Les outils psychologiques du pouvoir – Manipulations par le contrôle de l’info
David B. Deserano
Traduction : André Dufour
L’intégralité de cet article est consultable en anglais sur le site web de Nexus:
http://www.nexusmagazine.com
Les milliers de messages quotidiens que nous recevons, qu’il s’agisse d’informations d’actualités, commerciales ou de divertissement, modèlent inconsciemment nos pensées, nos opinions et nos comportements. Produits et transmis par les médias professionnels, ils constituent de puissants outils subtils au service des interêts des gouvernements et du lobby militaro-industriel.
Les Etats Unis sont sans conteste le pays le plus médiatiquement saturé du monde. Nous sommes quotidiennement bombardés de mille et un messages conçus pour retenir notre attention, nous divertir et nous informer de tout depuis les chaussures jusqu’à l’idéologie politique en passant par la nourriture et les célébrités. On a évalué à plus de 3.000 le nombre d’annonces auxquelles l’américain moyen est exposé chaque jour, mais il y a en plus les nouveaux programmes, les comédies de moeurs, les films, la radio et autres formes de médias que nous choisissons de consommer. Tout cela contribue à modeler notre vision du monde et beaucoup de temps, d’effort et d’argent sont consacrés à guider notre opinion dans certaines voies bien définies. Ceci, jadis, s’appelait la propagande.
Aujourd’hui, étant donné la connotation totalitaire que ce mot charrie encore, il est remplacé dans le lexique contemporain par désinformation, conseil sur les images de marque, communication politique, stratégies de presse, publicité, publimessages, relations publiques, gestion des dommages et art de la pirouette, autant de mots qui voilent sa vraie nature et son omniprésence. Et on retrouve bien la propagande partout. Les entreprises de communication, tant dans le secteur économique qu’au niveau gouvernemental, engloutissent chaque année des centaines de millions de dollars. Les masses ignorantes, non informées, sont bien plus faciles à manipuler que les gens qui réfléchissent. Il est nécessaire de s’interroger : Qui détient l’information ? Comment est-elle diffusée ? Dans quels contextes l’est-elle ?
Les industries et les gouvernements ont consacré des décennies et des centaines de milliards de dollars à chercher les meilleurs moyens d’influencer la population. La plus grande partie de ces données sont gardées secrètes pour se protéger de l’espionnage industriel, et ce que l’on en sait émane de travaux effectués récemment par des chercheurs du monde entier qui, en comparaison, sont extrêmement mal financés. Par conséquent l’information accessible au citoyen moyen, y compris aux chercheurs en question, est infiniment moins complète que celle dont disposent les producteurs des médias ou de campagnes d’information (c’est à dire, les agences de publicité, de relations publiques, les conseillers politiques, etc.). Il est cependant un fait connu : le cerveau humain analyse différemment le message selon le média qui le véhicule. Les termes écrits et parlés sont soumis à un processus de décodage où le cerveau déchiffre les mots et la structure des phrases de façon à interpréter correctement ce qui est lu ou entendu. S’instaure alors un débat intérieur entre conscient et inconscient, confrontant ce qui est en voie d’interprétation et ce qui est déjà connu comme vrai. Dans le cas de l’image, cependant, le cerveau traite instantanément l’information comme vraie, ce qui veut dire que l’information visuelle a un impact beaucoup plus grand sur l’inconscient. Au bout de périodes prolongées, une imagerie récurrente produit un effet cumulatif sur le spectateur, ce qui permet à des concepts de vérité inconsciemment acquis de se manifester comme issus de nulle part. Il est donc évident que quiconque détient le contrôle des moyens de communication possède un pouvoir énorme sur les populations qui les recoivent.(1).
