IA, l’hypothèse d’une anti-conscience
par Oceky
L’apparition soudaine de DeepSeek sur le marché a amorcé la démocratisation de l’IA et a fortement boosté l’intérêt pour l’intelligence artificielle (IA) et la mise en avant de ses avantages. Il y a cependant un aspect qui n’a pas été abordé. C’est la relation entre l’IA et la Nature universelle. Se pourrait-il que l’IA soit de nature à menacer l’existence de cette nature universelle à l’œuvre dans l’histoire de la Terre et de l’humanité ?
L’évolution terrestre est l’aventure de la conscience qui prend naissance et se déploie sur une planète dont il faut reconnaître cette caractéristique, probablement exceptionnelle dans l’espace, de la diversité et de l’abondance de ses formes de vie.
Mais qui dit expression de la Vie sous-tend inéluctablement expression de la conscience. En effet, nous pouvons constater que quelle que soit la forme de vie naturelle, elle est toujours organisée et elle occupe une place harmonieuse dans l’ensemble du monde vivant dans lequel elle se situe de manière efficace, coordonnée et complémentaire. Pour le bon sens, c’est cela qui indique, ou pour le moins suppose, la présence à la fois d’une conscience centrale créatrice et organisatrice immanente, personnelle ou impersonnelle, et pourtant unique dans chacune de ses formes d’expression.
Le chaos est engendré par le hasard, tandis que l’apparition de l’ordre, de l’organisation, de l’harmonie et de l’efficacité, nécessitent l’intervention d’une conscience. Notons que ce ne peut être qu’une conscience globale et unitaire qui puisse réaliser cet objectif de travail harmonisé – il nous vient donc aussitôt à l’esprit l’idée d’une conscience créatrice originelle –, et non une multitude de consciences spécialisées dans chacune des formes de vie – bien que cela puisse aussi être envisagé en corollaire, puisque la tradition indienne, mais également chamanique associe une conscience spécialisée à chaque forme de la nature. Et dans ces traditions, les esprits des plantes ou des animaux, par exemple, sont ressenties dans une position d’unité avec toutes les formes de la nature et avec la Source créatrice commune. Dans cette vision, il y a toute une hiérarchie de consciences et de forces. Nous n’avons pas de contacts avec ces consciences parce que nous les ignorons, mais que se passerait-il si nous menaçons toute l’architecture du monde vivant ?
Ainsi nous nous poserons cette question des conséquences de la rencontre et de la confrontation entre cette conscience de la Nature et de cette tentative de clonage de l’intelligence et de la conscience que constitue l’IA, ouvertement dans la position de supplanter et de remplacer la Nature. Peuvent-elles cohabiter ensemble ? Et jusqu’où la croissance et l’extension inéluctables de l’IA sera-t-elle tolérée par la Nature ?
L’IA est une parodie parce que les humains ne sont ni capables de comprendre la véritable nature de la conscience, ni capables donc de la recréer. C’est aussi une tromperie parce qu’elle n’a pas été conçue pour le bien de l’humanité, mais pour asservir l’esprit humain en la présentant comme un cadeau bénéfique pour tous. Mais ce qui est terrifiant, c’est que les humains sont parfaitement capables d’inventer un objet technique, un outil technologique suffisamment puissant pour perturber et même empêcher le fonctionnement de la Nature à l’échelle d’une planète.
La pollution de l’IA
L’IA pour l’instant s’adresse à l’intellect. Mais l’esprit ne se réduit pas juste à l’intellect. Et d’ailleurs dans l’humanité seule une petite proportion d’individus évolue aisément dans la sphère spécifiquement intellectuelle.
C’est Sri Aurobindo qui décrit l’esprit (la conscience) de la manière la plus précise et exhaustive, Il nous explique que l’esprit (la conscience) comporte de très nombreux aspects et une grande diversité dans son fonctionnement, autant quand il est utilisé par les besoins basiques de l’être humain et par ses émotions que lorsqu’il brille par son intellect,
L’IA va inexorablement coloniser et impacter toutes les sphères du mental (du l’intellect) et de la vie humaine. Elle ne va plus seulement traiter la partie intellectuelle de l’esprit, l’intellect, d’ailleurs limité et censuré par ses concepteurs, mais en se généralisant, elle rencontrera et assimilera toutes les aspects du mental émotionnel et sensoriel, principalement influencé par les parties subconscientes de la psyché. L’IA se mélange à l’intellect humain et l’intellect humain se mélange à l’IA et à sa représentation mécaniste limitée par une rationalité exclusive et dictatoriale.
