DOCUMENT EXPLOSIF! L’appel adressé au président de la Roumanie pour le pardon de Gregorian Bivolaru
Le journal Ring a publié le 28 juillet 2016, une lettre appel qui reflète l’opinion de l’un des plus compétents chercheurs du cas MISA, le professeur universitaire Gabriel Andreescu. Nous remercions par cette voie monsieur Andreescu pour la l’attitude verticale dont il fait preuve dans le contexte actuel où très peu de gens gardent leur dignité et leur courage pour dire publiquement la vérité sur MISA et Gregorian Bivolaru. Nous saluons à la fois la brillante initiative proposée dans cette lettre appel dont le texte intégral publié par Ring vous pouvez le lire ci-dessous:
Nous avons reçu à la rédaction une lettre appel adressée au président Klaus Iohannis par un des plus connus intellectuels dissidents anticommunistes. La lettre appel sollicite au président de la Roumanie le pardon de Gregorian Bivolaru, le leader de MISA, récemment extradé de France, et l’auteur de la lettre c’est Gabriel Andreescu, un des plus grands dissidents anticommunistes de Roumanie, auteur, entre autres, des volumes „La répression du mouvement de yoga dans les années `80” (Polirom, 2008) et „MISA. La radiographie d’une répression” (Polirom, 2013), mais également des rapports APADOR-CH sur le cas MISA.
Nous vous présentons en ce qui suit la Lettre-document, datée le 26 juillet 2016, document qui, les jours à suivre, provoquera, certainement, de nombreuses réactions parmi l’opinion publique de Roumanie.
A Son Excellence, Monsieur Klaus Iohannis, Président de la Roumanie
Appel au pardon de Gregorian Bivolaru
adressé à Son Excellence, Monsieur Klaus Iohannis, Président de la Roumanie
Monsieur le Président,
Je vous écris cette lettre pour vous solliciter le pardon de Gregorian Bivolaru, citoyen roumain condamné par la Haute Cour de Cassation et de Justice en 2013 à une peine de 6 ans de prison, ayant asile politique en Suède, interpellé le mois de février cette année en France, remis à la Roumanie en raison de la décision d’extradition des juges français du 13 juillet 2016. La décision prise par la Haute Cour de Cassation et de Justice dans une séance-spectacle a violé les normes de justesse élémentaire et contredit le fait qu’à la date de la déclarée infraction: „relation sexuelle avec une mineure”, celle-ci avait l’âge de 17 ans, âge de consentement, et niait avoir eu une telle relation. En 2015, le Tribunal de Bucarest a établi que les interceptions utilisées dans le procès avaient été illégales.
Je vous adresse cette demande pour la raison que Gregorian Bivolaru et les adeptes du Mouvement fondé par lui, MISA, sont les victimes d’une ample conspiration impliquant des agents publiques et des institutions. L’action répressive contre Gregorian Bivolaru a débuté pendant les années du communisme lorsqu’il a été arrêté, torturé, envoyé dans un hôpital psychiatrique car il enseignait le yoga. Le caractère de police politique de ces actes a été reconnu par le Tribunal de Bucarest en 2011. Sa répression et de ses adeptes a continué après l’année 1990 et a pris des formes extrêmes – incluant des assauts des troupes de gendarmes accompagnés par des procureurs et des officiers de SRI (service roumain d’informations), déclarés en 2015 par la Cour d’Appel de Cluj comme „barbares”, fondées sur des accusations „absurdes”. Même l’arrêt de Gregorian Bivolaru en France a eu lieu en raison de la falsification par la Police Roumaine de sa peine. La „relation sexuelle avec une mineure” a été changée, pour mobiliser les autorités internationales, en „exploitation sexuelle des mineurs et pédopornographie”.
Le fait que les investigations contre Gregorian Bivolaru et contre MISA, initiées il y a plus de 20 ans, pour lesquelles l’Etat a dépensé des millions d’euros et qui ont impliqué des centaines d’agents publiques ont mené à la condamnation pour „un acte sexuel avec une mineure de 17 ans” et rien de plus qui justifie un déroulement pareil de forces, montre l’exceptionnalité de ce cas. Dans la fabrication du „dossier Bivolaru” ont collaboré le Parquet, le SRI, la Gendarmerie, le Ministère de Justice, la Police roumaine. Entre temps, pour toutes les actions contre les victimes du cas Bivolaru – MISA, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné l’Etat roumain, l’obligeant de payer plus de 300.000 euros dans les dossiers Atudorei c. Roumanie (2015) et Amarandei et autres c. Roumanie (2016). D’autres plaintes déposées par Gregorian Bivolaru et par MISA ont été considérées admissibles par CEDH et le jugement sera bientôt finalisé.
Bien sûr, plusieurs situations mettent en doute la justesse des enquêtes et des décisions, cas où on découvre des histoires humaines douloureuses. Je suis plein conscient qu’il est impossible de solliciter au président, en tant qu’autorité ultime, de faire justice ou d’offrir de la compassion dans tous ces cas. Mais tout ce qui est arrivé à Gregorian Bivolaru atteint un point critique: l’instructeur de yoga est la victime d’une conspiration à un haut niveau de l’Etat.
En raison de sa compétence de „veiller au respect de la Constitution et au bon fonctionnement des autorités publiques” et d’assurer „la médiation entre les pouvoirs de l’Etat, ainsi qu’entre l’Etat et la société”, le président de la Roumanie, en utilisant la prérogative „d’accorder le pardon individuel”, peut lever un poids des épaules de l’Etat roumain. La démocratie roumaine ne peut pas devenir honorable, donc stable, autant que contre toutes les évidences, des institutions de force de l’Etat travaillent à vue, sous les yeux de l’opinion publique, qu’elles mentent pour la mobiliser et la solidariser avec elles, dans le but de réprimer un instructeur de yoga et ses adeptes.
Je mentionne en appui de cette demande de pardon le danger à l’intégrité physique et à la vie de Gregorian Bivolaru. Depuis des dizaines d’années, des incitations au lynchage de l’instructeur de yoga sont répétées avec le concours des agents publics, et les conditions de détente peuvent favoriser des agressions fatales. Le mois de cette année, un yogi a été poignardé à l’entrée dans un bâtiment appartenant au MISA, dans le périmètre duquel, sur les murs, avait été écrit „Mort à Bivolaru”. Le mois de juin, un autre yogi a été battu de manière féroce. Ses attaqueurs lui reprochaient l’association avec Gregorian Bivolaru. Les violences avaient éclaté suite à l’annonce, fausse et instigateur, faite par la Police roumain que l’instructeur de yoga avait été condamné pour „exploitation sexuelle des mineurs et pédopornographie”.
Tous ceux-ci sont des raisons, monsieur le Président, pour faire appel à vous pour accorder le pardon au citoyen roumain Gregorian Bivolaru qui a passé déjà derrière les barreaux environ un an, en Suède et en France, suite aux démarches faites par les autorités roumaines en liaison avec la décision de la Haute Cour de Cassation et de Justice de 2013. Je sais, il s’agit d’une décision sensible et peu populaire, mais si normale pour un premier haut dignitaire fidèle à l’appel de „veilleur au bon fonctionnement des autorités publiques” et au „respect de la Constitution”.
En considérant la relevance particulière du cas Gregorian Bivolaru pour la société roumaine, je fais publiquement appel au pardon.
Avec considération, Gabriel Andreescu (Auteur des rapports APADOR-CH sur le cas MISA)”.
yogaesoteric
2016