Qui avait payé et armé Hitler ? (4)

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Le Plan Young et la prise du pouvoir par les Nazis

Le Plan Dawes pour le payement des dommages de guerre allemands n’étaient pas un accord définitif mais seulement un plan temporaire pour passer à une autre situation. Après que le Plan Dawes fut mis en application et que la situation chaotique des payements des dommages eût trouvé une solution provisoire, les alliés continuèrent à travailler pour trouver une solution définitive à la question des dommages. Un comité des représentants des nations alliées, présenta, sous la direction du diplomate américain Owen D. Young, le 7 juillet 1929, une proposition d’un plan de payement qui détermina définitivement les dommages de guerre allemands.

 

La proposition, le Plan Young, impliquait que l’Allemagne devrait, pendant 37 ans, effectuer un payement annuel valant en moyenne 100 millions de Livres Sterling britanniques, et par la suite, pendant encore 22 ans, payer une somme quelconque pour couvrir la dette de guerre que les alliés avaient vis-à-vis des Etats-Unis. Le Plan Young avait déterminé les dommages de guerre au « chiffre astronomique de 20 milliards de dollar », ou 105 milliards de mark, à payer jusqu’à l’année 1988. Toute la responsabilité du payement allait maintenant se trouver du côté du gouvernement allemand et les payements devraient être faits à une banque, Bank of International Settlements, BIS. La Banque devrait, à son tour, distribuer les sommes payées aux alliés. BIS allait aussi avoir sa base dans les crédits internationaux et fonctionner pour le reste comme une banque internationale.

La Bank of International Settlements est un nom à ne pas oublier. Elle allait, dans un avenir proche, et de manière totalement inattendue, devenir la première zone de contact des Nazis dans les affaires internationales, même avec les entreprises étrangères dans un pays ennemi, pendant la première mondiale. Selon le Plan Young, l’Allemagne devrait, une fois le plan adopté, reprendre la souveraineté sur son territoire et toutes les troupes étrangères devraient quitter le pays. Mais le côté le plus important du Plan Young était l’introduction d’un changement décisif vis-à-vis du Plan Dawes, changement qui rendait plus dures encore les conditions de payements des dommages. Les dommages de guerre étaient, en grande partie, payés en marchandises dans le Plan Dawes. Dans le Plan Young, les dommages allaient être payés en argent !

Ceci était une différence déterminante. L’indignation contre le Plan Young dans la classe capitaliste allemande fut énorme. Ceci non seulement parce que la grande somme de 20 milliards de dollar qui allait être payée sur une période de 60 ans, menaçait de placer l’Allemagne sous tutelle des alliés pour toujours. Mais surtout parce que les dommages devraient être payés en argent. Le capital industriel allemand avait, dans le Plan Dawes, des débouchés garantis pour ses marchandises. C’était, par rapport aux autres capitalistes d’Europe et des Etats-Unis, un grand avantage pour les capitalistes allemands. Ceci fut supprimé dans le Plan Young. Ce qui obligea les capitalistes allemands à vendre leurs marchandises sur les marchés intérieurs et internationaux, dans une situation de concurrence internationale.

Le capitaliste sidérurgiste Fritz Thyssen s’opposa au Plan Young d’une manière très énergique. Il n’avait en aucune façon été l’adversaire du Plan Dawes, comme celui-ci prévoyait une série des payements des dommages qui devraient principalement être payés en marchandises. Mais selon le Plan Young, les livraisons des marchandises devraient totalement être remplacés par des « payements en argent ». Thyssen « était d’avis que la dette que l’on avait de cette façon contractée, allait saper toute l’économie du royaume ». Thyssen considérait en plus que « tout celui qui avait un jugement confus aurait dû que le Plan Young impliquait l’hypothèque de toute la richesse nationale de l’Allemagne comme sécurité pour accomplir son obligation de payement. La conséquence devrait être que le capital américain allait submerger l’Allemagne ».

