Fragments du rapport APADOR-CH relatif aux droits de l’homme (1996)
C. Les minorités religieuses
1. Aspects généraux
L’année 1996 a été la première année après la révolution où le problème des minorités religieuses est devenu préoccupant pour la situation de la liberté de conscience en Roumanie. Des contestations concernant l’exercice de la liberté de conscience d’un groupement ou d’un autre sont également venues à l’attention du public dans les années précédentes. Mais jamais elles n’avaient pris l’ampleur des campagnes de 1996 et surtout les autorités n’étaient jamais intervenues contre les minorités religieuses. […]
3. Le Mouvement d’Intégration Spirituelle dans l’Absolu (MISA)
Durant l’année 1996, ont été poursuivies les actions contre une organisation dont les membres pratiquent le yoga, “le Mouvement d’intégration spirituelle de l’absolu” et contre l’un de ses leaders, Gregorian Bivolaru. Cette campagne a créé une situation délicate pour l’ensemble des mouvements et des doctrines d’origine asiatique.
a) La campagne par la presse et la répression des membres du MISA
La campagne de presse contre le MISA et contre l’instructeur de yoga, Gregorian Bivolaru, avait été lancée en 1990 et avait atteint son apogée en 1995. En 1996 des articles à caractère calomnieux ont continué à apparaître dans les journaux Romania libera, Jurnalul national, Ziua, Academia Catavencu etc. Le MISA a porté plainte devant la justice contre quelques journalistes, en les accusant de calomnie. Le fait que, dans quelques cas, les journalistes ont été punis (Corneliu Reu du journal Tinerama et Cristian Negureanu de Romania libera ont reçu des amendes pénales en 1995) a donné l’impression que l’hostilité créée autour du groupe, dans ces conditions, est gardée sous contrôle par les institutions de l’état. C’est la raison pour laquelle APADOR-CH n’a pas réalisé antérieurement des démarches dans le cas du MISA.
Pour la première fois, en 1996, les autorités de l’État sont intervenues à leur tour contre le MISA. Le 17 juin 1996, vers 23h, un groupe de quelques dizaines d’officiers de police a fait irruption dans la salle de sports de l’Institut Polytechnique Bucarest, où environ 150 personnes participaient à une séance de yoga de MISA. Ils leur ont demandé de présenter leurs documents d’identité et ont commencé à interroger les participants sur un ton menaçant. Environ 20 personnes qui n’avaient pas les cartes d’identité sur elles ont été amenées au poste de police. À un moment donné, un officier de police a essayé de prendre par la force le caméscope d’un pratiquant du yoga qui était en train de filmer les événements depuis l’intérieur de la salle. Deux autres étudiantes, Camelia Rosu et Carmen Efta, ont voulu s’interposer entre le policier et leur collègue. Alors deux policiers ont commencé à les frapper, en leur produisant des blessures qui ont été ultérieurement attestées par des certificats médicaux. Camelia Rosu et Carmen Efta ont déposé plainte auprès du Parquet général mais jusqu’à la fin de l’année 1996 on n’avait pas donné suite à cette réclamation.
b) La position d’APADOR-CH
Au mois d’août 1996, APADOR-CH a fait une investigation à Costinesti, au camp du “Golfe du Parisien” où des membres MISA se rassemblent pendant l’été. Durant deux jours, les représentants APADOR-CH ont vérifié si les allégations à l’encontre de cette association concernant la nuisance publique et des actions contre les bonnes mœurs se confirment ou non. Les réunions des membres MISA se sont déroulées dans des conditions civilisées. Rien de l’activité des membres MISA ne vient en conflit avec la loi et ne justifie la campagne à leur encontre.
Dans les entretiens réalisés avec les leaders du Mouvement d’Intégration Spirituelle dans l’Absolu, ils ont contesté, en fournissant des preuves, les informations véhiculées par la presse contre les membres MISA. Ils ont également confirmé les déclarations faites par les deux étudiantes molestées par la police qui ont été transmises à APADOR-CH.
En 1996, APADOR-CH a démarré des investigations sur les raisons qui ont fait que de nombreux journaux publient des articles contre le MISA, mais pour pouvoir définir une position par rapport à ce phénomène, position nécessaire pour stopper cette campagne qui porte atteinte à la liberté de conscience, l’activité de l’association sera continuée en 1997.
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