La CIA possède les médias américains et européens

 

Par Paul Craig Roberts

William Blum nous fait part de sa correspondance avec Michael Birnbaum du Washington Post. Comme vous pouvez le voir dans ses réponses, Birnbaum apparaît comme étant soit très stupide, soit comme un atout au service de la CIA.

Lorsque j’ai reçu mon briefing en tant que membre du personnel adjoint du Sous-comité des Crédits à la Chambre de la Défense, qui exigeait une habilitation de sécurité très secrète, des membres supérieurs du personnel m’ont dit que le Washington Post était au service de la CIA. En regardant le Washington Post démolir le président Richard Nixon avec l’histoire orchestrée du Watergate, c’est devenu évident.

Le président Nixon s’était trop ouvert aux Soviétiques et avait conclu trop d’accords de restriction d’armements, et il s’était rapproché de la Chine. En voyant les initiatives de paix du président Nixon affaiblir la menace de l’Union soviétique et de la Chine maoïste, le complexe militaro/sécurité a vu une menace pour son budget et son pouvoir et a décidé que Nixon devait partir.

Nixon nie tout rôle dans le camouflage, admet les abus commis par des subalternes

L’assassinat du président John F. Kennedy avait suscité beaucoup trop de scepticisme à propos du rapport de la Commission Warren, de sorte que la CIA a décidé d’utiliser le Washington Post pour se débarrasser de Nixon. Pour que la gauche américaine déteste Nixon, la CIA a utilisé ses ressources au sein de la gauche pour que Nixon soit blâmé pour la guerre du Vietnam, une guerre dont Nixon a hérité et qu’il ne voulait pas.

La CIA savait que le problème de Nixon était qu’il ne pouvait pas sortir de la guerre sans perdre sa base conservatrice, convaincue par l’absurde « Théorie du Domino ». Je me suis toujours demandé si la CIA avait elle-même concocté la « Théorie du Domino », car elle les a si bien servis.

Incapable de se débarrasser de la guerre « avec les honneurs », Nixon a été poussé à recourir à des méthodes brutales pour forcer les Nord-Vietnamiens à accepter une situation pour le Vietnam que Nixon pourrait abandonner sans défaite, sans salir « l’honneur » de l’Amérique et sans perdre sa base de soutien conservatrice.

Les Nord-Vietnamiens ne voulaient pas se plier, mais le Congrès américain l’a fait, et ainsi la CIA a réussi à discréditer la gestion de la guerre de Nixon. Sans personne pour le défendre, Nixon était une cible facile pour la CIA.

Voici l’échange de Blum avec Birnbaum. Il est possible que Birnbaum ne soit ni stupide ni au service de la CIA, mais juste une personne qui veut garder son emploi. La dernière chose qu’il peut se permettre de faire est de désabuser ceux qui croient en la « menace russe » alors que Amazon et le Washington Post appartenant à Jeff Bezos dépendent de la subvention annuelle de la CIA de 600 millions de dollars déguisée en « contrat. »

Le rapport anti-empire # 159

William Blum (à gauche) et Michael Birnbaum (à droite)

Willian Blum

L’esprit des médias de masse : Échange de courriels entre moi et un des principaux journalistes du Washington Post sur la politique étrangère :

18 juillet 2018

Cher M. Birnbaum,

Vous écrivez Trump « n’a fait aucune mention des péripéties de la Russie en Ukraine ». Eh bien, ni lui, ni Poutine, ni vous n’avez mentionné les péripéties de l’Amérique en Ukraine, qui ont abouti au renversement du gouvernement ukrainien en 2014, et qui a conduit à l’intervention russe justifiée. Donc… ?

Si la Russie renversait le gouvernement mexicain, blâmeriez-vous les États-Unis d’avoir pris des mesures au Mexique ?

William Blum

Cher M. Blum,

Merci pour votre message. « Les péripéties de l’Amérique en Ukraine » : de quoi parlez-vous ? La dernière fois que j’ai vérifié, ce sont les Ukrainiens dans les rues de Kiev qui ont poussé Ianoukovitch à se retourner et fuir. Que ce soit une bonne chose ou non, nous pouvons laisser cela de côté, mais ce ne sont pas les Américains qui l’ont fait.

