Les expériences au seuil de la mort (12)

Par Alain Moreau

Lisez la onzième partie de cet article

« La nuit suivante, alors qu’il lui était interdit de boire, Jean Morzelle s’est souvenu qu’une salle d’eau se trouvait tout près de sa chambre, ce qui lui a permis de se désaltérer en bravant l’interdit. L’infirmière qu’il avait vue s’évanouir pendant l’opération, la dame dans la salle d’attente qui se trouvait être l’épouse du chirurgien que l’on était allé chercher au cinéma… tout cela était bien réel. Aucun doute possible, Jean Morzelle n’avait pas rêvé. » (J. Morisson)

– Nine Laügt :

Nine Laügt est restée dans le coma pendant 21 jours. Elle s’est notamment retrouvée dans la maison de sa mère où l’on se préparait à accueillir le corps pour la veillée funèbre, car elle avait été donnée pour morte par les médecins.

« Les chaises étaient disposées en arc de cercle dans la pièce principale, et Nine entendait le tic-tac de la vieille comtoise qui s’est soudain arrêtée… Sans qu’elle la voie faire ce geste, la mère de Nine a en effet stoppé le mouvement du balancier, comme il était alors d’usage dans ces campagnes du Sud de la France. » (J. Morisson)

Jocelin Morisson note, avec raison, que les neurologues et les sceptiques de tous bords « s’en tiennent à une explication qu’ils pensent rationnelle, mais qui en réalité est “ rationaliste ” », c’est-à-dire « qu’elle cherche à tout prix à faire entrer l’expérience dans le cadre de ce que l’on croit savoir de la conscience et du fonctionnement du cerveau, plutôt que de remettre en cause ce modèle ».

« Selon eux, l’EMI est donc une illusion, une hallucination produite par un cerveau en souffrance, et les informations recueillies l’auraient été au cours de “ micro-réveils ” du sujet inconscient, puis reconstituées a posteriori en un tout qui semble cohérent. Cette explication est bien sûr excessivement tirée par les cheveux dans les cas de vécus comme ceux rapportés par Jean Morzelle ou Nine Laügt, mais elle devient tout à fait inopérante quand il est établi que la personne était en état de mort cérébrale au moment de son expérience. » (J. Morisson)

Jocelin Morisson cite un cas étudié par le cardiologue Michaël Sabom, celui de Pamela Reynolds, opérée du cerveau pour un anévrisme. Elle était non seulement sous anesthésie générale, mais on avait aussi placé son corps en hypothermie artificielle :

« L’hypothermie vise ici à ralentir autant que possible le métabolisme de la personne pour que ses tissus et organes ne souffrent pas du manque d’oxygène et de glucose le temps que la circulation sanguine soit rétablie normalement. Or, il est incontestable, dans ces conditions, que le cerveau ne peut absolument pas fonctionner : la température basse interdit tout échange de neurotransmetteurs entre les neurones. Pourtant, Pamela Reynolds a vécu une EMI précisément pendant cette phase d’hypothermie. Elle a assisté à l’opération depuis un point de vue élevé, elle a observé la “ boîte à outils ” du chirurgien, la scie à trépaner dont la forme est caractéristique, elle a entendu le dialogue échangé par les médecins et soignants, etc. » (J. Morisson)

Les faits sont là, ajoute Jocelin Morisson, « et il faut une certaine dose de mauvaise foi aux scientifiques qui continuent d’affirmer qu’il n’y a rien de réel dans ces expériences, bien souvent sans avoir pris la peine d’examiner les témoignages ».

Jocelin Morisson note également qu’il existe des cas documentés où la personne s’est retrouvée, par exemple, en présence d’un frère ou d’une sœur disparu (e) avant la naissance du témoin, et dont elle ignorait l’existence pour cause de secret familial. Certains « expérienceurs » ont rencontré leur jumeau décédé avant la naissance : fait qu’ils ignoraient avant leur EMI.

Jocelin Morisson évoque aussi, dans son article, la théorie explicative du docteur Jean-Pierre Jourdan, lequel fait intervenir l’existence d’une « cinquième dimension »…

b) Le développement ultérieur de facultés psychiques comme la précognition.
c) Les changements de valeur provoqués par la NDE, et l’orientation religieuse et spirituelle qui lui est consécutive :

Voici, brièvement, quels sont les traits essentiels de cette orientation spirituelle, tels qu’ils sont répertoriés par Kenneth Ring :

1° Le fait d’être devenu spirituel plutôt que religieux, « une désaffection pour les aspects formels de la pratique religieuse, les disputes doctrinales et l’atmosphère dogmatique qui souvent rigidifient l’élan religieux », une diminution de l’importance d’une religion formelle.
2° Un sentiment de proximité intérieure de Dieu.
3° La conviction d’une vie après la mort.
4° Une ouverture à la réincarnation et aux religions orientales.
5° L’idée de l’unité des religions et la recherche d’une religion universelle.