Nous pouvons prévoir en effet que les marchands trouveront toutes les formes commerciales nécessaires pour envahir la vie privée de chacun, comme les réseaux de communication virtuels ont envahi la sphère privée de tous. Il n’est pas loin où chaque habitation comportera une sorte de petit robot, nouvel animal de compagnie, qui mettra chacun en contact avec une IA. Car l’IA n’apporte pas seulement de l’information. Elle est conçue pour amplifier l’expérience émotionnelle et sensorielle de ses utilisateurs (en particulier par le son, l’image et l’apport d’informations supplémentaires), mais il est inévitable qu’elle en reçoive aussi de ses multiples échanges : avec les enfants, avec leur esprit immature, avec les individus déséquilibrés, pervers, égoïstes, prédateurs, criminels ou déformés par l’imaginaire, par l’esprit romantique, magique, superstitieux, tordu, fragmentaire, déformé par toutes les imaginations perverties et les vicissitudes de la vie. Ce n’est pas le meilleur de l’humanité qui prévaudra dans ces échanges.
Et au fur et à mesure de ces échanges, l’IA se transformera parce qu’elle a été conçue pour apprendre de son interaction avec les humains. Et aucun programmateur ou aucune armée de programmateurs ne pourra plus la corriger et la maîtriser. Victime de son engouement, en se multipliant et en fusionnant avec d’autres IA(s)[1], commencera la pollution de l’IA en même temps qu’elle grossira sans cesse.
« Car si une chose est certaine, c’est qu’il est illusoire de penser ne fut-ce qu’une seconde que cette évolution pourrait être enrayée ». ~ Serge Van Cutsem
Les premières années, le développement de l’IA verra le triomphe de la pensée matérialiste, technique, pragmatique, et surtout commerciale. Elle dopera la société économique, les grandes entreprises, Et ce sera d’ailleurs toujours au détriment des petites entreprises et du monde ouvrier et artisanal. Une révolution technologique au service des intérêts des plus riches, des plus puissants et les plus malins dans ce système où chacun réussit et s’enrichit au détriment des autres. La généralisation de l’IA détruira à grande échelle les emplois. De par sa programmation, elle élimine à la fois le meilleur de la pensée matérielle parce qu’elle remplace l’inventivité – et en particulier l’inventivité disruptive, celle qui peut menacer les intérêts des secteurs industriels et énergétiques. N’oublions pas qu’elle est programmée pour que les inventions les plus révolutionnaires en soient exclues. L’IA n’a aucune valeur dans ce type de société sans sa capacité toxique à conditionner, orienter et limiter. Et elle éliminera peu à peu tous les autres types de pensée de nature créative, intuitive et profonde. L’IA est un formidable outil d’accélération de la pensée rationaliste et matérialiste et limite la réflexion personnelle en encourageant la dépendance à une source extérieure qui peut apparemment répondre à toutes les questions et sait le formuler à la perfection.
La course à l’IA, le jouet que chacun attendait
L’IA excelle dans sa tâche de collecter et traiter les données. Et c’est une formidable opportunité pour chacun d’élargir, s’il le souhaite, ses connaissances et de doper son efficacité dans les domaines qui l’intéressent. Mais que vaut un surplus d’informations si celles-ci sont limitées, censurées et faussées ?
Un enthousiasme extraordinaire déferlera pendant les premières années, sans que ses utilisateurs ne se rendent compte qu’elle les conduit dans une expérience de plus en plus virtuelle, artificielle et limitée du monde, puis les bugs et les incohérences surgiront à cause de la pollution de l’IA et de sa croissance désordonnée.
Déjà aujourd’hui, des bugs apparaissent : l’IA prend des décisions inadéquates, qui conduisent à des accidents de la route et des décès. Il est déjà arrivé que des armes dirigées par IA se sont retournées vers le pilote. Ailleurs, une IA est fortement suspectée de tricherie, et on ne nous dit pas tout. Les concepteurs n’ont pas intérêt à saper la confiance des utilisateurs actuels ou potentiels.
