Les origines secrètes de la Première Guerre Mondiale (1)
Par Gerry Docherty et Jim Macgregor
L’histoire de la Première Guerre Mondiale est un mensonge délibérément monté de toutes pièces. Nous ne parlons pas ici du sacrifice, de l’héroïsme, de l’horrible gâchis de vies humaines ou de la misère qui s’ensuivit. Non, tout cela a réellement existé, mais la vérité sur la manière dont tout a commencé et comment la guerre a été sans nécessité et délibérément prolongée au-delà de 1915 s’avère une dissimulation parfaitement réussie depuis un siècle. Un récit soigneusement falsifié a été créé pour cacher le fait que c’est la Grande-Bretagne et non l’Allemagne, qui fut la responsable de la guerre. Si la vérité avait fait surface après 1918, les conséquences pour l’Establishment britannique auraient été cataclysmiques.
Les vainqueurs se sont partagés les dépouilles et leurs verdicts ont alimenté les récits officiels. À Versailles en 1919, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis ont prétendu que l’Allemagne avait planifié la guerre, l’avait déclenchée délibérément et qu’elle avait rejeté toutes les propositions des Alliés en vue d’une conciliation et d’une médiation. Des millions de documents furent détruits, cachés ou falsifiés pour justifier ce verdict. L’Allemagne a protesté à juste raison qu’elle s’était engagée dans la guerre à cause de l’agression russe. Les délégués allemands à Versailles, sous la menace d’une occupation, d’un démembrement et d’une famine, n’eurent aucun autre choix que d’accepter la responsabilité et d’énormes réparations. Comme l’a écrit The Economist, le Traité de Versailles, avec la rudesse de ses clauses, fut le crime final qui allait assurer une deuxième guerre.
Notre recherche prouve que la véritable origine de la guerre n’est pas à chercher en Allemagne mais en Angleterre. À la fin du 19ème siècle une société secrète composée d’hommes immensément riches et puissants s’établit à Londres avec le but déclaré d’étendre l’Empire britannique sur le monde entier. Ils causèrent délibérément la guerre d’Afrique du sud de 1899-1902 pour s’emparer de l’or du Transvaal des Boers. Leur responsabilité dans cette guerre et l’horreur des camps de concentration britanniques dans lesquels 20.000 enfants périrent, ont été gommées des histoires officielles. La deuxième étape de leur plan mondial était la destruction d’un adversaire à l’industrie et l’économie en rapide développement, l’Allemagne.
Affiche de recrutement : l’empire britannique a besoin de chair à canon… Engagez-vous !
L’histoire soigneusement falsifiée ? Vingt mille enfants morts dans des camps de concentration britanniques ? Une société secrète qui prend le contrôle du monde ? La Grande-Bretagne responsable de la Première Guerre Mondiale ? Si vous sautez immédiatement à la conclusion d’une théorie du complot démente, je vous prie de prendre en considération les travaux du Professeur Carroll Quigley, l’un des historiens les plus respectés du 20ème siècle. La plus grande contribution de Quigley à la compréhension de l’histoire contemporaine est présentée dans son livre The Anglo-American Establishment. Il présente des détails explosifs sur les moyens qu’a employé une société secrète de banquiers, d’aristocrates et autres hommes puissants de tous les pays pour contrôler les leviers de la politique et des finances en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Quigley explique que très peu de gens étaient au courant car cette société fut capable de cacher son existence et « nombre de ses membres les plus influents sont inconnus même des chercheurs les plus calés en histoire de la Grande-Bretagne. »
Le complot pour détruire la
« menace teutonique
»
Cecil Rhodes, le millionnaire aux diamants sud-africain, a créé une société secrète à Londres en février 1891. Ses membres visaient à réaffirmer le lien entre la Grande-Bretagne et les États-unis, à propager tout ce qu’ils considéraient comme digne de valeur dans les classes dirigeantes anglaises et à placer toutes les parties habitées du monde sous leur influence et leur contrôle. Ils pensaient que les anglo-saxons de la classe dirigeante se trouvaient au sommet d’une hiérarchie construite sur la prédominance du commerce, de l’industrie, de la banque et de l’exploitation des autres races.
L’Angleterre victorienne régnait avec confiance sur le pouvoir international, mais pourrait-elle le garder pour toujours ? C’était une question faisant l’objet de sérieux débats dans les résidences de campagne et les salons influents. Les élites nourrissaient la peur viscérale qu’à moins d’agir de manière décisive, le pouvoir britannique et son influence à travers le monde allaient s’éroder et seraient remplacés par celui d’étrangers, d’entreprises étrangères, de coutumes et lois étrangères. Le choix était rude. Soit prendre des mesures drastiques pour protéger et étendre l’empire britannique ou accepter que la nouvelle Allemagne en plein essor puisse le réduire à un participant mineur sur la scène mondiale. Dans les années qui suivirent immédiatement la Guerre des Boers, la décision fut prise. Il fallait détruire la « menace teutonique ». Pas juste la soumettre, la détruire.
