Le Royaume-Uni prévoit d’étendre la reconnaissance faciale et d’autoriser les policiers à scanner les visages dans la rue
L’investissement de 55,5 millions de livres sterling dans la technologie de reconnaissance faciale au Royaume-Uni risque d’entraîner une profonde atteinte à la vie privée et de créer un précédent précaire en matière de surveillance à outrance.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a présenté ses plans pour une augmentation à grande échelle de l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale que la police souhaite déployer de plusieurs manières et dans un grand nombre de lieux.
Selon Big Brother Watch, les contribuables de ce pays paieront la facture pour un montant total de 230 millions de livres sterling (environ 288 millions de dollars). En contrepartie du financement de cette expansion de ce que le groupe de défense des droits qualifie de technologie orwellienne, les citoyens seront soumis à une surveillance de masse encore plus intense.
Un communiqué de presse du gouvernement indique que 55,5 millions de livres sterling seront consacrés aux outils de reconnaissance faciale au cours des quatre prochaines années, dans le but précis de résoudre le problème de la criminalité dans le commerce de détail (également appelé par euphémisme « vol à l’étalage »). Il s’agit d’un bon endroit pour « ranger » cette information, étant donné que le public est susceptible de voir d’un bon œil toute tentative de s’attaquer au problème.
Toutefois, si le « vol à l’étalage » est l’une des principales raisons de ces mesures, les projets ressemblent à tuer une mouche avec un fusil à éléphant. Un convoi de camionnettes de reconnaissance faciale – des « unités mobiles » – sera mis en place dans les zones très fréquentées des grandes rues et ailleurs dans les villes.
Ce système permet de surveiller en temps réel toutes les personnes présentes dans une foule, afin que la police puisse comparer les images des personnes qu’elle recherche, dans l’espoir de les trouver parmi une masse de gens.
« Il est complètement absurde d’infliger une surveillance de masse au grand public sous prétexte de lutter contre le vol », a commenté Silkie Carlo, directeur de Big Brother Watch, ajoutant que dans le même temps, « la police ne parvient même pas à se rendre dans 40 % des cas de vol à l’étalage avec violence ou à enquêter correctement sur de nombreux crimes plus graves ».
Silkie Carlo a également souligné que ces projets n’avaient pas été soumis au vote du parlement ni des citoyens, et a qualifié le projet de « gaspillage abyssal de l’argent public pour une technologie dangereusement autoritaire et imprécise ».
Outre le convoi de camionnettes équipées de la reconnaissance faciale en direct, le gouvernement espère également utiliser la même technologie sur des caméras fixes installées dans les gares, ainsi qu’une application permettant aux policiers de procéder à la reconnaissance faciale de toute personne qu’ils choisissent d’arrêter dans la rue.
Le Royaume-Uni est connu pour son utilisation massive de caméras de vidéosurveillance, Londres étant la ville la plus surveillée d’Europe, et il n’est pas surprenant que la reconnaissance faciale ait été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme.
« La plus grande avancée en matière de détection de la criminalité depuis l’ADN » : c’est ainsi que Lindsey Chiswick, directeur du renseignement de la police de Londres, la présente au public.
yogaesoteric
7 juin 2024