Toutefois, ce sont les forces spéciales russes qui se sont déployées en Crimée en février et mars 2014, sous la directive de Poutine, et les Russes venus de Moscou ont alimenté le conflit dans l’est de l’Ukraine dans les mois qui ont suivi, selon leurs propres récits.

Salutations, Michael Birnbaum

A Michael Birnbaum,

J’ai du mal à croire votre réponse. Vous ne lisez que le Post ? N’avez vous pas vu Victoria Nuland, haut fonctionnaire du ministère d’État, et ambassadeur des États-Unis en Ukraine sur la place Maidan pour encourager les manifestants ? Elle a parlé de 5 milliards de dollars (sic) versés pour aider les manifestants qui allaient bientôt renverser le gouvernement. Elle et l’ambassadeur des États-Unis ont parlé ouvertement de qui choisir comme prochain président. Et c’est lui qui est devenu président. Tout cela est enregistré. Je suppose que vous ne regardez jamais Russia Today (RT). Dieu nous en garde ! Je lis le Post tous les jours. Vous devriez regarder RT de temps en temps.

William Blum

A William Blum,

J’étais le chef du bureau du journal à Moscou ; j’ai fait de nombreux reportages en Ukraine au cours des mois et des années qui ont suivi les manifestations. Mes observations ne sont pas basées sur la lecture. La RT n’est pas un média crédible, mais je lis bien au-delà de nos propres pages et, bien sûr, je parle moi-même aux acteurs sur le terrain – c’est mon travail.

Et oui, bien sûr, Nuland était sur la place Maidan – mais encourager les protestations, comme elle l’a clairement fait, n’est pas la même chose que de les provoquer ou de les diriger, ni de jouer aux favoris avec des successeurs potentiels, comme elle l’a clairement fait, ni d’être directement responsable du renversement du gouvernement. Je ne dis pas que les États-Unis n’ont pas participé à l’élaboration des événements. Il en va de même pour la Russie et l’Union Européenne. Mais les Ukrainiens étaient aux commandes pendant tout le processus. Je connais la personne qui a posté le premier appel sur Facebook pour protester contre Ianoukovitch en novembre 2013 ; ce n’est pas un agent américain. RT, pendant ce temps, rapporte des fabrications et des mensonges effrayants tout le temps. Il est important de choisir des sources médiatiques saines et variées et ne pas s’arrêter aux médias grand public américains. Mais demandez-vous combien de fois RT fait des reportages critiques sur le gouvernement russe, et considérez comment cette lacune façonne le reste de leurs reportages. Vous trouverez dans le Washington Post de nombreux articles critiques à l’égard du gouvernement américain et de la politique étrangère américaine en général, des décisions en Ukraine et du gouvernement ukrainien en particulier. Notre objectif est d’être juste, sans choisir de camp.

Salutations, Michael Birnbaum

Fin de l’échange

C’est vrai, les États-Unis ne jouent pas un rôle indispensable dans les changements de gouvernements étrangers ; ils ne l’ont jamais fait et ne le feront jamais ; même lorsqu’ils offrent des milliards de dollars ; même lorsqu’ils choisissent le nouveau président, ce qui, apparemment, n’est pas la même chose que de choisir un camp.

Il convient de noter que M. Birnbaum n’offre pas un seul exemple pour étayer son affirmation extrémiste selon laquelle la RT « rapporte constamment des fabrications et des mensonges terribles ». « Tout le temps », rien de moins ! Il devrait être facile de donner quelques exemples.

Pour mémoire, je pense que la RT est beaucoup moins biaisée que le Post sur les affaires internationales. Et, oui, c’est le parti pris, et non les « fausses nouvelles » qui est le principal problème – le parti pris de la guerre froide/anti-communiste/anti-russe avec lequel les Américains ont été élevés pendant tout un siècle.

