L’empire du mensonge : une success story (1)
Avant-propos
Le mensonge d’État n’est pas un accident de la politique : il en est la langue maternelle.
La dictature brutale s’attaque au corps, mais la tyrannie sournoise vise l’esprit et les moyens de survie. On peut échapper aux coups ; on ne se relève pas toujours d’une vie entière passée à feindre d’y croire.
C’est pourquoi tant de gens choisissent l’aveuglement et la surdité volontaires : voir et comprendre, ce serait souffrir sans fin. Le mensonge se perpétue alors, non seulement par la peur, mais par ce soulagement pervers qu’il procure à ceux qui s’y réfugient – comme un anesthésiant qui endort la douleur au prix de l’empoisonnement.
On dit que la vérité rend libre. Mais elle coûte cher. Le mensonge, lui, rassure, apaise, endort – jusqu’à devenir vertu. C’est ce paradoxe qu’il nous faut affronter, faute de quoi nous serons libres seulement de nous illusionner.
Chapitre I – La naissance de l’« empire du mensonge »
Introduction
Souvent présentés comme garants de la liberté et des droits humains, les États-Unis se sont élevés au rang de symbole démocratique.
Pourtant, leur trajectoire, à l’instar d’autres puissances, – révèle un usage récurrent du mensonge, non comme accident de parcours, mais comme instrument de gouvernance.
Cette étude retrace l’évolution historique de ce mensonge d’État, de l’expression popularisée par Alexandre Soljenitsyne jusqu’aux exemples américains les plus récents, en croisant histoire, littérature et philosophie politique.
1.1 Origine et sens de l’expression
« Quand Alexandre Soljenitsyne publie en 1974 son appel à ” ne pas vivre dans le mensonge “, il ne désigne pas seulement l’URSS, mais une condition universelle du pouvoir moderne ».
« Мы не живем в истине, а в империи лжи ». « Nous ne vivons pas dans la vérité, mais dans un empire du mensonge ».
Pour lui, le mensonge n’est pas un accident mais une condition structurelle des régimes totalitaires. L’expression peut s’étendre à tout système où la falsification devient institutionnelle – qu’il soit autoritaire ou se prétende démocratique.
1.2 Régimes totalitaires : des mensonges « visibles »
URSS
- Effacement de Trotski des photos officielles.
- Statistiques économiques truquées.
- Procès de Moscou (1936-1938) aux « aveux » fabriqués.
- Culte de Staline, présenté comme « père des peuples ».
Allemagne nazie attribué à Joseph Goebbels, résume la méthode :
« Eine Lüge, die man zehnmal wiederholt, bleibt eine Lüge ; wenn man sie zehntausendmal wiederholt, wird sie zur Wahrheit ».
« Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété dix mille fois, il devient une vérité ».
Mensonge relayé par la propagande de masse (radio, cinéma, rassemblements), appuyé par la terreur.
Chine maoïste
- Grand Bond en avant (1958-1962) : famines occultées par des chiffres falsifiés, causant entre 15 et 45 millions de morts selon les estimations.
- Révolution culturelle (1966-1976) : suspicion généralisée, autocensure, réécriture de l’histoire au gré des campagnes politiques.
Conclusion intermédiaire
Dans ces régimes totalitaires, le mensonge est massif, centralisé, brutal. Il ne cherche pas à convaincre mais à soumettre. Chacun sait qu’il est mensonge, mais nul ne peut le contester sans danger.
Ce « mensonge grossier », et visible, prépare le contraste avec un autre type de mensonge, plus raffiné et efficace : celui des démocraties modernes, et tout particulièrement des États-Unis.
Chapitre II – Les fondements du mensonge américain
Introduction
En 1938, Halford E. Luccock avertissait :
« When and if fascism comes to America, it will not be labeled “Made in Germany”; it will not bear a swastika. It will be called, of course, “Americanism” ».
« Quand – et si – le fascisme vient en Amérique, il ne portera pas l’étiquette ” Made in Germany “, ni la croix gammée. Il s’appellera, bien sûr, ” Americanisme ” ».