d) Le fait que la décorporation (et les perceptions associées) se produise aussi dans des conditions où la vie du sujet n’est pas en danger, comme c’est le cas chez les personnes pouvant provoquer le phénomène par un acte de volonté. Dans ces cas-là, impossible d’invoquer l’anoxie cérébrale, la sécrétion d’endorphines ou la kétamine par exemple …

e) L’existence de NDE chez des aveugles :

Kenneth Ring et Sharon Cooper purent interroger 21 aveugles ayant vécu une NDE. Parmi ceux-ci, 15 sujets dirent avoir eu des stimuli visuels durant leur expérience, 3 « dirent ne pas en être sûrs tant la sensation était inhabituelle pour eux », et 3 autres dirent n’avoir rien vu. Parmi ces cas, il y a celui d’une femme devenue aveugle à l’âge de 22 ans à la suite d’une attaque cérébrale et qui avait auparavant été très myope. Elle déclara qu’elle pouvait voir pendant sa NDE alors qu’elle était censée être aveugle.

Il y aussi le cas d’une femme de 46 ans qui, à la suite d’une erreur chirurgicale, perdit la vue et se retrouva hors de son corps. Outre son corps, elle aperçut deux hommes au fond du couloir, son ancien mari et son compagnon d’alors, ce dernier ayant confirmé les faits essentiels. Lors de l’interview, la dame était séparée de son compagnon depuis plusieurs années et n’avait pas communiqué avec lui depuis au moins un an. D’après le dossier médical et d’autres sources, il semble bien qu’elle ait été complètement aveugle au moment de l’incident.

Kenneth Ring cite aussi les cas de Vicki Umipeg et Brad, tous deux aveugles de naissance :

Vicki, née en 1950, fut victime en 1973 d’un accident de voiture au cours duquel elle vécut une NDE. Hors de son corps, elle vit la lumière, vit et entendit le personnel médical s’occuper d’elle. Elle vit son corps étendu, ses cheveux, ses bagues et notamment sa bague de mariage « avec ses fleurs d’oranger dans les coins ». Elle évoqua les bâtiments et lumières de la ville, mais déclara n’avoir pu distinguer les couleurs, celles-ci correspondant, pensait-elle, à « différentes nuances de brillant ».

Brad eut sa NDE au cours de l’hiver 1968, à l’âge de 8 ans, avec un arrêt cardiaque d’au moins quatre minutes. Sorti de son corps, il aperçut ce dernier sans vie, ainsi que son compagnon de chambre, aveugle lui aussi, lequel se leva pour aller chercher de l’aide. Ce dernier confirma ceci : Brad vit un ciel nuageux et sombre, les rues couvertes de neige fondue, le passage d’un tramway, et la cour, avec les enfants, de l’école d’aveugles.

Voici ce qu’a écrit, à propos des NDE chez les aveugles, le psychiatre Stanislav Grof (1994) :

« Il existe des cas documentés décrivant des individus dont la cécité due à des lésions organiques de leur système optique a été établie médicalement, et qui, pendant leur état de mort clinique, ont pu voir leur environnement. De tels événements, contrairement à presque tous les autres aspects de l’expérience de mort imminente, peuvent être soumis à des vérifications objectives. Ainsi, ces événements représentent la preuve la plus convaincante que ce qui se passe pendant une NDE est plus qu’une fantasmagorie hallucinatoire de cerveaux physiologiquement altérés. »

Evelyn Elsaesser-Valarino, évoquant l’étude de Kenneth Ring et Sharon Cooper, précise que ceux-ci ont contacté onze institutions américaines pour aveugles au niveau national et régional. Des annonces de recrutement ont été aussi placées dans les revues « Vital Signs » et « Newsletter of the International Association for Near-Death Studies ».

46 personnes ont fait l’objet d’un entretien téléphonique. 31 personnes ont été retenues pour participer à l’enquête : 20 femmes et 11 hommes, âgés de 22 à 70 ans.

– 16 sujets avaient vécu une NDE.
– 5 sujets avaient vécu une NDE et, à d’autres occasions, une ou plusieurs OBE.

Ainsi, 21 personnes avaient vécu une NDE et une ou plusieurs OBE. Et 10 sujets avaient seulement expérimenté une ou plusieurs OBE. Il y a, en tout, 24 NDE, puisque trois personnes ont vécu deux NDE.

Les circonstances à l’origine de l’expérience de mort imminente sont : maladies ou opérations chirurgicales (13 cas), accidents (6 cas), bagarres (2 cas), viol (1 cas), combat (1 cas), tentative de suicide (1 cas). La majorité des OBE sont intervenues en situation de relaxation psychique et corporelle. Quelques-unes, cependant, ont été consécutives à des chutes ou des viols.

L’ensemble des 31 sujets se décompose comme suit :

– 14 personnes étaient aveugles de naissance.
– 11 personnes avaient perdu la vue après l’âge de 5 ans. (Cécité adventive.)
– 6 personnes étaient fortement malvoyantes.

