Ostéopathie crânienne (2)

Lisez la première partie de cet article 


L’ostéopathie crânienne en pratique


Le spécialiste

Le plus souvent il est ostéopathe D.O. formé initialement à la thérapie crânio sacrale lors de ses études ou bien à terme lors de formations spécialisées. Il peut être également thérapeute non ostéopathe et non médecin.

 

Comme tout thérapeute il doit être à l’écoute, bienveillant et passionné. Il doit posséder un toucher fin, capable de détecter les zones de tensions. Il s’adapte à son patient, en fonction de son âge, de ses antécédents.

Le praticien doit avoir développé, outre la grande finesse du toucher, des qualités comme la neutralité, la présence afin d’être centré pour recevoir les informations du patient, et la pleine conscience (mindfulness). Même s’il comprend aussi des manipulations, le thérapeute, par sa capacité d’accueil, permettrait aux « forces vitales » du patient de prendre en charge la guérison.

Déroulé d’une séance

Après avoir effectué une anamnèse, fait une observation de votre posture, le thérapeute va passer à l’examen du sacrum, du crâne. Grâce à un toucher très délicat, le thérapeute évaluera la qualité des membranes et des sutures du crâne, ressentira le « mouvement respiratoire primaire ». Les thérapeutes de thérapie crânio sacrale arriveraient à évaluer son amplitude, sa symétrie et sa qualité. Puis le praticien analysera la qualité du mouvement du sacrum en adéquation avec le mouvement de la base du crâne, afin de percevoir une tension au niveau de la dure mère (méninge extérieure qui s’attache du crâne au sacrum). A force d’entrainement le praticien acquiert une perception sensorielle accrue qui lui permettrait de déceler l’ensemble des troubles. Le traitement craniosacral vise à équilibrer les forces hydrauliques du système craniosacral grâce à un toucher de détente (release, en anglais).

Par des points de contact le long de la colonne vertébrale, le système craniosacral influencerait également le système nerveux ainsi que les glandes pinéale et pituitaire, logées dans le cerveau, qui régulent plusieurs hormones, dont la sérotonine.

Si, théoriquement, toute restriction du mouvement respiratoire primaire entraîne un affaiblissement des mécanismes d’autoguérison, le rétablissement de ce mouvement permettrait à ces mécanismes de se remettre à l’œuvre. C’est en ce sens que la thérapie craniosacrale est parfois utilisée comme approche préventive. Elle serait également appropriée pour un certain nombre de problèmes physiques, mentaux et émotionnels (pour les thérapeutes en somato-émotionnels). En résumé, on dit que l’approche fonctionne en aidant les mécanismes d’autoguérison à dissiper les effets négatifs sur l’organisme des stress de toutes sortes, dont les chocs violents.

Devenir praticien en craniosacré

En France, la thérapie crânio-sacré est exercée en majorité par les ostéopathes qui soit se « spécialise » dans ce domaine ou l’utilise en parallèle de leurs autres techniques. Pour exercer l’ostéopathie il faut posséder le D.O. (diplôme d’ostéopathe), obtenu après 5 années d’études obligatoires. Il existe également des kinésithérapeutes et des médecins formés à l’ostéopathie.

D’autres thérapeutes se forment dans des instituts de biodynamique. L’enseignement s’effectue dans ce cas sous forme de séminaires.

Il existe en Amérique du Nord l’Upledger Institute, qui est l’institution d’enseignement et de certification la plus connue. La formation se donne dans divers pays, sous forme de séminaires qui durent généralement 4 ou 5 jours. Il en existe plus d’une trentaine, certains couvrant la base, d’autres axés sur des problématiques particulières. L’accès à la plupart des cours est réservé aux professionnels de la santé, mais quelques séminaires d’introduction sont ouverts à tous.

Contre-indications de la thérapie craniosacré

Bien que l’ostéopathie crânienne soit une technique douce, avant de l’utiliser, il est préférable de prendre quelques précautions. Devant tout processus infectieux, de fièvre, lors d’une inflammation, devant tout processus tumoral bénin ou malin, devant une maladie neurologique (telle que le syndrome de la queue de cheval par exemple), lors de nausées, vomissements, il est indispensable de consulter un médecin.

Certains effets secondaires comme des nausées, des diarrhées, des maux de tête, des courbatures, peuvent être présents après la séance. Dans tous les cas, s’informer sur la formation du thérapeute est essentiel.

Histoire de la thérapie crânio-sacrée

La thérapie crânienne, est une branche de l’ostéopathie. Cette dernière fut théorisée aux Etats-Unis en 1874 par Andrew Taylor Still (médecin et pasteur). Still développa l’ostéopathie et fonda l’American School of Osteopathy. Un des étudiants le Dr. William Garner Sutherland (1873-1954), fin observateur, se mit à étudier les différents os du crâne. En 1899, lui vint l’idée que les os du crâne produiraient d’infimes mouvements, le tout rythmé par un mouvement d’expansion/rétraction du liquide céphalo-rachidien : c’est le mouvement respiratoire primaire » (MRP). L’ostéopathie crânienne était née.