L’homme le plus riche d’Allemagne d’alors, Fritz Thyssen, augmenta son soutien au Parti national socialiste, le seul parti qui attaquait sérieusement le Plan Young. Le soutien de Thyssen au Parti nazi jouait un grand rôle dans ce qui allait arriver. Non seulement pour les contributions économiques aux Nazis. Ce qui était plus important était que Thyssen ouvrit pour Hitler, un nouveau, très important cercle des contacts, en l’occurrence le cercle des magnats de l’industrie du fer et des industries sidérurgiques de la Ruhr, le centre industriel et économique de l’Allemagne. Et Thyssen n’hésita pas d’affirmer que le « Plan Young était l’une des causes principales de la victoire du socialisme national (national-socialisme), en Allemagne ».

Le Plan Young causa beaucoup d’inquiétude en Allemagne. Le gouvernement voulait approuver et signer. Mais le peuple n’était pas, en général, de cet avis. La guerre était terminée depuis plus de 10 ans. Il apparaissait étrange de continuer de payer de si grandes sommes d’argent et ce, comme on le voyait, de manière infinie. On ressentait comme si les autres pays voulaient vivre du travail des Allemands. C’était dans ces conditions que commença, avec le soutien de Thyssen, un comité ayant pour objectif d’arracher un référendum sur le Plan Young. C’était une grande ouverture politique pour Hitler. Avec un coffre plein d’argent provenant de Thyssen et d’autres capitalistes, Hitler agita les gens contre le Plan Young, dans des rassemblements publics. « Hitler pouvait, avec son grand talent démagogique, pour ses propres intérêts, exploiter le sentiment national blessé du peuple allemand ».

Le combat contre le Plan Young, devint, à partir de 1929, le plus grand thème d’agitation pour Hitler, lequel ouvrit aussi des portes importantes. De sa relation avec Thyssen, Hitler eut, pour la première fois, des contacts avec la classe politique traditionnelle allemande au sein du Parti libéral national allemand et son président Alfred Hugenberg. Hugenberg avait aussi le Plan Young comme thème principal d’agitation. Les sieurs Hitler et Hugenberg s’étaient découverts. Une alliance politique fut conclue entre eux. Ils entreprirent ensemble une série de rassemblements publics sur l’ensemble du pays, réunions au cours desquelles ils se prononcèrent contre le Plan Young. A travers le grand réseau des contacts de son parti, Hugenbers donna à Hitler la possibilité de propager, pour la première fois, dans des réunions et des séminaires, la propagande nazie dans tout le pays. Bien plus, Hitler eut accès aux quotidiens allemands que le parti nationaliste contrôlait. Hitler devint un nom connu dans toute l’Allemagne grâce à l’alliance avec Hugenberg. L’« agitation ardente contre le Plan Young donna au parti de Hitler la force de combat qui rendit possible la conquête du pouvoir », écrivit Fritz Thyssen.

 

Hitler était brutal dans ses discours, sans considération, et il faisait des attaques grossières et mensongères contre le socialisme, et l’incitation à la haine raciale contre les Juifs. Pour Hitler, les communistes et les Juifs étaient la même chose. Dans « Mein Kampf », Hitler écrivit que : « nous devons considérer le bolchévisme russe comme une tentative de la part du judaïsme de s’arroger le contrôle du monde au vingtième siècle » et que le « combat contre le bolchévisme mondial juif exige une prise de position claire vis-à-vis du soviet russe ». Hitler affirma, quelques années plus tard, dans son discours, lors de la journée nationale du parti à Nuremberg, en 1936, qu’« en Union soviétique, la direction de la République soviétique et celle des républiques paysannes, étaient à 98% entre les mains des Juifs ». L’incitation à la haine contre le communisme, l’Union soviétique et les Juifs, donna l’écho dans la classe supérieure capitaliste. Les magnats industriels allemands ouvrirent les yeux sur Hitler. L’argent commença à affluer dans la caisse du Parti nazi.

