La théologie du père François Brune (2)
Rédigé par Christophe H.
Lisez la première partie de cet article
Le témoignage mystique de Saint Paul
Pour le Père Brune, les théologiens d’Occident catholiques et protestants n’ont, contrairement à leurs homologues orthodoxes, pas assez tenu compte de l’origine de l’enseignement de saint Paul : comme de ce dernier l’a pourtant répété, son enseignement ne lui est pas venu des hommes, pas même des apôtres, mais directement de Dieu. Le père Brune rappelle ici qu’il s’agit avant tout du témoignage d’une expérience mystique bien réelle, contrairement à ce que disent nombre de théologiens qui ne voient dans son langage qu’exagérations poétiques et métaphores. Selon le Père François Brune, qui a écrit un ouvrage sur ce sujet, c’est, au contraire, par comparaison avec les différentes expériences mystiques de tous les temps, que l’on peut comprendre la vision de saint Paul qui résulte. Par ailleurs, François Brune est convaincu que la rupture entre judaïsme et christianisme était la suite inévitable de l’enseignement et de l’œuvre de Jésus et non de celui de Paul.
Christologie et Eucharistie
Selon saint Maxime le Confesseur cité par le Père Brune, le Christ n’est pas un homme divinisé mais Dieu parfaitement incarné. Si Jésus a grandi, eu faim et soif, et même peur, s’il a été tenté, c’est non par nécessité mais par effet de sa volonté : le Christ permettait à Son humanité ce qui lui est naturel selon Nonnos de Nisibe et consentait à ses souffrances selon Sophrone de Jérusalem. Pour une certaine tradition théologique occidentale, le Christ est coupé en deux : son âme divine vivait dans la béatitude des Bienheureux tandis que son corps humain souffrait. Pour les Pères orientaux, la coupure traverse l’âme et le corps tous deux à la fois divin et humain : le corps peut faire des miracles par l’effet de sa divinité, l’âme peut souffrir la déréliction et subir la tentation du fait de son humanité.
Cette double nature était nécessaire pour que le Christ puisse accomplir son œuvre de salut en trois phases simultanées :
1. il y a une déconnexion entre les deux natures du Christ, de telle sorte que la nature divine en Lui ne l’empêche pas de ressentir très profondément dans sa chair et son cœur d’homme, les épreuves, souffrances et tentations de l’humanité : il fallait que la Sainteté de Dieu se soit retirée de son humanité pour Lui permettre d’éprouver réellement ce que le plus pauvre des humains peut éprouver ;
2. cette déconnexion n’est pas totale elle est sélective, de telle sorte qu’il y a en même temps, entre ses deux natures, un aspect de compénétration : la puissance de l’amour de Dieu en Lui communique à sa volonté humaine la générosité nécessaire pour triompher de ses tentations ;
3. le Christ est en chaque homme et chaque homme en lui au-delà de l’espace et du temps selon le schéma de l’hologramme ; dès lors, ce dynamisme d’amour peut se déployer en chaque homme, pour lui donner avec sa volonté les moyens de sa victoire sur ses propres tentations.
Le Christ n’octroie pas le salut de l’extérieur, car selon saint Irénée et saint Grégoire de Naziance, il récapitule tous les êtres humains en lui : nous ne sommes pas sauvés pas le mécanisme de la récapitulation car c’est une possibilité que le Christ nous offre et qu’il faut accepter, nous sommes remis dans le bon chemin, réintroduits dans le processus permettant d’accéder à l’immortalité. Les commentateurs occidentaux affaiblissent le texte des Pères grecs en n’y voyant qu’une image : ils ne comprennent pas que pour les Pères grecs, comme pour saint Paul, comme pour saint Jean, le temps et l’espace ne jouent plus aucun rôle. Selon le Père Brune, nombre de mystiques occidentaux ont décrit ce processus en trois phases simultanées comme sainte Julienne de Norwichou ceux de l’école française de spiritualité du Cardinal de Bérulle.
