Covid-19 : Islande, Danemark, Suède… l’idée du passeport vaccinal fait son chemin

Pour retrouver le plus rapidement possible la vie d’avant l’épidémie, une idée fait depuis longtemps son chemin, celle du passeport vaccinal. Délivré à ceux qui ont été vaccinés contre le Covid-19, ce document leur permettrait de voyager ou d’accéder à certains lieux publics comme les restaurants ou les cinémas.

Le débat est sur la table depuis plusieurs mois. En novembre dernier, la compagnie aérienne australienne Qantas avait souhaité que ses passagers internationaux soient vaccinés contre le Covid-19 dès que cela serait possible. Maintenant que plusieurs vaccins sont là, la question se pose de façon plus aiguë à l’Union européenne. Les 27 États membres se sont mis d’accord le 28 janvier sur une série de principes pour harmoniser des « certificats de vaccination contre le Covid-19 », à défaut d’arriver à une entente sur un passeport vaccinal. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a confirmé poursuivre le travail sur une « forme de preuve de vaccination standardisée et interopérable ». Le président du Conseil européen Charles Michel a confirmé que l’UE travaillait à un certificat de vaccination commun, mais il a jugé le débat sur le passeport vaccinal « prématuré ».

L’Islande a ouvert la voie

Ce qui n’empêche pas certains pays de l’UE de franchir le pas. Le Danemark et la Suède viennent ainsi de se mettre dans le sillage de l’Islande – qui n’est pas membre de l’UE mais qui est dans l’espace Schengen – pour l’heure le seul pays au monde à délivrer des « certificats » de vaccination numériques.

La Suède veut lancer son certificat vaccinal en juin et le Danemark se donne « trois ou quatre mois ». « Il est absolument crucial pour nous de pouvoir redémarrer la société danoise, que les entreprises reviennent sur les rails », a souligné le ministre danois de la Fiscalité Morten Bodskov. « Avec un certificat de vaccination numérique il sera rapide et facile de prouver une vaccination complète », a expliqué de son côté le ministre suédois du Numérique Anders Ygeman.

Ni la Suède, ni le Danemark n’ont détaillé les lieux qui seraient accessibles avec un tel passeport. Les deux pays ont par ailleurs indiqué qu’ils rendraient leurs certificats compatibles avec les projets internationaux à l’étude au sein de l’Organisation mondiale de la santé et de l’UE.

En France, aucun projet n’est pour l’heure dans les tuyaux et le gouvernement reste très prudent sur le sujet, jugé « prématuré ». Fin décembre, une vive polémique s’était cristallisée autour d’un article du projet de loi « Gestion des urgences sanitaires ». Celui-ci prévoyait que « le Premier ministre peut, le cas échéant […] subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transport ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif ».

Autant dire que ce texte semblait introduire l’idée d’une vaccination obligatoire, en contradiction avec les engagements d’Emmanuel Macron. Les oppositions s’étaient alors engouffrées dans la brèche, dénonçant l’instauration d’un passeport sanitaire et la création de « citoyens de seconde zone ». Face à la bronca, le gouvernement avait indiqué « reporter le texte de plusieurs mois » sans toutefois le retirer.

Les enjeux des données

Reste que le sujet demeure entier. À la fois sanitaire, politique, technique et éthique. L’instauration d’un passeport ne pourrait se faire qu’à la condition que tous les Français puissent se faire vacciner de la même façon, ce qui n’est pas encore le cas – au moins jusqu’à la fin de l’été, c’est-à-dire en septembre.

Ensuite le passeport lui-même pose question puisqu’il se basera forcément sur un fichier informatique. Quid de la protection des informations personnelles dont l’UE a fait l’un de ses chevaux de bataille ? Quid aussi de l’implication des géants du numérique si ce passeport consiste en une application sur smartphone ?

Enfin, un tel fichier peut mettre à mal la cohésion sociale entre les vaccinés qui voudront vite retrouver la vie d’avant et les autres encore contraints aux restrictions sanitaires.

Autant de questions qui restent encore à régler.

La moitié des Français refusent

Une étude Ifop pour Lemon.fr publiée mi-janvier a montré l’adhésion des Français à l’imposition d’un « passeport vaccinal ». La moitié se prononce en faveur d’une obligation de vaccination faite à tous les usagers des transports en commun (52 %), aux élèves et personnels des collèges et lycées (50 %), aux spectateurs des cinémas et salles de spectacle (50 %) ainsi qu’aux salariés souhaitant exercer leur activité sur leur lieu de travail habituel (50 %). Seule activité pour laquelle une minorité des Français adhère à l’obligation vaccinale : la fréquentation des commerces (45 %).

L’émergence du tourisme vaccinal

Certains veulent se faire vacciner le plus rapidement possible, sans avoir à attendre leur tour dans leur pays.

C’est ainsi qu’émerge un tourisme vaccinal, forcément coûteux, qu’entreprennent quelques riches très pressés. La Floride, mais aussi Cuba ou les Emirats Arabes Unis font partie de ces destinations très particulières. Le phénomène est ainsi constaté depuis plusieurs semaines aux États-Unis, où la vaccination est organisée État par État. En Floride, par exemple, le vaccin, proposé gratuitement et sans condition aux plus de 65 ans, a créé un appel d’air pour les Américains d’autres Etats mais aussi pour des touristes canadiens, brésiliens ou encore argentins… Selon The Guardian, près de 50.000 doses ont été injectées à des touristes ou des résidents secondaires de plus de 65 ans dans cet état du sud.

En Inde, l’agence Gem Tours & Travels propose à ceux qui refusent d’attendre de s’enregistrer pour des formules « tout compris » pour les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Russie.

Au Royaume-Uni, une conciergerie de luxe a conclu un partenariat avec les Émirats Arabes Unis. Ses membres peuvent partir en jet se faire injecter le vaccin chinois Sinopharm. Cuba promet de son côté de vacciner les touristes volontaires dès le mois de mars…

yogaesoteric

25 février 2021

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