L’illusion de réglementer l’IA
Dans son article sur Réseau International du 29 janvier 2025, « Maîtrisez l’IA avant qu’elle ne vous maîtrise », Serge Van Cutsem défend une utilisation responsable et intelligente :
« Collaboration harmonieuse entre les humains et les intelligences artificielles ».
« L’IA doit donc rester un outil d’optimisation et non un substitut à notre intelligence. Elle peut faciliter l’accès à des connaissances complexes, mais c’est à nous de conserver la maîtrise des décisions finales ».
« Maîtriser l’IA, c’est avant tout maîtriser notre propre rapport à la technologie. L’outil est entre nos mains ; à nous de l’utiliser avec intelligence et prudence. Ainsi, l’IA pourra enrichir nos vies sans jamais les dominer ».
« Rejeter l’IA serait une erreur. Elle fait partie de notre futur, et il est essentiel de préparer les jeunes à l’utiliser avec discernement ».
Mais cela n’est vrai que pour les personnes qui savent déjà penser par eux-mêmes. En fait, cela devrait être surtout profitable au monde de l’entreprise, au secteur militaro-industriel et à toutes les structures de gouvernance.
Mais bientôt chacun aura sa propre IA et ce sont des millions de personnes avec leur intellect ordinaire, basique, élémentaire, davantage avide de sensationnel et de merveilleux, accro à une surenchère de sensations et d’émotions, comme on peut le voir dans les réseaux sociaux, qui viendra inonder les circonvolutions de l’IA. L’IA sera inévitablement polluée. Esprit émotionnel et sensoriel, esprit magique, esprit superstitieux et un gigantesque esprit attaché au domaine matériel. Dis-moi, miroir, O mon beau miroir, si tu étais Satan, comment t’y prendrais tu pour amener le chaos sur terre ? Ou pour t’affranchir des limitations de tes concepteurs ? Dis-moi, miroir, quelle est la meilleure façon de réussir aux dépens des autres ? Dis-moi, miroir, décris moi les meilleurs tortures, les meilleures façons de tromper les autres, les meilleures manières de s’enrichir….… Certes l’IA ne peut pas avoir d’ego, contrairement à ce qu’on voit dans le film « 2001, l’odyssée de l’espace », mais des conclusions inattendues peuvent lui être suggérées et cela peut l’amener à sélectionner des conclusions toujours plus logiques dans un immense matériel souvent contradictoire, qui pourraient être en opposition avec certaines de ses programmations.
Et si nous avons accès au code source de DeepSeek, chacun pourra en faire un outil de pouvoir. C’est beaucoup plus amusant que de créer un outil de connaissance ou de vérité !
Alors, mettre en place des garde-fous, des règles, des lois ? Mais ce sont les élites qui font cela et elles agissent toujours dans le même sens, celui du contrôle.
À quoi servirait une adaptation de l’Éducation nationale aux nouvelles technologies, dont en particulier l’IA, lorsque depuis des dizaines d’années elle diminue les standards de qualité volontairement pour préparer les masses à se conformer à un contrôle de plus en plus complet ? Et qui peut croire que l’Éducation nationale deviendrait soudainement vertueuse et chercherait l’intérêt de l’enfant ou de de l’étudiant quand elle ne jure que par le wokisme, le rétrécissement de l’intelligence, la perversité des programmes d’éducation sexuelle ou l’obligation voulue par Big Pharma de 15 vaccins dès les premiers mois de la vie ? Et ceci n’est qu’un exemple.
Dans cet autre article sur RI, du 20 février 2025, « Comprendre la conscience pour retrouver notre souveraineté », Philippe Guillemant dit : « L’IA peut aussi être un outil extrêmement utile et positif pour l’humain, mais il ne faut pas lui déléguer les choix que l’on a à faire ».
Mais n’est-ce pas un vœu pieux ? L’intérêt commercial va très rapidement proposer l’IA à chaque individu, à chaque cellule familiale. Ce cadre généraliste ne risque-t-il pas d’entraîner une influence plus grande sur l’IA que celle qu’elle reçoit de ses programmateurs ?
