Le printemps – le moment mystérieux et magique du début
Par le professeur de yoga Gregorian Bivolaru
Le miracle de l’existence humaine a suscité au fil du temps l’imagination de nombreux philosophes qui ont essayé en vain de l’expliquer, mais ils n’ont réussi qu’à l’enfermer dans des concepts et des théories secs, sans vie. En réalité, le miracle de la vie ne peut pas être expliqué par des mots ni directement. Les sages ont observé que la vie a ses propres cycles, son rythme propre, qui est très semblable au cycle naturel de la succession des saisons. Dans le cycle annuel, chaque saison, « s’écoule » et se déverse dans l’autre par le miracle de la vie. Symboliquement, mais aussi concrètement, la vie prend sa source au printemps, lorsqu’il commence son voyage qui passe par la naissance, la maturité, la procréation, la vieillesse et la mort, pour ouvrir la voie à une nouvelle vie.
Dès que le premier perce-neige sort ses feuilles du sol noir et fertile, il évoque pour nous une véritable célébration de la vie. C’est comme si on pouvait entendre pousser les feuilles vertes et vigoureuses des plantes qui saluent le ciel brumeux de l’hiver, pour soupirer ensuite de plaisir en plein soleil. Leur parfum doux est plein de la promesse de débuts fructueux, et nous attendons avec espoir l’aventure de notre cycle annuel, impatients de commencer notre voyage spirituel.
Au début de chaque cycle de la vie, les poissons nagent dans les eaux où ils sont nés, les grenouilles retournent dans leurs lieux familiers pour y pondre leurs œufs et les oiseaux, dont certains ont parcouru de longues distances avec leur conjoint et leur famille, procèdent à la réparation des nids anciens qui ont été touchés par les intempéries en hiver. Tout est maintenant prêt pour la procréation qui renouvelle le monde, régénérant tout ce qui est lié à la vie. A notre tour, nous devons nous éveiller et sortir de l’illusion que nous sommes séparés des autres, comprendre que nous sommes tous profondément liés dans l’Esprit, en réalisant cette démarche de transformation au niveau de la conscience spirituelle, la réalité métaphysique qui représente l’unité de la Création entière.
Mars
La naissance, la renaissance et le principe féminin universel (MAHA SHAKTI)
Le printemps est traditionnellement considéré comme la saison de la femme, la période de la gestation et de la procréation. Les images caractéristiques de cette saison sont féminines, représentant l’Esprit créateur qui se trouve à la fois dans l’homme et dans la femme. Que cette image féminine soit ou non associée avec la maternité, sa présence attire l’attention sur le pouvoir et l’importance de la créativité féminine dans nos vies. La Mère Terre, qui donne la vie aux animaux et aux plantes, est son image archétypale.
La pureté et la sainteté de certaines facettes de la féminité indiquent le rôle créateur de la femme dans la Manifestation. On retrouve ce genre d’images dans plusieurs cultures et traditions : dans l’hindouisme, Parvati, la Reine de la Montagne et la bien-aimée de Shiva, le dieu de la transformation et de régénération, donne vie à Ganesha, le dieu de la sagesse, qui enlève tous les obstacles apparus devant ses aspirants (VINYAKARA), à partir d’argile et jette sur lui de l’eau d’un fleuve sacré. Les gnostiques adoraient SOPHIA (La Sagesse), l’aspect féminin de leur Divinité, qui pouvait donner naissance à une Création autonome.
Pour les chrétiens, la Vierge Marie incarne la pureté et l’amour inconditionnel d’une mère, tandis que Marie-Madeleine est l’amour sensuel et l’érotisme mystique. Dans le bouddhisme tibétain MAHAYANA, TARA la Verte et jeune est considérée comme une bodhisattva femme, sa couleur indiquant la vigueur et la force dynamique. Les Musulmans vénèrent le rôle de la mère pour sa fécondité et le soin qu’elle porte aux nouveau-nés. Partout dans le monde, les êtres humains ont toujours été les témoins mystérieux du pouvoir de la Terre Mère et ils ont attribué des propriétés mystiques à la grossesse et à l’accouchement. Dans toutes les cultures et traditions spirituelles, nous rencontrons des mythes de la Création.
Perséphone et Déméter
Le mythe grec de Perséphone (Proserpine, chez les Romains) et de sa mère, Déméter (Cérès), la déesse de la terre et de l’agriculture, explique le cycle naturel de la croissance et de la décroissance ou le déclin à qui est soumis toute forme de vie. La belle déesse virginale Perséphone a éveillé l’amour de Hadès (Pluton), le dieu des enfers, qui l’a kidnappé et l’a gardé chez lui dans les profondeurs de la terre, jusqu’à ce qu’elle accepte de devenir sa femme. Déméter, par contre, emportée par la colère, a décidé que plus rien dans la nature ne puisse grandir et se développer, jusqu’à sa fille ne revienne.
