Un Nuremberg moral pour l’Occident pour expier ses cinq siècles d’impunité (1)
« Quand les blancs sont venus en Afrique, nous avions la terre et ils avaient la Bible. Ils nous ont demandé de prier avec les yeux fermés ; quand nous avons ouvert les yeux, les blancs avaient la terre et nous avions la Bible. » (Jomo Kenyatta ancien président Kenyan)
« Les nations européennes se vautrent dans l’opulence la plus ostentatoire. Cette opulence européenne est littéralement scandaleuse car elle a été bâtie sur le dos des esclaves, elle s’est nourrie de leur sang. Ce bien être est du à la sueur et aux cadavres des nègres, des arabes, des indiens et des jaunes. » (Frantz Fanon)
Résumé
Nous voulons dans cette contribution tenter d’expliquer comment s’est érigé la terreur occidentale pendant cinq siècles imbue du mythe des races supérieures qui ont fait dire aux envahisseurs anglais en Australie s’il fallait classer les autochtones dans la classe des animaux. Mieux encore aidé par la légitimité religieuse d’une papauté conquérante qui perpétue les croisades dans les invasions du nouveau monde et ensuite mettra en esclavage des continents entiers.
Nous ferons le procès rapide de colonisation atroces et citerons à la barre cinq généraux qui a des degrés divers se sont rendus coupables de génocides impunis. Cependant nous devons d’abord déconstruire la notion de génocide dont la définition et on l’aura compris par l’Occident qui de ce fait, en minimisant les massacres de masse, absout les États criminels et leurs bras armées. Nous appellerons de ce fait à la mise en place d’un Nouveau Nuremberg moral pour amener l’Occident à reconnaitre ses fautes pour prétendre emprunter le chemin de la réconciliation pour un monde multipolaire où les peuples pourront s’épanouir à l’ombre d’une justice planétaire. Une nouvelle architecture qui remplacerait les Nations unies qui ont atteint leur limite.
Bref récit de cinq siècles de déni de la dignité humaine par des pays
Tout a commencé dit-on à tort, avec ce que l’Occident appelle les grandes découvertes, de découvertes du nouveau monde. Les Espagnols et les Portugais fondent des empires coloniaux dans la première moitié du XVIe siècle aux Antilles, Cuba et à Haïti décimèrent des civilisations entières les aztèques les mayas. La papauté s’est investit dans ses expéditions après les huit croisades. Ainsi après les « conquêtes espagnoles et portugaises par le traité de Tordesillas le pape délimite la frontière entre empire portugais et espagnol ; Certes des religieux admirables comme le dominicain Bartoloméo de Las Casas ont tenté en vain de convaincre ans une fameuse disputation que les indiens appartenaient à la même humanité. Rien n’y fit il fallait réduire en esclavage, voler l’or et ramener les esclaves dans la fameuse traie triangulaire avec cette devise mortifère qu’est la règle des 3 C : Christianisation, Commerce, Colonisation). Toute l’Amérique centrale et du Sud sera partagé entre les deux empires espagnols et portugais.
Ainsi pendant plus de cinq siècles l’Europe et plus tard sa création les États Unis mirent en coupe réglée des peuples entiers qui souffrent encore de cet enfer. C’est ainsi que naquirent de nouveaux États. Les États-Unis et le Canada qui ont éliminé graduellement les autochtones. Nous arrivons au XIXe siècle, deux pays iront porté la guerre, la désolation la destruction en s’attaquant à l’empire Ottoman le délestant de la plupart de ses provinces. C’est dans ce cadre qu’une armée de soudards appelée l’armée d’Afrique, aidée par une Église sema la terreur par le sabre et le goupillon. Dans les années 1860 la sinistre Albion et son acolyte dans le vol la France, iront créer des foyers de tension au Proche-Orient en attaquant « l’homme malade de l’Europe » et l’amputant de ses provinces. Ces deux pays iront ensuite guerroyer en Orient et Extrême-Orient, semant là aussi la désolation et imposant, à titre d’exemple, à la Chine la consommation de l’Opium en pillant ce pays.