Intentions, capacités, usages et origines des medias
La radio, l’ordinateur et Internet sont tous des dérivés d’applications militaires. La radio fut inventée au milieu des années 1890 et son premier acquéreur fut le British War Office en 1896 pendant la guerre des Boers suivi trois ans plus tard par la US Navy. Pendant la première guerre mondiale, les USA placèrent tout l’équipement radio, commercial, amateur et militaire (sauf pour l’armée), sous le contrôle de la marine US, un monopole maintenu quelque temps après la guerre. Le premier ordinateur électronique opérationnel, Colossus, fut construit dans le cadre du projet ULTRA pour le département britannique des communications au Foreign Office, afin d’aider au décodage des transmissions nazies interceptées. Le premier ordinateur électronique digital, ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer), fut le résultat d’une collaboration entre la Moore School of Electrical Engineering de l’université de Pennsylvanie et le Ballistics Research Lab utilisé par l’Army Ordnance Department du centre d’essais d’Aberdeen, dans le Maryland. Il fut “conçu spécialement pour résoudre des problèmes balistiques et pour l’impression de tables de tir”. L’ancêtre d’Internet était le ARPAnet, qui fit son apparition vers 1969. La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), du Ministère de la Défense, souhaitait créer pour les militaires américains une infrastructure de communication qui puisse survivre à une attaque nucléaire. De nombreux attributs d’Internet, y compris son architecture, sa technologie et sa configuration, sont les héritiers “de ce prototype militaire.”(Sussman, 1997, pp. 87, 89, 90 ; Slater, 1987, pp.16-17 ; Stern, 1981, pp.1, 15 ; Reid, 1997, p. xx)
Au début de la première guerre mondiale en Europe, le Président Woodrow Wilson (1913-1921) fut confronté à la nécessité de convaincre le public américain, fondamentalement pacifiste (et se remettant à peine des séquelles de la guerre civile), d’accepter que ses fils soient expédiés à des milliers de kilomètres pour mener un combat qui ne les concernaient pas. Le Président Wilson conçut l’idée de créer le Committee of Public Information, connu aussi sous le nom de Creel Commission. Il était composé de dessinateurs de BD, d’écrivains, de rédacteurs, d’éditeurs et d’autres dont la profession eentrait dans le domaine de l’information. S’y trouvaient : Edward Bernays, père de l’industrie des relations publiques, et Walter Lippmann, doyen des journalistes américains, éminent critique de politique intérieure et étrangère et théoricien majeur de la démocratie libérale. En un an ils parvinrent à faire du peuple américain une population vivement germanophobe. Ce résultat extrêmement positif attira l’attention particulière de deux groupes. L’un d’eux était la communauté intellectuelle qui perçut en ces nouvelles techniques de propagande – (ce mot était utilisé ouvertement à l’époque, car il ne portait pas encore la connotation négative qui vint avec l’utilisation de ces techniques par les nazis quelques années plus tard) – un moyen universel et permanent de manipuler les foules. L’autre groupe était constitué de capitaines d’industrie qui y virent un moyen de promouvoir leurs ventes en faisant du peuple américain une population de consommateurs. La leçon qui fut tirée de tout cela fut que pour persuader efficacement les gens de faire quelque chose, qu’il s’agisse d’aller en guerre ou d’acheter un hamburger, il fallait les solliciter à des niveaux dont ils n’avaient pas conscience. (Chomsky, 1991, pp 7-10, 17-18; Chomsky & Barsamian, 2000, pp 151-152; Boihem & Emmanouilides, 1996.)
On sait bien que “la violence est à la dictature ce que la propagande est à la démocratie”, et les nazis utilisèrent les deux. Joseph Goebbels nommé, le 14 mars 1933, ministre du Reich pour l’Education du Public et la Propagande, rassembla la presse, la radio, le cinéma, le théâtre et la propagande en une seule vaste organisation et présenta les médias comme “un piano… sous les doigts du gouvernement”, qui pouvait en jouer à sa guise. Bien que la diffusion de la même information par tous les canaux puisse engendrer une certaine monotonie, il prônait une théorie selon laquelle les médias devaient être “uniformes dans les principes” mais “polyformes dans les nuances”. Ce concept s’est propagé jusqu’à nos médias d’aujourd’hui. Bien que nous disposions aujourd’hui d’une quantité énorme de magazines et de journaux, la plupart émanent de “sources hautement centralisées qui répandent une pensée remarquablement homogène. Les services d’informations pour les quotidiens dans tout le pays sont fournis par Associated Press… et les téléscripteurs du New York Times et du Los Angeles Times-Washington Post et plusieurs téléscripteurs étrangers tels que Reuters ou l’AFP. Les points de vues idéologiques de ces nouvelles sources sont sensiblement les mêmes marquées d’une standardisation préfabriquée restreinte et angoissante des nouvelles.(Neale et ass., 1992; Reuth, 1993, p 174; Parenti, 1986, pp 30-31).
La peur est un moyen puissant d’asseoir le contrôle des populations, et c’est exactement l’ effet négatif des médias sur les consommateurs. Depuis des années on a amplement pu constater que les spectateurs assidus de films ou de programmes télévisés violents ont du monde une vision beaucoup plus effrayante, dangereuse et violente qui ceux qui regardent ces médias beaucoup moins souvent voire pas du tout. Le même constat s’applique aux spectateurs des journaux du soir. En outre, “le psychiatre Robert Coles écrit que les enfants de certaines régions des USA sont davantage enclins à la peur [du monde] que ceux du Liban ou de l’Irlande du nord”; cela peut avoir un rapport avec le fait que certains des programmes télévisés et des BD les plus violents ont pour cible les très jeunes enfants. Les conséquences potentielles en sont atterrantes. Une génération élevée dans la peur du monde sera portée à des comportements malsains pour se protéger de choses qui n’existent pas, comme par exemple d’accepter le sacrifice de leurs libertés civiques fondamentales au nom d’une recherche fallacieuse de la sécurité. (Jhally & Dinozzi, 1994; Pipher, 1994).
