Des blogs fermés en Italie parce qu’ils sont une presse clandestine
Par Mihai Vasilescu
En 2001, le gouvernement italien a placé Internet sous la loi nr. 62 qui traite les sites et les blogs comme de la presse. Lorsqu’ils dérangent, ils peuvent être fermés, et leurs propriétaires sont condamnés pour une nouvelle infraction, celle de « presse clandestine ».
Une des victimes de cette loi étrange, qui viole le droit de la liberté d’expression, a été Carlo Ruta. Carlo Ruta se défini d’être « un historien et un écrivain indépendant qui lutte pour les causes qu’il considère justes ». «Mon site est apparu, il y a quelques années quand j’ai découvert Internet et je me suis décidé d’utiliser ce moyen de communication pour publier des documents historiques et des enquêtes sociales inédites, qui jusqu’à présent n’ont pas été assez popularisés, mais qui sont très importantes pour la connaissance du passé et du présent de la Sicile.»
Beaucoup de cas auxquels il faisait des références entrent dans la catégorie la plus sensible, révélant des liens entre des personnes importantes de la région et la Mafia, en apportant des témoignages, des interviews et des documents, que d’habitude la Justice garde secrètement.
Ses articles ont dérangé quelques groupes de la Mafia locale, impliqués dans des affaires financières, surtout autour de la Banque Agricole Populaire de Ragusa. Comme ils ont des relations étroites avec des gens de l’administration locale, surtout la Cour de Justice, son site a été fermé en 2005, il a été accusé de faire de « la presse clandestine » et les juges ont ordonné la destruction de plus de 2000 fichiers avec des témoignages.
Un deuxième cas qui a fait des vagues sur Internet a été celui de juin 2008, quand le blog d’un jeune journaliste de Calabria, Antonio Monteleone a temporairement été fermé. Comme aussi le site de Carlo Ruta, il contient des analyses et des commentaires politiques et sociales, des nouvelles et des informations que la presse officielle ne publie pas habituellement. Tout a commencé quand Monteleone a écris une série d’articles sur des élections locales en 2006, en révélant le fait que parmi les candidats se trouvent beaucoup de personnes qui ont été mis en examen pour des abus des biens sociaux et de détournements de fonds publiques. Dans un des articles, Monteleone parlait sur Giuseppe Galati, sous-secrétaire du gouvernement de Berlusconi, mélangé à de nombreuses sales affaires, dont trafic de cocaïne. Monteleone est cité en justice par Galati, en 2007 pour diffamation, et Galati perd le procès. On a recommandé à Monteleone discrètement d’effacer des informations dérangeantes. Il ne l’a pas fait, et en 2008 le blog est fermé par une décision d’un juge locale. Le motif ? Séquestration préventive «pour éviter à l’avenir la publication et la divulgation, par l’intermédiaire de ce site, de quelques nouvelles informations du même genre. »
La totalité du monde des blogs proteste. Le film dans lequel Monteleone raconte comment il a été censuré, est posté sur les plus grands blogs visités d’Italie, certains d’entre eux ayant plus de 20 000 visiteurs par jours.
« Fermer un blog à cause de deux postes est exagéré. Il aurait été suffisant d’imposer la suppression de ces articles, seulement jusqu’à ce jour il n’a pas été prouvé qu’ils auraient été diffamatoires. Une autre chose incompréhensible est aussi l’absence de réaction de la part de la presse. Il est en jeu notre liberté d’expression, à tous, » a déclaré Monteleone.
Ceux qui soutiennent Monteleone se demandent sur leurs blogs ; «Pourquoi, ils ont fermé des blogs qui par définition sont des lieux où les auteurs expriment leur propre opinion, pendant que les journaux officiels sont laissés à désinformer les gens, en présentant des opinions personnelles des journalistes ou des articles écris à la commande en guise d’information officielle et impartiale ? »
Yogaesoteric
Mars 2009
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