Les expériences au seuil de la mort (9)
Par Alain Moreau
Lisez la huitième partie de cet article
Sur https://www.futura-sciences.com/, on trouve un texte de Marie-Céline Jacquier daté du 9 octobre 2014 :
« Ça fait peur : la vie après la mort à l’étude
Dans une étude sur les expériences de mort imminente, près de 40 % des personnes ayant survécu à un arrêt cardiaque ont affirmé être conscientes lors de leur
“ résurrection
”. Un homme a même décrit de manière très convaincante ce qui lui est arrivé dans les trois minutes suivant l’arrêt de son cœur.
Que se passe-t-il après la mort ? Et quand est-on vraiment mort ? Ces questions que tout individu se pose ont été explorées dans une vaste étude portant sur des survivants d’arrêt cardiaque.
4 survivants sur 10 se disent conscients lors de leur résurrection :
En 2008 a été lancée l’étude “ Aware ” (AWAreness during REsuscitation), portant sur 2.060 cas d’arrêts cardiaques dans 15 hôpitaux des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Autriche. L’objectif était d’étudier les expériences de personnes ayant approché la mort. Les résultats de ces quatre années d’étude paraissent dans la revue Resuscitation.
Sur les 2.060 patients, 330 ont survécu et 140 étaient dans la capacité à répondre à des questions. Parmi eux, 55 (39 %) ont déclaré qu’ils étaient en partie conscients au moment de leur résurrection. Certains ont décrit une lumière brillante ou des flashs comme on peut le voir dans certains films. Mais les thématiques rencontrées lors de ces expériences extrêmes étaient bien plus vastes : ils avaient aussi des souvenirs liés à la peur, aux animaux et aux plantes, à la violence ou la persécution, au sentiment de déjà-vu, à la famille.
De plus, il est possible que certains patients ne se souvinssent de rien à cause des lésions cérébrales ou des sédatifs qui peuvent avoir un effet sur la mémoire.
Le cerveau continue à fonctionner après l’arrêt du cœur :
Un cas particulier d’expérience de sortie hors du corps a même pu être validé, alors que l’on se demandait si ce genre d’expériences relevait d’hallucinations.
Les scientifiques considéraient jusqu’à présent que le cerveau pouvait continuer à fonctionner 20 à 30 secondes après l’arrêt du cœur, mais dans ce cas particulier l’état de conscience aurait duré plus longtemps.
Voici comment Sam Parnia, principal auteur de ces travaux, décrit l’expérience de cet homme, un travailleur social de 57 ans, à Southampton :
“ Dans ce cas, l’état de conscience semble avoir continué jusqu’à 3 minutes. L’homme a décrit tout ce qui s’est passé dans la pièce, mais, de manière importante, il a entendu deux bips provenant d’une machine qui fait un bruit à des intervalles de 3 min. Ainsi, nous pouvions mesurer la durée de l’expérience.”
Le patient a décrit de manière très crédible ce qui se passait dans la pièce lorsque les médecins et les infirmières essayaient de le ramener à la vie. Il a dit qu’il se sentait observateur de sa résurrection d’un coin de la pièce.
Un retour (parfois) possible vers la vie :
Cette étude semble donc prouver que les expériences de mort imminente et de sortie du corps seraient réelles. 40 % des survivants ont décrit une forme de conscience à un moment où ils étaient déclarés cliniquement morts. Ceci devrait nous inciter à voir différemment le moment de notre mort, plutôt comme un passage, avec un retour possible vers la vie, et non comme un arrêt brutal à un instant.
“ La mort n’est pas un moment spécifique, mais un processus potentiellement réversible qui a lieu après qu’une maladie grave ou un accident fait que le cœur, les poumons et le cerveau arrêtent de fonctionner. Si des tentatives sont faites pour inverser ce processus, on fait référence à un arrêt cardiaque. Cependant, si ces tentatives ne réussissent pas, on l’appelle ‘ mort ’. Dans cette étude, nous voulions aller au-delà du terme émotionnellement chargé et encore mal défini de mort imminente pour explorer objectivement ce qui se passe quand nous mourons.”»