Il est très difficile pour un humain de tuer un membre de sa propre espèce; pour l’y amener il faut qu’il soit manipulé. Pendant la deuxième guerre mondiale, on a estimé à seulement 15 à 20% la proportion de fantassins isolés, livrés à eux-mêmes, capables d’utiliser leur arme contre un ennemi constituant une cible visible. On attribua cela à l’entraînement reçu, au cours duquel on leur apprenait à viser le centre d’une cible. Evidemment, il n’y a pas de cible de tir sur les champs de bataille, aussi après la guerre les militaires les remplacèrent-ils par des silhouettes humaines. Et lorsque survint la guerre du Vietnam, 95% des fantassins firent feux lorsque des ennemis se présentèrent dans leur ligne de mire. Aujourd’hui le Corps des Marines utilise comme outil d’entraînement une version modifiée du jeu vidéo Doom (nommé Marine Doom), conjointement aux exercices traditionnels au champ de tir avec munitions de guerre sur cibles réalistes, de façon à rendre habituel aux hommes l’acte de tuer. En fait, cela eut tant de succès que le Marine Corps Combat and Development Command à Quantico, Virginie, a choisi plus de trente jeux électroniques commerciaux potentiellement utilisables comme systèmes d’entraînement. Ceci soulève une question fort troublante. Si, depuis des dizaines d’années, les militaires américains ont confirmé l’efficacité de l’utilisation de cibles à formes humaines pour normaliser l’acte de tuer, quel peut être alors l’influence de jeux similaires sur des gamins, lorsque le but est d’abattre sans discernement un “ennemi” avec des armes de jeux ? A la lumière de ceci, rien d’étonnant qu’il y ait des tueries dans les écoles. (Jhally & Huntermann, 2000; Naisbitt et ass., pp 76-77).
Un des principaux sujets de réflexion à la Maison Blanche est la maîtrise et la direction de l’économie mondiale par le contrôle de l’information. Alors que la deuxième guerre mondiale faisait encore rage, “les dirigeants américains comprirent le rôle central que jouerait la maîtrise de l’information dans l’accès à une prédominance mondiale. Bien avant que le reste du monde ait réagi, des groupes américains, privés et gouvernementaux, avaient développé activement la primauté médiatique et culturelle sur tous les continents. “Les films et programmes de télévisions américains “constituent la denrée première des systèmes nationaux dans la plupart des pays. De nouveaux programmes, particulièrement ceux de CNN, offrent des perspectives américaines, souvent les seules disponibles, aux spectateurs du monde. La musique enregistrée, les parcs à thème et la publicité constituent l’essentiel de l’environnement culturel mondial…”
“Particulièrement intéressante, cependant, l’habile association de la mise en oeuvre de l’information avec les principes philosophiques alimente le glissement vers un pouvoir culturel concentré. Ce développement est sous-tendu, non par les lois du hasard, mais par une planification stratégique rarement reconnue comme telle. Celle-ci connaît un succès qui dépasse les attentes de ceux-là mêmes qui l’ont conçue.”(Schiller, 1995, pp 18-19; Alen, 2000, pp 87, 89-99).
Dans les pays industrialisés, les individus consacrent en moyenne trois heures par jour à regarder la télévision, c’est à dire environ la moitié de leur temps de loisir. Seuls le travail et le sommeil occupent plus de temps. A ce rythme, une personne atteignant 75 ans aura passé plus de neuf années de sa vie devant la petite lucarne. Pourquoi agissons-nous comme cela ? Au cours de certaines études, des sujets ont déclaré que la télévision était une source de détente, ce qui fut confirmé par les électroencéphalogrammes, la conductivité épidermique et le rythme cardiaque, mesurés pendant le visionnage d’une émission télévisée. Cependant, même si les téléspectateurs associent télévision et relaxation, les recherches ont montré qu’il s’agira plutôt de passivité et d’une diminution de la vigilance. En outre, dés que la télévision est éteinte, le sentiment de détente s’estompe rapidement, tandis que la passivité et la diminution de vigilance perdurent assez longtemps. “Quelques instant après s’être assis ou couchés et avoir poussé le bouton d’allumage, les téléspectateurs disent se sentir plus détendus. L’apparition rapide de la relaxation conditionne les gens à associer la télévision à une baisse de tension. L’association est renforcée par effet positif parce que les spectateurs demeurent détendus tant qu’ils regardent, et par effet négatif à cause du stress et de l’humeur dégrisante qui surgissent dés que l’écran est éteint…”