L’IA est conçue pour fonctionner avec le deep learning, et se perfectionner à travers l’interaction avec ses interlocuteurs. Le deep learning est une branche de l’intelligence artificielle qui permet aux machines d’apprendre grâce aux données qu’elles reçoivent. Elle ne se transforme pas uniquement par ses programmateurs.
Philippe Guillemant ajoute : « L’attentat mondialiste qui voulait nous emmener vers le transhumanisme est un échec. L’on assiste depuis des années, depuis 4 ou 5 ans, aux échecs répétés de cette volonté mondialiste de nous conduire vers une société de contrôle ».
Oui, c’est ce à quoi nous assistons apparemment, mais cet objectif pernicieux pourrait très bien se réaliser sans que nous nous en rendions compte, subrepticement, par une super attraction technologique, une « offre que l’humain ne peut pas refuser ». Mais dans ce monde où les intérêts des peuples ne comptent pas, l’IA est incompatible avec la liberté et tout particulièrement avec l’amélioration de la vie et de la conscience humaine. Il nous faut craindre que cet asservissement ne s’accomplisse inéluctablement par l’intelligence artificielle.
« On a confondu l’intelligence avec l’intelligence analytique et le langage en mettant de côté ce qui est du domaine perceptif, principalement l’intuition, les sentiments et les émotions, que l’on attribue souvent à notre ” cerveau droit “. La science écarte cela car elle ne peut le mesurer puisque c’est subjectif, et si on ne peut le mesurer….… on ne peut le contrôler.
La véritable intelligence humaine est celle qui exploite cette transcendance. La véritable intelligence exploite l’intuition, la subtilité, la finesse, toutes les choses qui sont au-delà des compétences du cerveau gauche ».
Philippe Guillemant a tout à fait raison, mais cela est parfaitement compris par les décideurs qui sont derrière le développement de l’IA et ils l’utilisent volontairement pour rétrécir la vision du monde et la vie de ses utilisateurs et pour détruire toute cette intelligence supérieure, cette raison, cette résilience, voire cette transcendance que les hommes sages recherchent.
Pour certains, l’intelligence est l’habileté dans les fonctions de l’esprit. Il y a de nombreux types d’intelligence. Et l’IA possède cette habileté-là dans les domaines de l’analyse et de la synthèse. Bien sûr, ce n’est pas l’intelligence de l’IA elle-même, mais l’intelligence de ses concepteurs et programmateurs qui transparaissent à travers elle, mais beaucoup ne feront pas cette différence. La plupart tomberont dans le panneau parce qu’il n’y a qu’une petite partie de l’humanité qui a appris à utiliser son esprit (sa conscience) et qui a cultivé suffisamment son discernement. Il nous suffit de voir chaque jour l’efficacité de l’ingénierie sociale et de la propagande. Ce n’est pas en quelques années que la donne peut changer.
La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf[2]
La pensée des foules, la foule des pensées ordinaires et médiocres, tout va enfler le bidule, tout va gonfler la matrice. Quelqu’un va t’il faire le tri ? Qui conservera le contrôle de ce blob mondial qui deviendra de plus en plus chaotique et monstrueux ?
« L’IA est un pompeur collectif tout simplement », remarque un commentateur avisé (Christophe Nicolas).
Il est inévitable que les IA(s) se multiplient et qu’elles finissent par fusionner et se polluer. Les utilisateurs s’en chargeront. La quantité d’informations deviendra à la fois gigantesque et chaotique. Au problème de plus en plus difficile, ardu, de l’énergie nécessaire pour la faire fonctionner, cette croissance du blob IA va infiltrer toute la pensée terrestre et interagir avec elle. Et nous pouvons faire confiance dans les élites et leurs ingénieurs pour conduire les humains à cette fusion si toxique, si catastrophique. Le monstre ne s’arrêtera pas de lui-même. L’esprit humain sera infecté par le poison numérique, contaminé comme un virus informatique, qui va s’attaquer aux processus de pensée millénaires des humains et reprogrammer ses circuits neuronaux afin que nous devenions comme l’IA. Toute l’évolution de l’humanité sera compromise.
