La relaxation dynamique de Caycedo (4)

Lisez la troisième partie de cet article

Caycedo utilise ici deux éléments fondamentaux : 
a) la pratique respiratoire de certaines techniques bouddhistes ; 
b) certains phénomènes connus de l’ancienne hypnose, dont la catalepsie qui était couramment utilisée en hypnotisme pour suggérer l’impossibilité de bouger un membre. Une fois de plus, Caycedo profite de la réalité de l’expérience vécue, non pour créer un conflit, ni provoquer l’étonnement, mais pour que le patient puisse intégrer dans sa conscience le schéma de la partie de son corps mise sous tension ; tension qui est d’ailleurs perçue avec une très grande acuité au cours de l’exercice. 

Avant de décrire les exercices d’une manière détaillée, on insiste sur le fait que lorsque l’induction sophronique du groupe se réalise les participants sont debout. Le sophrologue directeur de groupe agit par son terpnos-logos après avoir demandé à tous les membres du groupe de fermer les yeux. Il faut tenir compte du fait que ces exercices sont d’une très grande puissance et que chacun entraîne une sophronisation de plus en plus profonde de la plupart des membres du groupe. 

On abaisse doucement le niveau de la conscience, comme si l’on était au bord du sommeil, et l’on concentre toute son attention sur un objet naturel. L’objet est ici secondaire, il va disparaître et sera remplacé par notre propre corps qui devient ainsi le sujet de la méditation dont on prend conscience passivement. A partir de ce moment, on se concentre essentiellement sur trois éléments : la posture corporelle, la tension, le mouvement. On continue à contempler le corps tout en faisant les exercices, puis on modifie l’attitude pour prendre conscience des mouvements et de la tension. 

Exercice n°1 : debout devant la chaise

On inspire en levant les deux bras à la verticale, on retient l’air avec les deux bras levés, le sujet de la méditation étant le corps. Les yeux fermés, on expire en baissant les bras et on retrouve la position de base (les mains sont réunies pour cet exercice). On ressent les muscles qui viennent d’être tendus, on se concentre sur les tensions en répétant l’exercice. On récupère entre chaque exercice comme on l’a fait pour le premier degré. Entre deux exercices, on relaxe les muscles de la face, de la nuque, du cou et des jambes. 

Exercice n°2 : assis sur la chaise

On inspire en faisant basculer la tête doucement en arrière, on retient l’air et on se concentre sur le cerveau, la face, le cou. Entre deux respirations, on ramène la tête dans sa position horizontale en expirant. Le mouvement doit être fait très lentement ; la respiration (toujours totale) se fait par le nez. On répète le même exercice avec la tête en position aussi basse que possible, le corps étant toujours le support de la méditation. Le sophrologue insiste sur la perception de la gravitation. 

Exercice n°3

On inspire en levant le bras droit, le poing fermé. On retient l’air, le bras horizontal. On expire en baissant le bras et on prend conscience de tous les mouvements du corps. On fait l’exercice trois fois avec le bras droit, trois fois avec le bras gauche et trois fois avec les deux bras. Entre deux exercices, on relaxe les muscles du visage, de la nuque, du cou, des jambes. 

Exercice n°4

Exercice des jambes : on inspire en levant la jambe droite que l’on tend au maximum, on retient l’air, on repose la jambe en expirant ; on répète trois fois l’exercice avec la jambe droite, trois fois avec la jambe gauche, et trois fois avec les deux jambes ensemble, le sophrologue suggérant une prise de conscience du schéma corporel. 

Exercice n°5

La respiration étant libre, les yeux fermés, les patients entrecroisent les doigts et placent la paume de la main sur la nuque comme un oreiller. Ensuite on inspire, on retient l’air et on tend le corps en arrière, en arc ; on expire l’air alors que le corps revient lentement à sa position primitive, les mains restant croisées derrière la nuque. Cet exercice est répété trois fois. 

Au cours des exercices, le sophrologue suggère de temps en temps la comparaison du corps limité avec l’espace illimité. Pour terminer cette série d’exercices, on se lève, les yeux fermés, en position orthostatique. On a alors une claire perception du schéma corporel et le directeur de groupe suggère aux participants le retour à un tonus musculaire normal, à l’état vigile ordinaire.