Pour François Brune, l’hostie est réellement le corps du Christ. Le sacrifice de la Messe n’est pas un autre sacrifice que celui de la Croix, ce dernier étant unique selon les Écritures. Chaque messe coïncide avec l’instant même de la mort et de la résurrection du Christ et toutes les hosties consacrées avec le corps du Christ : la messe n’est ni une représentation symbolique, ni le renouvellement d’un événement unique : l’interaction entre ce sacrifice et le communiant ne décroît pas avec la distance spatiale et temporelle, car la messe efface toute préséance entre passé et futur. Les célébrations de la messe ne constituent pas autant de sacrifices mais autant de moyens de rejoindre, à travers le temps et l’espace, toujours le même et unique sacrifice de la Croix. François Brune reprend l’analogie de la plaque de l’hologramme pour illustrer que lorsque l’on rompt l’hostie, chaque parcelle demeure le corps du Christ tout entier.
Rapport entre sciences, surnaturel et foi
Le Père Brune pense qu’il y a une convergence entre foi et sciences mais davantage avec les sciences réputées dures, à savoir physique, astrophysique, cosmologie qu’avec la biologie. Cela lui semble particulièrement vrai concernant la question de l’existence de Dieu au sujet de laquelle il cite souvent les scientifiques pour qui la vie et donc la conscience n’ont pu se former sur notre planète que grâce à des conditions extrêmement précises qui étaient là dès le début du monde : si la densité initiale de la matière, la vitesse de la lumière, la constant gravitationnelle avaient été un tout petit peu différentes, si peu que ce fût, l’humanité n’avait plus aucune chance d’apparaître dans ce monde ; par exemple, Trinh Xuan Thuan qui, pour donner une idée de la précision du réglage nécessaire à l’apparition de la vie, le compare au tir d’un archer qui viserait une cible carrée d’un centimètre de côté placée aux confins de l’Univers à une distance de 15 milliards d’années-lumière. Il cite également Paul Davies qui en tire la conclusion que l’Univers est « l’expression cohérente, rationnelle, élégante et harmonieuse d’une profond et intentionnel ». Il cite aussi William D. Phillips qui en conclut qu’il pourrait arriver que la croyance en Dieu devienne la « conclusion scientifique la plus raisonnable ».
Il ne s’agit pas pour le Père Brune de donner une démonstration scientifique de sa théologie mais de souligner des convergences et des analogies qui lui paraissent importants à souligner car elles suffisent à montrer que la conception mystique du christianisme à laquelle il se rattache est loin d’être absurde même si elle paraît loin du sens commun. À cet égard, il cite Pierre Chaunu pour qui la physique moderne constitue la seule véritable métaphysique de notre temps. À cet égard, le Père Brune déplore l’attitude de certains théologiens qui préfèrent s’intéresser aux idées plutôt qu’aux faits et aux travaux scientifiques qui authentifient les miracles car mépriser les miracles, est plus grave selon lui que de les réfuter : « Tout intellectuel qui se respecte doit aujourd’hui déclarer bien haut : “ moi, je croirais plutôt malgré les miracles que grâce à eux ”. Oh que c’est beau, que c’est noble, cette attitude-là. Le seul problème, c’est que “ l’intellectuel ” (ou celui qui se considère comme tel), en faut, ne croit déjà plus à grand-chose. »
Le Père Brune constate que de nombreux savants comme Erwin Schrödinger, Niels Bohr, Fritjof Capra ont cherché à confronter les nouvelles conceptions scientifiques aux traditions religieuses de l’humanité venues d’Inde, de Chine, du Japon, rarement l’Islam, et pratiquement jamais le christianisme. Or selon lui, le christianisme, davantage que ces traditions spirituelles qu’il a toutes étudiées, offre beaucoup plus que de simples analogies avec les conceptions scientifiques modernes. L’erreur des théologiens chrétiens selon le Père Brune est de ne pas avoir éclairé le contenu de la foi chrétienne à la lumière de la science ou quand ils l’on fait de ne se baser que sur les facilités de la physique non relativiste conduisant ainsi au matérialisme et au refus des miracles : imprégnés de la vision mécaniste du monde, leur travail aura consisté à vider le christianisme de tout ce qu’il a de plus fantastique et de plus merveilleux.