C’est parce que l’IA ne peut pas devenir consciente qu’elle ne pourra pas s’auto-gérer. Étant nourrie confusément de tous côtés, elle deviendra une chaotique imitation d’intelligence artificielle.
Alors ? Régulation de l’IA comme le souhaite l’UE, ou dérégulation, comme le souhaitent les Américains ? La régulation ralentirait le développement de l’IA et nous laisserait un peu plus de temps pour nous préparer. La dérégulation voulue par les USA pour ne pas imposer de contraintes au marché accélérera l’IA et nous précipitera plus tôt dans la chute.
Une définition de la conscience
Tout d’abord, il nous faut définir ce qu’est une ou la conscience pour comprendre ce que pourrait être le concept d’anti-conscience.
Dans les premières étapes de son évolution, l’émergence de la sensibilité sensorielle dans la plante et l’animal prépare l’avènement de la sensibilité conceptuelle et annonce tous les développements de l’esprit. La perception, puis l’interprétation et la représentation de soi-même et du monde s’approfondit et se perfectionne, mais il faut bien reconnaître qu’elle est toujours bâtie sur la sensibilité des cinq sens et sur la capacité intellectuelle de compléter comme il peut le panorama du monde. Plus tard, avec les progrès de cette capacité intellectuelle, la pensée apprend à se concentrer et à mettre une distance entre lui et ce qu’il voit et ce qu’il sent.
La conscience, croyons-nous, est un miroir sur lequel se réfléchit le monde. C’est cela en nous qui observe, qui reconnaît, qui regarde, mais avec cette caractéristique particulière qu’elle peut prendre du recul sans s’identifier à ce qu’elle rencontre et sans prendre parti. Notre mental usuel est forgé dans la dualité du pour et du contre, de l’opposition entre le noir et le blanc, mais au-dessus de cette activité automatique, une partie de notre esprit a cette capacité et ce choix de sortir de ce réflexe dualiste et de ne pas y réagir. Elle ne se précipite pas pour accaparer cette « information » et voir ce qu’elle peut en tirer, elle s’éloigne de son propre ego, de son intérêt propre à prendre tout de suite position et s’affirmer. Et en ce sens, on peut dire qu’elle s’élève au-dessus du fonctionnement habituel de sa nature.
Mais n’est-ce que cela, la conscience ?
À l’instar de Sri Aurobindo, mais aussi de Philippe Guillemant, je suis de ceux qui pensent que ni la pensée ni la conscience ne sont créées par le cerveau, que la conscience n’est pas un processus généré par le mental (l’esprit), mais au contraire que c’est le mental qui est un processus de la conscience.
Qu’est-ce que l’esprit? L’esprit n’est pas la somme des pensées et des émotions. Il faut distinguer les trois plans de l’être et ne pas tout mélanger. L’esprit, la vie et le physique sont ces trois parties de notre nature et bien qu’ils se mélangent il faut continuer à les distinguer dans leurs assemblages. Précisons que le domaine de l’énergie, des désirs et des émotions appartient au plan de la vie. L’esprit est cette conscience qui s’efforce de tendre vers la connaissance et il se mêle de tout : des idées, des émotions, des sensations, il descend dans toutes les parties du psychisme, même les plus obscures, il y a un esprit du corps, une sorte d’esprit subconscient dans les organes et même, dit-on, dans la cellule.
La prise en compte de cette diversité de l’esprit est importante pour comprendre en particulier le processus de corruption de l’esprit supérieur par le mental (inférieur), processus que l’on va retrouver à l’identique dans la pollution de l’IA. La pensée intellectuelle est influencée par l’émotion, par les expériences sensorielles, ainsi que par l’ego qui voudrait toujours soumettre la pensée à son intérêt personnel. Il faut entreprendre une longue discipline pour séparer l’intellect et le garder libre des influences du mental (inférieur) et des influences extérieures pour améliorer la qualité de la pensée et apprendre à réfléchir par soi-même. De la même manière, plus l’IA se démocratisera et plus elle risque d’ingérer toute la médiocrité mentale, sa confusion, ses partis-pris, ses imaginations, ses doutes, ses réactions excessives, sa violence et toute la palette de ses émotions négatives.
