L’OTAN cherche la destruction de la Russie depuis 1949 (Partie 4)

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Coopération rime avec provocation

Rappelez-vous comment deux ans plus tard, après le 11 septembre, quand les Etats-Unis invoquèrent la charte de l’OTAN auprès de ses alliés pour s’engager dans la guerre en Afghanistan, Poutine offrit d’autoriser l’alliance à transporter du matériel de guerre à travers le territoire russe (en 2012, le ministre des affaires étrangères Lavrov offrit à l’OTAN l’utilisation d’une base à Ulvanovsk pour transporter de l’équipement hors de l’Afghanistan). Cette invasion de l’Afghanistan était le troisième déploiement des forces de l’OTAN dans une guerre, après la Bosnie et la Serbie, et Moscou l’accepta comme un fait accompli. La Russie passa même sous silence ses inquiétudes quand les Etats-Unis établirent des bases dans les anciennes républiques soviétiques d’Ouzbekistan et du Kirghizistan.

 

Mais en 2004, l’OTAN s’étendit encore, pour intégrer l’Estonie, la Lettonie et la Lithuanie, qui avaient toutes fait part de l’Union soviétique et avoisinent la Russie. Au même moment, la Bulgarie, la Roumanie et la Slovénie furent admises, avec la Slovaquie qui s’était séparée de la République tchèque. Les Russes demandèrent à nouveau « Pourquoi ? ».

En 2007, les Etats-Unis commencèrent à négocier avec les Polonais l’installation d’un complexe anti-missile en Pologne, avec un système radar en République tchèque. En principe, cet armement était destiné à détruire tout futur missile iranien lancé contre l’Europe ! Mais Moscou devint furieux, accusant les Etats-Unis de vouloir lancer une nouvelle course aux armements. En raison des sentiments anti-militaristes chez les Polonais et les Tchèques, les plans furent annulés en 2009. Mais ils pourraient être réactivés à tout moment.

En 2008, les Etats-Unis reconnurent le Kosovo, qui abrite désormais la plus grande base américaine hors des Etats-Unis (camp Bondsteel), comme un pays indépendant. Bien que les Etats-Unis aient considéré jusque-là le Kosovo comme une province de la Serbie (et peut-être même avaient-ils compris sa signification profonde comme cœur de l’orthodoxie serbe), ils proclamèrent (par la voix de Condoleezza Rice) le Kosovo un phénomène « sui generis » (seul de son genre). Oubliez la loi internationale, elle ne s’applique pas.

La même année 2008, l’OTAN annonça effrontément que la Géorgie et l’Ukraine « deviendraient membres de l’OTAN ». Là-dessus, le président comique de la Géorgie Mikheil Saakasvili bombarda Tskhinvali, capitale de la république autoproclamée d’Ossétie du Sud qui avait résisté à son intégration dans la république de Géorgie depuis la chute de l’Union Soviétique en 1991. Dans ce cas, la Russie défendit l’Ossétie du Sud, envahissant la Géorgie, et elle reconnut ensuite l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de la République d’Abkhazie. (Ceci peut être vu comme une réponse du tac au tac à la décision américaine de reconnaître l’indépendance du Kosovo six mois plus tôt.)

Ce fut une guerre de 6 jours, coûtant la vie à 280 militaires (y compris 100 du coté Ossète du Sud/Russe) et environ 400 morts civils. Et il n’y a plus eu de guerre russe depuis. La Crimée n’a pas été « envahie » mais plutôt saisie par les forces russes en place, bénéficiant du soutien populaire général. Et il y a peu d’indices que les forces régulières russes se battent contre les forces d’état ukrainiennes. Des Ukrainiens d’origine ethnique russe le font, recevant sans aucun doute du soutien de leurs cousins à travers la frontière historiquement changeante. Mais l’accusation de l’invasion russe de l’Ukraine est un cheval de bataille du département d’Etat, de la propagande automatiquement reprise par les experts-marionnettes de la presse officielle, pas une réalité contemporaine.

Saakasvili s’attendait peut être à être soutenu par les Etats-Unis lorsqu’il provoqua Moscou en août 2008. Mais alors qu’il recevait un soutien ferme du sénateur John McCain, qui déclara « Nous sommes tous Géorgiens maintenant », il reçut peu d’aide du département d’Etat de George W Bush, soucieux de ne pas provoquer la 3e guerre mondiale. La Géorgie n’était pas encore un état membre de l’OTAN capable d’invoquer la clause de défense mutuelle de la charte de l’OTAN.