L’attirance des humains pour la télévision est liée en partie à la réponse biologique orientée. “Décrite initialement par Ivan Pavlov en 1927, la réponse orientée est notre réaction instinctive, visuelle ou auditive, à tout stimulus soudain ou nouveau. Cela fait partie de notre héritage atavique, une sensibilité innée au mouvement et à la menace prédatrice potentielle. Les réactions orientées typiques comprennent une dilatation des vaisseaux sanguins irrigant le cerveau, un ralentissement cardiaque et une contraction des vaisseaux qui irriguent les principaux groupes musculaires. Le cerveau se concentre sur la récolte d’un complément d’information, tandis que le reste du corps se calme… En 1986, Byron Reeves de l’université de Stanford, Esther Thorson de l’université de Missouri et leurs collègues se mirent à vérifier si les procédés formels simples de la télévision – coupures, changements de plan, zooms, panoramiques, bruits inattendus – activaient la réponse orientée, maintenant ainsi l’attention sur l’écran. En observant l’impact de ces procédés sur les ondes cérébrales, les chercheurs conclurent que ces effets stylistiques pouvaient en effet déclencher des réponses involontaires et capter l’attention grâce à notre capacité atavique de détection du mouvement… Ce qui est remarquable en télévision, c’est la forme, pas le contenu… La recherche de l’équipe d’Annie Lang à l’université d’Indiana a révélé que le rythme cardiaque diminue pendant quatre à six secondes après un stimulus orientant. Dans la publicité, les séquences d’action et les vidéos musicales, les procédés formels se produisent souvent à la cadence d’un par seconde, ce qui a pour résultat d’activer les réponses orientées de façon continue.” (Kubey & Csikszentmihalyi, 2002; Boihem & Emmanouilides)
En août 1999, l’armée américaine signa un contrat de 45 millions de dollars sur cinq ans avec l’université de Californie du sud, choisie pour sa proximité d’Hollywood, afin d’impliquer les experts de l’école en matière de cinéma, effets spéciaux et autres technologies, dans une contribution à l’entraînement des troupes, avec scénarios de batailles, combats en réalité virtuelle et simulations à grande échelle où étaient reproduites des situations similaires à l’opération Tempête du Désert. Ce partenariat est connu sous le nom de Institute for Creative Technologies. Jack Valenti, du Motion Picture Association of America, déclara que “le monde digital des réalités virtuelles… sera englobé dans cette nouvelle grande entreprise de coopération”. Cependant, selon James Der Derian, professeur en relations internationales à l’université Brown, “Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est peut-être pas seulement la naissance d’un nouveau genre de centre technologique, mais la création d’un complexe de divertissement militaro-industrialo-médiatique”. (US Army, 1999).
En octobre 1999, la CIA organisa un somptueux gala pour la première du film In Company of Spies [En Compagnie d’Espions], premier thriller à porter le sceau “approuvé par la CIA”. Avec en vedette Tom Beringer et Ron Silver, réalisé par Tim Matheson (Otter de Animal House), écrit par Roger Towne (auteur du scénario de The Natural) et produit par David Madden et Robert W. Cort (qui est lui-même un ancien de la CIA). Le film a été tourné spécialement pour Showtime, une filiale d’AOL Time Warner, la plus grande corporation médiatique du monde… En 2001, trois nouvelles séries télévisées (The Agency, Alias, et 24) et sept films (y compris Bad Company, The Bourne Identity et The Sun of All Fears) furent tournés avec l’approbation de la CIA. (Loeb, 1999; Campbell, 6 septembre 2001,; Patterson, 2001).
Les producteurs de films hollywoodiens et le Pentagone partagent une longue histoire de coopération. Le Pentagone considère l’industrie cinématographique comme un relais essentiel de relations publiques. Selon un rapport récemment publié, il est dit que “les représentations militaires audiovisuelles sont devenues une publicité”. Ce qui explique l’empressement de l’Air Force à participer à l’éphémère série-réalité de CBS, diffusée en 2002, American Fighter Pilots, qui dépeint l’entraînement en vol de trois hommes sur F15. La direction de production etait assurée par Tony Scott (réalisateur de Top Gun) et son frère Ridley Scott (réalisateur de Black Hawk Down). Etant donné le coût faramineux de l’équipement militaire, il est financièrement logique qu’un producteur de films s’assure la coopération de l’armée. Cependant cela implique souvent la modification de certains scripts pour satisfaire les désideratas du Pentagone (c’est à dire que le personnel militaire et gouvernemental doit être dépeint sous des aspects positifs et héroïques, les idéologies américaines doivent être renforcées et non critiquées). Par exemple:
*Dans GoldenEye (1995), “le scénario d’origine montrait un amiral de la Navy qui trahissait des secrets d’état, cela fut modifié et le traître devint un membre de la Marine Française”. * Malgré quelques changements portant sur les personnages d’Independence Day (1996), le ministère de la Défense refusa toute assistance parce que “les militaires y font figure d’impuissants ou d’incapables. Tous les progrès dans la résistance aux aliénigènes sont dus à l’intervention de civils”.
* D’autres films ayant reçu des aides du Pentagone sont : Air Force One (1997), A Few Good Men (1992), Armageddon (1998), The Hunt for Red October (1990), Pearl Harbour (2001), Patriot Games (1992), Windtalkers (2002), Hamburger Hill (1987), The American President (1995), Behind Enemy Lines (2001), Apollo 13 (1995), Tomorrow Never Dies (1997) et A Time to Kill (1996).
* Certains films pour lesquels l’assistance fut refusée comprennent : Apocalypse Now (1979), Catch-22 (1970), Dr Strangelove (1964), Full Metal Jacket (1987), The Last Detail (1973), Lone Star (1996), Mars Attacks! (1996), Platoon (1986) et The Thin Red Line (1998). (Campbell, 29 août 2001; Weiss, 2002).