La conférence de Berlin pour le partage de l’Afrique
Le XIXe siècle sera caractérisé aussi par une compétition entre les nations européennes d’abord ente elles. Ainsi la France sera occupée du fait de la chute de Napoléon écrasé à Waterloo le 18 juin 1815 par une armée anglaise. Après le Congrès de Vienne, et mise à part la parenthèse du contentieux franco-allemande qui a vu une guerre éclair et la chute de Sedan qui permit à l’Allemagne d’occuper Paris, Bismarck proclamera l’Empire allemand dans la galerie des glaces à Versailles, le 18 janvier 1871, les pays européens se tournent vers l’Afrique qu’ils mirent en coupe réglées à la conférence de Berlin. De 1885 à 1900, plusieurs États européens se jettent sur l’Afrique dans un but économique et de prestige. Les puissances qui y prennent part sont, principalement, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et… la Belgique. En 1880, un État qui se respecte est un État qui dispose de colonies. Il s’agit de pratiquer une exploitation commerciale violente et intensive des ressources naturelles de l’Afrique. Le roi des Belges s’empara à titre personnel du Congo. À la veille de la première mondiale, la quasi-totalité du continent africain était sous une forme ou une autre de domination coloniale par la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, l’Espagne ou le Portugal.
Les accords Sykes-Picot ont reconfiguré le Moyen-Orient
Après la Première Guerre mondiale guerre interne à l’Occident, ce fut les colonisés qui furent de la chair à canon. L’empire ottoman est dépecé. « De manière totalement unilatérale les deux puissances ; l’Angleterre et la France vont imposer un découpage des frontières en fonction de leurs intérêts stratégiques et de leurs présupposés idéologiques. La France décide de créer plusieurs États dans l’espace qu’elle contrôle : Quant au mandat sur la Palestine, il va connaître un destin particulier puisqu’il privilégie la réalisation d’un Foyer national juif, la Déclaration Balfour est citée dans le préambule et l’article 2 du texte, alors même que la population juive de Palestine ne représente, en 1920, que 10% de la population globale de la Palestine qui est donc à 90% arabe. Il n’y a donc aucun doute : les accords Sykes-Picot ont eu une influence déterminante sur l’histoire et la géopolitique du Proche-Orient. (…) La ligne de partage n’avait pas de rationalité autre qu’une idée simpliste. »[1]. « C’est une ligne purement géométrique. Tout a été fait avec désinvolture », affirme l’historien James Barr.
Nous eûmes ensuite droit à la Seconde Guerre mondiale et là encore les pays colonisés furent en première ligne. Un nouveau pays ayant peu souffert de la guerre au sein des alliés émergera et tentera de gouverner le monde suivi en cela par les anciens pays européens devenus par la force des choses des vassaux. L’Union soviétique qui a perdu la moitié des 50 millions de morts pendant la Seconde Guerre mondiale pour avoir vaincu le nazisme n’a jamais été accepté par l’Occident. Par la suite les années 60 pour que les pseudo-décolonisations donnèrent lieu à des pays exsangues qui n’ont toujours pas déprogrammé pour la plupart le logiciel de la décolonisation. Nous sommes au XXIe siècle l’espérance d’un monde multipolaire est devenue irrésistible. L’Occident reste esclave de son hubris
Qu’est-ce que le génocide des peuples ?
L’expression « génocide de peuples autochtones » est une formule qui désigne la destruction massive de l’ensemble d’une collectivité ou d’une culture classée parmi les peuples dits autochtones, définis comme étant des minorités ethniques et dont le territoire historique et actuel est intégralement occupé par l’expansion coloniale ou par la formation d’un État-nation dominé par un groupe politique issu d’une puissance coloniale. La notion de génocide n’a été introduite qu’au milieu du XXe siècle par le juriste Raphael Lemkin juriste juif polonais qui forge en 1943, le terme et le concept de génocide et le fait valoir d’abord au tribunal de Nuremberg, il était Chef de la délégation américaine puis « imposé » auprès de l’ONU en 1948. Selon Lemkin lui-même, la colonisation, « intrinsèquement génocidaire », se fait en deux étapes mortifères : la destruction du mode de vie de la population indigène, puis l’acculturation, les nouveaux venus imposant leur mode de vie au groupe devenu minoritaire. Certains chercheurs, parmi eux Lemkin, ont fait valoir que l’ethnocide devrait également être reconnu. Un peuple peut continuer à exister en apparence, mais si ses membres ne peuvent conserver leur identité à cause d’interdictions de leurs pratiques culturelles et religieuses, il se dissout peu à peu dans d’autres peuples : cela peut être considéré comme une forme de génocide. Certains chercheurs considèrent la colonisation des Amériques comme un génocide. Ils affirment qu’elle était en grande partie menée grâce à l’exploitation systématique, à l’enlèvement et à la destruction de certains groupes ethniques. Dans cette perspective, le concept de « destinée manifeste » dans le cadre de l’expansion vers l’ouest, à partir de l’est des États-Unis, peut être considérée comme étant un facteur contribuant à un génocide.[2]
