accusant Pékin de prélever les organes sur des pratiquants de Falun Gong contre leur volonté. Ils estiment qu’il y aurait eu 41.500 transplantations d’organes non expliquées entre 2000 et 2005. Malgré les démentis du gouvernement chinois et l’enquête de Harry Wu qui n’a pas pu obtenir de preuves en 2006, d’autres investigations indépendantes ont suivi et ont confirmé ces dires. En décembre 2013, le Parlement européen a adopté une résolution condamnant les prélèvements d’organes forcés, systématiques et cautionnés par l’État chinois, une pratique touchant en particulier les pratiquants de Falun Gong. En juillet 2014, les médias d’État chinois ont rapporté des « abus de transplantations d’organes » en mentionnant notamment le nom d’un haut responsable du domaine médical, connu pour être impliqué dans les prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong.

 


Manifestation contre les prélèvements d’organes sur les membres du Falun Gong, en juin 2006 à Hong Kong

Abus psychiatrique

Depuis 1999, les observateurs écrivant sur le Falun Gong et la question des droits de l’homme en Chine ont commencé à signaler des abus psychiatriques massifs sur des pratiquants mentalement sains. Les sources du Falun Gong affirment que des milliers de personnes ont été détenus de force dans des hôpitaux psychiatriques et soumis à des abus tels que l’injection de sédatifs ou de neuroleptiques, la torture par électrocution, le gavage, le manque de nourriture et le passage à tabac. Ces sources affirment également que les pratiquants y sont placés contre leur gré pour avoir pratiqué des exercices de Falun Gong, distribué des dépliants, refusé de signer une lettre de renonciation au Falun Gong, rédigé des lettres de pétition, fait des appels au gouvernement, etc. D’autres y sont placés du fait que leur peines de détentions ont expiré ou qu’ils n’ont pas été « transformés » dans les classes de lavage de cerveau. Certains ont été informés qu’ils étaient mis dans ces établissements parce qu’ils avaient un soi-disant « problème politique », c’est-à-dire qu’ils avaient fait appel au gouvernement pour lever l’interdiction du Falun Gong.

Robin Munro, l’ancien directeur de bureau de Human Rights Watch à Hong Kong et directeur adjoint du China Labour Bulletin, a attiré l’attention internationale sur les abus de la psychiatrie médico-légale en Chine en général, et sur des pratiquants de Falun Gong en particulier. En 2001, M. Munro a mentionné que les psychiatres médico-légaux en Chine étaient actifs depuis l’époque de Mao Zedong, et qu’ils étaient impliqués dans des abus systématiques de la psychiatrie à des fins politiques. Selon lui, les abus psychiatriques à grande échelle constituent l’aspect le plus distinctif de la campagne du gouvernement visant à « écraser le Falun Gong ». Il relève une augmentation très importante du nombre d’admissions de pratiquants de Falun Gong dans les hôpitaux psychiatriques depuis le début de la campagne de persécution. Cependant, Alan Stone, professeur de droit et de psychiatrie à Harvard, ancien président de l’American Psychiatric Association et titulaire d’une bourse Guggenheim pour l’étude des abus de la psychiatrie à des fins politiques, trouve que les allégations de Robert Munro sont construites à partir de « ses lectures et les extrapolations tendancieuses des publications psychiatriques chinoises ».

Robin Munro a affirmé que les pratiquants de Falun Gong détenus étaient torturés et soumis aux traitements par électrochocs, des formes douloureuses de traitement d’acupuncture électrique, la privation prolongée de lumière, de nourriture et d’eau, et l’accès limité aux toilettes afin d’arracher de force leurs « aveux » ou des « renoncements » comme condition à la libération. Des amendes de plusieurs milliers de yuans peuvent suivre. Sunny Lu et Viviana Galli écrivent que des doses de médicaments jusqu’à cinq ou six fois le niveau habituel sont administrés par sonde naso-gastrique comme une forme de torture, et que la torture physique est aussi fréquente, par exemple la victime est étroitement attachée avec des cordes dans des positions très douloureuses. De tels traitements peuvent provoquer empoisonnement, migraine, extrême faiblesse, protrusion de la langue, paralysie, perte de conscience, vomissement, nausée, convulsion et perte de mémoire.

Selon Alan Stone, le nombre d’hospitalisations varie de province à province, suggérant l’absence de politique gouvernementale uniforme en vigueur. Après avoir eu accès et examiné plusieurs centaines de cas de pratiquants de Falun Gong placés dans des hôpitaux psychiatriques, il a constaté « qu’une proportion significative des cas rapportés… ont été envoyés en camps de travaux forcés où ils ont… également pu être torturés, puis renvoyés en hôpital psychiatrique pour s’en débarrasser. »

Décès

Le Centre d’information du Falun Dafa annonçait en 2010 que plus de 3.400 pratiquants de Falun Gong ont été tués en détention à la suite de la torture et de mauvais traitements, généralement après avoir refusé d’abandonner leur pratique, bien qu’il est impossible de confirmer ces chiffres de manière indépendante. La majorité des décès signalés est survenue dans les provinces du nord-est de la Chine, dans la province du Sichuan et les régions autour de Pékin.