Le Plan Young fut définitivement confirmé le 17 mai 1930. Les troupes alliées quittèrent l’Allemagne six semaines plus tard. Pendant ce temps, le mouvement contre le Plan Young avait considérablement crû en force et cela grâce aux plus farouches opposants à ce plan, Hitler et le Parti nazi.

Les grands capitalistes allemands, qui avaient le contrôle sur les fonds économiques à utiliser dans le combat politique, décidèrent de soutenir Hitler avec des grands moyens. Ils avaient vu en lui une force qui pouvait être utilisée pour créer un gouvernement de droite fort avec une politique explicite contre la classe ouvrière. Hitler utilisa les contributions pour construire un grand parti national et une un grand appareil de propagande dans tout le pays, avec des milliers de fonctionnaires du parti rémunérés. Le département d’assaut entre autre était payé avec l’argent provenant du grand capital.

« La contribution du lancement », provenant de la part de la grande finance, joua un rôle décisif dans la politique allemande. Les Nazis eurent, un an plus tard, 6,4 millions de voix aux élections législatives de septembre 1930 ! Une multiplication des voix par huit du nombre des voix dans deux ans ! L’argent de la grande finance avait fait du Parti nazi, l’un des petits partis du parlement, un grand parti des masses. Pendant la campagne électorale, dans une période où le chômage avait dépassé 2 millions et où la crise économique et sociale augmentait manifestement, toute la démagogie d’Hitler trouva un terrain d’application. L’agitation électorale nazie fut concentrée sur la personne d’Hitler, Hitler comme le sauveur. Des grandes affiches avec son portrait et la rubrique « Hitler crée du travail et du pain – choisissez la liste 3 » était le slogan principal de la propagande électorale. Les succès électoraux d’Hitler et des Nazis étaient perçus de manière très bizarre sur le plan international. Que « 100 sièges au parlement (soient) conquis par un parti insignifiant, les Nationaux socialistes ou les Nazis, conduits par un orateur bizarre, Adolph Hitler, causa un grand étonnement. »

La crise économique mondiale 1930-1933

La crise économique continua à s’empirer en Allemagne après les élections législatives de septembre 1930. Le chiffre des chômeurs avait atteint les 4 millions une année après les élections ! La crise politique s’empira encore davantage après les élections avec des gouvernements faibles qui étaient en permanence obligés de trouver des compromis avec les Nazis ou sous leur feu vert. La politique appliquée était celle de droite, dirigée contre la classe ouvrière.

Sur le plan international, une crise d’une ampleur inattendue commença déjà à se renforcer à partir de 1929. Tout avait commencé aux Etats-Unis où le capitalisme avait atteint un niveau production culminant et une accumulation des marchandises d’un format jamais vu auparavant. Cette surproduction n’avait aucun débouché dans la société. Le pouvoir d’achat était mince. Les dépôts des entreprises étaient trop pleins. Le chômage augmenta d’une manière rapide et incontrôlée. Le capital fut retiré des investissements. Les capitalistes des Etats-Unis cessèrent de prêter l’argent à l’Europe vers la fin de l’automne 1929.

L’effet fut dévastateur en Allemagne et dans les autres pays qui avaient des grands emprunts aux Etats-Unis et qui avaient toujours emprunté davantage dans ce pays en vue de payer les prêts antérieurs. Il eût une chute des prix généralisée et le manque des d’argent pour rembourser les prêts. Beaucoup de pays furent obligés d’ouvrir les réserves d’or et de payer en or. Ceci rendit la situation intérieure pire encore avec l’accentuation de la crise économique. Ce qui à son tour conduisit aux restrictions dans les payements en or et les droits de douane, et à d’autres restrictions commerciales afin de protéger la production nationale. Le commerce international fut, en 1930, réduit à un filet et prit presque fin. Le chômage monta de manière rapide et incontrôlée. « La moité de l’Europe était en faillite, l’autre moitié était presque menacée de faillite ».

