La relaxation dynamique de Caycedo (1)
I – Note préliminaire sur la Relaxation Dynamique
Cette méthode mérite à un chapitre spécial car elle est fondamentale en sophrologie et sa description est l’objet d’un livre du Dr Caycedo, et est à l’origine de nombreux autres. Nous nous limiterons ici à en donner l’essentiel en précisant quels éléments physiques et psychologiques elle met en jeu, et en renvoyant les lecteurs intéressés aux nombreux ouvrages traitant de la question d’une manière exhaustive.
La méthode de relaxation dynamique consiste, comme l’a affirmé Caycedo lui-même, en une méthode de sophronisation de groupe qui utilise comme base d’activation intra sophronique quelques méthodes psychophysiques orientales minutieusement sélectionnées. Cette relaxation dynamique comprend trois temps, ou degrés, chacun d’eux comprenant un mois d’entraînement en groupe. Chaque degré de relaxation dynamique peut être employé d’une manière indépendante par le sophrologue, mais il est cependant préférable que la personne qui s’entraîne, s’il n’existe pas de contre-indication. Suive la méthode dans l’ordre où elle a été conçue.
L’entraînement pour chaque exercice peut être fait quotidiennement ou trois fois par semaine sous la direction d’un sophrologue directeur de groupe, avec possibilité d’être aidé par des auxiliaires parfaitement entraînés. A chaque degré, succède une période libre de durée variable pendant laquelle le patient qui s’est entraîné sélectionne les exercices qui lui conviennent le mieux et les exécute une fois par jour, élaborant avec l’accord du sophrologue directeur de groupe sa « propre méthode ».
Le premier degré est une approche sophrologique des techniques les plus pures du YOGA, plus spécialement du RAJA YOGA.
Le deuxième degré réalise une approche sophrologique des techniques bouddhistes proprement dites. Nous soulignons qu’il s’agit d’une approche qui se réalise au travers de la sophrologie, car, nous l’avons déjà dit, ces techniques sont exécutées pendant la sophronisation, c’est-à-dire qu’elles s’apprennent au cours d’une sophronisation de groupe, les exercices étant utilisés eux-mêmes comme moyen d’activation intra sophronique.
Le troisième degré est une approche sophrologique à certains exercices du zen japonais.
Les trois degrés constituent une méthode parfaitement structurée et permettent à la personne qui s’entraîne de prendre « contact directement avec son univers intérieur » par les techniques les plus classiques d’Orient réalisées pendant la sophronisation.
En terminant le troisième degré qui possède lui aussi une période libre, le patient, toujours suivant une ligne très orientale dirigée par le sophrologue qui l’a instruit dans les trois méthodes antérieures, élabore sa propre technique de relaxation dynamique où il fait une synthèse des trois degrés. Un patient déjà entraîné peut élaborer sa propre méthode, et son exécution pendant vingt minutes par jour au moyen d’exercices psychophysiques entraînera un renforcement extrêmement puissant de son activité mentale et physique.
Au cours de la période d’entraînement, chaque séance dure à peu près trois quarts d’heure. Le Dr Caycedo commença l’élaboration de sa méthode aux Indes en 1965. En tant que neurologue et psychiatre, il a su dégager les éléments les plus importants pour adapter à l’Occident des techniques propres à fonder l’entraînement psychosomatique en sophrologie.
Il est bien évident qu’à aucun moment il n’a pensé que sa méthode pourrait remplacer les systèmes gigantesques qu’il abordait et qui étaient pratiqués en Orient depuis des siècles. Afin qu’on ne se méprenne pas sur ses intentions, il baptisa sa méthode « relaxation dynamique ». Cette méthode allie quelques-unes des techniques du YOGA, du bouddhisme et du zen, à des procédés occidentaux de sophronisation. Elle crée ainsi un « pont pratique » qui permet l’union des techniques d’Orient et d’Occident en vue de renforcer la conscience humaine.