Kenneth Ring et Sharon Cooper se sont limités aux 21 « expérienceurs » mentionnés plus haut. Les résultats sont les suivants :

– Les aveugles vivent une NDE.
– Ces NDE sont identiques à celles des personnes qui bénéficient de la vue.

L’autre question posée était : est-ce que les aveugles ayant vécu une NDE disent avoir eu des perceptions visuelles ? Evelyn Elsaesser-Valarino détaille le cas (mentionné plus haut) de Vicki Umipeg, une aveugle de naissance ayant vécu deux NDE, la première s’étant produite à l’âge de 12 ans (suite à une appendicite dégénérée en péritonite). La seconde NDE se produisit à l’âge de 22 ans (suite à un accident de voiture). Voici ce qui s’est passé lors de la seconde NDE :

« En décrivant sa NDE, Vicki explique avoir quitté son corps et s’être retrouvée dans un corps non-matériel qui avait pourtant une forme distincte et était “ comme fait de lumière ”. Elle n’a aucun souvenir de son transport en ambulance à l’hôpital, mais se rappelle s’être retrouvée au plafond dans une salle d’opération de l’hôpital. Elle observait un médecin et une femme s’affairer autour de son corps. Elle ne pouvait pas préciser si la femme était également médecin ou infirmière. Vicki essayait avec désespoir de dire à ces deux personnes de ne pas s’acharner sur son corps en expliquant qu’elle était bien et en paix, mais elle ne parvint pas à communiquer avec elles. » (E. Elsaesser-Valarino)

Elle savait que c’était elle. Elle monta à travers les plafonds de l’hôpital et traversa le toit.

« Depuis cette perspective, elle jouissait d’une vue panoramique des alentours. Elle se sentait toute excitée et se réjouissait énormément de ce sentiment de liberté qu’elle expérimentait. En même temps, elle entendit une musique exquise, tendre et harmonieuse. Ensuite, elle s’est sentie aspirée dans un tunnel. D’abord, elle était plongée dans l’obscurité, mais très vite elle vit une lumière au bout. Quand elle s’approcha du bout du tunnel, la musique s’intensifia. A cet instant précis, elle sortit du tunnel et se retrouva étendue dans l’herbe, entourée de fleurs magnifiques ainsi que de nombreuses personnes. L’endroit était inondé de lumière, et Vicki expliqua qu’elle pouvait aussi bien voir que sentir la lumière. Cette lumière était faite d’amour, ainsi que les personnes lumineuses qui s’y trouvaient. “ Tout était fait de lumière ”, dit Vicki, “ moi aussi, j’étais faite de lumière. Et l’amour était partout. C’était comme si l’amour jaillissait de l’herbe, des oiseaux, des arbres, de partout.” »

Vicki reconnut cinq personnes qu’elle avait fréquentées pendant sa vie terrestre et qui étaient venues l’accueillir. Parmi elles, il y avait Debby et Diane (deux camarades de classe), aveugles comme elles, décédées à l’âge de 11 ans et 6 ans respectivement. De leur vivant, elles étaient gravement handicapées mentalement (en plus de leur cécité), « mais lors de cette rencontre elles étaient rayonnantes et belles, en bonne santé et pleines de vitalité ». Elles n’étaient plus des enfants, mais des adolescentes.

Vicki vit aussi deux personnes (décédées) qui s’étaient occupées d’elle pendant son enfance, ainsi que sa grand-mère (morte deux ans plus tôt), laquelle s’approcha d’elle pour la prendre dans ses bras. Durant ces rencontres, il n’y avait pas de paroles échangées, mais seulement « un échange d’amour et de bienvenue ». Ensuite, Vicki vit un être qui rayonnait beaucoup plus que les personnes qu’elle venait de rencontrer.

« Avec le soutien bienveillant de cet être de lumière, elle expérimenta une revue de vie et visionna également son avenir en compagnie de ses enfants auxquels elle allait donner naissance dans le futur. Finalement, cet être de lumière lui signifia qu’elle devait retourner sur Terre pour y enseigner l’amour et le pardon. »

Les aveugles, même de naissance, ont donc des perceptions visuelles relatives à notre monde physique et à « l’autre dimension » à laquelle la NDE donne accès. Sur les 21 cas retenus, voici quelle est la fréquence des perceptions visuelles chez les aveugles ayant vécu une NDE :

– 15 personnes ont bénéficié de la vue pendant leur NDE.
– 3 personnes ne sont pas sûres d’avoir vu pendant leur NDE.
– 3 personnes (dont 2 aveugles de naissance) n’ont pas eu de perceptions visuelles du tout.

Notons que l’une des trois personnes (un homme) n’ayant pas eu de perceptions visuelles a dit : « Je ne sais pas ce que vous entendez par “ voir ”. »

Lisez la treizième partie de cet article


yogaesoteric
9 novembre 2019

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