Voilà donc les deux textes qui sont parvenus à ma connaissance sur l’étude évoquée. A noter le caractère plutôt positif du texte de futura-sciences.com, ce qui est à signaler car ce site est axé sur les sciences et ne donne pas dans le « paranormal »… On ne peut pas en dire autant, par contre, pour les réactions de la plupart des individus qui ont commenté cet article…
En 2013, le journal télévisé de France 2 avait évoqué une étude américaine montrant que des rats morts (les crétins qui ont fait cette « expérience » ont bien sûr tué ceux-ci) avaient montré une activité cérébrale gamma pendant quelque temps après leur mort clinique. Les « chercheurs » à l’origine de cette « expérience » ont alors spéculé sur l’idée que cela pouvait rendre compte des expériences au seuil de la mort, et ce, même s’il était évidemment impossible d’interroger les rats sur leur vécu. Ce fut alors le branle-bas médiatique, divers médias ayant complaisamment évoqué ce non-événement, y compris, en France, le journal télévisé de France 2 prompt à promouvoir, en l’occurrence, l’idéologie rationaliste athée qui caractérise nos sociétés « modernes ». Jean-Jacques Charbonier a montré (dans un numéro de « Science et NDE » et dans « Parasciences ») l’inanité de l’interprétation donnée à ce genre d’expérience…
Le journal télévisé de France 2 a évoqué, le 13 octobre 2014 vers 20 heures 30, l’étude de l’université de Southampton. Enfin, c’est trop écrire, car les références de l’étude n’ont pas été données, et le nom du principal chercheur, Sam Parnia, est passé « aux oubliettes »… Et la façon dont le sujet a été traité relève de l’indifférence, de l’incompétence et de l’athéisme/rationalisme répugnant et rampant qui caractérise la pensée idéologique de ces journalistes ignares… En gros, la commentatrice de ce petit « dossier » minable a conclu que le cerveau était encore actif quelques minutes… après sa mort, en quelque sorte. Rien sur le fait que les données récoltées vont plutôt dans le sens d’une indépendance de la conscience par rapport à l’organe cérébral. Donc, même quand l’actualité sur ce sujet évoque quelque chose de « positif » (à l’encontre du dogme matérialiste), cela est transformé, par une certaine presse télévisée, en « négatif »… Il y a de quoi « gerber »… Croyez-vous que les journalistes à l’origine de ce « dossier » sont allés en Angleterre interroger Sam Parnia ? Pas du tout. Cela aurait sûrement été « trop cher », et le « service minimum syndical » s’imposait. De quoi ces individus se sont-ils simplement contentés ?
* Ils ont passé quelques très courts extraits de témoins NDE, deux je crois, des extraits empruntés à d’autres diffusions, comme les quelques paroles entendues de Philippe Labro datées de 2009 (ils ont quand même mis la date).
* On a entendu quelques mots de Jean-Pierre Jourdan, certes favorable à la non-localité de la conscience, mais dont le trop bref propos non corrélé à l’étude de Southampton ne permettait pas de contrer la « conclusion » de la commentatrice.
* Et enfin, on a eu droit à l’interprétation (erronée) de Steven Laureys à propos de la perception du tunnel et de la lumière, ce neuroscientifique étant connu pour être un défenseur des interprétations réductionnistes matérialistes des NDE. On voit encore là, par le choix de l’intervenant, les a priori matérialistes et idéologiques des journalistes de France 2… Sam Parnia, lui, pourtant à l’origine de l’étude évoquée dans le « reportage », est passé dans un trou noir.
Voici un exemple édifiant d’un parti-pris idéologique, le texte suivant étant extrait du site www.francetvinfo.fr. Ce texte, daté du 12 octobre 2014 (« mis à jour » le 14), a été rédigé par Louis San :
« “ Dans les premières minutes après la mort, la conscience n’est pas annihilée. ” Le docteur Sam Parnia a dirigé l’étude AWARE, ‘ la plus grande étude au monde sur les expériences de mort imminente ’ (EMI), aussi appelées en anglais near death experiences (NDE). Généralement, on parle d’EMI lorsqu’une personne se réveille après s’être trouvée dans un état de mort clinique ou dans le coma. Avec les progrès de la médecine, ces situations sont de plus en plus fréquentes et les témoignages se multiplient aux quatre coins du monde.