Au début, Caycedo avait conçu cette technique comme une véritable méthode de préparation pour les sophrologues. Le médecin qui aspire à être véritablement un sophrologue, a-t-il dit, doit favoriser son propre entraînement et renforcer sa personnalité en se basant sur l’expérience « directe » des phénomènes qu’il manie. La relaxation dynamique est donc une méthode très importante pour la formation du sophrologue qui, à son tour, peut pratiquer d’autres techniques de relaxation statique. Lorsque les premiers disciples de Caycedo, à son retour d’Orient, entraînés par lui à ces différentes techniques, commencèrent à les utiliser avec leurs patients ou simplement pour leur entraînement psychophysique, ils allèrent de surprise en surprise.
Une des applications est le traitement de certaines cardiopathies, lorsque l’indication paraît opportune, et elle est combinée avec l’entraînement autogène de Schultz. De cette façon d’étonnants succès thérapeutiques sont obtenus.
Le Dr Abrezol, en Suisse, a adapté la relaxation dynamique à l’entraînement des sportifs, particulièrement à l’équipe nationale suisse de ski, permettant à son pays, au cours des trois dernières olympiades, de remporter des victoires qu’il n’avait plus obtenues depuis de nombreuses années. Il a également adapté la relaxation dynamique à la compétition à voile et même au sport d’acrobatie aérienne.
La méthode, du fait de sa simplicité de maniement et de sa rapidité d’apprentissage, a commencé à se répandre dans différents centres de sophrologie, en différents pays, et se révèle une arme d’une grande valeur pour la médecine d’avant-garde. Elle a ses applications tant dans le domaine de la sophrothérapie que dans celui de la sophro-pédagogie et met entre les mains de l’homme occidental des techniques scientifiquement adaptées, qui l’aideront à développer sa personnalité et à lutter contre l’angoisse, mal de notre époque.
Avant d’expliquer les différents exercices, on va insister sur un fait important. Caycedo a démontré que la sophronisation peut être dynamique. Tout au début, lorsqu’il utilisait les techniques hypnotiques, avant de fonder la sophrologie, son attention avait été attirée par les techniques « d’hypnose en position debout », ainsi que celle qui postulait la possibilité « d’ouvrir les yeux sans se réveiller ». Dans le fond, comme le dit Pedro Pons, ce furent les doutes sérieux que Caycedo ressentait à l’égard des théories du vieil hypnotisme qui l’amenèrent à fonder la sophrologie. A son retour d’Orient, lorsqu’il songea à utiliser les techniques de relaxation dynamique, il choisit des personnes profondément sophronisables statiquement, qui avaient été capables de présenter une anesthésie profonde.
Tous ces sujets, quelle que soit la profondeur de leur sophronisation, se révélèrent capables de suivre la relaxation dynamique, car, on le verra, c’est une méthode de sophronisation très profonde, sans perte de l’équilibre, sans présence d’aucune amnésie. La mise au point de cette technique devait entraîner la rupture totale de Caycedo avec l’hypnotisme traditionnel.
Le troisième degré de la relaxation dynamique est décrit d’une manière très schématique. Il est en effet réservé à des méthodes plus thérapeutiques qui ne sont pas à leur place ici, pour l’instant du moins.
Le premier degré a été publié pour la première fois en 1969, après quatre années d’expérimentation intensive. De nombreux sophrologues pratiquent le deuxième degré, bien sûr, mais en 2016 il a été publié officiellement dans sa totalité. En ce qui concerne le troisième degré, il est en cours d’expérimentation dans différents pays et nous pensons qu’il sera possible d’en publier les exercices et les résultats dans quelque temps.
La méthode de relaxation dynamique agit sur le tonus musculaire permanent, mais aussi sur le tonus d’activité (Ajuriaguerra et André Thomas) qui comporte trois composantes :
a) le tonus d’attitude ;
b) le tonus d’orientation ;
c) le tonus d’expression.