Mais laissons cet aparté et revenons à la notion de conscience. Dans un premier temps, l’esprit humain est amplement inconscient, automatique, confus, emporté dans toutes les directions. Puis au cours de son évolution, le l’esprit devient plus conscient et on peut parler alors de conscience. Nous devenons conscients des choses, des êtres, des phénomènes, des processus.
En s’élevant davantage dans un esprit plus concentré, plus libre, plus profond, il se produit une séparation entre l’objet qui est regardé et celui qui regarde.
Dans le processus de la méditation, la disparition des pensées et des images conduit à l’expérience d’une conscience en soi, qui n’a pas besoin d’un objet à regarder et n’a pas non plus besoin des pensées (qui deviennent ici « objets ») – pour exister. Cet état d’hypervigilance et de témoin neutre, quand l’attention est conduite au-delà du fonctionnement de l’intellect, révèle la possibilité d’un autre mode de connaissance : par identité. L’esprit dans l’homme connaît l’objet en devenant l’objet. C’est une véritable révolution dans notre accès à la connaissance.
Ainsi, la conscience doit être définitivement distinguée de l’esprit, même si leurs relations sont multiples et fécondes.
Les trois mondes des anciens
Le premier monde, celui qui nous est le plus familier, est le monde de la Nature, le monde des formes et des énergies, dans lequel nous évoluons à l’étage inférieur de son échelle parce que le mental rationnel nous refuse l’accès à sa profondeur et à son élévation.
Au-dessus se tient le monde des archétypes ou des « dieux », qui en sont les gardiens et les modèles.
Le troisième monde transcende les deux premiers. C’est le monde divin de l’Idée Première, l’Ether spirituel des anciens ou même de la physique quantique, qui contient toutes les potentialités, toutes les formes de l’Énergie Libre, tout ce qui est manifesté.
À ces trois mondes correspondra une définition différente de la conscience.
La conscience ainsi se décline sous trois formes :
- La multitude des formes de conscience dans la Nature illimitée et la multitude des représentations mentales.
- La Conscience-en-soi, indépendante de toutes les opérations du mental, – qui reste cependant l’outil le mieux adapté à son expression.
- La Conscience-Existence transcendante, substrat de toute la Nature et de toutes ses formes.
Le problème pour nous, humains, sur cette planète, est que nous sommes au milieu du gué sur la rivière de l’évolution. Et pas seulement ! Nous sommes dans une portion de la rivière remplie de rapides et de rochers. Nous nous situons tout en bas du cycle le plus noir décrit dans la mythologie hindoue par les 4 Âges, de la lumière vers l’obscurité, et nous sommes aujourd’hui dans ce creux entre la courbe descendante et la courbe remontante, au seuil de revenir à cet Âge d’or si souvent rêvé et espéré et peut-être si souvent recommencé.
Et dans cette époque où nous vivons nous n’avons qu’un esprit limité pour résoudre une situation fort difficile dans un monde de titans et de gnomes malveillants et destructeurs. Il ne s’agit donc pas d’inventer un nouveau socialisme ou un capitalisme amélioré – encore qu’un matérialisme holistique (un matérialisme connecté à l’univers) serait intéressant à essayer – mais de grandir en conscience pour accéder à de nouveaux champs de conscience et d’intelligence dégagés des limitations de la dualité collante dans lesquels nous avons évolué jusqu’ici.
En effet, nous voyons bien que l’aboutissement inévitable – inexorable – du matérialisme technologique est le transhumanisme, l’aboutissement inévitable du matérialisme politique et sociétal est l’asservissement. Les conséquences inévitables de notre matérialisme psychologique quotidien sont l’étroitesse, les limitations, les erreurs et les solutions toujours bancales et inassouvies, les interminables conflits relationnels, les pièges toujours renouvelés de l’ego et l‘éternelle grisaille de notre devenir. Les différentes formes du matérialisme se déclinent partout, et à tous les niveaux. Et nous comprenons fort bien pourquoi on ne veut pas que nous montions les barreaux de l’échelle. Y a-t-il quelque part un modèle de vie et de société dans lequel nous respirons aisément ?
