Les salvestrols détruisent les tumeurs : une raison de plus de manger bio
Les salvestrols appartiennent à la famille des phytoalexines, des substances synthétisées par les plantes pour se protéger contre les agressions des bactéries, champignons, virus et insectes. On ne les retrouve en grandes quantités que dans les fruits, légumes et herbes aromatiques issus de l’agriculture biologique. Ils ont un goût amer.
Chez l’homme, des scientifiques anglais ont observé que ce groupe de phytonutriments détruit sélectivement les cellules tumorales au fur et à mesure qu’elles se forment, tandis que les cellules saines sont épargnées. Il faut savoir que près d’un millier de cellules cancéreuses apparaissent chaque jour dans le corps humain et que ces cellules sont rapidement et efficacement éliminées sans aucune formation de tumeur lorsque l’on a une alimentation « propre » et un mode de vie sain.
Le problème, il se trouve que les salvestrols ont en grande partie disparu de l’alimentation au cours des dernières décennies, excepté dans les produits bio.
CYP1B1 : une enzyme présente uniquement dans les cellules tumorales
Au début des années 90, c’est le groupe de recherche du professeur Dan Burke à l’université d’Aberdeen au Royaume-Uni qui a découvert cette enzyme cytochrome présente dans des cellules tumorales. Elle élimine en particulier les carcinogènes, les toxines végétales et, ô comble, peut même inactiver des médicaments anticancéreux classiques très toxiques tels que le docétaxeI, l’ellipticine, la mitoxantrone et le tamoxifène. Cette découverte a été confirmée par différents laboratoires indépendants et par le Dana-Farber Cancer Institute à Boston.
La protéine inductible CYP1B1 peut être considérée comme un marqueur universel de la présence d’une tumeur, et il est à espérer qu’à l’avenir, le cancer pourra être dépisté à un stade précoce par la simple visualisation de l’enzyme CYP1B1 dans les cellules. La découverte de cette enzyme a en effet ouvert la voie à la recherche pour la découverte de nouvelles substances anticancéreuses, qui auront la propriété d’être activées par l’enzyme CYP1B1. De telles substances, une fois transformées par l’enzyme CYP1B1, pourraient acquérir la capacité d’enclencher un processus d’apoptose (mort cellulaire programmée) de la cellule tumorale.
Le resvératrol, substrat de cette enzyme au nom imprononçable
En 2002, Potter a publié une étude indiquant que le resvératrol est converti par la CYP1B1 en picéatannol, un inhibiteur de la tyrosine kinase capable de détruire les cellules tumorales. Le resvératrol, un phytoestrogène naturel, est notamment présent dans les raisins et le vin rouge, les cacahuètes, les baies, les prunes, certains pins sylvestres et dans la peau des tomates. Il possède des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antivirales, neuroprotectrices et chimiopréventives. On le trouve aussi sous forme de gélules si cela est nécessaire.
Les salvestrols, des composés anticancéreux
En analysant toutes sortes de fruits, légumes et herbes aromatiques, les chercheurs anglais sont parvenus à identifier plus d’une vingtaine de phytonutriments (bioflavonoïdes, acides carboxyliques, stilbènes, stilbénoïdes) qui ont tous la capacité, une fois activés par l’enzyme CYP1B1, d’enclencher le processus d’apoptose des cellules cancéreuses. Ces phytonutriments constituent ce que l’on appelle un pharmacophore, c’est-à-dire un groupe de substances biochimiques non apparentées dont la partie pharmacologiquement active est identique.
Les chercheurs ont donné à ces phytonutriments le nom de salvestrols (en référence au latin « salve » qui signifie « sauver », et au resvératrol, le premier salvestrol à avoir été découvert). Au goût souvent amer et prononcé, ces molécules appartiennent à la famille des phytoalexines.
Le mécanisme d’action des salvestrols
Hypothèse A : une molécule de salvestrol présente dans la circulation sanguine est absorbée par une cellule cancéreuse et transformée par l’enzyme CYP1B1 en une toxine mortelle pour la cellule cancéreuse.