« Il est frappé comme par un éclair par l’intuition que les os crâniens sont “biseautés comme les ouïes d’un poisson, indiquant par là une mobilité pour un mécanisme respiratoire”. » – Le cerveau vu par Swedenborg et le concept crânien de Sutherland, David B. Fuller

Pendant plus de quarante années, Sutherland poursuivra ses recherches, avec sa femme Adah, allant même jusqu’à expérimenter ses recherches sur lui-même. Il publia au terme de ses travaux le livre « The Cranial Bowl » en 1939.

Les travaux de Sutherland seront poursuivis par d’autres ostéopathes, tels que Harold Magoun (1898-1981), élève de Sutherland, qui publiera en 1951 « l’ostéopathie dans le champ crânien » développant une vision mécaniste du crânien, puis Rollin Becker (1910 – 1996) lui aussi élève de Sutherland qui développera une vision plus vitaliste. Le crânien sera développé également par Viola Frymann (1921-2016) qui l’étendra aux nourrissons et aux enfants. En 1964 elle vient à Paris pour enseigner l’ostéopathie crânienne en Europe. On citera également Anne Walles, et Robert Fulford.

En 1970, le Pr. John Upledger s’intéresse au crânien, suite à une opération sur la moelle épinière. Étant convaincu que le rétablissement du mouvement respiratoire primaire pourrait jouer un rôle primordial dans les soins de santé, il décida d’enseigner cette technique à l’ensemble des professionnels de la santé (elle était jusqu’alors réservée aux ostéopathes). Pour ce faire, il mit sur pied l’Upledger Institute, en Floride, en 1985. Ainsi était née la CranioSacral Therapy ou thérapie cranio-sacrée.

L’approche du Dr. Sutherland et celle du Pr. Upledger sont très proches, cependant le Pr. Upledger mit l’accent à la fin de sa vie sur l’aspect biodynamique et somato-émotionnel, développant le concept de « force vitale ».

Au début, l’approche crânio-sacrale du Pr Upledger fut surtout répandue en Amérique du Nord, où ses praticiens se rassemblèrent dans l’American CranioSacral Therapy Association (ACSTA), tandis que ceux du courant biodynamique ont formé la Biodynamic Craniosacral Therapy Association of North America (BCTA/NA). Le courant biodynamique est désormais plus présent en Europe, en particulier en Grande-Bretagne.

En France le crânien est développé depuis 1964 et la venue de H. Magoun, V. Frymann, Th. Scholey, ce qui amènera les écoles à intégrer le crânien dans leur enseignement.

Controverse autour de l’ostéopathie crânienne


Des controverses existent concernant la thérapie crânio-sacrée. La science ne reconnaît pas le mouvement des os crânien, leur fusion s’opérant après la naissance et au fur et à mesure de l’enfance, voir le début de l’âge adulte (la synchondrose sphéno-basilaire s’ossifiant aux alentours de 21 ans).

La popularité de cette thérapie, ont amenés des chercheurs à se pencher sur la question, leurs travaux ne concluant pas avec certitude à la mobilité des os crâniens.

Le mouvement respiratoire primaire du liquide céphalo-rachidien n’a pas non plus l’approbation de la classe médicale. Cependant certaines expériences cliniques existent qui ont permis de comparer les mesures. Devant la trop grande disparité d’un ostéopathe à l’autre il fut difficile d’en tirer des conclusions solides.

Le British Columbia Office of Health Technology Assessment (BCOHTA) a également publié en 1999 un compte rendu méthodique et une évaluation critique des preuves scientifiques sur la thérapie crâniosacrée, qui montre « qu’il n’existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour recommander la thérapie crânio-sacrée à des patients, des praticiens ou à des tiers pour toute condition clinique. »

Au sein du milieu ostéopathique le débat aussi existe. Jean Claude Herniou ostéopathe D.O. a été l’auteur d’une tribune intitulée «Le mécanisme respiratoire primaire n’existe pas » (Revue Aesculape n° 10 de janvier-février 1998). Cependant ce dernier ne rejette en aucun cas l’existence d’une mobilité des os du crâne (interview de Jean Claude Herniou, Ostéopathe D.O. DGBM par Guy Roulier D.O.). En effet, à la question « le crâne bouge-t-il ? » M. Herniou répond sans détour : « Évidemment ; d’ailleurs, si les os du crâne étaient fixes, il n’y aurait pas de sutures. De plus, cette non mobilité serait une exception dans les lois de la vie, ce qui rendrait, à mon avis, ce système crânien encore plus intéressant ! »

Une étude sur la mobilité de la voûte crânienne a été également effectuée ne concluant pas à l’absence de mouvement.

Cependant, comme Herniou le rappelle dans son interview, le Pr Tamboise a mis en évidence en 1984 la présence de nombreux ostéoblastes (cellules osseuses responsables de la synthèse de l’os) au sein des sutures, ce qui accrédite une activité importante à ce niveau. Il a également été découvert une grande vascularisation et innervation dans cette zone.

Malgré ces nombreux débats, l’ostéopathie crânienne reste largement enseignée dans les écoles d’ostéopathie (à quelques exceptions près) contribuant à la large palette thérapeutique de cette pratique.

Depuis les recherches cliniques se font rares, l’ostéopathie ne bénéficiant pas des mêmes moyens de recherches que la médecine.
 
 



yogaesoteric


11 avril 2019

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