La RT défend la Russie contre les innombrables attaques aveugles de l’Occident. Qui d’autre est là pour faire ça ? Les médias occidentaux ne devraient-ils pas être tenus responsables de ce qu’ils diffusent ? Les Américains sont tellement peu habitués à entendre la position russe défendue, ou à l’entendre tout simplement, que lorsqu’ils le font, cela peut sembler plutôt bizarre.

Pour l’observateur désinvolte, les actes d’accusation du 14 juillet 2018 de LA COUR DE DISTRICT DES ÉTATS-UNIS DU DISTRICT DE COLOMBIA, contre des Agents de Renseignement Russes (GRU) ont renforcé l’argument selon lequel le gouvernement soviétique est intervenu dans l’élection présidentielle américaine de 2016. Considérons ces actes d’accusation sous la bonne perspective et nous constatons que l’ingérence électorale n’est inscrite qu’en tant qu’objectif supposé, les accusations étant en fait portées sur des cyber-opérations illégales, vol d’identité et complot en vue de faire blanchir de l’argent par des ressortissants américains qui n’ont aucun lien avec le gouvernement russe.

Donc… nous attendons toujours des preuves d’une ingérence russe réelle dans les élections visant à déterminer le vainqueur.

Les Russes l’ont fait

Chaque jour, je passe environ trois heures à lire le Washington Post. Entre autres choses, je cherche des preuves – des preuves réelles, juridiques, de qualité judiciaire, ou du moins quelque chose de logique et de rationnel – pour identifier ces horribles Russkofs pour leurs nombreux crimes récents, depuis l’influence sur les résultats de l’élection présidentielle américaine de 2016 jusqu’à l’utilisation d’un agent neurotoxique au Royaume-Uni. Mais je ne trouve pas de telles preuves.

Chaque jour apporte ce genre de gros titres :

« Les États-Unis ajoutent des sanctions économiques contre la Russie : Une attaque avec un agent neurotoxique sur un ancien espion en Angleterre oblige la Maison Blanche à agir. »

« La Russie exploite-t-elle le nouvel objectif de Facebook ? »

« Experts : L’équipe de Trump ne voit pas l’urgence de la menace russe. »

Ces gros titres sont tous du même jour, le 9 août, ce qui m’a amené à penser à faire cet article, mais des histoires similaires peuvent être trouvées n’importe quel jour dans le Post et dans les principaux journaux n’importe où en Amérique. Aucun des articles n’essaye d’expliquer comment la Russie a fait ces choses, ni même POURQUOI. Les motivations ne semblent pas intéresser les médias américains. Le seul élément parfois mentionné, qui, je pense, peut avoir une certaine crédibilité, est la préférence de la Russie pour Trump par rapport à Hillary Clinton en 2016. Mais cela n’explique pas comment la Russie pourrait réaliser le tour de force magique électoral dont elle est accusée, ce qui ne serait possible que si les États-Unis étaient une République bananière arriérée du Tiers-Monde.

Il y a les publicités Facebook, ainsi que toutes les autres publicités… Les gens qui sont influencés par cette histoire, ont-ils lu vu trop de publicités ? Beaucoup sont pro-Clinton ou anti-Trump ; beaucoup sont les deux ; beaucoup ne sont ni l’un ni l’autre. C’est un gros gâchis, la seule explication rationnelle à ce que j’ai lu est que ces publicités viennent de sites web qui font de l’argent, des sites « appâts à click » comme on les appelle, qui gagnent de l’argent simplement en attirant des visiteurs.

En ce qui concerne les agents neurotoxiques, il est plus logique que le Royaume-Uni ou la CIA l’ait fait pour donner une mauvaise image aux Russes, car le scandale anti-russe qui a suivi était totalement prévisible. Pourquoi la Russie choisirait-elle le moment de la Coupe du monde à Moscou – dont toute la Russie est immensément fière – pour faire tomber une telle notoriété sur leur tête ? Mais cela aurait été le moment idéal pour que leurs ennemis puissent les embarrasser.