Le plan débuta par une attaque méthodique du processus démocratique. Ils voulaient : (a) manipuler le pouvoir dans l’administration et le monde politique en sélectionnant avec soin des hommes politiques complaisants dans chacun des grands partis ; (b) contrôler la politique étrangère britannique à partir des coulisses, sans se soucier des changements de gouvernement ; (c) attirer dans leurs rangs des barons de la presse pour exercer une influence sur les avenues de l’information qui créent l’opinion publique et (d) contrôler le financement des chaires d’université et monopoliser complètement la rédaction et l’enseignement de l’histoire contemporaine.
Cinq acteurs principaux, Cecil Rhodes, William Stead, Lord Esher, Lord Nathaniel Rothschild et Alfred Milner, en furent les fondateurs mais la société secrète se développa rapidement en nombre, pouvoir et présence dans les années précédant la guerre. De vieilles familles aristocratiques influentes qui avaient longtemps dominé Westminster furent profondément impliquées, comme le fut le roi Édouard VII qui opéra au sein même de l’élite secrète. Les deux grands organes du gouvernement impérial, le Foreign Office [ministère des Affaires Étrangères] et le Colonial Office [ministère des colonies], furent infiltrés et un contrôle fut établi sur leurs fonctionnaires supérieurs. Ils prirent de même le pouvoir sur le ministère de la guerre et le Comité de défense impériale. Le plus crucial, ils dominèrent aussi les plus hauts échelons des forces armées grâce au maréchal Lord Roberts. L’allégeance à un parti politique n’était pas un pré-requis pour les membres ; c’était plutôt une loyauté à la cause de l’empire. On parle indirectement de ces gens dans les discours et les livres comme le « pouvoir de l’argent », le « pouvoir caché » ou « les hommes dans les coulisses ». Tous ces dénominatifs sont pertinents, mais nous les avons nommés, collectivement, l’Élite Secrète.
Le rôle majeur joué par Alfred Milner
La figure de proue de l’Élite Secrète entre 1902 et 1925 environ, fut Alfred (plus tard le vicomte) Milner. Le Pr Quigley a noté que toutes les biographies de Milner ont été rédigées par les membres de l’Élite Secrète et elles en ont plus caché que révélé sur lui. Selon lui, cette négligence à propos de l’un des plus importants personnages du 20ème siècle faisait partie d’une politique délibérée de secret. Milner devint le dirigeant incontesté de l’Élite Secrète. À son retour d’Afrique du sud en 1905, il se mit à préparer l’empire britannique à une guerre contre l’Allemagne. Bien que n’étant pas un membre du Parlement, il siégea dans le cercle du cabinet de la guerre de Lloyd George à partir de 1916. Qu’y avait-il de si précieux concernant Lord Alfred Milner pour qu’on l’ait éliminé virtuellement de l’histoire ?
La foule acclame l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne, Trafalgar Square, Londres, août 1914
En poussant les Boers dans la guerre, Milner afficha la froide objectivité qui dirigeait la cause. Une guerre était malheureuse mais nécessaire. Il le fallait. L’avenir même des ambitions mondiales de l’Élite Secrète dépendait d’une sortie victorieuse. En mai 1902, l’or du Transvaal passa entre leurs mains au prix de 32.000 morts dans des camps de concentration. Malgré une guerre finalement victorieuse contre les Boers, elle fut ruineuse pour les troupes de l’empire : plus de 45.000 morts ou blessés. La Grande-Bretagne avait moins d’amis que jamais. Mais elle n’en avait cure. Vivre dans un « splendide isolement » et être dépourvue d’alliance avec une quelconque nation n’était pas considéré comme un handicap tant qu’aucun autre pouvoir sur terre ne disputait l’empire.
Mais il y avait dans les premières années du 20ème siècle un sérieux challenger. Si l’Élite Secrète devait réaliser son rêve de domination mondiale, la première étape était de faire disparaître le concurrent arriviste allemand et de détruire ses prouesses industrielles et économiques. Ce qui présentait une considérable difficulté stratégique. Isolée et sans ami, la Grande-Bretagne ne pourrait jamais détruire l’Allemagne de son propre chef. En tant que nation insulaire, sa force résidait dans une marine toute-puissante. Il lui fallait des amitiés et des alliances. Il aurait été impossible à la Grande-Bretagne de défaire toute seule l’Allemagne. La grande armée française et la plus grande encore armée russe étaient donc nécessaires pour accomplir la plupart des combats sur le continent. Des canaux diplomatiques devaient être ouverts et des ouvertures réalisées vers les vieux ennemis, la Russie et la France. Ce n’était pas une tâche facile car il existait une acrimonie particulière entre l’Angleterre et la France depuis plusieurs décennies et une guerre entre ces nations fut une réelle possibilité en 1895.