Le 19 février 2002, le New York Times annonça que l’Office de l’Influence Stratégique (OSI) du Pentagone “concevait des moyens de fournir de nouveaux sujets, éventuellement fallacieux, à des organisations médiatiques étrangères dans le but d’influencer les sentiments du public et les planificateurs politiques, tant dans les pays amis que chez les opposants”. L’OSI fut créé immédiatement après le 11 septembre “pour diffuser les vues du gouvernement américain dans les pays islamiques et générer un mouvement en faveur de la ‘guerre américaine contre le terrorisme’. Cette récente information fait sérieusement craindre que, loin d’être une honnête tentative d’explication de la politique américaine, l’OSI serait un programme fondamentalement antidémocratique consacré à répandre la désinformation et à tromper le public, tant chez nous [aux USA] qu’à l’étranger… La loi interdit au gouvernement de faire de la propagande sur le territoire national, mais le nouveau projet de l’OSI va probablement permettre à la désinformation de s’implanter dans les rapports de presse à l’étranger, lesquels seront reproduits par des organes de diffusion américains”. (“Media Advisory : Pentagon propaganda plan…”,2002)
Les médias et le contrôle du contenu
Avant de prendre sa retraite, le directeur général de AOL Time Warner, Gerald Levin, déclara à MSNBC que le département Internet de sa compagnie avait eu l’occasion de prêter assistance aux enquêteurs antiterroristes, “apparemment en livrant accès au trafic de courrier électronique”. Selon Jeff Chester, directeur du Center for Digital Democracy, “il y a un quiproquo implicite dans cette déclaration… il semble bien que l’industrie soit en train de dire à l’administration : “nous sommes des patriotes, nous soutenons la guerre… alors libérez-nous des contraintes.” Que cela soit exact ou non, le 2 juin 2003, la FCC [Federal Communications Commission] vota à 3 voix contre 2 un assouplissement des règles sur la propriété médiatique. (Roberts, 2002 ; Kirkpatrick, 2003)
A l’issue de la deuxième guerre mondiale, les forces Alliées empêchèrent la concentration des médias en Allemagne occupée et au Japon “parce qu’elles avaient observé que de telles concentrations favorisaient les cultures politiques antidémocratiques, et même fascistes”.
Dans les années cinquante, la plus grande partie des médias de masse américains (stations de télévision, de radio, studios de cinéma, éditeurs de magazines, journaux et livres et agences de publicité, etc.) appartenaient à plus de 1.500 sociétés. Dés 1981 elles n’étaient plus que cinquante. Aujourd’hui, elles sont six : AOL Time Warner, la Walt Disney Company, Bertelsmann, Viacom, News Corporation et Vivendi Universal avec, suivant de près : Sony, Liberty Media et General Electric. Dans notre système électoral actuel, “atteindre le public est la notion qui remplace “engranger des voix”. De même que les publicistes vendent des produits aux auditeurs et téléspectateurs, les conseillers politiques vendent les candidats à ce même auditoire. Dans les élections contemporaines médiatiquement pilotées, les consommateurs de programmes, de publicité et de films constituent un marché ciblé d’électeurs. Dans un sens plus large, les citoyens sont transformés en consommateurs, on leur propose un produit médiatique plutôt qu’une plate-forme politique”. (McChesney, 2000, p.61; Nichols & McChesney, 2000, p.28; Bagdikian, 2000, pp.21-22; Andersen, 2000, p.251; Taylor, 2002)
Rupert Murdoch est propriétaire de News Corporation, la cinquième en importance des entreprises de médias qui comprend : 20th Century Fox, Fox Television Broadcasting Corp. (incluant de nombreuses filiales telles que Fox Sports Channel, Fox Movie Channel, etc., ainsi que F/X et le National Géographic Channel), des revues telles que The Weekly Standard, Inside Out et TV Guide, des journaux tels que le New York Post aux USA, 22 journaux en Australie et neuf en Angleterre incluants le Times, le Sunday Times et le Sun, ainsi que les maisons d’édition Harper Collins et Regan Books. Murdoch a utilisé son pouvoir médiatique pour lécher les bottes de quelques uns des personnages les plus influents de l’histoire récente, tels que Ronald Reagan, George H.W. Bush, Bill Clinton, Margaret Thatcher et Tony Blair. Ou, plus exactement, c’est l’inverse. Tony Blair, une fois élu, parvint en échange de l’appui offert pendant sa campagne électorale dans les publications de Murdoch à faire modifier, la politique britannique sur la propriété des médias. En vérité on rapporte que Murdoch lui-même aurait dit : “Lorsque vous êtes le fournisseur exclusif vous avez tendance à régenter”. (Williams, 2000; “News Corporation”,2003; Jhally, 1997)
Pendant la première guerre du Golfe, chacun des trois grands réseaux médiatiques était profondément impliqué dans la guerre : ABC alors propriété de Capitol Cities (appartenant maintenant à la Walt Disney Company), et dont la présidence faisait partie de conseil d’administration de la Texaco Oill, CBS, à l’époque propriété de Westinghouse, appartenant aujourd’hui à Viacom, et qui possédait aussi la Rand Corporation et la Honeywell Corporation, et toutes deux sous-traitants majeurs dans l’industrie de la défense, ce qui implique que la guerre leur était une grande source de revenus et NBC qui était, et est toujours, propriété exclusive de la General Electric. Cette dernière avait conclu un contrat de 2 milliards de dollars avec les militaires américains pour la fabrication des Tomahawk et des missiles remarquablement inefficaces Patriot, et on estime que cette société a encore gagné des millions de dollars supplémentaires après la guerre, pour la reconstruction du Koweït. Il faut ajouter que les membres de la famille royale koweïtienne étaient des actionnaires très importants de G.E. On rapporte que John Welch, directeur général de la General Electric, fit un jour à Lawrence Grossman, président de NBC, la remarque suivante : “Souvenez-vous que vous travaillez pour G.E.”.
