La Roumanie en passe de devenir le premier producteur de gaz de l’UE

L’accord entre la compagnie pétrolière autrichienne OMV et la société allemande Uniper pour la fourniture de gaz provenant de la mer Noire, au sein de la zone économique exclusive (ZEE) de la Roumanie, a mis en lumière l’important potentiel d’approvisionnement en gaz du pays.

L’accord de cinq ans portant sur 15 térawattheures de gaz naturel provenant du projet Neptun Deep au large de la côte roumaine de la mer Noire, à des profondeurs d’eau comprises entre 100 et 1700 mètres, intervient alors que la Russie a interrompu le mois dernier ses livraisons de gaz via l’Ukraine. En plus d’une réduction plus importante des achats d’énergie de l’Union européenne auprès de Moscou en raison de l’invasion de l’Ukraine.

Comme le rapporte Reuters, le volume total du contrat représente environ 1,5% des importations de gaz de l’Allemagne en 2024, et constituerait le premier accord à étayer le projet en eaux profondes tant attendu, plus de dix ans après la première découverte de gaz dans la partie roumaine de la mer Noire.

Le projet Neptun Deep, qui devrait entrer en production en 2027, contient environ 100 milliards de mètres cubes de gaz, ce qui en fait l’une des réserves de gaz naturel les plus importantes de l’Union européenne.

Une fois que Neptun Deep sera opérationnel, la Roumanie deviendra le plus grand producteur de gaz de l’UE et, pour la première fois, un exportateur net de gaz.

Dans l’ensemble, on estime que la Roumanie possède des réserves de gaz offshore d’environ 200 milliards de mètres cubes, ce qui devrait contribuer à diversifier l’approvisionnement de la région.

Selon George Scutaru, directeur du New Strategy Center, un think tank roumain, Neptun Deep produira entre sept et huit milliards de mètres cubes par an, avec des revenus potentiels de plus de 25 milliards de dollars, soit l’équivalent de trois ans et demi des dépenses actuelles de Bucarest en matière de défense.

Selon Arnold C. Dupuy, qui écrit pour le think tank américain Atlantic Council, alors que de nombreux pays de la mer Noire dépendent des importations de gaz russe, la Roumanie couvre déjà environ 80% de ses besoins en gaz grâce à sa production nationale. Mais les perspectives sont encore plus optimistes, selon le chercheur.

Les gisements Neptun Deep et Ana, associés à la production existante, devraient permettre à la Roumanie de satisfaire sa consommation annuelle d’environ 12 milliards de m3. Une fois la production de la mer Noire mise en service, la Roumanie pourrait exporter le produit excédentaire vers ses voisins, en remplacement de leurs importations de gaz russe.

La Roumanie a déjà pris des mesures pour remplacer les importations de gaz russe de la Moldavie, mais le gaz de la mer Noire pourrait réduire la dépendance régionale à l’égard de TurkStream, le gazoduc sous-marin qui achemine le gaz russe vers de nombreux pays d’Europe de l’Est. À titre de comparaison, la consommation annuelle de gaz de la Moldavie est de 2,9 milliards de m3, celle de la Bulgarie de 3 milliards de m3 et celle de la Serbie de 2,4 milliards de m3.

Mais Arnold C. Dupuy voit aussi des risques. La Russie devrait s’opposer aux projets gaziers offshore de la Roumanie, car le Kremlin a déjà fait la démonstration d’une série de tactiques de guerre hybride en mer Noire.

Il explique que depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la zone économique exclusive (ZEE) de la Roumanie est en fait contiguë à la ZEE de la Russie.

« La question de savoir si les installations gazières offshore situées dans la ZEE bénéficient de la protection de l’article 5 ou de l’article 6 de l’OTAN est discutable, ce qui laisse présager de nombreux méfaits de la part du Kremlin », conclut-il.

 

yogaesoteric
12 janvier 2025

 

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