La modernité génocidaire commence en 1492
Dans le même ordre, de la négation des fautes au nom de la certitude de ne pas rendre compte, une étude de Mohamed Abassa fait d’une façon élégante mais sans concession le procès de ce magistère occidental. Il écrit : « Le pape François, dont on devine l’immense bonté pour tout ce qui est chrétien, déplore et dénonce les trois génocides du siècle dernier (…….) Pourquoi être comptable de seulement trois génocides et autres suggérés accessoires par le non-dit, et pourquoi sur un seul siècle ? Les États-uniens comptent, à eux seuls, plus de 2000 agressions militaires directes contre des pays souverains, 402 traités de paix par eux violés, et résultat de la course, plus de 50 millions d’êtres humains massacrés par leurs armées dans les cinq continents. Personnellement, le massacre d’un seul être humain pour le motif de ses idées, de sa peau, sa religion, sa race ou ses croyances constitue en soi un génocide. Qu’a fait la papauté de Pie XII pour dénoncer les massacres de civils algériens, 40.000, un véritable génocide, le 8 mai 1945, à Sétif ? Rien. (…….) Ces génocides des cinq derniers siècles où donc sont-ils passés dans la mémoire du saint pape ? Sont-ils oubliés, gommés parce que l’Église, la chrétienté et l’Occident y sont impliqués jusqu’à l’os ? »[3]
« L’occupation et l’évangélisation des Amériques par l’Église et les Européens, Anglais, Espagnols, Portugais, Hollandais et Français en tête, ont provoqué des millions de morts, des centaines de génocides ! Qui en parle ? Personne. Est-ce de bons génocides ? Qui ne dit mot consent. Qui a exterminé, il y a moins de trois siècles, les Sioux, les Apaches, les Navarro, les Cheyenne, les Cherokee, les Creeks, les Iroquois, les Esquimaux ? Tous massacrés, leur bétail aussi et leurs récoltes incendiées pour les faire mourir de faim et de maladies, pour les exterminer, éteindre à jamais leurs races. L’épopée du Far West n’est rien d’autre qu’une fumisterie cachant une multitude infâme de génocides dont l’Église était partie prenante ». C’est tout simplement les effets différés et cumulés de la politique de 100 ans d’exterminations, (….…) Ce que qualifieront Victor Hugo, Jules Ferry et Alexis de Tocqueville de « marche de la civilisation sur la sauvagerie ». Ce à quoi répliquera tranquillement l’Emir Abdelkader : « Non, messieurs des Misérables c’est votre sauvagerie qui marche sur notre civilisation. Je reconnais vos traces et vos passages à mes bibliothèques et livres brûlés. »[3]
Fort de cette définition que les massacres de masse sont des génocides au sens de la définition de Lemkin nous allons maintenant qualifié les horreurs dont s’est rendu coupable l’Occident en commençant par le génocide des amérindiens. Nous décrirons ensuite parmi par les dizaines de génocides dans le monde cinq génocides dus à cinq nations en nommant les généraux qui ont eu à assurer avec enthousiaste cette basse besogne au nom de la race des seigneurs (saigneurs) et d’une religion de l’amour du prochain qu’est le christianisme.
Les génocides « reconnus » par la civilisation occidentale
On l’aura compris, le terme génocide est apparu pour la première fois pour tenter de définir les crimes perpétrés par les nazis à l’encontre des peuples juifs, slaves et tziganes durant la Seconde Guerre mondiale, ceux commis par le gouvernement des Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman à l’encontre des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale et ceux dont furent victimes les Assyriens en Irak en 1933. On ne peut comprendre l’acharnement de certains pays à qualifier les massacres de la Première Guerre mondiale des Arméniens de génocide sans parler de la réalité et de la qualification des faits. Interrogé par les journalistes du Monde Bernard Lewis, professeur à Princeton, déclare : « (…) Vous voulez dire reconnaître la version arménienne de cette histoire ? Il y avait aussi des bandes arméniennes – les Arméniens se vantent des exploits héroïques de la résistance -, et les Turcs avaient certainement des problèmes de maintien de l’ordre en état de guerre. Si l’on parle de génocide, cela implique qu’il y ait eu politique délibérée, une décision d’anéantir systématiquement la nation arménienne. Cela est fort douteux. Des documents turcs prouvent une volonté de déportation, pas d’extermination. »[4]
Auteur : Chems Eddine Chitour
Notes :
- http://www.lecavalierbleu.com/2018/11/ir-transfomo-extrait.pdf
- https://fr.wikipedia.org/Génocide-de-peuples-autochtones
- Mohamed Abassa http://www.algeriepatriotique.com/une-contribution-de-mohamed-abassa-des-bons-et-des-mauvais-genocides, 15 avril 2015
- Bernard Lewis interview par J.P. Langellier, J.P. Peroncel-Hugoz Le Monde, 16.11.1993
Lisez la deuxième partie de cet article
yogaesoteric
20 juillet 2023