2.1 La découverte du mensonge par les Amérindiens
Les Amérindiens furent les premiers à percevoir chez l’homme blanc une pratique inconnue et déshonorante : le mensonge et la tromperie. La parole donnée liait l’esprit autant que le corps, et rompre un serment équivalait à perdre son humanité. Traités bafoués, alliances trahies, promesses dissoutes révélèrent rapidement une mécanique d’expansion masquée sous des discours de paix.
Ce fut le premier laboratoire du mensonge d’État américain. Le génocide indien, maquillé en « conquête » et en « destin manifeste », a forgé une culture politique où la tromperie se justifie par la finalité.
Ce précédent éclaire l’absence d’empathie face aux massacres contemporains, notamment à Gaza : hier les tipis, aujourd’hui les camps de réfugiés – toujours la même logique de négation, sous couvert de civilisation ou de sécurité.
2.2 Mythes fondateurs et contradictions de la République
La jeune république aime à se raconter comme un poème de liberté. Derrière l’hymne, des silences :
- Déclaration d’indépendance : « tous les hommes sont créés égaux » alors que l’esclavage subsiste.
- Frontière mythifiée : effacement des nations autochtones derrière l’idée de « terre vierge ».
- Destinée manifeste : « l’exceptionnalisme américain » servant de justification morale à l’expansion.
- Ambiguïtés des Pères fondateurs : Washington, Jefferson, Madison possèdent des esclaves tout en prônant la liberté.
- Mythe national : récit scolaire héroïque occultant esclavage, loyalistes et alliances autochtones.
2.3 Le rôle des gangs et du pouvoir informel
Derrière les institutions naissantes, une réalité plus rugueuse :
- Réseaux de contrebande (tabac, rhum, esclaves).
- Milices locales protégeant routes et biens faute d’autorité centrale.
- Villes structurées par les « wards » (New York, Boston, Philadelphie).
- Tammany Hall et le clientélisme politique. (la naturalisation des immigrés irlandais en échange de votes.)
Cette zone grise, ni totalement criminelle ni pleinement légale, fournit une matrice culturelle durable : pragmatisme, efficacité, récit justificateur. L’Amérique se construit moins par des institutions neutres que par la négociation avec des pouvoirs de fait.
2.4 La propagande de guerre comme laboratoire
La guerre hispano-américaine (1898)
- Explosion du USS Maine imputée sans preuve à l’Espagne.
- Le New York Journal de William Randolph Hearst galvanisant l’opinion publique : « You furnish the pictures and I’ll furnish the war ». « Vous fournissez les images, et moi je fournirai la guerre ».
- Objectifs réels : Cuba, Porto Rico, Philippines.
Première Guerre mondiale : le Committee on Public Information (CPI)
Créé en 1917, dirigé par George Creel, le CPI devient un laboratoire de persuasion moderne.
- Dispositifs : Four-Minute Men, affiches iconiques, films patriotiques, communiqués officiels, stigmatisation des pacifistes.
- Résultats : basculement de l’opinion, adhésion à la conscription et aux emprunts de guerre.
- Héritage : Edward Bernays (Propaganda, 1928), naissance de la « manufacture du consentement ».
Creel affirmait : « Il n’était pas question de tromper, mais de présenter les faits de manière à galvaniser l’âme américaine ».
2.5 Une presse libre sous contrainte invisible
Dans les régimes autoritaires, la propagande est visible : ministère, censure, journal officiel. L’URSS avait sa Pravda, l’Allemagne nazie son Völkischer Beobachter, la Chine maoïste son Quotidien du peuple. Le contrôle est frontal : imprimeries agréées, langage unique, dissidence criminalisée.
Aux États-Unis, la mécanique se fait sans uniforme ni décret. La Constitution garantit la liberté de publier, mais le système médiatique se structure autour de trois réalités :
- Concentration de la propriété : Aujourd’hui, quelques conglomérats – Comcast/NBC, Disney/ABC, Paramount/CBS, News Corp/Fox – possèdent l’essentiel des chaînes, journaux et plateformes. Cette concentration réduit la diversité réelle des voix éditoriales.