Parmi les premiers décès consécutifs à la torture rapportés dans la presse occidentale figure celui de Chen Zixiu, une ouvrière à la retraite de la province du Shandong. Dans son article sur la répression du Falun Gong qui lui a valu le prix Pulitzer, Ian Johnson a rapporté que les gardiens du camp de travail avaient utilisé des aiguillons électriques pour le bétail sur Madame Chen pour essayer de la forcer à renoncer au Falun Gong. Quand elle a refusé, les responsables ont « ordonné à Madame Chen de courir pieds nus dans la neige. Deux jours de torture ont laissé ses jambes meurtries et ses cheveux couverts de pus et de sang… Elle a rampé vers l’extérieur, vomi et s’est effondrée. Elle n’a jamais repris conscience. » Madame Chen est décédée le 21 février 2000.

Le 16 juin 2005, Gao Rongrong, une comptable de la province du Liaoning âgée de 37 ans, a été torturée à mort en détention. Deux ans avant sa mort, Madame Gao avait été emprisonnée au camp de travaux forcés de Longshan, où elle a été torturée et défigurée avec des matraques électriques. Madame Gao s’est échappée du camp en sautant par une fenêtre du deuxième étage, et après que des photos de son visage brûlé ont été rendues publiques, elle est devenue une cible pour les autorités. Elle a été de nouveau détenue le 6 mars 2005, et tuée un peu plus de trois mois plus tard.

Le 26 janvier 2008, des agents de sécurité ont arrêté à Pékin le musicien populaire Yu Zhou et son épouse Xu Na qui rentraient d’un concert. Yu Zhou, âgé de 42 ans, a été mis en détention, où les autorités ont essayé de le forcer à renoncer au Falun Gong. Il a été torturé à mort pendant onze jours.

Réactions du mouvement et dans le monde


Veillée aux chandelles à Washington DC, en 2002

Selon le mouvement, onze pratiquants du Falun Gong de Nouvelle-Zélande ont porté plainte contre Jiang Zemin, Luo Guan et Li Lanqing (responsables du Bureau 610) pour génocide et crimes contre l’humanité dans une dizaine de pays.

Deux Canadiens, l’avocat David Matas et le politicien David Kilgour, accusent Pékin de prélever les organes des membres du Falun Gong contre leur volonté. Ils estiment qu’il y a eu 41.500 transplantations d’organes non expliquées entre 2000 et 2005.

Les violations des droits de l’homme dans la répression du Falun Gong sont dénoncées par la commission européenne et par des organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International,Human Rights Watch, Reporters sans frontières, le MRAP ainsi que la Laogai Research Foundation.

La résolution 188 du 25 juillet 2002 du Congrès des États-Unis, votée à l’unanimité (420/0) et rejetée par la République populaire de Chine, appelait cette dernière à « cesser la persécution du Falun Gong et le harcèlement des pratiquants de Falun Gong aux États-Unis ; de libérer tous les pratiquants de Falun Gong et de mettre fin aux tortures et autres traitements cruels et inhumains utilisés contre eux, d’appliquer le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Déclaration universelle des droits de l’homme. »

En Chine, Gao Zhisheng – célèbre avocat et défenseur des droits de l’homme en Chine – dénonce cette persécution. À la suite des lettres ouvertes à Hu Jintao et Wen Jiabao dénonçant la persécution des pratiquants du Falun Gong, les autorités ont fait fermer son cabinet d’avocat. Il a également fait face à une tentative d’assassinat, reçu des menaces et sera finalement arrêté, condamné et brutalement torturé. Amnesty International a relevé dans ce cas plusieurs irrégularités de procédure.

Le journal Le Monde rapporte des grèves de la faim collectives organisées en Chine pour soutenir l’avocat et protester en faveur des droits de l’homme en Chine.

Pour Nicholas Bequelin, de Human Rights Watch à Hong Kong : « Personne ne croit vraiment que le mouvement Falungong représente une réelle menace pour la stabilité du gouvernement mais sa répression montre dans quelles mesures une campagne politique peut outrepasser toute loi ».

Autres campagnes

Bien qu’elle ne soit pas d’aussi grande envergure qu’autrefois, la répression du Falun Gong en Chine a continué quasiment sans relâche au cours des dernières années, tandis que de nouvelles campagnes de répression sévère ont été périodiquement lancées, surtout autour des événements et des anniversaires « sensibles ».