Pour ce faire, Caycedo suggère toujours : 
1) La respiration profonde 
2) Les mouvements volontaires des doigts, des pieds, des mains et des muscles de la figure 
3) L’étirement libre avant d’ouvrir les yeux. 

Deuxième partie (troisième et quatrième semaines)

A partir des troisième et quatrième semaines, on réalise les exercices de la première partie plus brièvement, de façon à pouvoir passer à la suite la deuxième. Au cours de ce degré, le patient est toujours assis. Le sophrologue dirige une nouvelle sophronisation. Il suggère la profondeur du niveau de la conscience et la prédisposition aux expériences vécues sur ses plans profonds. Dans cette seconde moitié, on utilise le rythme respiratoire libre et naturel, c’est-à-dire que l’on ne réalise pas de rétention comme précédemment. Voici la nomenclature des exercices : 

Exercice n°1

Respiration rapide, respiration lente. On commence à respirer plus rapidement et on fait des mouvements abdominaux comme dans la respiration rapide du premier degré. On pense : « Je respire rapidement. » Puis on fait le même exercice en respirant lentement ; la formulation est : « Je respire doucement ». On répète plusieurs fois l’exercice, en alternant : respiration rapide et respiration lente. 

Exercice no 2 : exercice dit des cinq sens

Le sophrologue suggère aux participants la perception des cinq sens dans l’ordre suivant : odorat, goût, vue, ouïe et toucher. 

1) Odorat : le souffle touche mes narines. Chaque fois que nous respirons, nous sentons l’air transiter à travers le net, comme s’il devenait un message de l’odorat. On prend conscience de la stimulation de l’air sur l’odorat. Toute la concentration se fait donc sur les voies respiratoires supérieures. La durée de l’exercice est de quelques minutes. 

2) Le goût : immédiatement après, on se concentre sur le goût, sur la bouche, sur la base de la langue. On a l’impression que l’air entre dans la bouche. On se concentre sur la salive et on sent la salivation, on sent la langue, on prend conscience du goût, on sent passer l’air sur la base de la langue et on sent l’air descendre dans la trachée. La durée de cet exercice est de quelques minutes. 

3) Vue : on pose les mains devant les yeux en se penchant en avant, les coudes appuyés sur les genoux. On respire comme si l’air pouvait monter aux yeux. On bouge les yeux sans les ouvrir et on se concentre sur l’idée qu’en inspirant l’air baigne les yeux. On garde cette position pendant toute la respiration ; entre les exercices, on relaxe les muscles du visage et des jambes. Durée de cet exercice : quelques minutes. 

4) Ouïe : on fait le même exercice que pour la vue mais avec les mains posées en coquillages sur les oreilles, coudes appuyés sur les genoux. On se concentre sur le son qui apparaît dans le creux de la main, comme si, à chaque inspiration, l’air arrivait dans les oreilles. 

5) Toucher : on avance sur la chaise de manière à pouvoir placer les mains à plat derrière le corps, sur le siège. On fait l’arc, la tête le plus en arrière possible ; la respiration est libre. On se concentre sur son toucher et sur le schéma corporel puis on reprend la position de départ. On répète l’exercice cinq fois. 

Exercice no 3

Cet exercice vise à entraîner les participants à la formulation d’un souhait mental synchronisé avec le rythme respiratoire souhait de paix personnelle, souhait de paix pour tous les êtres on formule le même souhait en inspirant et en expirant. Ensuite, le sophrologue directeur de groupe demande aux participants de récupérer progressivement leur tonus musculaire et de se mettre debout sans ouvrir les yeux. Une fois debout, on leur demande de prendre conscience du schéma corporel dans sa totalité et de l’expérience vécue de l’équilibre vertical, qualité propre à la conscience humaine. Puis on leur suggère de retrouver le tonus musculaire et l’état vigile ordinaire, toujours en procédant de la façon suivante :
1) respiration profonde ; 
2) mouvements volontaires des orteils et des doigts, ainsi que des muscles du visage ; 
3) étirement libre avant d’ouvrir les yeux. 