Face à une famine dévastatrice, les dieux ont cherché à convaincre Hadès de libérer Perséphone. Il a accepté, mais avant de partir, il a donné à manger à la jeune déesse trois grains de grenade, ce fruit étant un symbole du mariage. Hadès a déclaré que par ce geste, Perséphone montrait qu’elle voulait être sa bien-aimée et a obtenu qu’elle reste avec lui pendant trois mois chaque année, un mois pour chaque perle de grenade mangée. Ainsi chaque hiver, Perséphone descend aux enfers et la terre, avec sa mère, se met en deuil pour que le printemps, lors du retour de Perséphone, Déméter permette de nouveau à toute la nature de revenir à la vie pendant neuf mois.
La libération de la tristesse et de la colère
En mangeant les perles de grenade, Perséphone a la réaction habituelle de quelqu’un qui est emprisonné dans l’enfer personnel du malheur – avec le temps elle s’attache au malheur, par habitude, ou par peur de choisir l’inconnu. Nous sommes souvent attirés par les choses qui nous font peur ou qui provoquent en nous de la souffrance. Dans « Le Prophète », Khalil Gibran décrit le départ d’Al-Mustafa de la ville d’Orphalèse ainsi :
« Mais comme il descendait la colline, une grande tristesse l’envahit et il pensa en son cœur :
Comment pourrais-je m’en aller avec calme et sans regret ? Non, ce n’est point sans une profonde blessure au cœur que je devrai faire mes adieux à cette cité.
J’ai passé entre ces murs de trop longues journées de douleur et de trop longues nuits de solitude. Lorsqu’arrive le moment de se libérer de la souffrance et de la solitude, comment le faire sans regret ?
J’ai laissé trop de mon âme au détour de chacune de ces rues comme mille images dispersées de ma mémoire et mon attente s’est communiquée ; d’elle a essaimé cette multitude d’enfants nus qui errent de-ci de-là dans les collines et que je ne saurais quitter sans que m’en pèse de douleur.
Ce n’est pas une couronne que je pourrais rejeter du jour au lendemain, c’est une peau qu’il me faut déchirer de mes propres mains.
Ce n’est pas quelques souvenirs que je laisse derrière moi, mais un cœur que ta faim et la soif ont adouci. »
Gibran parle aussi de la libération de la souffrance, qu’il décrit comme des « déchirures qui emprisonnent notre compréhension ».
« Et tout comme il faut inévitablement que le noyau des fruits se casse pour que le cœur puisse mûrir au soleil, ainsi devez-vous connaître la douleur.
Tâchez de maintenir votre cœur dans l’émerveillement des miracles quotidiens de la vie et vos douleurs vous apparaîtrons aussi dignes d’émerveillement que vos joies.
Vous saurez vous soumettre sans difficulté aux saisons du cœur, comme on règle sa vie sur le passage des saisons.
Et vous resterez alertes et sereins aux hivers de votre tristesse. »
Nous avons eu tout au long de la vie plusieurs « zones » pleines de bonheur et de joie, mais aussi des « zones » douloureuses qui nous ont marqué et que nous pouvons comparer avec la terre sombre de Hadès, d’où nous voulons sortir – même si une petite partie de nous est fascinée à l’idée de rester là-bas. Jusqu’à ce que nous nous libérions de ce qui nous tient prisonniers, nous allons nous battre dur pour progresser. La renonciation à notre chagrin et à notre colère peut être un exercice agréable réalisé dans le premier mois du printemps, car il est préférable de commencer avec une nouvelle base, avant de se plonger dans l’année qui commence. Avec la nouvelle lumière que cette vérité nous apporte, nous serons libres de vivre de nouvelles expériences et de choisir notre direction sans être gênés par d’anciennes craintes et des ressentiments.
La fille au kimono de soie
Une histoire Zen raconte que deux moines se rendaient sur une longue distance d’un monastère à l’autre. A un carrefour, ils rencontrèrent une belle jeune femme en difficulté. Une forte pluie avait rendue la route boueuse. La femme devait traverser la route, mais si elle le faisait, l’épaisse couche de boue allait salir le beau kimono de soie qu’elle portait. Par conséquent, l’un des moines la prit dans ses bras et la porta de l’autre côté de la route, et la reposa légèrement au sol. La femme, très heureuse parce que la boue n’avait laissé aucune tache sur son kimono, le remercia chaleureusement.