- Dépendance économique : La presse vit de la publicité et des marchés financiers. Critiquer trop rudement les grands annonceurs ou l’orthodoxie économique menace directement les recettes.
- Accès conditionné aux sources : Les rédactions « embarquées » recherchent briefings exclusifs, invitations à la Maison-Blanche, fuites « off ». Celui qui dérange perd ses canaux d’information.
Walter Lippmann Public Opinion (1922), et Herman & Chomsky Manufacturing Consent (1988) théorisent ce système : pas de censure frontale, mais un champ magnétique qui oriente la production médiatique.
Exemples :
- USS Maine (1898).
- CPI (1917).
- Vietnam jusqu’aux Pentagon Papers (1971).
- Armes de destruction massive en Irak (2002-2003).
À l’extérieur, l’Amérique se pare du prestige d’une presse libre ; à l’intérieur, cette liberté s’exerce dans un champ magnétique façonné par l’économie, le patriotisme et la géopolitique. Pas de censeur en uniforme, mais une auto-discipline qui rend le ministère de la Vérité inutile. Le consentement n’est pas imposé ; il est fabriqué, intégré comme évidence.
John Swinton (1829 – 1901), journaliste new-yorkais, ancien rédacteur en chef du New York Sun.
Il aurait déclaré le 12 avril 1883 (banquet du Twilight Club, New York).
« We are intellectual prostitutes ».
« Nous sommes des prostitués intellectuels ».
2.6 Esclavage, ségrégation et fracture identitaire
La République se proclame démocratique tout en :
- maintenant l’esclavage jusqu’en 1865,
- prolongeant la ségrégation légale près d’un siècle (lois Jim Crow),
- n’accordant l’égalité citoyenne qu’en 1964-1965.
Ironie : en guerre contre le nazisme, les États-Unis maintiennent une population entière en situation d’infériorité légale.
Même au sein de l’armée, les Afro-Américains servaient dans des unités séparées, souvent commandées par des officiers blancs, et n’échappaient pas à la ségrégation jusque sur le front.
Ainsi se dessine un pays qui, pendant plus de deux siècles, a proclamé des valeurs qu’il n’incarnait pas.
L’écart entre l’idéologie et la pratique donne l’impression d’un trouble dissociatif de l’identité : grandeur affichée, fractures tues, un discours messianique superposé à une réalité de hiérarchie raciale et de domination sociale.
Conclusion intermédiaire
Ce parcours révèle une constante : le récit américain est moins une description qu’une justification.
- Aux Amérindiens, il promettait la paix pour masquer l’expansion.
- Aux colons, il offrait des mythes pour recouvrir l’esclavage et la contrebande
- Aux citoyens, il proposait une presse « libre » qui orientait discrètement leur opinion.
Avant même de devenir une superpuissance, l’Amérique s’est forgée dans cette tension entre discours vertueux et réalité brutale. Cette logique ne se limite pas au continent : elle s’inscrit aussi dans l’économie atlantique, à commencer par la traite négrière et son abolition.
Chapitre III – De l’abolition à l’invention de la dette
Introduction
L’abolition de la traite négrière par l’Angleterre ne peut s’expliquer uniquement par des motifs humanistes. Derrière la façade morale, Londres poursuit une stratégie de repositionnement économique et impérial, en anticipant l’émergence d’un capitalisme libéral dominé par la finance. – Eric Williams, Capitalism and Slavery (1944)
3.1 L’abolition britannique : stratégie économique
Loin d’être un geste purement humaniste, l’abolition de l’esclavage s’inscrit dans une logique impériale et économique dans une triple logique :
- Déstabiliser les concurrents : favoriser, indirectement, l’émancipation des colonies espagnoles et portugaises afin de les intégrer comme marchés dépendants.
- Transformer la main-d’œuvre : passer de l’esclave, coûteux à entretenir, à l’ouvrier salarié, corvéable à merci et licenciable sans frais.
- Réduire les risques : l’accident ou la mort ne sont plus pertes patrimoniales, mais simples variables statistiques.