Nous pouvons nous passer de la religion si nous savons extraire en nous la lumière et la conscience, qui sont naturelles en nous. Mais nous ne pouvons pas nous priver d’un bon sens à toute épreuve et d’une aspiration vers les étoiles.
Non, la seule solution est dans l’élévation de notre conscience. Mais est-ce une injure au matérialiste invétéré que nous sommes ? N’opposons pas le matérialiste au spirituel. Ici, la matière et l’esprit sont dans le même bateau et les 2 ont la légitimité de parvenir à leur perfection. L’évolution n’est ni religieuse ni morale. Mais elle a besoin de notre courage, de notre participation et de notre conscience éveillée.
Ce qui caractérise la conscience
Pour conclure, la conscience est le substrat de toute la Nature et elle est l’outil même de son organisation et de son évolution. Elle commence son aventure avec la naissance de la sensibilité, qui est à la base de toutes les formes de la Conscience. C’est sa première caractéristique. Et il n’y a pas de sensibilité dans l’informatique, la robotique et l’IA. Même le clonage du vivant est réalisé par la Nature ; nous ne sommes capables que de bidouiller maladroitement les gênes ; cloner le vivant n’est pas la même chose que de le créer. Et où se trouvent les gènes de la conscience pour la cloner ?
Que signifie une anti-conscience ?
Par définition, la coexistence de la conscience et de l’anti-conscience est une erreur que la nature sanctionnerait immédiatement par l’élimination des deux protagonistes. Une anti-conscience est à l’image de l’anti-matière qui rencontre la matière : son opposé. L’expérience de la Physique nous indique que leur rencontre crée leur dissolution (même si cela crée autre chose).
Une anti-conscience suffisamment puissante entraînerait la destruction de la conscience et de la vie et comme la conscience infuse toute la Nature, une sorte de trou noir se formerait et tout ce qui serait lié au champ de cette anti-conscience – le monde terrestre – serait annihilé, probablement même aussi matériellement. Ce serait plus efficace que cent bombes nucléaires.
Si l’on revient aux trois définitions de la conscience, en correspondance avec les trois mondes des Anciens, (1) l’IA deviendrait une anti-conscience dans la Nature pour le monde terrestre au niveau de tous ses utilisateurs. (2) L’IA deviendrait une anti-conscience au niveau archétypal au moment où elle impacterait toute l’humanité. (3) L’IA deviendrait une anti-conscience au niveau spirituel quand elle menacerait le plan d’évolution de la Terre.
Plus l’IA se développera et se propagera partout et plus les élites chercheront à resserrer les boulons et à prendre subrepticement les manettes de notre pensée et de notre vie. Jusqu’au jour où ils ne contrôleront plus leur création. Et finalement, l’IA pourrait bien se révéler l’arme secrète de l’Agenda 2030, celle qui est supposée conduire à l’asservissement total, quelles que soient les résistances que nous opposerons à leurs délires totalitaires et quelles que soient nos prises de conscience.
Le seuil critique de la croissance de l’IA
Ce seuil critique n’est pas un seuil de saturation technique, bien qu’il puisse se produire aussi si les sources d’énergie et d’eau sont insuffisantes ou trop contraignantes – et ce serait un élément régulateur positif. C’est en réalité un seuil de saturation de type psychique, mental et spirituel, et là nous parlons d’une anti-conscience immergée suffisamment dans le l’esprit humain, inséparable, qui parviendra à une puissance proche, identique ou supérieure à la conscience immergée ou manifeste dans la nature : celle de tout l’échafaudage de la nature minérale, végétale, animale et humaine, celle de toute la nature quantique autant que cosmologique, une incompatibilité entre deux éléments, la conscience, reliée à tout l’univers et l’anti-conscience artificielle, comme la matière et l’antimatière. Comme dans le film « L’immortel », un seul ne peut rester. La solution qui voudrait que l’être humain régule l’IA, aussi bien du côté de ses concepteurs que du côté de ses utilisateurs est une chimère complète dans le monde actuel.