Les résultats de l’étude AWARE, menée pendant quatre ans sur 2.060 patients, ont été publiés, le 7 octobre, par l’université britannique de Southampton (en anglais). Ils permettent d’affiner des hypothèses déjà formulées sur la vie dans les instants qui suivent la mort. Francetv info revient sur les pistes de travail des scientifiques à ce sujet.
Le cerveau est conscient plusieurs minutes après l’arrêt du cœur :
Il y a encore quelques années, les experts estimaient que le cerveau s’arrêtait quelques dizaines de secondes après l’arrêt du cœur. En 2012 encore, ce délai était estimé à 15 secondes, précisait au quotidien régional Midi libre le docteur Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste-réanimateur, auteur de plusieurs ouvrages sur les expériences de mort imminente.
Mais les hypothèses sur ce laps de temps ont rapidement évolué. En 2013, une expérience menée sur des rats montre que leur cerveau enregistre une intense activité 30 secondes après un arrêt cardiaque provoqué. Cette augmentation de l’activité cérébrale, très organisée dans tout le cerveau, correspond à un état d’éveil élevé. Les conclusions font grand bruit, même si l’étude est contestée par de nombreux scientifiques qui pointent l’impossibilité de comparer l’électro-encéphalogramme d’un rat et d’un humain, ou l’impossibilité d’établir si les rats possèdent un état de conscience ou non.
Aujourd’hui, l’étude AWARE chiffre à trois minutes la période durant laquelle une activité consciente du cerveau humain existe après l’arrêt cardiaque.
“ Nous ne savons pas si elle s’estompe après, mais directement après la mort, nous sommes encore conscients. Le cerveau ne s’arrête pas quand le cœur s’arrête de battre”, explique Sam Parnia dans une interview au Daily Mail (en anglais).
Autrement dit, la question d’une redéfinition de la mort se pose. En 2013, Steven Laureys, patron du Coma Science Group, collectif de l’université de Liège (Belgique) en pointe dans les neurosciences, a déclaré dans la revue spécialisée La Recherche qu’il était nécessaire de la penser autrement. Selon lui, il ne faut plus considérer la mort “ comme un événement ponctuel” mais comme “ un processus qui se produit en plusieurs étapes”.
Avec l’arrêt cardiaque, le cerveau manque d’oxygène, ce qui provoque des hallucinations :
Que se passe-t-il dans cet intervalle entre l’arrêt du cœur et l’arrêt du cerveau ? Une lumière blanche au bout d’un tunnel, des êtres lumineux, une extrême sensation de bien-être… plusieurs éléments récurrents ponctuent les récits des personnes qui ont vécu des EMI.
Des images et des sensations décrites par Nicole Canivenq, victime d’un grave accident de voiture il y a dix ans, ou encore l’écrivain Philippe Labro, qui évoque, en 2009,
“ un espace un peu velouté, un peu diaphane, un peu blanc, (…) et une sensation de paix”.
Parfois, les témoins d’EMI affirment aussi avoir eu la sensation de quitter leur corps. Ils disent s’être observés de l’extérieur, en lévitation, avoir suivi les discussions et les actes qui se déroulaient autour d’eux. Certains racontent, par exemple, avoir vu les gestes des médecins en train de les secourir.
Les scientifiques reconnaissent la réalité de l’expérience des témoins.
“ Les EMI, c’est un phénomène physiologique qui existe et est bien réel. Les gens qui racontent cela l’ont vraiment ressenti. Sinon, il faudrait supposer qu’ils mentent. Or, il y a des milliers de témoignages !”, expose Steven Laureys au quotidien belge La Libre Belgique , en 2013.