Les deux moines continuèrent la route en silence, puis arrivèrent au monastère où ils se lavèrent et se changèrent. Après le dîner, le deuxième moine éclata : « Tu m’as surpris et outragé ! Le sais-tu que notre loi ne nous permet pas de parler à une femme, d’autant moins de la prendre dans les bras ! A quoi pensais-tu ? »
Le premier moine répondit avec un sourire : « Mon cher frère ! J’ai abandonné la femme dès que je l’ai mise de l’autre côté de la route. Mais toi, non… »
Écrivez sur une feuille de papier toutes les choses qui vous rendent tristes et qui vous inquiètent. Imaginez que vous les enveloppez dans un kimono de soie magnifique. Ensuite, portez-les de l’autre côté de la route et abandonnez-les là-bas.
Technique yogie simple n° 1
Aplanir ou apporter sagement des solutions aux conflits
Nous décrivons par la suite une méthode pour aplanir et apporter sagement une solution aux conflits ou différends que nous avons avec une personne, et nous allons procéder comme le moine dans l’histoire. Elle porte le nom de « signe du numéro huit ». Du point de vue graphique, le numéro huit est représenté par deux cercles tangents, ce qui suggère l’harmonie et le consensus. Après cet exercice, nous conscientisons un sentiment renouvelable de paix, de pardon et de libération.
1. Nous sommes assis dans notre fauteuil en position de méditation, puis nous nous laissons portés par l’imagination au-delà d’un beau nuage de couleur turquoise ou violette, à un endroit où nous nous sentons en sécurité. Cela peut être un endroit où nous avons vécu un état de sécurité, ou bien nous pouvons construire un tel endroit dans notre imagination.
2. Nous regardons autour de nous jusqu’à ce que nous trouvions un endroit pour nous asseoir et nous sentir parfaitement à l’aise. Nous invitons à s’asseoir face à nous une personne avec qui nous avons un problème à résoudre. Nous traçons le signe du nombre huit autour de nous afin que chacun soit placé dans l’un des deux cercles tangents.
3. Nous disons à cette personne tout ce que nous ressentons, tout ce qui doit être dit, peu importe à quel point cela soit difficile ou douloureux, et quand nous avons terminé, nous nous disons: « Oui, j’ai agi dans l’esprit de la Vérité Divine. »
4. Puis nous écoutons à notre tour ce que l’autre a à dire, peu importe à quel point il nous est difficile de l’entendre ou de l’accepter, et quand il a fini de parler, nous nous disons : « Oui, j’ai agi dans l’esprit de la Vérité Divine. »
5. Maintenant, une fois que nous avons écouté réciproquement les pensées qu’on devait se partager, nous regardons attentivement pour voir le cadeau que nous gardons dans nos mains pour l’offrir à l’autre. C’est un objet important pour nous et pour l’autre personne, il est nécessaire de lui offrir en cadeau pour que la guérison des blessures émotionnelles se produise. Quel est ce don ? Que représente-t-il pour nous ?
6. Pendant que nous offrons notre cadeau pour l’autre personne, nous observons le don qu’elle a préparé pour nous et qui nous est destiné. C’est également un objet important pour les deux et que nous devons recevoir pour que la guérison se produise. Quel est cet objet ? Que représente-t-il ?
7. Maintenant nous conscientisons qu’il y a quelques fils d’argent très fins qui relient notre être à l’être de l’autre personne. Nous prenons des ciseaux d’or – l’or est l’un des métaux les plus purs – et, après avoir coupé chaque fil, nous nous disons à nous-mêmes : « Oui, j’ai agi dans l’esprit de la Vérité Divine. »
8. Ensuite, nous visualisons comment de la terre, sur tout le contour de chacun des deux cercles dans lesquels nous sommes assis, monte une lumière bleu clair azur (équilibrant et purifiant le rouge de la colère et des conflits) jusqu’à ce qu’elle atteigne environ 50 pouces au-dessus de nos têtes. Puis nous nous visualisons, à la fois nous-mêmes et l’autre, chacun à l’intérieur d’un cylindre de lumière bleue.
9. Nous séparons les deux cylindres, nous mettons au-dessus de chacun un couvercle magique et nous fermons les yeux pour qu’aucun de nous n’interfère plus au niveau énergétique avec l’autre. Nous sommes tous les deux libres.
10. Lorsque nous sommes prêts, nous reprenons lentement la prise de conscience sur le corps et nous nous laissons portés par notre couleur préférée dans la chambre. Nous ouvrons les yeux.
Extrait du livre « Techniques yogies simples et quelques méthodes traditionnelles qui génèrent des effets bénéfiques intenses, profonds et étonnants » par le professeur de yoga Gregorian Bivolaru, Edition Shambala, imprimé à Ganesha Publishing House.
yogaesoteric
1 mars 2018
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