Cependant, je n’ai aucun doute que la grande majorité des Américains qui suivent les actualités chaque jour croient les histoires officielles sur les Russes. Ils sont particulièrement impressionnés par le fait que toutes les agences de renseignement américaines soutiennent les articles officiels. Ils ne seraient pas du tout surpris si on leur disait qu’une douzaine d’agences de renseignement russes ont toutes contesté les accusations. La pensée de groupe est vivante et bien vivante dans le monde entier. Tout comme la Seconde Guerre froide.

Mais nous sommes les Gentils, n’est-ce pas ?

Pour un défenseur de la politique étrangère américaine, il n’y a pas grand-chose qui cause plus de brûlures d’estomac extrêmes que quelqu’un qui implique une « équivalence morale » entre le comportement américain et celui de la Russie. C’était le cas pendant la Première Guerre froide et c’est la même chose aujourd’hui pendant la Deuxième Guerre froide. Ça les pousse tout droit vers le Mur.

Après que les Etats-Unis aient adopté l’année 2017 une loi obligeant la chaîne de télévision RT (Russia Today) à s’enregistrer en tant « qu’agent étranger », les Russes ont adopté leur propre loi permettant aux autorités d’exiger que les médias étrangers s’enregistrent en tant « qu’agent étranger ». Le sénateur John McCain a dénoncé la nouvelle loi russe, affirmant qu’il n’y a « aucune équivalence » entre la RT et des réseaux tels que Voice of America, CNN et la BBC, dont les journalistes « cherchent la vérité, démystifient les mensonges et tiennent les gouvernements pour responsables ». En revanche, les propagandistes de la RT démystifient la vérité, répandent des mensonges et cherchent à saper les gouvernements démocratiques afin de faire progresser l’agenda de Vladimir Poutine.

Tom Malinowski, ancien secrétaire d’État adjoint pour la démocratie, les droits de l’homme et le travail (2014-2017) – l’année 2017, a rapporté que Poutine avait « accusé le gouvernement américain d’être intervenu de manière agressive dans le vote présidentiel russe de 2012 », affirmant que Washington avait « rassemblé des forces d’opposition et les avait financées ». Malinowski écrit :

« Poutine a apparemment amené le président Trump à s’engager à ce qu’aucun des deux pays ne s’immisce dans les élections de l’autre. »

« Est-ce que cette équivalence morale est juste ? » Malinowski a demandé et a répondu : « En bref, non. L’ingérence de la Russie dans les élections américaines de 2016 n’aurait pas pu être plus différente de ce que les États-Unis font pour promouvoir la démocratie dans d’autres pays. »

Comment peut-on satiriser de tels fonctionnaires et de telles croyances d’école secondaire ?

Nous avons aussi le cas de l’agence gouvernementale américaine, Fondation Nationale pour la Démocratie (NED), qui est intervenue dans plus d’élections que la CIA ou Dieu. En effet, l’homme qui a contribué à l’élaboration de la législation établissant la NED, Allen Weinstein, déclarait en 1991 : « Une grande partie de ce que nous faisons aujourd’hui a été fait clandestinement il y a 25 ans par la CIA. »

Le 12 avril 2018, les présidents de deux ailes de la NED ont écrit : « Un discours fallacieux a été remis en avant : la campagne de guerre politique de Moscou n’est pas différente de l’aide à la démocratie soutenue par les États-Unis. »

« L’aide à la démocratie », voyez-vous, c’est comme ça qu’ils appellent les interférences électorales de la NED et les renversements de gouvernement. Les auteurs continuent : « Ce discours est pondu par des organismes de propagande tels que RT et Sputnik (station de radio)…. il est déployé par des isolationnistes qui préconisent un retrait des États-Unis du leadership mondial. »

« Les isolationnistes » sont ce que les conservateurs appellent les critiques de la politique étrangère américaine dont ils ne peuvent pas facilement écarter les arguments, laissant entendre qu’ils ne veulent pas que les États-Unis soient impliqués dans quoi que ce soit à l’étranger.

Et le « leadership mondial », c’est ce qu’ils appellent être en première ligne dans les interférences électorales et les renversements de gouvernement.

 

yogaesoteric
14 février 2019

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