2008


 


Le relais de la flamme des droits de l’homme, campagne de mobilisation lancée le 9 août en Grèce

Selon la Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine, « le gouvernement central a intensifié sa campagne de persécution de neuf ans contre les pratiquants de Falun Gong durant les mois qui ont précédé les Jeux olympiques d’été de 2008 à Pékin ». Le Bureau 610 a émis une directive interne exigeant que les gouvernements locaux prennent des mesures pour prévenir que le Falun Gong « n’interfère ou ne nuise » aux J.O. Les Bureaux de sécurité publique à Pékin et à Shanghai ont émis des directives prévoyant des récompenses aux informateurs qui dénonceraient à la police les activités du Falun Gong.

Dans les mois qui ont précédé les J.O., le Centre d’information du Falun Dafa a signalé que plus de 8.000 pratiquants de Falun Gong ont été arrêtés à leurs domiciles ou lieux de travail par des agents de sécurité. Le Centre a indiqué qu’un grand nombre de ces pratiquants a été plus tard condamné à de longues peines de prison – allant jusqu’à plus de 15 ans – et que plusieurs parmi eux ont été torturés à mort en détention. Amnesty International a constaté que le Falun Gong a été parmi les groupes les plus durement persécutés en 2008, et a signalé qu’au cours de cette année plus de 100 pratiquants de Falun Gong sont décédés à la suite de la torture et du mauvais traitement en détention.

2009


En 2009, les pratiquants de Falun Gong ont été parmi ceux qui ont été visés dans le cadre du Project 6521, une campagne dirigée par le chef du PCC Xi Jinping cherchant à réprimer les dissidents potentiels durant les anniversaires politiquement sensibles. Le nom du projet fait référence au 60e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, le 50e anniversaire du soulèvement tibétain de 1959, le 20e anniversaire des manifestations de la place Tian’anmen, et le 10e anniversaire de la répression du Falun Gong.

Parallèlement au Projet 6521, un organe de coordination de haut niveau a été créé sous la direction de Zhou Yongkang, appelé le « Comité central pour la gestion universelle de l’ordre social ». Le Falun Gong s’est retrouvé parmi les groupes ciblés pour une surveillance et une répression accrues. Le Comité a relancé un réseau d’informateurs bénévoles dans les écoles et les quartiers, et mis en place un système de responsabilité conjointe qui tient responsable les chefs des ménages, des lieux de travail et des gouvernements locaux en cas de manifestations ou autres événements déstabilisants.

2010

Les groupes de défense des droits de l’homme ont constaté que l’Exposition universelle de 2010 à Shanghai a servi de prétexte à la répression des dissidents et des croyants, y compris des pratiquants du Falun Gong. La Comité exécutif du Congrès américain sur la Chine a déclaré que les autorités chinoises avaient profité de l’Expo comme une occasion pour mener une campagne de propagande contre le Falun Gong, et ont détenu et emprisonné plus de 100 pratiquants de Shanghai. Les autorités de Shanghai offraient des primes financières aux citoyens qui dénonçaient des pratiquants de Falun Gong. La Commission a également constaté que plusieurs pratiquants qui avaient refusé de désavouer le Falun Gong ont été soumis à la torture et envoyé à la rééducation dans des camps de travail. Amnesty International a publié un avis d’intervention d’urgence à la suite de la disparition à Shanghai du pratiquant Jiang Feng, qui aurait été enlevé à l’aéroport de Shanghai le 18 février 2010 quand il partait aux États-Unis. M. Jiang a disparu en garde à vue, et aurait risqué la torture.

Depuis 2010

En 2010, le Parti communiste a lancé une campagne de 3 ans exigeant des gouvernements locaux, des organisations du Parti et des entreprises à redoubler d’efforts pour « transformer » une grande partie des pratiquants de Falun Gong connus. La « transformation » consiste en mesures coercitives de pression sur les pratiquants de Falun Gong pour qu’ils renoncent à la pratique. Plusieurs documents affichés sur les sites du Parti et des administrations locales indiquent les objectifs concrets de transformation à atteindre et fixent des limites sur les taux acceptables de récidive. La campagne est effectuée en formes de l’envoi des pratiquants de Falun Gong connus dans des centres de rééducation obligatoire, ainsi que de l’emprisonnement dans des prisons ou des camps de rééducation par le travail.

Les pratiquants Guo Xiaojun, Wang Xiaodong et Wang Junling ont été arrêtés et emprisonnés pour leur lien avec le Falun Gong et ont été qualifiés par Amnesty International de prisonniers de conscience au risque d’être torturés.

yogaesoteric

16 novembre 2017

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