Saakasvili quitta ses fonctions en 2010 et est maintenant poursuivi par la justice géorgienne pour abus de fonctions. Après un bref passage à la Fletcher School of International Law and Diplomacy en 2014, il a acquis la nationalité Ukrainienne, perdant par la même occasion sa nationalité géorgienne et (un des nombreux exemples de la folle gouvernance ukrainienne, incluant Yatsenyev et Poroshenko) fut nommé gouverneur d’Odessa en mai 2015 !

Etant donné la débâcle de 2008, des pays comme l’Allemagne sont peu enclins à accepter une admission de la Géorgie. Ils voient peu de bénéfices à provoquer la Russie en étendant sans arrêt l’alliance défensive de la guerre froide. Cependant, la Croatie et l’Albanie furent ajoutées à l’OTAN en 2009, la première année de l’administration Obama, juste à temps pour participer à la quatrième guerre de l’OTAN contre la Libye.

A nouveau, il n’y avait aucune raison pour une guerre. Le colonel Kadhafi avait été très amical avec les régimes occidentaux depuis 2003, et coopérait avec la CIA contre le terrorisme islamiste. Mais quand le « printemps arabe » balaya la région en 2011, certains leaders occidentaux (dirigé par le président français Nicolas Sarkozy mais incluant la toujours va-t-en guerre Hillary Clinton) se sont convaincus eux-mêmes que la chute de Kadhafi était imminente et qu’il valait mieux aider l’opposition à le déposer et ainsi rentrer dans les grâces de n’importe quel successeur.

Le conseil de sécurité de l’ONU approuva une résolution pour établir une zone de non-survol pour la protection des civils des troupes supposés génocidaires de Kadhafi. Mais ce que l’OTAN libéra fut quelque chose de différent. Une guerre contre Kadhafi, qui mena à son meurtre brutal et à l’horrible chaos qui règne depuis en Libye, une base fiable pour Al-Qaida et l’EI. La Russie et la Chine protestèrent toute les deux, alors que la guerre était encore en cours, que l’OTAN avait déformé la signification de la résolution de l’ONU. Il est peu probable que ces deux membres permanents du conseil de sécurité se laisseront à nouveau duper dans une telle coopération.

On peut donc ajouter l’échec de Libye aux états dysfonctionnels de Bosnie, Kosovo et Afghanistan à la liste des exploits de l’OTAN depuis 1991. Pour résumer : Depuis la chute de l’URSS, les US et certains alliés (souvent en leur qualité d’alliés de l’OTAN) ont mené des guerres contre les Serbes Bosniaques, la Serbie, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye tout en frappant des cibles au Pakistan, au Yemen, en Somalie, et ailleurs avec impunité. La Russie est allée en guerre une seule fois : pour 8 jours en août 2008, contre la Géorgie.

Et pourtant, tous les commentateurs des principaux journaux télévisés vous disent, en vous regardant droit dans les yeux, que Poutine est un envahisseur.

Pourquoi l’extension de l’OTAN

 

Donc pendant que l’OTAN ne cessait d’accueillir de nouveaux membres, elle montrait un penchant grandissant à partir en guerre, d’Asie Centrale à l’Afrique du Nord. On peut se demander pourquoi ?

La raison putative en 1949 était la défense de l’Europe occidentale contre une supposée invasion soviétique. Cette justification est encore utilisée : quand les supporters de l’OTAN parlent en faveur de l’inclusion de la Lithuanie par exemple, ils vont argumenter, que si la Lithuanie était restée en dehors de l’alliance, les Russes l’auraient sûrement déjà envahie en prétextant la défense des droits des minorités russes.

Il y a en fait très peu d’indices des ambitions russes ou des ambitions personnelles de Poutine de recréer l’empire tsariste ou l’Union soviétique. Poutine s’est plaint « Nous ne voulons pas du retour de l’URSS mais personne ne nous croit. » Il a aussi affirmé que les gens qui ne ressentent pas de nostalgie pour l’Union soviétique, comme le disent la plupart des citoyens de l’ancienne URSS assez âgés pour s’en rappeler, n’ont pas de cœur alors que ceux qui veulent la restaurer n’ont pas de cerveau.

Pendant l’expansion inexorable de l’OTAN entre 1999 et 2009, la Russie répondit non pas par des menaces mais avec une calme indignation.

Les remarques de Poutine sur la dissolution de l’Union soviétique comme une tragédie géopolitique et ses affirmations occasionnelles au sujet du droit de la langue et des autres droits des Russes dans les anciennes républiques soviétiques ne constituent pas des menaces militaires. Comme toujours, les néoconservateurs sélectionnent une phrase ici et là quand ils essaient de décrire Poutine comme (encore) un autre Hitler. En fait, les Russes ont, de façon relative, été la voix de la raison ces dernières années. Alarmés par les conséquences des actions américaines dans le Moyen Orient, ils ont cherché à contenir l’impérialisme américain tout en défiant le terrorisme islamiste.