La situation de l’Allemagne était la pire de tous les pays européens. L’Allemagne était le premier emprunteur. L’Allemagne avait, pendant les années du Plan Dawes, de 1924 à 1929, emprunté 900 millions de Livres Sterling et payé 500 millions en dommages de guerre aux alliés. Le reste avait été investi dans le pays, dans les réparations de toutes sortes après la première guerre mondiale. L’économie allemande, publique comme privée, était totalement dépendante de l’argent emprunté. Mais maintenant, les prêts étaient terminés et l’Allemagne devait annuellement payer 100 millions de Livres Sterling en dommages de guerre. En plus, le pays avait aussi d’autres dettes privées et publiques dont le remboursement aux prêteurs, de l’ordre de 100 millions de livres Sterling, était exigé annuellement. La balance de payement du pays était déficitaire de 60 millions de Livres Sterling. Mais pour couronner le tout, l’Allemagne avait perdu des marchés d’exportation à cause de la crise internationale. Les revenus des exportations étaient tombés de 630 millions de Livres Sterling en 1929, à 280 millions de livres en 1932. Le chômage atteignit le chiffre incroyable de 6 millions de chômeurs en mars 1932 !

 

Il y régnait une situation de chaos économique général dans les affaires du monde au cours du printemps 1931. La situation économique internationale était près de la faillite. Alors que l’insécurité était totale dans les affaires, le manque de confiance des populations vis-à-vis du système politique et économique ne faisait qu’augmenter. Exactement au mois de mai 1931, l’importante banque privée autrichienne, Kredit Anstalt, qui était près de la faillite, annula ses payements. Malgré l’aide économique de l’Etat autrichien et de la Banque d’Angleterre, la panique commença à se répandre, elle alla au-delà des frontières et prit bientôt l’Allemagne. Les prêteurs exigèrent d’être remboursés et pendant une semaine, la Banque nationale allemande avait perdu 50 millions de Livres Sterling en or.

Beaucoup des pays du monde sont, au printemps 1931, proches de la faillite économique. Aux Etats-Unis, le président américain, Hoover, fit une déclaration politique pour arrêter la panique économique et la faillite de l’économie capitaliste. Et remarquez bien qu’on écrit « économie capitaliste ». C’est parce que la crise économique se trouvait seulement dans cette partie du monde. En Union soviétique où régnait le socialisme, il n’y avait aucune crise économique. Au contraire, là-bas où l’économie planifiée était d’application, le gouvernement avait commencé un plan de 5 ans qui tira le pays de la pauvreté et du sous-développement (et en fit) un pays aux chiffres de plus en plus meilleurs en ce qui concerne le développement économique, une avance économique jamais observée auparavant dans le monde.

Le président des Etats-Unis proposa, le 20 juin 1931, au monde, un délai d’un an pour le payement de toutes les dettes dans le monde, y compris les dommages de guerre allemands. L’initiative de Hoover fut bien accueillie par presque tout le monde. La France, le pays qui avait le plus souffert pendant la première guerre mondiale et l’invasion allemande, chercha à obtenir des garanties sur le payement des dommages. Le moratoire de Hoover fut accepté le 13 juillet, après un accord avec la France. Les emprunteurs du monde pouvaient souffler. Mais ce ne fut pas si facile que cela. De toute façon pas pour tout le monde. Beaucoup de grands pays, dont les Etats-Unis et la Grande Bretagne, continuèrent à avoir des grands problèmes économiques. Lorsque le moratoire de Hoover prit fin le 1 juillet 1932, la crise économique continua dans le monde capitaliste. La situation économique était pire aux Etats-Unis pendant l’hiver. 1932-1933. Le pays avait alors à peu près 15 millions des chômeurs. C’était dans de cette situation internationale que Hitler et les Nazis conquièrent le pouvoir politique en Allemagne.

Lisez la cinquème partie de cet article
 
 

yogaesoteric

16 janvier 2020

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