Ironie de l’histoire : aujourd’hui, on qualifie volontiers de « travail d’esclave » tout emploi pénible et mal rémunéré. Pourtant, du strict point de vue du profit, ce salariat low-cost s’avère plus avantageux que l’ancienne servitude. Ainsi, la servitude n’est pas supprimée, mais redéfinie sous une forme économiquement plus rentable.
3.2 Du producteur au consommateur
Le système invente un rôle inédit : celui de consommateur.
- Le travailleur produit,
- son salaire alimente la demande,
- la demande justifie la production,
- la production enrichit l’investisseur.
C’est une véritable révolution silencieuse : l’individu n’est plus défini par sa citoyenneté, mais par sa capacité à consommer. La dépendance économique remplace l’asservissement juridique.
3.3 Le crédit comme nouvelle chaîne
Le capitalisme façonne le désir par la publicité, puis invente le crédit. Acheter avant d’avoir gagné devient possible, au prix de l’endettement. La dette transforme « l’homme libre » en travailleur captif, prisonnier d’un cycle où l’illusion du choix masque la dépendance réelle.
Les premières formes de crédit de masse apparaissent surtout après 1920 aux États-Unis (vente à tempérament, General Motors Acceptance Corporation).
Les chaînes de fer d’hier sont remplacées par les cartes de crédit : symbole d’une égalité nouvelle – celle devant la dette.
3.4 Propagande économique et relais transatlantiques
Après la crise de 1929 puis surtout à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, consommer devient un acte patriotique : acheter, c’est soutenir la Nation. Le citoyen se mue en consommateur-soldat, enrôlé dans une guerre pacifique où la carte de crédit remplace le fusil. Les mêmes canaux qui vendent des biens de consommation véhiculent aussi les récits fondateurs : « liberté », « rêve américain », « opportunité pour tous ». La critique du modèle est disqualifiée : remettre en cause la consommation, c’est remettre en cause la démocratie elle-même.
Dans cet édifice, l’aristocratie WASP reste longtemps le relais social et politique des flux venus d’outre-Atlantique : capitaux, banques d’affaires, compagnies d’assurances issues de la City de Londres. Après Bretton Woods (1944), Wall Street prend le relais sans rompre la continuité impériale : le dollar devient l’instrument central de la domination mondiale.
Avec le temps, l’hégémonie WASP se fissure sous la pression des revendications identitaires, de la cancel culture et du wokisme. Mais cette mutation de surface n’abolit pas la logique impériale : elle l’habille de symboles progressistes sans en modifier la finalité. Le marché reste l’alpha et l’oméga.
3.5 La permanence de l’ennemi de l’Est
Un trait structurel demeure : la méfiance envers l’Est. Depuis la thèse de Halford Mackinder – « Qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle le Heartland ; qui contrôle le Heartland domine le monde » – la Russie est désignée comme l’ennemi naturel de l’Empire maritime anglo-saxon : trop vaste, trop souveraine, trop rétive au crédit pour être absorbée. Ce schéma perdure au XXIᵉ siècle : peu importe que l’Amérique arbore le drapeau arc-en-ciel ou érige des murs, la Russie et plus largement l’Orient restent l’«Autre» à contenir, sanctionner et délégitimer.
Conclusion intermédiaire
L’abolition de l’esclavage n’a pas marqué un sursaut moral, mais la métamorphose d’un système d’exploitation. Du travail forcé au salariat précaire, du producteur réduit à sa force de travail au consommateur défini par son pouvoir d’achat, de la servitude légale aux chaînes invisibles de l’endettement, les formes changent mais la logique reste : maximiser la rentabilité du capital.
Ce nouvel édifice idéologique prépare les récits impériaux à venir : la démocratie confondue avec le marché, la liberté réduite à la consommation, la dette présentée comme moteur du progrès. L’exploitation n’a donc pas disparu : elle a simplement changé d’instrument. Après la chaîne et le fouet, ce fut le salariat ; après le salariat, vint la dette.
