Glaces, biscuits… Pourquoi l’oxyde d’éthylène est à l’origine de milliers de rappels en France
Depuis plusieurs mois en France, les alertes concernant des produits potentiellement toxiques car contenant un taux trop élevé d’oxyde d’éthylène se multiplient, pour atteindre les 7.000 références. Ces derniers jours, une soixantaine de lots de glaces sont venues s’ajouter à la liste.
En cette période de fortes chaleurs, les ventes de glaces sont en nette hausse en France, mais attention. Une soixantaine de références de glaces, de distributeurs et de grandes marques, sont rappelées en magasin par les autorités : elles contiendraient des taux d’oxyde d’éthylène supérieurs aux normes en vigueur dans le pays. Elles viennent rejoindre la liste des nombreux produits signalés comme potentiellement dangereux du fait de ce pesticide.
Un pesticide cancérogène
L’oxyde d’éthylène sert à désinfecter les produits et est interdit en Europe depuis 2011 car classé comme cancérogène, expliquait en avril dernier la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Les taux suspects ont été détectés en 2020 en Belgique dans des produits contenant des graines de sésame provenant d’Inde. Si les aliments en contenant sont les principaux touchés, on trouve des traces d’oxyde d’éthylène dans certaines épices, du thé ou encore du riz. Biscuits, houmous, baguettes, salades, burger, farine, huiles, purée, biscottes ou encore chocolat peuvent aussi en contenir en trop forte quantité… Au 31 décembre 2020, la DGCCRF dénombrait 821 produits rappelés, 5.884 établissements contrôlés et 170 anomalies.
Dans un communiqué publié en avril dernier, l’association Consommation Logement Cadre de vie (CLCV) comptait pas moins de 4.000 produits rappelés. Sur le site rappel.conso, mis en place par le gouvernement pour signaler les produits potentiellement impropres à la consommation, la liste s’est donc encore rallongé ces derniers jours, avec l’ajout notamment de la soixantaine de références de glaces, mais aussi de biscuits.
Les associations s’inquiètent, les autorités rassurent
Quel danger, pour le consommateur ? En avril, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes expliquait faire preuve de prudence : On procède au retrait des produits quelle que soit la quantité d’oxyde d’éthylène, même s’il n’y a pas forcément un risque immédiat pour la santé des consommateurs.
Le CLCV, elle, s’interrogeait : Quel est le risque pour la santé des consommateurs ?, en demandant aux autorités une information claire sur l’avancée des investigations. Nous souhaitons l’évaluation des risques pour les différentes catégories de produits concernés en tenant compte des données toxicologiques de l’oxyde d’éthylène et de sa quantité présente dans ces produits, déclarait l’association.
Un manque de moyens alloués aux contrôles ?
Des investigations sont actuellement en cours en lien avec la Commission européenne pour identifier l’origine de cette contamination, précisent sur leur site dédié les autorités. Nous demandons aux importateurs d’ingrédients et aux fabricants européens de renforcer les autocontrôles afin d’assurer la conformité des ingrédients et des produits qu’ils commercialisent à la réglementation européenne, s’impatiente le CLCV.
D’autres dénoncent un manque de mesures pour empêcher ces aliments contaminés d’arriver sur le sol européen, à l’instar du sénateur Les Républicains Laurent Duplomb. Dans un rapport d’information datant de février 2021, il dénonçait des contrôles des denrées insuffisants, appelant les autorités à sortir de leur naïveté, et demandant un renforcement des mesures de contrôle à l’échelle européenne. Il n’y aurait, dans l’Union européenne, qu’un tiers des substances interdites au niveau européen qui passent par le contrôle des laboratoires officiels. Et la France ne compte que 37 personnes dédiées aux contrôles des denrées alimentaires végétales importées.
Le sénateur de la Haute-Loire a également rappelé l’impact pour des entreprises françaises et européennes d’alimentaire : La crise sanitaire, due à des anomalies sur les matières premières importées, qui auraient pu être contrôlées par les importateurs ou les contrôleurs douaniers, a des impacts économiques importants pour de nombreuses entreprises agroalimentaires. Plusieurs industriels ont d’ores et déjà dû jeter d’importants stocks de marchandise.
yogaesoteric
24 juillet 2021
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