L’ère de la peur — Message aux jeunes générations qui vivent une époque terrifiante
par John W. et Nisha Whitehead — The Rutherford Institute
« Voix ou pas voix, le peuple peut toujours être amené à se plier aux exigences des dirigeants. C’est facile. Il suffit de leur dire qu’ils sont attaqués et de dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme et pour le risque qu’ils font courir au pays. Cela fonctionne de la même manière dans n’importe quel pays. » – Hermann Goering, leader nazi
Avec tout ce qui nous tombe dessus, depuis les crises manipulées par les gouvernements jusqu’au retour de bâton d’une société qui a toujours privilégié la rapidité technologique et les valeurs du commerce de masse au détriment de la propriété et de la souveraineté individuelles, les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à l’une des plus grandes menaces pour la liberté que le monde ait jamais connues.
C’est franchement effrayant.
Les jeunes se retrouveront surtaxés, criblés d’excessives dettes universitaires et, dans une économie criblée de dettes et au bord de l’implosion, ils auront beaucoup de mal à trouver un emploi convenable. Leur vie privée sera laminée par la surveillance d’État. Ils seront menacés, intimidés et molestés par une police militarisée. Ils seront les sujets d’un empire militaire en guerre permanente contre de vagues ennemis et feront face à des agents gouvernementaux armés jusqu’aux dents, prêts à boucler le pays à tout moment.
En tant que tels, ils se verront contraints de marcher au pas cadencé derrière un gouvernement qui n’existe plus pour servir le peuple, mais qui exige de « nous le peuple » qu’il soit un esclave obéissant ou qu’il en subisse les conséquences.
Voilà une perspective bien lugubre, n’est-ce pas ?
Malheureusement, nous n’avons pas su nous prémunir contre un tel avenir.
Pire encore, nous, qui aurions dû être mieux informés, avons négligé de préserver nos libertés ou de fournir à nos jeunes les outils nécessaires pour résister à l’oppression et survivre, sans parler de réussir, dans la jungle impersonnelle que sont les États-Unis modernes.
Nous les avons fait naître dans des foyers brisés par le divorce, distraits par des divertissements abrutissants et obsédés par une quête matérialiste. Nous les avons placés dans des garderies et des activités extrascolaires, en substituant l’implication parentale par du temps passé avec des enseignants et des travailleurs sociaux. Nous les avons poussés à devenir des candidats aux épreuves diplômantes plutôt que d’encourager leurs facultés à penser par eux-mêmes, à devenir des automates plutôt que des activistes.
Nous leur avons permis de croupir dans des écoles qui non seulement ressemblent à des prisons mais leur sont similaires dans leur fonctionnement, là où la conformité est la règle et la liberté l’exception. Nous en avons fait des proies faciles pour nos chefs d’entreprise, tout en leur inculquant les valeurs d’une culture obsédée par la célébrité et la technologie, dépourvue de toute véritable spiritualité. Et nous leur avons appris à croire que la poursuite de leur bonheur personnel l’emportait sur toutes les autres vertus, y compris sur toute forme d’empathie pour leurs semblables.
Nous avons permis qu’ils soient manipulés par une culture d’entreprise qui ne cherche que les profits et le contrôle. Cependant, comme Aldous Huxley le disait :
« La victime de la manipulation mentale ne sait pas qu’elle est une victime. Pour elle, les murs de sa prison sont invisibles et elle se croit libre. »
Non, nous n’avons pas rendu service à cette génération.
Au vu du climat politique actuel, les choses pourraient très bien empirer avant de s’améliorer. Voici quelques conseils qui, nous l’espérons, aideront ceux qui atteignent aujourd’hui l’âge de la majorité à survivre aux périls du voyage qui les attend.
1 — Soyez un individu qui réfléchit
Malgré toutes ses prétentions à défendre l’individu, la culture étatsunienne prône un conformisme austère qui, comme l’avait prévenu John F. Kennedy, est « le geôlier de la liberté et l’ennemi de la croissance ». Ne vous souciez pas tant de vous adapter au reste du monde que de devenir, comme le préconisait Henry David Thoreau,
« un Christophe Colomb vers de nouveaux continents et de nouveaux mondes en vous, ouvrant de nouveaux canaux, non pas de commerce, mais de pensée. »
2 — Connaissez vos droits
Nous sommes en train de perdre nos libertés pour une raison simple : la plupart d’entre nous en ignorent tout. Au minimum, toute personne ayant obtenu un diplôme d’études secondaires, sans parler d’un diplôme universitaire, devrait connaître la Déclaration des droits en long, en large et en travers. Cependant, le jeune moyen, sans parler du citoyen, connaît très peu ses droits pour la simple raison que le système éducatif ne les enseigne plus et consacre peu de temps aux droits du peuple. Prenez donc un exemplaire de la Constitution et de la Déclaration des droits, et étudiez-les chez vous. Et le moment venu, défendez vos droits avant qu’il ne soit trop tard.
