2020 : l’année qui peut changer le visage de l’Amérique
A un an de l’élection présidentielle aux Etats-Unis – le 3 novembre 2020 –, l’incertitude domine, entre un Donald Trump sous le coup d’une procédure de destitution et des démocrates divisés sur leur ligne politique. Chaque camp va essayer de mobiliser des réserves de voix, dans un pays plus fracturé que jamais.
Qui se souvient de Ben Carson ? En novembre 2015, un an avant la présidentielle qui installa finalement Donald Trump à la Maison Blanche, certains sondages donnaient ce républicain, neurochirurgien à la retraite, au coude-à-coude face à la démocrate Hillary Clinton dans un duel présidentiel. A un an de l’élection présidentielle aux Etats-Unis – le 3 novembre 2020 –, les duels fictifs du dernier sondage CNN montrent une progression et une victoire des démocrates face à Donald Trump. « C’est une photo à l’instant T qui montre que Donald Trump est vulnérable, mais il y a encore beaucoup de temps devant nous », met en garde Doug Schwartz, directeur de l’institut de sondage de l’université de Quinnipiac. Dans un système électoral où quelques milliers de voix dans deux ou trois Etats-clés peuvent faire basculer l’issue du vote, ces études n’ont en outre qu’une valeur relative.
Un leadership incontesté
Si la situation aurait pu être simple côté républicain avec un président candidat à sa réélection, la procédure de destitution (« impeachment ») contre Donald Trump a ouvert un champ d’incertitudes. Le 31 octobre 2019, les élus ont sans surprise voté formellement le lancement de la procédure. Tous les démocrates, sauf deux, ont voté pour. Et aucun républicain n’a soutenu la résolution. La majorité présidentielle reste unie et aucun poids lourd, mis à part l’ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney, ne conteste au président américain le leadership. Mais l’enquête pourrait encore être longue et nul ne sait où elle aboutira, ni comment l’opinion jugera ses résultats. « Quand nous aurons suffisamment d’éléments, nous attaquerons en cuirassé ! » a prévenu la chef des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Marquer des points
Le jeu est toutefois encore plus compliqué côté démocrate, où deux lignes s’opposent : celle d’un héritage direct de Barack Obama, porté par la candidature de son ancien vice-président Joe Biden ou par celle du jeune outsider Pete Buttigieg, et celle d’une branche « progressiste », voire « socialiste », incarnée par Elizabeth Warren et Bernie Sanders. La primaire ne les départagera qu’en juillet prochain, avec en mémoire l’échec de 2016. Ceux qui s’étaient ralliés à Hillary Clinton dans un souci d’efficacité électorale pourraient défendre cette fois leur premier choix, mais les voix centristes pourraient aussi manquer à une ligne trop à gauche, dont les deux candidatures pourraient par ailleurs se cannibaliser. « Côté démocrate, c’est encore très ouvert, et les différences entre sondeurs montrent que les électeurs font encore leur « shopping » parmi les principaux candidats », note Doug Schwartz.
Il faudra marquer des points dès les premiers votes dans l’Iowa et le New Hampshire, à partir de février. Les démocrates enchaînent les meetings et les débats télévisés, tandis que Donald Trump tient son parti et fait donner de la voix à ses « true believers ». S’il n’a lancé officiellement sa campagne qu’en juin 2019, le président américain ne s’est jamais réellement départi de son costume de candidat. Et tous ont lancé la machine à lever de l’argent : Trump a déjà réuni 165 millions de dollars, loin devant les 75 millions de Bernie Sanders et les 60 millions d’Elizabeth Warren.
L’état de l’Amérique
Le débat d’idées va se focaliser sur l’état de l’Amérique. Donald Trump, dont l’action est approuvée par 43 % des sondés et désapprouvée par 53 %, selon une synthèse des sondages réalisée par RealClearPolitics, défend son bilan économique : une croissance qui résiste et un taux de chômage au plus bas. Sa guerre commerciale avec la Chine n’a pas produit tous les effets escomptés – l’emploi manufacturier stagne – mais pour séduire les classes moyennes, il a évoqué de prochaines baisses d’impôts pour les ménages. Les démocrates veulent, eux, « réparer » la classe moyenne américaine et réduire les inégalités.
Plus divisé que jamais
Chaque camp va essayer de mobiliser des réserves de voix, dans un pays plus divisé que jamais. La campagne s’annonce, une fois de plus, sans pitié et les coups devraient pleuvoir. « Ces fainéants de démocrates sont devenus fous. Très mauvais pour les Etats-Unis », a réagi Donald Trump sur Twitter, à propos des derniers rebondissements sur la procédure de destitution. Le choix s’annonce pourtant décisif pour l’avenir de l’Amérique, tant à l’intérieur du pays que sur la scène internationale.
yogaesoteric
26 janvier 2020
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