De la pauvreté mondiale à l’exclusion et à la détresse : allons à contre-courant de la guerre et de la mondialisation (3)
Lisez la deuxième partie de cet article
Armes et produits de luxe : deux secteurs dynamiques de l’économie mondiale
Pour l’essentiel, pendant que la pauvreté mondiale contribue à une sous-consommation par la majorité de la population mondiale, la force motrice de la croissance économique se retrouve dans les marchés destinés aux mieux nantis (produits de luxe griffés, voyages et loisirs, voitures de luxe, appareils électroniques, écoles et cliniques privées, etc.).
L’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne la pauvreté et une sous-consommation des biens et services indispensables.
Les deux secteurs dynamiques de l’économie mondiale sont :
1. la production destinée aux couches de la société aux revenus élevés.
2. la production et l’utilisation d’armes par le complexe militaro-industriel.
La politique néolibérale favorise le développement d’une économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché qui entraîne une baisse de la production des biens de consommation indispensables.
La faible demande de biens et services indispensables cause à son tour un vide dans le développement des infrastructures et des investissements sociaux (écoles, hôpitaux, transport public, santé publique, etc.) qui soutiennent le niveau de vie de la grande majorité de la population mondiale.
L’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché, de pair avec la restructuration des mécanismes financiers mondiaux, créent une concentration des revenus et de la richesse sans précédent, qui favorise un développement dynamique de l’économie fondée sur les produits de luxe (au sens large).
La section III dans l’économie mondiale contemporaine, c’est la production d’armes, qui sont vendues partout dans le monde, principalement aux gouvernements. Ce secteur de production aux USA est dominé par une poignée de grandes sociétés, dont Lockheed Martin, Raytheon, Northrop Grumman, British Aerospace, Boeing, et ainsi de suite.
Bien que les politiques néolibérales exigent l’imposition de mesures d’austérité draconiennes, ces dernières s’appliquent uniquement aux dépenses gouvernementales dans les secteurs civils. Le financement de systèmes d’armement perfectionnés par l’État n’est pas soumis aux contraintes budgétaires.
En fait, les mesures d’austérité imposées entre autres sur la santé, l’éducation et l’infrastructure publique visent à faciliter le financement de l’économie de guerre, y compris le complexe militaro-industriel, la structure de commandement régional et ses 700 installations militaires étasuniennes de par le monde, les services de renseignement et de sécurité, sans oublier la mise au point d’une nouvelle génération d’armes nucléaires, pour laquelle le Trésor étasunien prévoit verser une allocation de mille milliards de dollars au département de la Défense. Cet argent finira par aboutir dans les mains des soi-disant entreprises de la défense, qui forment un lobby politique puissant.
La reproduction de ce système économique mondial repose sur la croissance et le développement de deux grands secteurs : le complexe militaro-industriel ainsi que la production destinée à la consommation de luxe par les couches de la société aux revenus élevés.
La consommation de luxe par les couches de la société aux revenus élevés se fait en parallèle avec le développement dynamique de l’industrie de l’armement et de l’économie de guerre. C’est cette dualité qui mène à l’exclusion et au désespoir.
La seule façon de l’enrayer, c’est en criminalisant la guerre, en stoppant l’industrie de l’armement et en enlevant la gamme d’instruments politiques néolibéraux générateurs de pauvreté et d’inégalité sociale.
Comment aller à contre-courant de la guerre et de la mondialisation
Le mouvement populaire a été détourné. Le mouvement antiguerre est mort. Les organisations de la société civile, qui semblent de prime abord « progressistes », sont devenues des créatures du système. Financées par des organismes caritatifs du secteur privé liés à Wall Street, elles font partie d’une « opposition » politiquement correcte qui se comporte comme « la porte-parole de la société civile ».
