Les responsables européens de la lutte contre la désinformation font pres-sion sur les plateformes pour qu’elles renforcent le contrôle de la parole

La lutte de l’UE contre la désinformation est sur le point de transformer les plateformes en gardiennes d’une pensée acceptable.

Une récente évaluation de l’Observatoire européen des médias numériques (EDMO) a jeté le doute sur l’efficacité des efforts déployés par les grandes entreprises technologiques pour lutter contre la « désinformation » dans le cadre du code de bonnes pratiques de l’Union européenne.

Le rapport met toutefois en évidence une tendance troublante : une pression croissante sur des plateformes telles que Google, Meta, Microsoft et TikTok pour policer le discours d’une manière qui risque de compromettre le discours ouvert.

Depuis qu’elles ont signé le code volontaire en 2018, ces entreprises ont été confrontées à des demandes croissantes de régulation du contenu, notamment en évitant les placements publicitaires à proximité de la désinformation présumée, en étiquetant les contenus jugés trompeurs et en partageant les données de la plateforme avec les chercheurs.

Ces mesures volontaires devraient devenir exécutoires par le biais de la loi sur les services numériques de l’UE à partir du 1er juillet, ce qui suscite de nouvelles inquiétudes quant à l’avenir de la liberté d’expression en ligne.

Dans son évaluation de l’activité des plateformes au cours du premier semestre 2024, l’EDMO accuse les entreprises de ne pas être à la hauteur dans les domaines liés à la transparence et à la responsabilité. « L’évaluation identifie des lacunes constantes en matière de transparence, de surveillance indépendante et de résultats mesurables dans tous les engagements », indique le rapport, avertissant que le code « risque de rester performant » à moins que les entreprises n’imposent des contrôles plus stricts.

Ces appels à des restrictions plus strictes tendent inévitablement vers la censure, menaçant la diversité des points de vue que l’internet est censé protéger.

Le rapport reproche aux entreprises de ne pas fournir suffisamment de preuves de leurs efforts, malgré leurs promesses publiques.

Si Meta et Google ont été remarqués pour le lancement de certaines initiatives, l’EDMO a qualifié nombre d’entre elles de « superficielles ou symboliques ».

Le rapport déplore l’absence de « chiffres sur l’engagement des utilisateurs, l’absence de résultats et l’absence d’indication sur l’ampleur réelle de ces efforts », suggérant que la réticence des grandes entreprises technologiques à inonder les utilisateurs d’interventions musclées est en quelque sorte un défaut, plutôt qu’une sauvegarde de la liberté d’expression.

Les initiatives en matière de culture numérique, notamment « We Think Digital » de Meta, l’outil « More About This Page » de Google et la collaboration de Microsoft avec NewsGuard, ont également été critiquées pour leur manque de mesures détaillées. Les chercheurs de l’EDMO se sont demandé s’il ne s’agissait pas de « gestes déclaratifs » plutôt que de programmes substantiels.

Les étiquettes de vérification des faits et les invites destinées à informer les utilisateurs sur les contenus prétendument inexacts existent sur toutes les plateformes, mais l’EDMO s’est interrogée sur les données de performance limitées qui ont été partagées. Bien que Google ait fourni des chiffres de portée générale, l’organisation a noté l’absence de preuves sur la manière dont ces mesures modifient le comportement, une demande qui cherche implicitement à contrôler davantage la manière dont les individus interprètent l’information.

Parmi les entreprises examinées, seule TikTok a été considérée comme satisfaisant aux critères de base en matière de soutien à la recherche indépendante. Malgré cela, EDMO a critiqué la complexité de l’accès à son API de recherche et a reproché à d’autres plateformes de limiter la portée de leurs programmes de recherche et de contrôler étroitement l’accès aux données.

Bien qu’elles soient présentées comme une question de transparence, ces restrictions sont sans doute nécessaires pour contrôler les excès des observateurs externes désireux de façonner les récits en ligne.

Les conclusions de l’EDMO, basées sur des enquêtes d’experts, des analyses internes et des documents de transparence, reflètent une tension plus large : l’amalgame croissant entre la modération du contenu et la censure obligatoire, tout cela au nom de la lutte contre la désinformation.

Alors que l’UE s’oriente vers des exigences juridiquement contraignantes, les enjeux pour la liberté d’expression dans l’espace numérique n’ont jamais été aussi importants.

 

yogaesoteric
25 juillet 2025

 

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