Le lobby pharmaceutique et le crime organisé se ressemblent davantage que vous ne pourriez le croire
N’allez pas croire que la situation n’est pas aussi dramatique en France. Que nenni. Le lobby pharmaceutique français est sans doute, proportionnellement, tout aussi puissant que celui d’outre-Atlantique. Il est grand temps d’arrêter de dénigrer le fanatisme religieux quand on est soi-même accro à la toute puissance de cette médecine et de son maquereau, le pharmacien. Nul besoin de s’injecter sa dose d’héroïne quotidienne au fond d’une ruelle sombre ou de fumer du crack dans les toilettes d’un bar miteux pour être un toxico. C’est un fait, malheureusement. Toutefois, il est souvent (mais pas toujours) possible de faire marche arrière. Il y a beaucoup de preuves vivantes. Tentez la désintox progressive, adoptez une bonne hygiène de vie et intéressez-vous aux alternatives naturelles pendant qu’elles sont encore accessibles. Il existe même de bons thérapeutes non corrompus (certes difficiles à trouver) qui pourront sans doute vous y aider.
« Il est effrayant de constater les nombreuses similarités qui existent entre l’industrie [pharmaceutique] et la pègre. La mafia engrange des sommes d’argent indécentes, ce qui est également le cas de cette industrie. Le meurtre et le décès font partie des effets indésirables de l’un comme de l’autre. La mafia arrose les hommes politiques et autres de pots-de-vin, tout comme l’industrie des médicaments… »
~ Richard Smith, ancien vice-président du laboratoire Pfizer
Si vous croyez que les grandes sociétés pharmaceutiques ont le plus grand respect pour la santé publique, il est temps de revoir cela. Cette industrie regorge d’exemples de morts injustifiées, d’extorsion, de fraude, de corruption, d’obstruction à la justice, de malversations, de publications falsifiées, de harcèlement et de listes noires à faire rougir le plus endurci des parrains de la mafia. Big Pharma s’est vu infliger des milliards d’amendes par le ministère de la justice américaine, ce qui n’a pour autant pas fait fléchir la courbe de la corruption – ces sanctions pécuniaires étant considérées comme le simple « coût des affaires » au même titre que le paiement des charges.
En tant que médecin et chercheur, Peter C. Gøtzsche a fait l’expérience directe de la face criminelle de l’industrie pharmaceutique – et exposé ensuite cette vaste fraude dans un ouvrage intitulé Deadly Medicines and Organized Crime: How Big Pharma Has Corrupted Healthcare (Les médicaments qui tuent et le crime organisé : comment le lobby pharmaceutique a corrompu le domaine de la santé).
Une science dangereuse
Les antécédents cliniques du Dr Gøtzsche sont impressionnants comme l’indique le Nordic Cochrane Center, une association à but non lucratif qui, en matière de santé, fournit des renseignements accessibles, dignes de foi et exempts de tout parrainage commercial et autres conflits d’intérêt :
« Le Professeur Peter C. Gøtzsche a obtenu sa maîtrise ès sciences en biologie et chimie en 1974 et son diplôme de médecine en 1984. C’est un spécialiste de la médecine interne ; de 1975 à 1983, il a travaillé aux essais cliniques et à la réglementation des médicaments dans l’industrie pharmaceutique et de 1984 à 1995, dans les hôpitaux à Copenhague. En 1993, avec 80 autres personnes, il a aidé à mettre en œuvre la Cochrane Collaboration avec son fondateur, Sir Iain Chalmers, et créé le Nordic Cochrane Centre au cours de la même année. En 2010, il est devenu professeur de plans et d’analyse en recherche clinique à la faculté de Copenhague.
Peter a publié plus de 70 articles dans les cinq grandes revues médicales (BMJ, Lancet, JAMA, Ann Intern Med et N. Eng. J. Med) et ses travaux scientifiques ont été cités plus de 15.000 fois. Il est également l’auteur de :
– Deadly Psychiatry and Organized Denial (La psychiatrie qui tue et le déni organisé), 2015
– Deadly Medicines and Organized Crime: How Big Pharma Has Corrupted Healthcare (Les médicaments qui tuent et le crime organisé : comment le lobby pharmaceutique a corrompu le domaine de la santé), 2013
– Rational Diagnosis and Treatment: Evidence-Based Clinical Decision-Making (Diagnostic et traitement rationnels : prise de décision clinique factuelle), 2007 »
Le Dr Gøtzsche a dédié la majeure partie de sa carrière à la polarisation, aux essais et à la synthèse de données probantes.
Dans Deadly Medicines and Organized Crime, il expose la corruption derrière les prix exorbitants des médicaments non génériques, attirant l’attention sur le fait que l’onérosité de ces derniers ne reflète pas les coûts de développement mais plutôt ceux du lobbying politique, de la commercialisation et de la prise excessive de bénéfices. Il fait également remarquer que bon nombre de tests ne sont rien d’autre que des écrans de fumée et des miroirs aux alouettes pour lesquels les sociétés pharmaceutiques organisent la recherche de telle sorte que l’on sélectionne les meilleures populations et les meilleurs groupes de comparaison justement parce qu’ils sont en faveur du résultat escompté ; elles contrôlent les données, effectuent les analyses en interne et engagent des professionnels pour rédiger les articles. Après quoi, elles effectuent une sélection minutieuse des résultats pour répondre à leurs besoins marketing plutôt qu’à l’intérêt des patients. Souvent, on paie des chercheurs pour les ajouter à la liste des contributeurs à l’étude alors qu’en réalité ils n’ont que très peu participé et sont incapables d’étayer les données. D’après Gøtzsche, « les “ meilleurs ” médicaments sont peut-être simplement ceux qui comportent le plus de données polarisées sans vergogne ».