3 — Confrontez tout type d’autorité avec courage
Ne soyez pas naïfs à l’égard des personnes en position d’autorité. Comme l’a fait remarquer James Madison, qui a rédigé notre Déclaration des droits, « Il faut se méfier de tous les hommes de pouvoir ». Nous devons tirer les leçons de l’Histoire. Les personnes au pouvoir abusent le plus souvent de ce même pouvoir. Pour préserver nos libertés, il faudra contester les responsables gouvernementaux chaque fois qu’ils dépassent les limites de leur fonction.
4 — Résistez à toutes les choses qui vous engourdissent
Ne mesurez pas votre valeur à ce que vous possédez ou gagnez. De même, ne devenez pas des consommateurs compulsifs, inconscients du monde qui vous entoure. Résistez à toutes les choses qui vous engourdissent, vous endorment ou vous permettent de [prétendument – NdT] « faire face » à la soi-disant « réalité ». Ceux qui établissent les règles et les lois qui régissent les actions de la société désirent des sujets dociles. Cependant, comme George Orwell le disait :
« Tant qu’ils ne seront pas conscients, ils ne se rebelleront jamais, et tant qu’ils ne se seront pas rebellés, ils ne pourront pas devenir conscients. »
Ce sont ces individus conscients qui changent le monde pour le mieux.
5 — Ne laissez pas la technologie vous transformer en zombies
Face aux tragédies bien trop réelles qui nous entourent, la technologie nous anesthésie. Les techno-gadgets ne sont que des distractions pour détourner l’attention des véritables événements qui se produisent aux États-Unis et dans le monde. Résultat, nous avons commencé à imiter la technologie inhumaine dans laquelle nous vivons et nous avons perdu de vue ce qui fait de nous des humains. Nous sommes devenus des somnambules. Si vous avez à cœur de contribuer à changer le monde, vous allez devoir retirer vos écouteurs, éteindre vos téléphones portables et passer beaucoup moins de temps à regarder des écrans. Alors, peut-être verrez-vous le monde tel qu’il est vraiment.
6 — Aidez les autres
Tout le monde a une vocation dans la vie. Et je crois qu’elle se résume à une chose : vous êtes sur cette planète pour aider les autres. En fait, aucun d’entre nous ne peut exister très longtemps sans l’aide des autres. Si nous voulons voir un changement positif pour la liberté, nous devons changer notre conception de ce qu’est l’être humain et retrouver le sens de l’amour et de l’entraide. Cela signifie que nous devons avoir le courage de défendre les opprimés.
7 — Faites entendre votre indignation morale
Comme l’a dit Martin Luther King Jr.,
« Nos vies commencent à prendre fin le jour où nous ne parlons plus des choses qui comptent. »
Les sujets sur lesquels il est possible de prendre position ne manquent pas. Par exemple, chaque nuit, plus d’un demi-million de personnes aux États-Unis sont sans abri, et la moitié d’entre elles sont des personnes âgées. On compte 46 millions d’Étatsuniens qui vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté, et 16 millions d’enfants qui vivent dans des foyers sans accès adéquat à la nourriture. Le Congrès crée, en moyenne, plus de 50 nouvelles lois pénales chaque année. Avec plus de 2 millions de citoyens en prison et près de 7 millions d’adultes en centre correctionnel, les États-Unis ont la plus grande population carcérale du monde. Au moins 2,7 millions d’enfants ont au minimum un parent en prison. Au moins 400 à 500 personnes innocentes sont tuées par des policiers chaque année. Les Étatsuniens ont désormais huit fois plus de chances de mourir dans une confrontation avec la police que d’être tués par un terroriste. Chaque jour, en moyenne, plus de 100 personnes voient leur domicile perquisitionné par des équipes d’intervention. L’espionnage par les agences de renseignement gouvernementales chargées de la surveillance, de la collecte de données, du contre-espionnage et des activités secrètes coûte chaque année 52,6 milliards de dollars aux contribuables étatsuniens. Pendant ce temps, depuis le 11 septembre, les États-Unis ont dépensé plus de 1.600 milliards de dollars pour mener des guerres à l’étranger et faire la police dans le reste du monde. Il s’agit d’un affront flagrant à tous ceux qui croient en la liberté.
