Le mythe du « rebelle modéré » kurde (2)
Lisez la première partie de cet article
Pourquoi ne possèdent-ils pas d’État ?
La partie moyen-orientale des accords Sykes-Picot, appelée officiellement : « Accord d’Asie mineure », fait partie des accords secrets signés en 1916 par le Royaume-Uni et la France avec l’aval de l’empire russe. Elle fixe les frontières de pays comme la Syrie, l’Irak et la Jordanie ; les kurdes n’ayant que peu ou prou d’influence. La finalité majeure de ces accords pour les Empires coloniaux français et britanniques était de préserver leur influence et leur suprématie. Les kurdes ont argué qu’un territoire leur avait été promis, mais ils ont été évincés de l’accord à la dernière minute.
L’Histoire kurde du XXème siècle est marquée par la montée du sentiment national kurde aspirant à la création d’un État indépendant conformément au traité de Sèvres de 1920. Des pays comme l’Arménie, l’Irak, et la Syrie ont été en mesure d’accéder à leur indépendance, mais la création d’un « Kurdistan » était contraire aux intérêts du nouvel état turc, créé par Mustafa Kemal Atatürk. Le Kurdistan n’a donc jamais existé.
Le 28 mars 1991, les kurdes quittent Kirkuk en Iraq pour Erbil, après le bombardement iraquien de la région, pour la récupérer des mains des rebelles kurdes.
Les seules régions du Moyen-Orient où les kurdes ont réussi à obtenir un semblant d’autonomie correspondent au Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak (GRK) – où la protection des minorités est garantie par de nouvelles lois – et Israël.
L’inadéquation entre les régions où se sont installés les kurdes et les frontières politiques et administratives de la région empêche l’établissement d’un consensus kurde sur la question. Cependant, le traité de Sèvres n’a pas été appliqué et a été remplacé par celui de Lausanne. La frontière actuelle entre l’Iraq et la Turquie date de juillet 1926. Bien que l’article 63 du traité de Sèvres accorde de manière explicite pleines garanties et protections à la minorité assyro-chaldéenne ; ce point n’apparait plus dans le traité de Lausanne.
Il est important de préciser que les kurdes iraquiens sont installés sur des terres au sous-sol riche en pétrole. La province syrienne de Hasakah – à laquelle les kurdes ont injustement prétendu et qui inclut leur capitale autoproclamée : Al-Qamishli – possède parmi les champs de pétrole les plus prolifiques de Syrie. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir les États-Unis investir sur les Kurdes.
Les minorités, chrétiennes en particulier, traitées de manière violente et contraire à l’éthique
Selon Rûdaw, dans un article paru en 2014, « Ahmed Turk, un politicien kurde de Turquie, a déclaré que les Kurdes avaient aussi leur part de “ responsabilité dans le génocide ” et a demandé pardon aux Arméniens. “ Nos parents et grands-parents ont été utilisés contre les Assyriens et les yézidis, ainsi que contre les Arméniens. Ils ont persécuté ces gens ; leurs mains sont souillées par le sang. En tant qu’héritiers, nous demandons pardon ” a déclaré Turk. ».
Les kurdes ont, durant des siècles, persécuté des groupes minoritaires, commettant à leur encontre des actes génocidaires de manière tristement récurrente. La comptabilité de ces actes entre 1261 et 1999 figure dans « Génocides contre la Nation assyrienne ».
En 1261 après J-C, au cours de ce que l’on a appelé « la venue des kurdes », des milliers d’Assyriens ont fui les villages de la plaine de Ninive, Bartillah, Bakhdida (Qaraqosh), Badna, Basihra et Karmlis, en direction de la citadelle d’Erbil pour échapper à une émigration massive kurde. Le roi Salih Isma’il avait exigé, de la part de nombreux kurdes, le départ des montagnes turques vers la plaine de Ninive. Les villages assyriens de ces plaines ont été saccagés et les milliers d’Assyriens qui n’ont pas pu rejoindre Erbil ont été massacrés par les nouveaux arrivants kurdes. Un monastère a été violé, à Bakhdida, et les religieuses qui y vivaient massacrées. Suit, un article du New York Times paru en 1915 rapportant l’exécution massive de chrétiens par les Turcs et les Kurdes.
Les tribus kurdes de Turquie, de Syrie et d’Iran ont mené régulièrement des raids voire même des assauts paramilitaires contre leurs voisins pendant « la Grande guerre ». Les kurdes, fidèles à leur tradition de longue date qui consiste à légitimer le pillage des villages chrétiens, sont responsables de nombreuses atrocités commises à l’encontre des chrétiens assyriens. Un chef de clan turc a assassiné le patriarche de l’église d’Aast à la table des négociations en 1918, avec pour répercussions la décimation de la population chrétienne.