Qui plus est, il démontre que ces produits pharmaceutiques sont véritablement dangereux pour diverses raisons :
« Aux États-Unis et en Europe, les médicaments délivrés sur ordonnance sont la troisième plus grande cause de décès après les crises cardiaques et le cancer. Environ la moitié des personnes qui meurent ont suivi correctement leur traitement ; les autres décèdent suite à des erreurs comme un surdosage ou l’absorption d’une drogue malgré qu’elle soit contre-indiquée. Les organismes réglementaires gouvernementaux sont de peu d’utilité en la matière vu qu’ils s’appuient sur des palliatifs bidons consistant en une longue liste d’avertissements, de mises en garde et de contre-indications pour chaque médicament tout en sachant qu’aucun médecin n’est en mesure de tous les maitriser. Les principales raisons de ces décès d’origine médicamenteuse sont imputables à une réglementation impuissante, à une criminalité tentaculaire incluant l’altération de preuves scientifiques et la corruption de médecins, et aux mensonges pour la mise sur le marché de médicaments, tout aussi nocifs que le tabac et qui, devraient donc être interdits. Nous devrions en consommer beaucoup moins et les patients devraient étudier attentivement les notices d’emploi de ce que leur médecin leur prescrit ainsi que les sources d’information indépendantes en matière de médicaments telles que les études Cochrane afin de les aider à dire non. »
Avant d’ignorer l’argument de Gøtzsche comme le point de vue isolé d’un seul homme sur une question épineuse, considérez bien le passif entaché du géant pharmaceutique Merck.
Listes noires, fausses publications, harcèlement et gros capitaux
Durant les témoignages pour un dossier de recours collectif en Australie, dans les courriers électroniques échangés entre les employés de Merck, des étiquettes telles que « à neutraliser », « neutralisé » ou « à discréditer » accompagnaient les noms des médecins critiquant le médicament Vioxx.
Sur un de ces courriels, on pouvait lire : « Il faudra probablement les chercher pour les détruire à domicile […] »
Le tribunal a été informé que James Fries, professeur de médecine à la faculté de Stanford, avait adressé, en octobre 2000, un courrier au directeur de Merck pour se plaindre du harcèlement dont étaient victimes certains membres de son équipe ayant critiqué ce médicament.
« Pires encore, écrivait-il, furent les allégations de Merck visant à limiter les dégâts par intimidation […] Cela a été le cas d’au moins huit experts (cliniciens) […] Je suppose que j’ai moi-même été légèrement menacé mais je n’ai jamais évoqué ces questions de vive voix ni par écrit. »
Passé 2001, Merck continuait de s’adonner à des tactiques contraires à l’éthique. La société aurait apparemment :
– Produit une fausse publication « à comité de lecture » intitulée Revue de médecine ostéo-articulaire d’Asie Pacifique à la seule fin de faire circuler des articles en faveur du Vioxx.
– Publié un article de journal entièrement rédigé par un auteur à gage, obligeant un médecin à y apposer son nom, quand bien même les données présentées relevaient, selon un employé de Merck, de la « pensée magique ».
Il faut s’attendre, à l’avenir, à ce que ce grand cirque de corruption ne fasse qu’empirer, l’Association médicale américaine (AMA) ayant – à point nommé – issu de nouvelles directives visant essentiellement à réduire au silence tout médecin qui ne suivrait pas à la ligne du parti y compris ceux dénonçant les produits pharmaceutiques.
« Il y a beaucoup de dissension au sein de la profession médicale en matière de santé naturelle et beaucoup refusent d’envisager l’idée qu’il faille plus que des produits chimiques de synthèse pour guérir. L’AMA a énoncé de nouvelles instructions qui vont : “ élaborer des lignes directrices en matière d’éthique pour les médecins dans les médias, rédiger un rapport sur la manière dont ces derniers pourraient faire l’objet de mesures disciplinaires pour avoir violé l’éthique médicale à travers leurs activités médiatiques, et émettre une déclaration publique dénonçant la diffusion d’informations médicales douteuses à la radio, à la télévision, dans les journaux ou sur les sites internet ” explique le Dr Edward Group, fondateur du Global Healing Center. »
Fait incroyable, l’AMA ne représente que 17% des médecins, dont un grand nombre sont des étudiants en médecine ayant bénéficié d’une adhésion gratuite. Et pourtant, cet organisme est le cinquième plus puissant groupe d’intérêts particuliers au Capitole, ayant investi, pour la seule année 2014, la somme astronomique de 19,7 millions de dollars dans des activités de lobbying.
De plus amples informations (en anglais) disponibles ici à propos de la mise sous silence des dissidents médicaux – et comment agir.
yogaesoteric
14 juin 2019
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