(Naureckas, 1991; Williams, 2000; “Corporate Info”, 2003; Jhally, 1997)
“Il est un fait très simple : dans la plupart des salles de rédaction traditionnelles, la pratique journalistique consiste à déterminer la trame de base d’une histoire avant même d’en avoir assemblé tous, ou même la plus grande partie, des éléments. De même que de nombreux théoriciens avancent une hypothèse de travail avant d’achever la collecte des données, ainsi de nombreux journalistes ont l’habitude de concevoir le sens ou le cadre d’une actualité avant d’avoir interviewé qui que ce soit, d’avoir lu une documentation ou d’avoir pris connaissance de tous les faits. Parfois ils ont même tendance à observer l’adage : ‘Ne laissez jamais les faits vous empêcher de produire une bonne histoire’.” Pourquoi en est-il ainsi ? De nombreuses raisons peuvent être invoquées mais l’une des principales en est toujours l’érosion de leurs valeurs éthiques par la structure économique changeante des réseaux de télévision. Là où fleurissait une culture vouée à du grand journalisme, se substituent à présent des pratiques dominées par les maîtres de gestion et la responsabilité financière. La responsabilité envers les actionnaires (faire de l’argent) a remplacé celle envers la démocratie et les citoyens qu’elle est censée servir”. Pavlik, “”News framing and new media”, 2001, pp.312-314)
Vous croyez qu’il y a une liberté de parole dans ce pays ? Pas si vous êtes à la télévision. Demandez donc à Bill Maher. Peu après les attaques du 11 septembre, en réaction au fait que les pirates de l’air avaient été qualifiés de lâches, Maher déclara au cours d’une diffusion tardive de son émission ABC Politically Incorrect : “Nous avons été lâches en balançant des missiles de croisière à 3.000 km des objectifs. Ca c’est une lâcheté. Rester dans un avion qui va droit vers un immeuble, dites-en ce que vous voudrez, ça n’est pas une lâcheté.” Moins d’une semaine plus tard, son émission fut supprimé. (Armstrong, 20 et 27 septembre 2001,; “Maher tapes final episode…”, USA Today, 29 juin 2002,; Hirsen, 15 mars 2002,) 52) Au cours d’un concert à Londres, le 10 mars 2003, Natalie Maines, le chanteuse vedette des Dixie Chicks déclara à son auditoire : ” Vous savez, c’est ainsi, nous sommes honteux que le Président des Etats Unis soit un texan !” Depuis lors ses représentations ont subi des boycotts organisés un peu partout dans le pays. Clear Channel, le plus gros propriétaire de stations de radio des US (plus de 1.200), a supprimé les Dixie Chicks de leurs répertoires. Clear Channel est aussi impliqué dans l’organisation de manifestations de masses en faveur de la guerre et contre les mouvements pacifistes. Tom Hicks, vice-président de cette compagnie, est membre du Bush Pioneer Club, un club de la très généreuse élite qui soutient certaines campagnes politiques. Il fut membre du conseil de l’université du Texas. Pendant cette période, il était “responsable de l’établissement de contrats de gestion de fondations de la nouvelle UT Investment Management Co. (UTIMCO), [sous une législation signée par celui qui était à l’époque le Gouverneur George W. Bush]. Les contrats étaient accordés à des firmes politiquement liées à la fois à Hicks et à Bush, dont le Carlyle Group, une firme qui a déjà servi la soupe au premier président Bush…” En plus des quelques 1.200 stations de radio, Clear Channel possède aussi 36 stations de télévision et 41 amphithéâtres et organise chaque année plus de 26.000 spectacles incluant des concerts, des productions de Broadway, des produits de tourisme ainsi que des sports et courses de voitures.(Ali, 2003; Fitzgerald, 2003; “Corrected”, 2003; Nichols & McChesney, 2003; “Radio ga ga”, 2003; Clear Channel, 2003)
Le journalisme et la menace sur le Premier Amendement (voir NDT)
En 1970, Peter Dale Scott, professeur d’anglais au collège de Berkeley, publia The War Conspiracy [la Conspiration Guerrière], une investigation cinglante sur la CIA et les sociétés pétrolières à propos de manipulations de la politique étrangère américaine dans le but d’intensifier à leurs profits la guerre du Vietnam. Avant que le livre n’atteigne le public, la CIA intervint et réussit à empêcher sa diffusion.(Scott, “The War Conspiracy”, n.d.t) 109) Vladimir Pozner est un commentateur de l’Ex-union soviétique, né à Paris. Célébrité internationale de télévision, il fut un des principaux interprètes du pays pour la glasnost et la perestroïka et il est aujourd’hui président de l’Académie Russe de Télévision.