Le Père Brune fait sienne la théorie de William D. Phillips conciliant sa conviction scientifique dans l’immuabilité des lois de la nature et sa foi chrétienne en la possibilité pour Dieu de faire des miracles : les intervention de Dieu auraient lieu au niveau de la probabilité quantique – où la physique permet une multiplicité de résultantes plus ou moins probables – à partir desquelles Dieu pourrait choisir sans entrer en contradiction avec les lois de la physique.
Le Père Brune souligne également les passerelles possibles entre surnaturel et sciences. Ainsi, concernant la transcommunication instrumentale (TCI), il cherche à faire connaître les nombreux travaux la concernant dont ceux du centre de recherches « Il Laboratorio » de Bologne dirigé par Enrico Marabini : disposant des meilleurs matériels utilisés par le FBI et les départements scientifiques de toutes les polices d’Europe et des États-Unis, des chercheurs de différentes disciplines comme Daniele Gullà, experte en reconnaissance d’images et de voix humaines devant la justice italienne et le police scientifique de nombreux pays européens, ou comme Paolo Presi ingénieur en aéronautique, ont comparé les enregistrements faits du vivant de la personne à ceux reçu par TCI et affirment qu’on retrouve à 99 % les caractéristiques d’une voix de ces personnes179.
En revanche, le Père Brune regrette que les biologistes ou les spécialistes des sciences de la cognition fassent souvent comme si la physique quantique n’interférait pas avec l’objet de leurs recherches ou rejettent a priori les expériences aux frontières de la mort180.
Interventions médiatiques
Dans ses interventions médiatiques, le Père Brune promeut l’idée d’une communication possible avec les personnes décédées : « Le plus scandaleux est le silence, le dédain, voire la censure exercée par la Science et l’Église à l’égard de la découverte sans conteste la plus extraordinaire de notre temps : l’après vie existe et nous pouvons communiquer avec ceux que nous appelons les morts. » Il est parfois suivi en ce sens par quelques théologiens.
– Le Père Gino Concetti, théologien, qui a été rédacteur de L’Osservatore Romano, journal du Vatican, a fait une longue déclaration à l’agence italienne de presse ANSA, reprise notamment par les journaux quotidiens Il Messaggero et La Repubblica (28 novembre 1996), sur la possibilité de communiquer avec l’Au-delà à certaines conditions.
– Le Père Andreas Resch, théologien italien qui a enseigné à Rome à l’Université Pontificale du Latran (Accademia Alfonsiana) dirige depuis 1980 à l’Université d’Innsbruck un institut où l’on étudie l’ésotérisme, l’occultisme, le spiritisme, la parapsychologie (Institut für Grenzgebiete der Wissenschaft [Institut pour les zones frontières de la science])…
– Le Père Pasqual Magni et le Père Giovanni Martinetti ont rédigé la préface du livre de Linos Sardos Albertini : L’Au-delà existe, Le livre de Poche, 2009, ISBN 978-2-253-06517-3.
Il intervient régulièrement sur les ondes de la radio Ici et Maintenant ! dans les émissions nocturnes de Jean-Claude Carton. Depuis le départ de ce dernier, François Brune est l’un des parrains de la nouvelle émission de Jean-Claude Carton, Toutes les étoiles en parlent sur idFM radio Enghien.
Il répond aux interviews des journalistes de différents pays : Allemagne, Argentine, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Espagne, États-Unis, Haïti, Italie, Luxembourg, Mexique, Pologne, Porto Rico, Portugal, Roumanie, Russie, Suisse.
Les thèmes les plus demandés concernent les expériences de mort imminente qu’il préfère appeler expériences aux frontières de la mort (EFM), ceux que l’on a cru morts et qui sont revenus à la vie de ce monde, les communications avec les morts (notamment par le phénomène de voix électronique). Mais aussi : le Christ devant la science moderne, les reliques de la Passion du Christ (linceul de Turin, tunique d’Argenteuil, suaire d’Oviedo, Sainte Face de Manoppello), les apparitions de la Vierge au Mexique en 1531 et les apparitions de la Vierge à notre époque en Égypte. S’ajoutent à cela des conférences sur divers mystiques chrétiens, musulmans ou hindous.
yogaesoteric
19 janvier 2019