Hypothèse B : une molécule de salvestrol présente dans la circulation sanguine est absorbée par une cellule saine, mais n’est pas transformée en l’absence de l’enzyme CYP1B1. Le salvestrol ressort de la cellule sans que celle-ci ne soit affectée.
Ces phytoalexines, qui jouent le rôle de système immunitaire des plantes, se trouvent principalement dans les parties de la plante exposées aux facteurs de stress, comme la peau des fruits, les graines, les feuilles et l’extérieur des racines. Selon que la plante est exposée ou non à un facteur de stress, elle produit une quantité faible (de base) ou élevée de phytoalexines. Ce sont ces substances naturelles, non toxiques pour les cellules saines, que l’on retrouve dans les aliments qui aident à prévenir le cancer.
Un grand nombre d’herbes médicinales traditionnelles ont une teneur élevée en salvestrols. Des expérimentations in vitro ont montré que les salvestrols déclenchent le processus d’apoptose dans les cellules cancéreuses du cerveau, du sein, de la prostate, du côlon, de l’ovaire, du testicule et du poumon.
Pourquoi n’y a-t-il plus de salvestrols dans l’alimentation ?
L’alimentation moderne est pauvre en salvestrols. Les pesticides tels que les fongicides réduisent de façon drastique les salvestrols contenus dans les fruits et légumes courants. Il est en effet logique que les plantes traitées n’éprouvent plus le même besoin de synthétiser des phytoalexines pour se protéger. Les aliments traités contiennent en revanche des substances cancérigènes sous forme de résidus de pesticides.
De plus, les programmes d’amélioration et de sélection des variétés végétales des 50 à 60 dernières années ont éliminé les variétés les plus riches en salvestrols (et moins dépendantes des produits phytosanitaires) à cause de leur amertume. Le consommateur moderne n’apprécie plus les aliments amers et mange par exemple plus volontiers des choux de Bruxelles au goût légèrement sucré que des variétés traditionnelles plus amères. On préfère également les nouvelles variétés de fruits et légumes uniformes en taille, couleur et forme et on ne cultive plus les variétés plus anciennes, moins jolies, qui sont pourtant plus riches en salvestrols.
Un autre facteur expliquant la diminution des salvestrols dans l’alimentation vient du fait que les industriels de l’agro-alimentaire les éliminent des produits raffinés pour des raisons de goût, de couleur et de transparence du produit, comme c’est le cas par exemple pour les jus de fruit et l’huile d’olive. Leur goût devient ainsi plus sucré sans la nécessité d’ajouter du sucre. En règle générale, les aliments raffinés contiennent peu ou pas du tout de salvestrols.
Le groupe de recherche de Burke et Potter est arrivé à la conclusion que l’alimentation moderne avait un contenu en salvestrols 80 à 90 % moins élevé que celle d’il y a 50 à 100 ans. Seuls les produits alimentaires BIO (non transformés) contiennent encore des quantités correctes de salvestrols.
Il est évident que la diminution de leur teneur dans les aliments, combinée à l’augmentation de la teneur en substances cancérigènes, a contribué à l’augmentation des cancers durant les dernières décennies.
Augmenter l’ingestion de Salvestrols
Pour mieux se protéger contre le cancer, il est conseillé d’absorber de plus grandes quantités de salvestrols en consommant des herbes, fruits et légumes BIO non transformés. En Angleterre, un projet en cours vise à retrouver des variétés anciennes de fruits et légumes possédant naturellement une teneur élevée en salvestrols.
Il est préférable de cuire les légumes à la vapeur ou en les faisant revenir à la poêle étant donné que les salvestrols résistent bien à la chaleur mais migrent dans l’eau de cuisson. Il est également recommandé d’utiliser des fruits et légumes biologiques sélectionnés pour leur relative amertume. Quoi qu’il en soit, la découverte des salvestrols est une raison de plus de manger des aliments frais, bio et non transformés.
yogaesoteric
10 avril 2019
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