Voici ce qu’il écrit, dans son autobiographie de 1990, à propos de l’art du journalisme : “…la réalité du journalisme ne concerne pas que les faits car, si c’était le cas, les ordinateurs remplaceraient les journalistes. Le journalisme implique toujours des choix; choix dans les sujets, dans leurs traitements, dans les mots. Il en résulte que la prétention d’objectivité des reportages sert simplement à camoufler ce qui, en fait, est une activité chargée de jugements de valeurs. Le public n’est pas le seul trompé par cette prétention; les journalistes eux-mêmes peuvent être pris à leur propre jeu.” Lors d’une interview pour la Pravda en mars 2003, Pozner affirma que, à son avis, la télévision russe actuelle est plus libérale et plus libre que la télévision américaine. En outre, il déclara : “parmi les pays démocratiques, c’est aux USA qu’il y a en ce moment le moins de liberté de parole à la télévision”. (Pozner, 1990, pp.187-188; “Vladimir Pozner”, n.d.; Pozner & Novikova, 19 mars 2003)
Gary Webb, journaliste célèbre, a reçu au fil d’une carrière de plus de 19 années, plus de 30 distinctions honorifiques, dont le prix Pulitzer en 1990, le H.L. Mencken Award de la Free Press Association en 1994 et le Media Hero’s Award en 1997. En 1996 il écrivit une série d’articles intitulés “Sombres Alliances”, qui révélaient comment une armée terroriste soutenue par les USA, les Contras du Nicaragua, avait financé ses activités en vendant du crack [chlorhydrate de cocaïne] au plus grand dealer des ghettos de Los Angeles. Le document établissait l’existence de contacts directs entre les trafiquants qui apportaient la drogue à L.A. et deux agents nicaraguayens de la CIA qui organisaient les Contras en Amérique Centrale. En outre il révélait que des membres du gouvernement américain de l’époque connaissaient les activités de ce narco-circuit et firent peu de chose, sinon rien, pour les empêcher. Les preuves comprenaient un témoignage sous serment d’un des trafiquants, informateur du gouvernement, selon lequel un agent de la CIA leur avait donné des instructions précises pour récolter des fonds en Californie destinés aux Contras.” L’article fut publié sur le site internet du journal pour lequel il travaillait, le San Jose Mercury News, et fut rapidement lu dans le monde entier, les consultations du site se chiffrèrent à 1,3 millions pour ce seul jour. Les retombées de l’affaire furent énormes : les trois plus grands journaux du pays, le New York Times, le Washington Post, et le Los Angeles Times, publièrent des histoires sur Webb lui-même, plutôt que sur son article. “Jamais auparavant les trois plus grands journaux n’avaient consacré autant d’énergie à tenter de détruire une information rapportée par un autre journal.” Pourquoi? “Fondamentalement parce que le reportage présentait des idées dangereuses. Il suggérait que des crimes d’Etat avaient été commis. Si l’histoire était véridique, cela impliquait la responsabilité du gouvernement fédéral était , même indirecte dans la manne de crack qui envahit les quartiers dans les années 1980…”(Edwards, 2003; Webb, 2002, pp.306, 309)
En février 2000, le journal hollandais Trouw et le bulletin français Intelligence rapportèrent que le Fourth Psychological Operations Group (PSYOPS) [Quatrième Groupe d’Opérations Psychologiques] de l’armée américaine à Fort Bragg, NC, opérait au département dee l’information du quartier général de CNN à Atlanta, vers la fin de la guerre du Kosovo, en 1999. “Dans les années 1980, des officiers du PSYOPS occupaient des postes au sein de l’Office of Public Diplomacy (OPD) [Office de la Diplomatie Publique) du Conseil National de Sécurité; une obscure agence de propagande gouvernementale qui ensemençait les médias américains d’informations favorables à la politique de l’administration Reagan en Amérique Centrale. Un officier supérieur américain décrivit l’OPD comme étant «une vaste opération de guerre psychologique identique à celles menées par les militaires pour influencer les populations dans les territoires ennemis» [Miami Herald, 19 juillet, 1997]…”(“Action Alert”, 2000; Cockburn; “Media Advisory”, 2002;Fisk, 25 février 2003)
Dans une impressionnante collection de rapports de presse, Fairness & Accuracy in Reporting (FAIR) fit observer que, en 1998, les organes suivants : World News This Morning de ABC, Today de NBC, le Los Angeles Times de Associated Press, la radio publique nationale, CNN, USA Today, le New York Times, le Washington Post et Newsday ont tous publié le fait que l’équipe d’inspecteurs en l’armement mandatée en Irak par l’ ONU avaient été retirée sur ordre de cette même administration. Quatre ans plus tard, chacun de ces organes de presse rapporta que les inspecteurs avaient été expulsés par Saddam. Avaient-ils oublié leurs propres reportages ou bien, fonctionnant en agents de propagande, étaient-ils en train d’assister consciemment le gouvernement des USA à réécrire l’histoire selon une version de nature à favoriser les visées guerrières de l’administration Bush ? (“What a difference four years makes…”, 2002)