La complicité kurde dans le génocide arménien
Le génocide arménien a été perpétré durant et après la Première Guerre mondiale et s’est déroulé en deux phases : l’élimination massive des hommes valides, se traduisant par des massacres et la soumission des soldats conscrits aux travaux forcés ; suivi par la déportation des femmes, des enfants, des plus âgés et des infirmes lors de marches forcées vers le désert syrien. Acheminés par des escortes militaires, les déportés se voyaient privés de nourritures et d’eau et étaient régulièrement, dépouillés, violés et massacrés.
D’autres indigènes et groupes ethniques chrétiens, comme les Assyriens et les Grecs pontiques ont aussi été sujets à extermination par le gouvernement ottoman lors des génocides assyriens et grecs dont les procédés sont considérés par les historiens comme similaires à ceux utilisés à l’encontre des Arméniens. La plupart des communautés de la diaspora arménienne à travers le monde ont émigré suite au génocide. Dans les provinces de l’est, les Arméniens ont subi les caprices de leurs voisins turcs et kurdes, leur faisant payer des impôts excessifs, commettant brigandage et kidnapping à leur encontre, les forçant à se convertir à l’islam, et autrement, les exploitant sans en référer aux autorités centrale ou locales.
Sous la pression de leurs dirigeants ottomans, les chefs de clans des tribus kurdes ont parcouru les provinces du sud en violant, assassinant et pillant tout sur leur passage ; des terres où ils avaient cohabité durant des siècles, même si n’a pas toujours été simple, avec les Arméniens et autres non-musulmans. Henry Morgenthau, qui a servi comme ambassadeur des États-Unis à Constantinople au moment des faits, décrit la complicité kurde dans ses terrifiants mémoires de 1918 intitulés Histoire de l’ambassadeur Morgenthau : « Les kurdes déferlaient de leurs montagnes. Se précipitant sur les jeunes filles, ils soulevaient leur voile et emmenaient les plus jolies dans les collines. Ils kidnappaient les enfants au gré de leurs fantaisies et détroussaient sans pitié les autres personnes. Tout en commettant ces exactions, les kurdes massacraient gratuitement ; et les cris des femmes et des vieillards ne faisaient qu’amplifier l’horreur générale. ».
La discrimination envers les kurdes faïli en Iraq
Il est important de rappeler qu’il existe de nombreux kurdes auxquels on aurait tort d’attribuer les méfaits vus précédemment. Il y a des kurdes qui se sont assimilés à la société dans laquelle ils vivent et qui rejettent les idéaux séparatistes de leurs homologues. Leurs préoccupations sont principalement de nature politique et spécifiques aux pays où ils résident. Ils ne souhaitent pas créer un « Kurdistan » unifié au sein des quatre pays qu’ils occupent moyennant la balkanisation, le pillage, le génocide ou tout autre crime contre l’humanité que l’on a évoqué précédemment. En fait, ces kurdes ont subi une discrimination de la part de leur communauté d’origine parce qu’ils n’ont pas soutenu le projet de création d’un État indépendant. Les kurdes faïli du nord de l’Iraq en sont le parfait exemple. Beaucoup d’entre eux se sont opposés au projet de referendum sur l’indépendance annoncé par le Gouvernement régional du Kurdistan iraquien (GRK), le 7 juin 2017, dans la mesure où ils craignaient une amplification de la crise en cours.
Le premier ministre iraquien Haider al-Abadi a livré la position officielle du gouvernement iraquien, le 18 juin 2017, déclarant : « Le referendum du Kurdistan régional sur la sécession est illégal et le gouvernement fédéral ne le soutiendra pas, ne le financera pas et n’y participera pas. »
Les États-Unis et les voisins de l’Iraq incluant la Turquie, l’Iran et la Syrie s’opposent à la division territoriale du pays.
Fouad Ali Akbar, un membre faïli du conseil provincial de Bagdad, confie à Al-Monitor : « Ce sont des kurdes chiites… Ni les chiites, ni les kurdes ne leur ont montré de considération. La plupart des faïlis sont modérés et présentent une hétérogénéité culturelle ; ceci les a empêchés de gagner la confiance des autres kurdes et des chiites qui, pour des raisons ethniques et sectaires, n’ont pas souhaité leur permettre d’acquérir une identité stable ainsi que des droits similaires à ceux des autres citoyens iraquiens. »
L’activiste faïli Hassan Abdali a déclaré : « Nous, les kurdes faïli, nous nous considérons comme des Iraquiens de souche. Nous avons de profondes racines historiques et sociales en Iraq. Nous avons soutenu le pays et ses habitants lors de l’intégralité des mouvements d’émancipation, au cours de la révolte iraquienne contre les Britanniques, et nous avons pris part aux initiatives kurdes et aux révolutions chiites ainsi qu’au combat contre l’État Islamique (EI). Et nous avons aussi été persécutés par les mouvements nationalistes arabes et kurdes ».
Ali Akbar a lui aussi déclaré à Al-Monitor : « La majorité des revendications faïli concernent le potentiel déplacement, les tueries, la confiscation de leurs économies et le pillage systématique qu’ils sont susceptibles de subir en cas de déclaration d’indépendance du Kurdistan ; conséquences des menaces qu’ils reçoivent lorsqu’une querelle surgit entre le gouvernement de Bagdad et le GRK ».