Mais qui ces organisations représentent-elles? Bien des « ONG partenaires » et des groupes de lobbyistes, qui se mêlent souvent aux bureaucrates et aux politiciens, ont peu de contacts avec les mouvements sociaux de la base et les organisations populaires. Pour le moment, elles servent à empêcher l’émergence de « véritables » mouvements sociaux opposés au nouvel ordre mondial. Bien que le paradigme néolibéral retienne leur attention, des enjeux fondamentaux comme la guerre et les changements de régime sont rarement abordés.
Les programmes de bien des ONG et mouvements populaires dépendent beaucoup du financement public et de fondations privées comme celles des Ford, Rockefeller et McCarthy de ce monde.
Le mouvement antimondialisation s’oppose à Wall Street et aux géants pétroliers du Texas contrôlés par Rockefeller et al. Pourtant, les fondations et les organismes de bienfaisance de Rockefeller et al financent généreusement les réseaux anticapitalistes progressistes et les groupes environnementalistes (opposés aux géants du pétrole), afin de pouvoir les surveiller et orienter leurs diverses activités.
Les mécanismes de la « fabrication de la dissidence » nécessitent un milieu propice à la manipulation, aux pressions directes et à une cooptation subtile de membres d’organisations progressistes, dont les coalitions antiguerre, les groupes environnementalistes et le mouvement antimondialisation.
L’objectif des élites du monde des affaires consiste à fragmenter le mouvement populaire en une immense mosaïque « à bricoler ». La guerre et la mondialisation ne sont plus à l’avant-plan du militantisme de la société civile. Le militantisme devient parcellaire. Il n’y a pas de mouvement antimondialisation et antiguerre intégré. La crise économique n’est pas perçue comme ayant un lien avec la guerre menée par les USA.
La dissidence est cloisonnée. Les mouvements de contestation à la pièce « axés sur une question en particulier » (ex. environnement, antimondialisation, paix, droits des femmes, changement climatique) sont encouragés et financés généreusement, au détriment d’un mouvement de masse unifié. Cette mosaïque était déjà bien présente lors des contre-sommets du G7 et du Forum social mondial.
Création d’un réseau communautaire élargi
Ce qu’il faudrait, c’est parvenir à briser « l’opposition contrôlée » en créant un réseau communautaire élargi qui chercherait à enrayer les modèles d’autorité et de prise de décision liés à la guerre et au programme politique néolibéral. Il est entendu que les déploiements militaires des USA (y compris d’armes nucléaires) sont en définitive utilisés pour soutenir de puissants intérêts économiques.
Ce réseau serait établi à tous les niveaux dans la société, les villes et les villages, les lieux de travail et les paroisses, à l’échelle nationale et internationale. Les syndicats, les associations d’agriculteurs, les associations professionnelles et commerciales, les associations étudiantes, les associations d’anciens combattants et les groupes confessionnels seraient invités à s’intégrer à la structure organisationnelle antiguerre. Ce mouvement devrait aussi s’étendre aux forces armées, qui est d’une importance capitale comme moyen de briser la légitimité de la guerre parmi les militaires.
La première tâche consisterait à neutraliser la propagande de guerre au moyen d’une campagne efficace contre la désinformation des médias. Les médias institutionnels seraient directement visés, ce qui mènerait au boycottage des principaux organes de presse, qui sont responsables de transmettre la désinformation dans la chaîne médiatique. Cet effort nécessiterait en parallèle la mise en place à la base d’un processus de sensibilisation de nos concitoyens à la nature de la guerre et de la crise économique mondiale, qui permettrait aussi de « faire passer le mot » de manière efficace par une mise en réseau avancée, au moyen des organes de la presse alternative sur Internet, etc.
La création d’un tel mouvement, qui remettrait fortement en cause la légitimité des structures du pouvoir politique, n’est pas une tâche facile. Pour ce faire, il faudra une solidarité, une unité et un engagement sans précédent dans l’histoire du monde. Il faudra aussi lever les obstacles politiques et idéologiques dans la société et parler d’une seule voix. Enfin, il faudra éventuellement déloger les criminels de guerre et les inculper de crimes de guerre.
yogaesoteric
28 mars 2018