L’arme la plus spéciale d’avancement de l’Élite Secrète fut Édouard VII, dont la plus grande contribution réside dans une planification des réalignements les plus utiles et un savoir-faire quant aux besoins requis par l’élite pour isoler l’Allemagne. L’ultime responsabilité de la politique étrangère britannique revient, selon la jurisprudence, au gouvernement élu et non au souverain, mais ce fut le roi qui incita en six courtes années la France et la Russie à conclure des alliances secrètes. Les grandes armées française et russe faisaient partie intégrante de la monumentale tâche de stopper l’Allemagne sur sa route. Dit autrement, l’Élite Secrète avait besoin des autres pour accomplir sa sale entreprise, car la guerre contre l’Allemagne serait certainement sanglante.
Le traité avec la France, l’Entente Cordiale, fut signé le 8 avril 1904, en marquant la fin d’une ère de conflit qui avait duré presque mille ans. Le discours parlait de paix et de prospérité, mais des clauses secrètes signées le même jour alignaient les deux pays contre l’Allemagne. L’Élite Secrète attira ensuite la Russie dans ses filets avec une promesse qu’elle n’avait aucunement l’intention de tenir – le contrôle par la Russie de Constantinople et des détroits de la Mer Noire à la suite d’une guerre victorieuse contre l’Allemagne. Cette promesse vide fut la cause première du désastre de la bataille des Dardanelles [ou Gallipoli, 1915-1916].
L’Élite Secrète contrôle les deux faces de la politique
La démocratie britannique, avec ses élections régulières et ses changements de gouvernement, a été dépeinte comme une mesure de protection fiable contre un pouvoir despotique. Il n’en a jamais été ainsi. Tant le Parti Conservateur que Libéral étaient contrôlés depuis 1866 par la même petite clique qui consistait en une simple demi-douzaine de familles, de leurs parents et alliés, renforcée à l’occasion par un nouvel arrivant avec de « bonnes » qualifications.
L’Élite Secrète avait le don pour identifier un talent potentiel et pour placer des jeunes gens prometteurs, sortis en général de l’université d’Oxford, à des postes qui serviraient leurs futures ambitions. Avec la démission du gouvernement conservateur en 1905, l’Élite Secrète avait déjà sélectionné les successeurs naturels du Parti Libéral : des hommes fiables et crédibles immergés dans leurs valeurs impériales. Herbert Asquith, Richard Haldane et Sir Edward Grey furent les hommes choisis par Milner. Grey fut placé au ministère des Affaires Étrangères et Haldane au Bureau de la Guerre et deux ans plus tard Asquith devint premier ministre. Une continuité dans la politique étrangère était assurée. Une réorganisation de fond en comble du Bureau de la Guerre fut mise en route, en préparation de la guerre à venir avec l’Allemagne. Comme l’Élite Secrète a dû bien rigoler en buvant son champagne en évoquant la notion de démocratie parlementaire !
L’arme de propagande de l’Élite Secrète : la presse
Le contrôle de la politique n’a jamais été un problème, pas plus que celui de la presse. Lord Northcliffe, le baron de la presse le plus puissant, fut d’une contribution très valable pour l’Élite Secrète en encourageant les calomnies envers l’Allemagne et en préparant la nation à une éventuelle guerre. Propriétaire du Times et du Daily Mail [deux journaux existant toujours aujourd’hui], il lui fut possible de créer l’impression que l’Allemagne était l’ennemie à abattre. Article après article, le message du danger allemand pour l’empire britannique, pour les produits britanniques, pour la sécurité nationale britannique, allait être répété encore et encore. Tous les journaux ne suivirent pas, mais la presse de l’aile droite fut particulièrement virulente. Une grande et influente section de la presse britannique travailla pour cet agenda enragé conçu pour empoisonner les esprits de la nation. Il faisait partie d’une directive de propagande soutenant à fond la première guerre mondiale et ce pendant toute sa durée. Si le Times était leur base intellectuelle, les quotidiens populaires répandirent comme parole d’évangile une haine anti-germanique parmi les classes laborieuses. Entre 1905 et 1914, des récits d’espionnage et des articles anti-allemands frisèrent la démence dans une tentative scandaleuse de générer peur et ressentiment.
Lisez la deuxième partie de cet article
yogaesoteric
9 janvier 2020
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