Sara Abdel Waid, cheffe du groupe parlementaire rattaché à Goran (un parti politique kurde iraquien) a déclaré lors d’une conférence de presse en compagnie de représentants faïli, incluant des parlementaires : « Le referendum qui doit avoir lieu en septembre au Kurdistan est un referendum partisan qui ne représente pas l’ambition du peuple kurde, dans la mesure où il n’émane pas d’institutions nationales légitimes. »
Le racisme kurde envers les arabes – plus particulièrement envers les Syriens
Alors qu’il enquêtait sur Daech, le journaliste d’investigation Bruno Jantti nous a donné son sentiment sur ce qu’il a vécu au Kurdistan iraquien : « En travaillant au Kurdistan iraquien, j’ai été frappé par l’omniprésence d’attitudes régressives comme le racisme ou le sexisme. Je suis resté deux semaines sur place pour mener une enquête sur l’État islamique (EI), principalement aux alentours de Sulaymaniyah et de Dohuk. Je n’ai pas pu m’empêcher de relever un grand nombre de caractéristiques sociétales et culturelles qui m’ont quelque peu surpris.
Considérant ce qui était en train de se passer tout près en Syrie, le niveau de racisme anti-Syriens m’a laissé pantois. J’y ai été confronté presque chaque jour. Un chauffeur de taxi à Sulaymaniyah a lancé : “ Ces Syriens ruinent notre pays ! ” Un autre fulminait contre des enfants syriens qui lavaient les vitres des voitures et vendaient des clous, les traitant de “ Sales gosses ! ”. Les Iraquiens et les Syriens d’origine arabe, ayant fui pour rejoindre le Kurdistan iraquien, étaient en permanence déconsidérés.
Il n’y avait pas que les chauffeurs de taxi. Dans l’enceinte du bâtiment du gouvernorat de Sulaymaniyah, une femme officier a jugé bon de nous briefer avant nos interviews dans les camps de réfugiés de la région. Elle m’a dit, mot pour mot, que les réfugiés syriens “ se plaignaient à propos de tout ”. Dans une autre ville, un chef de police était atterré et dépité de voir que mes collègues et moi-même sollicitions un permis pour travailler dans des camps abritant des réfugiés syriens. Le chef de police a dit avec mépris : “ Mais ce sont des réfugiés syriens ! ”
J’étais conscient de l’image négative que pouvaient avoir les arabes, les Perses et les Turcs aux yeux du nationalisme kurde. Au Kurdistan iraquien, j’ai été surpris de constater une telle occurrence pour ce genre de comportements. »
Un mythe enjolivé
Les kurdes ont su accroitre leur popularité auprès du public occidental en se faisant passer pour des révolutionnaires féministes, « combattants de la liberté » marxistes en qui brûle le désir ardent de créer leur version d’une utopie où règnerait la paix pour tous – une image que Stephen Gowans a récemment critiqué dans « le mythe de l’excellence morale du YPG kurde ».
Ils cherchent en fait à créer un État autonome illégitime à cheval sur d’actuels États souverains. Cette liberté qu’ils recherchent doit être obtenue en massacrant les populations autochtones des pays qu’ils veulent morceler et diviser à leur convenance. Ils se sont mis à chasser les populations indigènes, moyennant des stratégies basées sur l’utilisation de la force et de la terreur, cautionnées par leurs sponsors mais en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Soutenir leur cause c’est soutenir des actes génocidaires qui consistent essentiellement à arracher les populations de leur foyer et de leurs terres tout en servant les objectifs impérialistes des nations occidentales.
Jusqu’à récemment, les séparatistes kurdes avaient bonne presse. Mais leur agenda a été exposé au grand jour et leurs vraies intentions démasquées. Leur alliance, passée comme présente, avec Israël et les États-Unis est révélatrice de leurs intentions. Elle ne peut être occultée ou sous-estimée dans la mesure où elle est le pilier secret sur lequel reposent leurs ambitions. Le projet du « Grand Israël » est en train de prendre forme et doit être stoppé immédiatement.
Le soutien, des aspirations kurdes à l’indépendance et à la création d’un État au dépens de ceux de la région, est illégitime, profondément irrationnel, et constitue une violation des droits de l’homme pour toutes les raisons que nous avons abordées dans cet article. On doit aussi se rappeler qu’un des principaux dirigeants de Daech était kurde. Si les kurdes veulent réellement vivre en paix et coexister avec les autres peuples, ils doivent cesser le révisionnisme historique mensonger auquel ils se livrent, ils doivent renoncer aux alliances qui menacent la stabilité des pays où ils résident actuellement ; et ils doivent s’unir et travailler main dans la main avec leurs frères, avec qui ils partagent le même espace géographique. Ce n’est qu’à ces conditions qu’ils pourront-ils avoir d’autres amis que les montagnes.
yogaesoteric
27 juin 2018