Ce deuxième degré de la relaxation dynamique, qui surprend souvent ceux-là même qui ont eu accès au deuxième cycle du training-autogène de Schultz, est à une réussite exceptionnelle. Caycedo y réalise une synthèse très difficile. En effet, tout en respectant leur essence, il a judicieusement amalgamé à des méthodes d’entraînement bouddhistes (apparemment simples mais extrêmement puissantes) certains phénomènes propres aux états de l’ancienne hypnose et connus depuis longtemps en Occident. 

IV – Le troisième degré de la relaxation dynamique

Le troisième degré étant en cours d’expérimentation, on n’en publiera pas intégralement les exercices, mais en donnerons simplement un aperçu schématique. Il est en principe réservé au renforcement de la personnalité physique bien plus qu’à une utilisation purement thérapeutique ; par suite, il ressortit davantage à la sophropédagogie qu’à la sophrothérapie. Des études intensives lui sont consacrées dans plusieurs pays ; elles seront communiquées officiellement aux congrès et symposiums de sophrologie.

La méthode conserve les mêmes structures que les deux degrés précédents, c’est-à-dire qu’elle se réalise en quatre semaines. La personne qui participe au troisième degré doit avoir déjà été entraînée aux degrés antérieurs et avoir des connaissances pratiques des techniques orientales. En principe, elle s’applique donc à un groupe qui a déjà acquis une certaine discipline mentale et physique. La position, pour les deux premières semaines, est assise, la colonne vertébrale en position droite comme dans les degrés antérieurs. La technique d’induction sophronique en groupe est la même.

Le sophrologue insiste sur la profondeur du niveau de conscience et la possibilité de développer une dimension nouvelle grâce à la méditation. Les participants, une fois obtenu un degré de sophronisation plus ou moins profond, sont entraînés pendant les deux premières semaines par le sophrologue directeur de groupe à une technique analogue à la méditation zen. Il s’agit d’un koan spécial, adapté à la mentalité occidentale, que le sophrologue utilise avec douceur, de manière à réaliser une implantation lente et progressive, pour déterminer une activation énergique de la conscience des sujets. C’est une sorte particulière de méditation que Caycedo utilise assez fréquemment et qui est synchronisée avec la perception de certaines parties du corps.

N’oublions pas que, pendant la sophronisation, les images sont vécues avec une réalité intense (les hypnotiseurs de music-hall font transpirer sur scène les hypnotisés avec de simples suggestion de chaleur). Caycedo manie cette grande plasticité psychophysique des sophronisés en abordant le zen japonais. Cette technique, assez extraordinaire du point de vue expérimental, peut devenir entre des mains très expertes une arme thérapeutique très puissante, mais dangereuse si elle est utilisée par une personne qui ne connaît pas parfaitement les phénomènes sophroniques. 

Pendant les troisième et quatrième semaines, au cours de la séance, il se produit un dialogue rapide des élèves avec le directeur de groupe ; dialogue libre, sans aucune association, et la séance se termine par une méditation, les membres du groupe essayant de faire une réintégration sophronique des divers éléments mobilisés. 

Précisons que l’objet de la méditation peut varier suivant les cas. 

V – Le quatrième degré de la relaxation dynamique

Synthèse

En réalisant les trois degrés de la relaxation dynamique, le fondateur de la sophrologie a voulu avant tout offrir au sophrologue la possibilité d’une expérience vécue, pratique, des techniques psychosomatiques orientales les plus importantes. Jusque dans la structure même de sa méthode, Caycedo a respecté le cours historique de l’apparition de ces techniques qui ont des éléments communs, mais dont la pratique en Orient est très cloisonnée. Il a rendu possible l’approche expérimentale des techniques hindoues qui furent les techniques originelles, puis des techniques bouddhistes qui apparurent ensuite, enfin des techniques du zen japonais qui furent les dernières en date et les héritières des autres.



yogaesoteric

31 mars 2018 

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