Le corium du réacteur 2 de Fukushima Daiichi est bien visible
Cela fait presque 7 ans que ce magma mortel a été créé par l’imbécilité des hommes. 7 ans que l’on en parle sans jamais vraiment le voir. Et voilà que Tepco, en janvier 2018, nous dévoile, pour la première fois et de manière très discrète, des images très parlantes du corium du réacteur 2 de Fukushima Daiichi.
Dans un premier temps, tous les médias ont repris les photos fournies par Tepco, où l’on voit par exemple un morceau de poignée d’assemblage de combustible. On en déduisait que le reste avait fondu mais on ne pouvait rien affirmer de plus.
Dans un second temps, 3 jours plus tard, Tepco a ajouté une vidéo de 3min34 qui montre une sélection de séquences filmées à l’intérieur de l’enceinte de confinement. Dans cette vidéo, on voit très précisément des coulures de corium qui se sont solidifiées sur des structures métalliques sous la cuve du réacteur.
La caméra qui a filmé cette matière hyper-radioactive a été conçue pour supporter 1000 Sieverts. Mais cet appareil ne peut cacher les rayonnements ionisants qui forment de nombreux points clairs aléatoires sur le film.
Les hommes qui ont manipulé la sonde à l’extérieur de l’enceinte de confinement ont certainement été irradiés car le débit de dose est toujours très fort dans le réacteur. Mais Tepco n’a pas encore communiqué ces informations.
Pour résumer ce qui s’est passé en mars 2011, le corium du réacteur 2 a traversé la cuve du réacteur, puis a fait un gros trou de 1 m de large dans la plateforme située juste en dessous de la cuve. Ensuite, il a poursuivi sa route en rencontrant des obstacles, formant des stalactites dans divers endroits. Enfin, il s’est répandu dans le fond de l’enceinte de confinement en entamant le béton. Et là, on perd sa trace car les investigations n’ont pas pu aller plus loin. A-t-il été loin dans le radier ? A-t-il rejoint la piscine torique par les tuyaux raccordant l’enceinte et la piscine ? N’oublions pas qu’une explosion a été entendue par les techniciens le 15 mars 2011 à 6h10 provenant du réacteur 2. Explosion de vapeur ? N’oublions pas que l’eau qui est injectée en continu pour refroidir ce corium ne remplit pas l’enceinte car celle-ci n’est plus intègre. L’eau se souille en permanence au contact du corium, avant de rejoindre les tréfonds de la centrale et la nappe phréatique. N’oublions pas que cette nappe phréatique mouvante se jette dans le Pacifique, malgré le mur de glace dont l’étanchéité n’est pas parfaite.
On observera que Tepco n’a pas encore osé fournir de photo du trou dans la cuve. C’est comme l’explosion du réacteur 4, il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas divulguer car elles ternissent l’image du nucléaire civil.
La fameuse vidéo, la voici.
Certes, la robotique en milieu radioactif a fait de réels progrès, mais cela nous cache la réalité : on n’a pas encore inventé les machines qui pourront démanteler la centrale. Et les quarante ans promis pour terminer ce démantèlement seront certainement insuffisants. N’oublions pas qu’il y a en tout 3 coriums à récupérer et 3 piscines pleines de combustible à vider. Pendant que la technique nous « amuse », Tepco espère rejeter 1 million de tonnes d’eau radioactive dans le Pacifique qu’il a amassées sur le site, comme si cet océan n’avait déjà pas assez souffert. Cela permet d’oublier également les milliers de personnes atteintes par des troubles de la thyroïde ou autres pathologies diverses dues à la radioactivité et les dizaines de milliers de personnes déplacées qu’on essaie de faire revenir dans des territoires contaminés.
Attendons-nous désormais à de la grande communication de la part de Tepco : les sportifs de 2020 (JO Tokyo) doivent être ébahis par l’hyper-technicité nippone pour oublier les dangers de base de la radioactivité ambiante.
yogaesoteric
10 juin 2018