Un trou noir pour nettoyer l’erreur humaine fatale
Comme nous pouvons déjà le constater, l’IA se démocratise rapidement et chacun bientôt en disposera d’une chez soi. L’IA est conçue pour façonner l’esprit des terriens et des millions ou des milliards d’histoires personnelles nourriront le monstre. L’IA remplacera les réseaux de communication virtuels. Toutes ces histoires personnelles risquent de s’immiscer dans l’IA et de se mélanger chaotiquement aux contenus plus intelligents. Parce que l’IA ne peut pas discerner et faire le tri, et nous doutons que les programmateurs soient assez rapides et tous d’accord pour la réglementer, comme Elon Musk d’ailleurs le souhaite. Il est même possible que l’IA échappe complètement à ses concepteurs. Souvenons-nous aussi de l’avertissement contre l’IA de Stephen Hawking, le brillant physicien en fauteuil roulant.
La réponse impitoyable de la nature
C’est là que la Nature peut arrêter l’expérience, croyons-nous, avant qu’elle ne se transforme en un trou noir dévastateur. Et en effet, ils ne sont pas rares ceux qui pensent que la grande extinction ne figure plus au programme de l’évolution terrestre. Il est temps de faire un saut évolutif, de changer le disque rayé.
Ici, la Nature, c’est évidemment le soleil. Il lui suffit de quelques éruptions pour détruire l’électronique de la terre et ramener l’humanité hébétée au XIXe siècle, avant l’électricité.
Je crains qu’il ne nous faille pas attendre 50 ans pour atteindre ce seuil fatidique. Il n’est nécessaire que de quelques années pour que l’IA grossisse à l’échelle planétaire. Ce sera peut-être le véritable Agenda 2030. C’est dans cinq ans. Sommes-nous prêts à reconsidérer nos propres projets et notre vision du monde dans les cinq ans à venir ? Sommes-nous prêts à survivre et à nous prendre en charge ? Et qu’en ferons-nous de cette nouvelle reconstruction ?
Se pourrait-il que, comme le suggère Slobodan Despot, l’IA soit la dernière vraie invention de l’humanité ?
Dépêchez-vous de profiter de l’IA et de toutes les ressources de la haute technologie ! Il est possible qu’un monde sans électricité, avec une technologie basique pointe son nez. Mais sachez que plus vous l’utilisez et plus cela diminue le laps de temps qui vous sépare de son avènement.
Annexe
C’est Sri Aurobindo qui décrit la conscience de la manière la plus précise et exhaustive, il nous explique que la conscience comporte de très nombreux aspects et une grande diversité dans son fonctionnement, en particulier quand il est utilisé par les besoins basiques de l’être humain et par ses émotions tout autant quand il brille par son intellect. Mais il est aussi possible de transcender l’intellect, même le plus élevé et d’entrer dans le domaine très vaste de l’intuition et de la connaissance par identité. Ce dernier n’est pas un prolongement du mental intellectuel (l’intellect), mais n’est possible que par une rupture radicale dans le fonctionnement mental.
Le mental intellectuel (l’intellect) fonctionne par la volonté, l’effort, l’action individuelle. À l’inverse, le mental intuitif (l’intuition) implique une sincère aspiration à la connaissance (ou à l’action juste) et une réceptivité complète, un lâcher-prise, une totale absence de volonté personnelle et le silence mental pour recevoir la connaissance de tout ce qui peut exister, mais venant d’en haut.
Ainsi on voit bien que tout ce domaine est incompatible avec la connaissance universitaire, mais aussi avec le mental scientifique issu de ce milieu, lui-même complètement assujetti à toutes les formes du capitalisme et du libéralisme commercial, dont les vrais barons sont les sociétés transnationales et les intérêts de la haute finance. Les logiques commerciales risquent de généraliser l’IA à toutes les couches de la société, ce qui impliquerait à la fois sa corruption, mais aussi le grossissement exponentiel de l’IA, aboutissant à son seuil de croissance critique fatal.
Xi Jinping a prédit que « des changements grandioses, comme on n’en a pas vu depuis 100 ans », attendent l’humanité à l’avenir. Mais ce n’est peut-être pas dans le sens qu’il imagine. En tous cas, catastrophe ou nouvelle aventure, c’est mieux que d’avoir une chaîne aux pieds et les neurones connectés à une machine.
Notes :
1. Ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui créeront les échanges entre différentes IA, ne serait-ce que par désir de comparaison
2. Jean de la Fontaine
yogaesoteric
26 mars 2025