Du bon usage de nos hormones : adrénaline et ocytocine…
Avec quel carburant fonctionnez-vous ?
On vous présente le témoignage de Catherine Delorme dans le domaine de la pratique du TANTRA, par lequel elle est arrivée à réconcilier sa sexualité blessée et la relier à l’amour :
A un moment donné, j’ai été très très occupée par mes activités, ce qui m’a permis de faire l’expérience, en conscience, d’être immergée dans le FAIRE, à haute dose. Je me suis vue partir la tête dans le guidon et j’ai pu prendre juste un petit peu de recul pour observer le mécanisme et voir ce qu’il provoque. Nous sommes tous plus ou moins… mais plutôt plus quand même… pris dans cette course en avant. Alors tant qu’à faire, pour bien comprendre à quoi carburent la majorité des gens, j’ai foncé dans l’expérience pour en mesurer les effets.
J’ai la chance d’avoir une activité qui me passionne. Ce n’est pas le cas de tout le monde et être pris dans cet engrenage juste pour la survie n’est pas passionnant du tout. J’ai de la gratitude d’être privilégiée… malgré la course en avant, ça change quand même la donne, mais au fond, les symptômes finaux sont les mêmes !
Donc, j’ai constaté qu’être prise dans l’engrenage de la course en avant a plongé mon corps dans un bain d’adrénaline provoquant en moi une vibration particulière qui oscillait entre stress, agitation et enthousiasme. J’ai pu observer que cette vibration était le carburant d’un moteur me propulsant vers l’avant presque 24h sur 24 et qui surtout m’entrainait à l’extérieur de moi. Je n’ai pas lâché ma pratique du yoga le matin, ce qui me donnait l’occasion de revenir suffisamment à l’intérieur pour observer le mécanisme, mais ma pratique terminée, les effets s’envolaient bien vite, comme noyés dans le flot d’adrénaline.
Lorsque l’adrénaline coule à flot, c’est comme une drogue qui hypnotise et me fait croire que tout ce que j’ai à faire est hyper-important et qu’il ne faut rien rater, donc j’enchaîne les choses à faire les unes après les autres, assez rapidement parce que tout est urgent !
En tout cas, dans ce mécanisme ma vie à un sens : une autoroute qui va toujours tout droit. Mon mental prend les commandes en mettant mon corps sur pilote automatique et je fonce… où ? Là n’est pas la question !!! Il faut foncer c’est tout et c’est comme ça parce que j’ai à faire et ça urge !
Que c’est-il passé dans ma relation amoureuse pendant ce temps ?
Comme c’est mon mental qui a pris le relais, mon coeur a été relégué aux calanques Grecques et j’ai petit à petit perdu le lien avec lui. Ma relation est devenue routinière et peu satisfaisante, j’ai commencé à avoir des doutes et peu envie de m’investir.
Heureusement pour moi, je suis partie en Grèce animer deux stages sur la relation et j’ai retrouvé le lien avec mon coeur !
A mon retour, c’est mon corps qui m’a rappelée à l’ordre : la sensation d’avoir un couteau planté dans le dos et de ne plus pouvoir bouger ou respirer. Il a fallu que j’arrête de m’agiter et que je prenne le temps de faire le point sur cette expérience. J’ai fait le choix de donner un grand coup de frein pour m’occuper de ma santé, revoir mes priorités et prendre les chemins de campagne plutôt que l’autoroute. Finalement, l’urgence était de revenir à l’Être et rien n’est urgent finalement ! Quand le mental prend le dessus tout va vite, si je reviens au corps c’est plus lent.
En ralentissant, j’ai pris le temps de réfléchir aux mécanismes auxquels je suis confrontée dans mes stages sur la relation amoureuse et l’intimité : la difficulté des participants à aller vers le changement et instaurer une qualité de vie et de relation plus en adéquation avec leurs aspirations profondes.
Les participants sont tous unanimes : « il manque de la magie dans nos relations, la routine s’installe, il manque la profondeur et nous avons besoin de retrouver un vrai désir et surtout le lien, la connexion, me disent-ils ».
Nos comportements dérèglent nos hormones et nos hormones nous maintiennent dans ces comportements. C’est un cercle vicieux dont nous sommes victimes. Notre responsabilité est d’être conscients de ce sur quoi nous pouvons agir pour changer notre qualité de vie et la qualité de nos relations. En prendre conscience ne suffit pas, il y a des choix à faire, des priorités à revoir, des habitudes à changer, là est notre pouvoir.
Alors adrénaline ou ocytocine ?
En ralentissant, en revoyant mes priorités, en méditant plus souvent, en revenant au corps et aux perceptions plus subtiles, j’ai petit à petit changé de carburant et je me retrouve enfin dans qui je suis et ce que je veux vraiment partager.
Ma relation amoureuse retrouve cette complicité qui nous soutient et nous ouvre l’un à l’autre. L’intimité est de nouveau au rendez-vous avec toute sa profondeur et son intensité.