En août 2013, Obama menaça d’attaquer la Syrie, pour punir le régime d’avoir utilisé des armes chimiques contre son peuple (les accusations ont été discréditées par Seymour Hersh entre autres). Une intervention adroite du ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et le refus de la Chambre des communes britannique d’appuyer une attaque (s’assurant que, comme la guerre d’Irak, elle ne recevrait pas le soutien de l’OTAN) et une opposition interne ont contribué à éviter une autre guerre américaine au Moyen Orient.

Mais c’est comme si les va-t-en guerre du département d’Etat dépités par le succès russe à protéger leur allié syrien du destin de Kadhafi, et vexés de leur capacité constante à maintenir des bases aériennes et navales sur la cote Syrienne, redoublaient d’efforts pour provoquer la Russie. Comment le faire mieux qu’en interférant en Ukraine, qui a non seulement fait partie de l’Union soviétique mais aussi de l’Etat Russe depuis 1654 et qui était le centre du Rus de Kiev originel au dixième siècle ?

L’OTAN courtisait l’Ukraine depuis 1994, cinq ans avant que l’alliance ne s’étende pour inclure la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie. Kiev a signé le plan d’action d’adhésion à l’OTAN en 2008, quand Victor Yushchenko était président, mais c’était en suspens quand Victor Ianoukovitch fut élu en 2010. Jouissant du solide soutien de l’Est russophone, Ianoukovitch gagna ce que les observateurs internationaux appelèrent une élection libre et démocratique.

Ianoukovich ne voulait pas que l’Ukraine rejoigne l’OTAN. Il voulait une Ukraine neutre maintenant les relations traditionnelles entre l’Ukraine et la Russie. Cela exaspéra Victoria Nulan, la tête du bureau Eurasie au Département d’Etat qui fit du projet d’attirer l’Ukraine dans l’OTAN le but de sa vie. Ceci serait le prix ultime pour l’OTAN en Europe de l’Est. Un pays de 44 millions d’habitants bien éduqués, de la taille de la France, stratégiquement situé sur la Mer noire historiquement dominée par la flotte russe de la Mer noire. Un pays divisé ethniquement entre l’Est russophone et généralement pro russe et l’Ouest plus orienté vers l’Occident et parlant l’ukrainien, avec un mouvement néofasciste vigoureux et férocement anti-russe – prêt à être utilisé.

Nuland, une ancienne aide de Cheney dont la vision du monde néoconservatrice a attiré favorablement l’attention de Hillary Clinton, et donc sa promotion, est la femme du politologue néoconservateur et avocat de la guerre en Irak Robert Kagan (Kagan fut un membre fondateur du célèbre think tank Project for a New American Century). Le couple représente les deux facettes d’un incessant complot néoconservateur : ceux qui travaillent à la destruction de la Russie et ceux qui travaillent à la destruction du Moyen Orient, utilisant consciemment des mensonges pour embrouiller les masses quant à leur but véritable.

Au National Press Club en décembre 2013, Nuland se vanta que les Etats-Unis (à travers des ONG comme le « National Endowment for Democracy ») avait dépensé 5 milliards de dollars pour soutenir les « aspirations européennes » de l’Ukraine. Cette formulation délibérément vague est censée faire référence au soutien américain à l’admission de Kiev dans l’Union européenne. Le tort de Ianoukovitch, selon les US, n’était pas qu’il rejetait l’adhésion à l’OTAN, ceci ne fut jamais mentionné. Ianoukovitch avait soi-disant trahi les aspirations pro européennes de son peuple en ayant initié puis rejeté un accord d’association avec le bloc de commerce, craignant que cela ne signifie un régime d’austérité de style grec imposé au pays depuis l’extérieur.

A partir de novembre 2013, la foule se rassembla sur le Maidan à Kiev pour protester entre autres contre le changement d’avis de Ianoukovitch au sujet de l’adhésion à l’EU. Le département d’Etat américain embrassa leur cause. On peut se demander pourquoi les Etats-Unis auraient des intérêts à promouvoir l’adhésion d’un pays à l’UE alors qu’elle constitue un bloc commercial concurrent. Quelle différence cela fait-il pour vous et moi si l’Ukraine a des liens économiques plus étroits avec la Russie ou l’Union Européenne ?

Le sale petit secret des Etats-Unis est de vouloir tirer profit de cet élan à rejoindre l’Europe pour attirer l’Ukraine dans l’OTAN, ce qui aurait pu être considéré comme la prochaine étape naturelle dans le réalignement de l’Ukraine.

Lisez la cinquième partie de cet article
 
 
 

yogaesoteric

8 octobre 2018

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