La fête de Fées
Le début de l’année correspondait chez certains peuples au début ou à la fin des cycles biologiques des plantes et des animaux grâce auxquels ils gagnaient leur existence. En marquant la période du mûrissement et de la maturation des céréales, donc la période de l’achèvement du cycle biologique des plus importantes plantes alimentaires cultivées par l’homme, les jours des fêtes des Fées, de Saint Pierre et la Pentecôte ont assimilé un rituel ancestral saisonnier, identique à celui du début de l’année. Les principales fêtes de l’été se divisent en deux catégories: avec des données fixe (les Fées – 24 juin et la fête de Saint Pierre – 29 juin) et avec comme donnée variable (la Pentecôte) en rapport avec le jour des Pâques.
Les Fées prédisent le futur
La fête des Fées, marquant le solstice d’été, offrait l’opportunité pour la mise en pratique de différentes méthodes de divination, de prospection magique de ce qui se déroulera dans le futur proche ou lointain.
La méthode la plus commune consiste à confectionner une couronne en fleurs et à la jeter, filles ou garçons, par dessus de la maison ou la basse-cour. Les couronnes des filles avaient une forme ronde et celles des garçons étaient en forme de croix.
Si la couronne restait sur le toit, celui qui l’a jeté aura une bonne année, si, par contre, la couronne retombait, ce fait était considéré comme un mauvais signe.
De toute la flore spontanée de la Roumanie, la caille-lait jaune est la plante la plus aimée, surtout du point de vue symbolique. Jusqu’à nos jours, dans la région des Maramures, la floraison des cailles-lait jaunes indique le moment favorable pour commencer le fauchage du foin et le début des moissons.
Porter la torche
Le moment le plus important de la fête, dans certains villages des Maramures, est celui où l’on porte la torche. La torche était confectionnée avec art d’un morceau d’épicéa solide et sec, fendu à un de ses bouts, où l’on fixe de la résine de sapin, des débris d’épicéa et des fibres de chanvre. Une fois que la soirée arrive, les enfants et les adolescents montaient sur la coline, se mettaient en cercle pour allumer les torches. Ensuite ils se disposaient en ligne droite, à une distance suffisamment grande l’un de l’autre pour ne pas se brûler avec de la résine fondue qui pourrait sauter pendant qu’ils tournent les torches.
Il est intéressant de noter que les torches sont tournées dans un seul sens, celui de la démarche apparente du soleil sur la voûte céleste, c’est-à-dire en sens invers aux aiguilles d’une montre.
Du point de vue subtil, le feu et l’odeur de résine purifient aussi bien l’espace environnant que les gens qui participent au rituel, en ayant un effet similaire à l’encens. Lorsque les torches sont prêtes à s’éteindre, les jeunes descendent dans le village et les enfoncent dans les jardins, parmis les plantes cultivées. Les anneaux de feu et le fait de tourner les torches seulement du lever du soleil vers le coucher du soleil sont, évidemment, en liaison avec un culte solaire qui exprime, entre autres, la joie de la victoire de la lumière sur l’obscurité, et enfoncer les torches dans les jardins, parmi les plantes cultivées, est une séquence purificatrice et fertilisante de la coutume.
La place spéciale des Fées dans le calendrier populaire est souligné par la cueillette rituelle des plantes guérisantes (la caille-lait jaune, l’ail, la chicorée, le serpolet, le triolet, la mélilot jaune et d’autres) et aussi par l’indication du jour le plus long de l’année, celui du solstice d’été, par deux repères importants: la floraison des cailles-lait jaunes et l’arrêt du chant du coucou.
La destinée apparaît dans le rêve
En usant de différentes pratiques, les filles espéraient voir dans leurs rêves la destinée et ce qu’elles deviendront, par des pratiques rituelles magiques, “belles et propres comme la rosée, comme la première eau du matin”. Le rituel supposait un bain purificateur réalisé la nuit des Fées, dans la rosée des fleurs et dans l’eau des rivières. Cette nuit là, dans la tradition des Maramures, toutes les eaux qui coulent se trouvent sous la protection d’une fée nommée “La Beauté de l’été”. D’ailleurs, certains érudits considérent la Fée comme une protectrice des récoltes et des graines.
Ainsi, la fête des Fées dévient une participation pleine de joie et de reconnaissance de l’homme au processus de croissance et de floraison de la nature, qui le nourrit et qui s’offre à lui.
Même à présent, bien que de nombreuses coutumes se soient perdus, en province, dans les villages, le soir des Fées, les gens ornent la chambre et les vêtements avec des fleurs de cailles-lait jaunes et allument une bougie au chevet à l’occasion de cette fête.
yogaesoteric
juin 2006
Also available in: Română