Lorsque nous sommes dans le faire et le mental, faire de l’amour est une manière de revenir dans notre base, à l’opposé de notre tête. C’est aussi une manière de revenir au corps, aux sensations et de libérer les tensions générées par le stress. Seulement voilà, lorsque nous fonctionnons avec l’adrénaline, elle réclame son dû et s’immisce partout, même dans l’intimité parce que c’est le mental qui est aux commandes. Elle veut sa dose d’intensité, même si elle est due au stress, elle pousse à l’activisme et aux automatismes, cherche un but à atteindre si possible assez rapidement et déconnecte du corps.
Faire du sexe ce n’est pas faire l’amour parce que l’amour ne fonctionne pas avec l’adrénaline.
Faire l’amour nécessite d’aller à l’opposé de ce que propose l’adrénaline, c’est à dire :
♥ Prendre son temps,
♥ Transformer le mental en conscience pour être présent ici et maintenant,
♥ Revenir à l’intérieur de soi, se centrer en soi et non sur l’autre,
♥ Eveiller la sensorialité et la sensualité,
♥ Prendre le temps de sentir, ressentir, regarder,
♥ Ne pas avoir de but à atteindre mais créer ensemble pas à pas,
♥ Respirer correctement pour sortir des automatismes,
♥ Canaliser l’excitation pour la transformer en amour et permettre au corps de devenir orgasmique (plutôt que la décharge génitale).
Faire l’amour avec amour éveille l’hormone de l’ocytocine, l’hormone du lien, de l’attachement et de l’amour. Pour inonder notre corps et entrainer avec elle la dopamine, hormone du bonheur, elle a besoin des ingrédients cités ci-dessus.
Lorsque j’étais dans ma course en avant, j’ai observé que revenir au corps, ralentir, sentir, prendre mon temps m’agaçait parce que ma tête me rappelait chaque fois ce que j’avais à faire, et à faire vite si possible. Je n’étais pas du tout disponible en fait. Je peux imaginer que faire du sexe rapidement pour soulager une tension peut donner l’illusion d’une rencontre et satisfaire à très court terme. C’est ce que j’ai pu faire avant de connaître le TANTRA et présent ça ne m’intéresse plus. Pendant cette période, j’ai préféré me couper de la rencontre plutôt que de la bâcler mais que de frustrations au final. Ceux et celles qui font du sexe sont le plus souvent tout aussi frustrés et notamment les femmes. Les hommes ont plus besoin que les femmes de soulager leurs tensions sexuelles, mais soulager une tension n’est pas faire l’amour, ni forcément créer du lien.
Et le coeur là-dedans ?
L’adrénaline n’est pas très bonne pour le coeur, elle l’accélère et le fatigue. Dans l’intimité, lorsque la tête domine, le coeur disparait. Dans la recherche d’excitation avec l’autre, il peut subsister un sentiment de solitude parce qu’il n’y a pas vraiment de rencontre de coeur à coeur. Dans ce mécanisme, qui a-t-il entre la tête et le sexe ? Un grand vide !
L’ocytocine détend le coeur, il peut alors s’ouvrir parce que l’environnement devient propice à son ouverture et son rayonnement. Elle crée du lien entre les deux partenaires et éveille les sens et la vulnérabilité. Nous sommes touchés à tous les sens du terme et avons envie de prendre le temps de prolonger la rencontre pour se sentir nourris et connectés. Le mental s’apaise et nous entrons alors dans un espace-temps différent où rien ne presse. Il laisse la place au coeur et l’amour peut alors remplir l’espace. Il n’y a plus qu’une sensation de plénitude.
Une femme me posait la question : « que faire quand mon mari n’est pas prêt à faire autrement ? »
L’homme est plus axé sur le faire et peut être sous le contrôle de l’adrénaline. Il peut donc aisément être soumis à ses dictacts (comme expliqué plus haut) et ne pas sentir le besoin de créer un lien plus émotionnel. Dans sa tête il est en lien avec sa bien-aimée, lorsqu’il fait du sexe avec elle il se remet en lien d’une certaine manière par le sexe, mais son coeur n’est pas éveillé ou relié pour autant. Il n’a pas toujours conscience du vide en lui car il ne s’intériorise pas et le gère par l’activisme. Il sera frustré si sa partenaire ne veut plus de ce genre de relation et se sentira rejeté sans se rendre compte que ce que rejette sa partenaire ce n’est pas lui mais les comportements générés par l’adrénaline.
Pour la personne (homme ou femme) qui fonctionne ainsi, aller visiter le vide c’est comme se jeter du haut du pont sans élastique. Pour d’autres qui sont vraiment coupés de leur corps, même sauter avec un élastique peut être impossible. Personnellement je ne suis pas du tout attirée par ce genre de sport mais cette métaphore illustre bien ce que je peux constater chez certaines personnes. Comme si le vide était dangereux, alors que le vide n’est qu’un espace que la conscience n’a pas encore visité, rien de plus.
N’oublions pas que l’adrénaline est générée par les surrénales, deux petite capsules accrochées aux reins : les reins sont le siège des peurs. Si on y regarde bien, une grande partie des peurs engendre l’adrénaline.
Qu’est-ce que la peur ? Le contraire de l’amour ! Alors adrénaline ou ocytocine ? A quoi voulez-vous fonctionner ?
yogaesoteric
19 mai 2018