Pour être “intégrés”, les journalistes doivent signer, avec le gouvernement, un contrat qui exige explicitement qu’ils “suivent les directives et ordres du gouvernement” et qui leur interdit d’intenter des actions en justice pour dommages corporels et décès, même si cela “était causé ou favorisé” par les militaires. Ils sont presque complètement contrôlés par l’armée et “acceptent de renoncer à leur autonomie en échange d’un droit d’accès aux combats selon les directives des militaires”. Depuis le début des hostilités, la population britannique en général est devenue plus favorable à la guerre, et à ce propos le ministre britannique de la Défense, Geoff Hoon, dit que “les images qu’ils [les journalistes ‘intégrés’] diffusent sont au moins en partie responsables de ce revirement de l’opinion publique”. A la fin du mois de mars 2003, Hoon déclara : “Une des raisons justifiant que les journalistes soient “intégrés” est justement d’éviter des tragédies du genre de celle qui frappa récemment une équipe d’ITV [télévision indépendante] lorsque… un journaliste fut tué parce qu’il ne faisait pas partie de l’organisation militaire”. Terry Lloyd, reporter de ITN, et deux de ses équipiers (le cameraman Fred Nerac et le traducteur local Hussein Othman) furent tués par “un tir allié”.(Miller, 3 avril 2003; “Missing ITN crew…”, 23 mars 2003)
Le correspondant de Newsday, Patrick J. Sloyan, qui couvrit la guerre du Golfe en 1991, écrivit récemment : “Lorsque débuta la guerre aérienne en janvier 1991, les médias diffusèrent des extraits soigneusement sélectionnés par le général Norman Schwarzkopf en Arabie Saoudite et le général Colin Powell à Washington DC. La plus grande partie était carrément falsifiée.” Cela se produit encore cette fois-ci. Selon Christian Lowe, du magazine militaire Army Times, les journalistes “habilités” sont “traqués par des officiers militaires des relations publiques qui observent chacun de leurs mouvements et regardent par dessus leur épaule lorsqu’ils interviewent des aviateurs, des marins et des intendants pour recueillir leurs récits”. (Solomon, 2003; Miller, 3 avril 2003)
Le 27 janvier 2003, CNN distribua à tout son personnel un document intitulé : “Rappel sur l’Approbation des Scripts”. Celui-ci transmettait la directive imposant que tout papier dût être soumis à un comité d’éditeurs anonymes de scripts à Atlanta et que ceux-ci étaient habilités à exiger des modifications. Le texte disait : “Un script ne reçoit le permis de diffusion que lorsqu’il est clairement ratifié par un directeur autorisé, et dupliqué pour copie interne… Lorsqu’un script a été modifié, il doit recevoir une nouvelle approbation, de préférence par l’autorité qui a effectué la première lecture.”
Cela implique que, bien que le correspondant en Jordanie, à Bagdad ou sur la côte ouest comprenne assurément mieux la situation locale et les nuances de son histoire que les autorités d’Atlanta, ce sont les éditeurs anonymes de CNN qui décident de la tournure que prendra le récit. En d’autres termes, CNN se censure elle-même, ou accepte d’être censurée. (Fisk, 25 février 2003; Goodman & Rendall, 2003)
L’agence Fairness & Accuracy in Reporting (FAIR) fit une étude quantitative, du 30 janvier au 12 février 2003, concernant ABC World News Tonight, CBS Evening News, NBC Nightly News et The NewsHour with Jim Lehrer sur PBS. L’étude en déduisit que, sur les 393 invités à l’antenne pour des reportages nocturnes sur l’Irak, plus de 2/3 (267) étaient américains, et 65% de ceux-ci (199) étaient des officiels gouvernementaux ou militaires, en service ou en retraite. Un seul exprima du scepticisme ou une désapprobation de la guerre. “Une telle prédominance de sources officielles garantit virtuellement l’absence de représentation de toute perspective indépendante ou d’opinion publique.” En fait, 20 seulement des 393 représentaient le gouvernement irakien et trois les organisations anti-guerre. A un moment où 61% des américains interrogés disaient aux enquêteurs qu’il fallait accorder plus de temps à la diplomatie, 6% seulement des sources américaines sur les quatre réseaux se montraient dubitatifs quant à la nécessité d’une guerre; la moitié de ceux-ci étaient des gens de la rue et l’autre moitié des inconnus. (“In Iraq crisis, networks are megaphones…”, 18 mars 2003)
A propos de l’auteur :
David B. Deserano, récent lauréat de la Portland University, Oregon, est titulaire d’une maîtrise en science de la Théorie des Communications. Il a consacré une bonne part de son temps à faire des recherches sur les nombreux liens qui existent entre la gouvernement et les médias soi-disant libres. Il a transformé cet article (qui était à l’origine sa thèse de maîtrise) en une revue illustrée. Vous pouvez contacter Dave Deserano par email à fortytwoent@yahoo.com.
yogaesoteric
article tiré de la revue Nexus
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