La méthode de relaxation dynamique exerce une action sur le tonus mental qui est en relation avec le tonus physique sur lequel ü agit à son tour ; réciproquement le tonus physique peut également agir sur le tonus mental. On sait qu’il existe dans l’organisme d’innombrables « récepteurs » périphériques répartis dans tous les organes et qui sont chargés de recueillir les différents stimuli. On les divise en trois groupes : les intérocepteurs, qui reçoivent les stimuli provenant des organes et des cavités corporels ; les propriocepteurs qui reçoivent des ligaments et de l’appareil vestibulaire les stimuli prenant naissance dans les muscles ; les extérocepteurs qui reçoivent les stimuli du monde extérieur. Ces récepteurs sont en connexion grâce à des systèmes de conduction spéciaux avec des aires de substance grise subcorticales constituant des « analyseurs » qui reçoivent et différencient les divers types de sensations. On sait que dans les sensations proprioceptives se trouvent les sensations statiques et les sensations cinétiques. Ce sont surtout les sensations cinétiques que manie de façon prédominante la méthode de relaxation dynamique, ainsi que l’a fait remarquer Caycedo. Les stimuli, ou informations, captés par les appareils périphériques, distribués aux analyseurs, transformés en sensations, arrivent à la conscience, agissant sur elle de diverses façons.
Comme l’a très justement souligné Alfredo Isasi, la relaxation dynamique est une méthode de très grande importance pour comprendre les objectifs de la sophrologie. Pour Caycedo, la formation du sophrologue doit se placer essentiellement sur le plan de l’expérience directe, et c’est précisément cette ouverture de notre propre conscience qui est un des éléments principaux de la relaxation dynamique.
Le professeur Caycedo, qui est sans doute le spécialiste le plus éminent des méthodes occidentales de la sophrologie, a été formé essentiellement par Binswanger en Suisse, puis il a voyagé en Orient où il séjourna plus de deux ans, restant en contact avec les maîtres les plus éminents du zen japonais, les plus grands RAJA-YOGIS des Indes et les plus grands yogis tibétains. Les deux livres publiés aux Inde : India of yogis et Letters of silence, retracent sa longue quête. De retour en Occident, il devait élaborer sa méthode dans laquelle il réalise en quelque sorte une synthèse des méthodes les plus pures de méditation orientale et des exercices d’entraînement psychosomatique pratiqués en Inde (ainsi que dans certains pays bouddhistes et au Japon) depuis des millénaires et qui se trouvent à l’origine de toutes les méthodes de relaxation.
Comme l’a noté Isasi, Caycedo a réalisé dans le premier degré de la relaxation dynamique la synthèse de quatre éléments principaux :
Il a sélectionné une série d’exercices préparatoires en RAJA-YOGA, auxquels il a été initié aux Indes et qui sont totalement inconnus en Occident pour la plupart. Cette sélection a retenu tous les exercices qui ont une valeur psychologique et écarté la plupart de ceux qui avaient un caractère rituel. Il a retenu également quelques KRIYAS (techniques de purification) selon le même critère.
Dans le premier degré, la relaxation se développe au cours de tous les exercices sans qu’interviennent ni la volonté, ni l’imagination. Elle se manifeste d’elle-même à partir du principe de la « sensation de récupération ». En effet, dès le début de l’application de sa méthode, Caycedo fut frappé par le relief important qu’acquièrent les sensations internes vécues pendant le processus dirigé et il lui apparut très rapidement que la sensation, vécue pendant la phase récupérative des exercices acquérait aussi un relief extrêmement important. Il la considéra comme une des bases de la méthode elle-même. On peut supposer que non seulement les stimuli provenant des propriocepteurs (stimulations musculaires) mais encore ceux provenant des interorécepteurs (stimuli en provenance des organes internes) ont une action directe activatrice sur la conscience. Cette phase d’excitation serait suivie, lors de la phase récupérative, d’une « récupération tonique » des mêmes aires. Cette sensation de récupération est vécue d’une manière très spéciale et différente suivant les individus ; grâce à elle le schéma corporel est mis en relief, s’imposant pour ainsi dire de lui-même sans intervention de la volonté, le sujet assistant passivement à la sensation de récupération des organes ou des groupes musculaires qui ont été activés. Caycedo a, pendant le processus sophronique, incorporé dans la relaxation dynamique trois des éléments les plus importants du RAJA-YOGA, décrits par Patanjali dans les YOGA-SUTRAS plusieurs siècles avant Jésus-Christ et utilisés depuis des temps immémoriaux par les plus grands yogis de l’Inde. Ces éléments sont : la concentration – la méditation – la contemplation.
Lisez la deuxième partie de cet article
yogaesoteric
10 mars 2018