3.6 Sous le récit, la dette
Derrière la façade idéologique et culturelle, un ressort plus discret soutient tout l’édifice : la dette. Dans ce système où l’argent naît ex nihilo, chaque billet, chaque chiffre inscrit sur un compte porte déjà l’ombre des intérêts qu’il faudra payer. Pour que la machine ne s’arrête pas, la croissance doit être permanente – non pour enrichir la société dans son ensemble, mais pour couvrir le prix du crédit. La dette ne s’éteint jamais : elle se gère, se prolonge, se transmet comme un héritage empoisonné.
Les chaînes de fer d’hier se sont fondues dans l’invisible : l’asservissement passe désormais par l’endettement, transmis de génération en génération. Derrière l’illusion de la liberté, l’homme demeure captif d’un système qui monnaye son présent et hypothèque son avenir.
Cette mécanique débouche sur une financiarisation spéculative : au lieu d’alimenter le capital productif – lent mais générateur d’emplois –, les flux se ruent vers le pari, l’effet de levier, le gain instantané. Londres, Paris ou New York cessent d’être des places de marché : elles deviennent des casinos géants où l’argent ne cherche plus à produire, mais seulement à se multiplier.
Les économies qui refusent de s’y plier – qu’on les taxe de « fermées », « non démocratiques » ou « dirigistes » – se voient frapper de blocus, de sanctions ou de campagnes de délégitimation. Leur véritable crime n’est pas idéologique, mais structurel : vouloir échapper à l’exploitation par la dette, refuser de s’ouvrir comme de simples républiques bananières mises au service du crédit mondial.
Cette logique éclaire les tensions récurrentes avec les modèles alternatifs. La Chine, autrefois forcée à s’« ouvrir » par les traités inégaux, demeure aujourd’hui suspecte dès qu’elle affirme une souveraineté financière. Quant à la Russie, l’Angleterre – depuis Mackinder – la désignait déjà comme un espace à contenir, voire à morceler, afin de sécuriser ses routes commerciales.
Derrière l’étendard de l’universalité des droits, le monde libéral poursuit avant tout un objectif : l’ouverture des marchés et l’alignement sur la logique du crédit. La morale n’est qu’un drapeau ; l’enjeu véritable reste l’intégration au cycle dette-croissance, colonne vertébrale d’un capitalisme nourri de promesses plus que de biens réels.
Au XXIe siècle, certaines puissances occidentales continuent d’agir comme si elles vivaient encore dans le confort du XIXe siècle. Leur prestige repose sur un capital historique accumulé – rentes financières, avantages technologiques ou héritages coloniaux – qui leur permet d’adopter une posture d’« adolescence prolongée » : insouciance relative, refus de rupture, confiance dans la pérennité de leurs acquis. À l’inverse, nombre de pays du Sud global se perçoivent comme des « adultes » de l’histoire : obligés d’exister par l’effort productif, l’industrialisation et la gestion quotidienne des ressources, ils revendiquent une maturité née de la contrainte et de l’expérience directe du travail réel.
Ce basculement ouvre la voie aux grandes mises en scène idéologiques de la Guerre froide, du Vietnam et jusqu’au scandale du Watergate. L’attitude « nativiste » ne s’exprime plus seulement par une méfiance envers l’immigrant : elle s’étend désormais au monde entier, perçu comme porteur de valeurs étrangères ou « barbares ». Ce réflexe défensif, alimenté par l’endettement structurel et par la volonté de préserver une hégémonie financière, installe un rapport au réel où le récit prime sur le fait. La dette devient une promesse différée, la propagande un gage de stabilité, et la légitimité repose moins sur la cohérence des principes que sur la capacité à maintenir la croissance et à justifier l’expansion continue du pouvoir.
Nourri par l’endettement structurel et la volonté de préserver son hégémonie, le système américain s’ancre dans un rapport au réel façonné par le récit plus que par le fait. La dette devient promesse différée, la propagande caution de stabilité, et la légitimité ne repose plus sur les principes mais sur la croissance et l’expansion. Reste une question : comment une République née sous l’égide d’une élite exigeante et disciplinée a-t-elle pu glisser vers cette dépendance au crédit et au récit ? La réponse se trouve dans l’examen des repères historiques qui jalonnent sa trajectoire.
Lisez la deuxième partie de cet article
yogaesoteric
17 septembre 2025