8 — Cultivez la spiritualité, rejeter le matérialisme
Lorsque les choses qui comptent le plus ont été subordonnées au matérialisme, nous avons perdu notre boussole morale. Nous devons changer nos valeurs de manière à les rendre plus significatives que la technologie, le matérialisme et la politique. Debout à la chaire de l’église Riverside de New York en avril 1967, Martin Luther King Jr. a exhorté ses auditeurs :
« En tant que nation, nous devons subir une révolution radicale des valeurs. Nous devons rapidement commencer à passer d’une société ” orientée vers les choses ” à une société ” orientée vers les personnes “. Lorsque les machines et les ordinateurs, la recherche du profit et les droits de propriété sont considérés comme plus importants que les personnes, le trio titanesque constitué par le racisme, le matérialisme et le militarisme est impossible à vaincre. »
9 — Participez et faites votre part pour améliorer le monde
Ne comptez pas sur quelqu’un d’autre pour faire le gros du travail à votre place. N’attendez pas que quelqu’un d’autre règle vos problèmes, ceux de votre communauté ou de votre pays. Comme le disait Gandhi :
« Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde. »
10 — Dites non à la guerre
Alors qu’il s’adressait aux diplômés de la Binghampton Central High School en 1968, à une époque où le pays faisait la guerre « dans différents territoires, à différents niveaux et avec différentes armes », le créateur de la série Twilight Zone [La Quatrième dimension – NdT] Rod Serling, a déclaré :
« Trop de guerres sont menées presque comme si c’était une routine. Trop de guerres sont menées sur la base de slogans, d’hymnes guerriers, et sur la base d’appels au patriotisme désuets et obsolètes depuis la disparition de la chevalerie et des douves. Aimez votre pays parce qu’il est éminemment digne de votre affection. Respectez-le parce qu’il mérite votre respect. Soyez loyal envers lui parce qu’il ne peut survivre sans votre loyauté. Mais n’acceptez pas l’effusion de sang comme si c’était une fonction naturelle de, ou une voie prescrite par, l’histoire — même si cette dernière en souligne l’aspect répétitif. Que des hommes meurent pour une cause ne confère pas nécessairement un caractère sacré à cette cause. Et que des hommes soient mutilés et déchiquetés tous les quinze ou vingt ans n’immortalise pas ou ne déifie pas l’acte de guerre […] trouvez un autre moyen qui ne s’accompagne pas du meurtre de votre prochain. »
11 — Pour conclure, préparez-vous à ce qui vous attend
Les démons de notre époque — dont certains se déguisent en politiciens — se plaisent à fomenter la violence, à semer la méfiance et les préjugés, et à persuader le public de soutenir la tyrannie sous couvert de patriotisme et/ou d’assurer notre [soi-disant – NdT] « sécurité ». Pour vaincre les maux de notre époque, il faudra plus que de l’intelligence et de l’activisme. Il faudra de la décence, de la moralité, de la bonté, de la vérité et de la fermeté. Comme l’a conclu Serling dans son discours à la promotion de 1968 :
« La ténacité est la qualité singulière qui vous est la plus nécessaire […] nous vous avons laissé un monde bien plus bâclé que celui qui nous a été légué […] Une partie de votre défi consiste à rechercher la vérité, à trouver un point de vue qui ne vous soit pas dicté par qui que ce soit, qu’il s’agisse d’un membre du Congrès ou même d’un ministre […] Êtes-vous assez fort pour supporter la division de notre pays, le fait que tout est polarisé, noir et blanc, ceci ou cela, absolument bien ou absolument mal. C’est l’un des défis à relever. Soyez prêts à chercher le juste milieu […] ce Valhalla merveilleux et tellement difficile à atteindre dans lequel l’homme peut examiner les différents aspects et considérer les vérités éparses qui existent des deux côtés. Si vous devez pencher à gauche ou à droite, respectez l’autre côté. Honorez les motifs qui viennent de l’autre côté. Argumentez, débattez, réfutez — mais ne fermez pas vos merveilleux esprits à l’opposition. À leurs yeux, vous êtes l’opposition. Et en fin de compte […] en fin de compte — on met fin à la division par le compromis. Et tant que les hommes marchent et respirent, les compromis doivent exister […]
Êtes-vous assez fort pour faire face à l’une des plus laides souillures de notre structure démocratique — le préjugé ? C’est la racine fondamentale de la plupart des maux. C’est une partie de la maladie de l’homme. Et c’est une partie dont l’homme s’accommode, un aveu qu’il se fait constamment à lui-même, à savoir que pour exister, il doit trouver un bouc émissaire. Pour expliquer ses propres déficiences, il doit essayer de trouver quelqu’un qui lui paraisse plus déficient […] Jugez votre prochain sur ce qu’il dit, sur ce qu’il croit et sur sa façon d’agir. Soyez assez fort, je vous en prie, pour vivre avec les préjugés et les combattre. Ils déforment, ils empoisonnent, ils dénaturent et ils sont autodestructeurs. Leurs retombées sont pires que celles d’une bombe […] et le pire, c’est qu’ils déprécient et avilissent quiconque se permet le luxe de haïr. »
Comme je l’explique clairement dans mon livre Battlefield America : The War on the American People [« Le champ de bataille des États-Unis : la guerre menée contre le peuple américain », non traduit en français – NdT], la seule façon d’obtenir un changement dans ce pays est que le peuple étatsunien dise enfin « ça suffit » et se batte pour les choses qui comptent vraiment.
Peu importe l’âge que vous avez ou votre idéologie politique. Si vous avez quelque chose à dire, exprimez-vous. Soyez actifs et, si nécessaire, prenez une pancarte et descendez dans la rue. Et lorsque les libertés civiles sont violées, ne restez pas silencieux.
Réveillez-vous, levez-vous, et faites en sorte que votre activisme contribue à quelque chose qui aille au-delà de la seule politique dans un monde sens dessus dessous.
yogaesoteric
6 septembre 2021