Reste que pour la majorité des scientifiques, l’EMI est le produit d’un cerveau endommagé. Ils pensent, comme les chercheurs du Coma Science Group, que chaque élément d’une telle expérience (tunnel de lumière, bien-être, sortie hors du corps, etc.) est provoqué par l’atteinte d’une région cérébrale spécifique, en raison du manque d’oxygène qui survient lors de tout arrêt cardiaque.
Ainsi, pour l’un des coauteurs de l’étude sur les rats, George Mashour, professeur d’anesthésiologie et de neurochirurgie à l’université du Michigan (Etats-Unis), la hausse de l’activité du cerveau après l’arrêt cardiaque
“ montre qu’une réduction d’oxygène, ou d’oxygène et de glucose lors d’un arrêt cardiaque, peut stimuler l’activité cérébrale caractéristique d’un état conscient”.
Par exemple, de nombreux scientifiques s’accordent à dire que le dysfonctionnement de l’ensemble du cerveau, et notamment du cortex pariétal droit, provoquerait cette sensation de sortie hors du corps. En 2011, Olaf Blanke, un chercheur en neurosciences de l’université de Lausanne (Suisse), explique dans un article (en anglais), publié par le Centre américain pour les informations biotechnologiques, avoir provoqué une sensation de sortie hors du corps chez une patiente en stimulant différentes régions de son cerveau avant une opération.
“ L’activité cérébrale liée à ces sensations corporelles était focalisée dans le cortex pariétal, une région du cerveau bien connue pour son rôle dans la formation de l’image du corps”, commente Angela Sirigu, chercheuse en neurosciences au CNRS, dans Le Monde (article payant), en 2013.
La sensation de ralenti lorsque l’on croit mourir est due à notre mémoire qui se met à tout enregistrer :
L’américain David Eagleman s’est penché sur cette sensation, rapportait Slate en 2010, citant un article de la station NPR (en anglais). Ce chercheur en neurosciences a utilisé avec ses étudiants une attraction qui procure des sensations particulièrement fortes : une chute libre de 3 secondes, dos au sol, avant qu’un filet de sécurité ne vous rattrape.
A l’issue de ces expérimentations, il estime que l’impression de ralenti décrite par certains témoins d’EMI est due à la mémoire.
“ Normalement, notre mémoire fonctionne comme une passoire. Nous n’enregistrons pas tout ce qui est perçu par notre système”, explique le chercheur. Autrement dit, notre cerveau fait habituellement le tri entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas.
Mais cela change radicalement lorsqu’un événement potentiellement fatal survient.
“ Si tout à coup une voiture surgit et file dans votre direction, votre mémoire ne va plus faire la distinction entre l’accessoire et l’essentiel ”, écrit Slate . En cause, l’activation de l’amygdale, une zone cérébrale capitale pour la mémorisation. Le cerveau enregistre alors un important volume d’informations sans les hiérarchiser. Résultat, “ les événements stressants sont associés à des souvenirs plus riches et plus denses. Et plus vous avez de souvenirs sur un événement, plus vous avez l’impression qu’il a duré longtemps”, expliquait déjà le chercheur en 2007, dans la revue Plos One (en anglais).
Reste qu’il s’agit de science, et que ces hypothèses sont réfutables si des éléments tangibles permettent de les ébranler. Mais pour penser la mort, les contre-arguments ne viendront pas forcément des scientifiques.
“ L’avancée viendra de la philosophie, avec de nouveaux concepts logiques. Il faut de toutes nouvelles structures de pensée, un nouvel angle de vue”, avance dans La Libre Belgique l’Américain Raymond Moody, psychiatre et auteur du best-seller La Vie après la vie, qui compile des témoignages d’EMI.
Un point de vue avisé car les philosophes sont déjà au travail. L’un d’eux, Michel Bitbol, a accordé un entretien au journal du CNRS, en février, après la sortie d’un livre sur “ l’expérience consciente ”. Selon lui, les récits d’EMI sont à prendre au sérieux. Toutefois, il rappelle cette pensée du philosophe antique Epicure qui relativise cette idée de revenir de l’au-delà pour pouvoir en témoigner : Quand la mort est là, nous ne sommes plus. »
Lisez la dixieme partie de cet article
yogaesoteric
27 octobre 2019