Persistance de l’immunité naturelle versus vaccinale, le choc
Une réflexion qui doit nous tarauder l’esprit sans relâche : nos élites en Santé publique font-elles juste montre d’une nullité consternante dans leurs « domaines de compétence » ou bien s’accrochent-elles à des idées fausses constamment infirmées par la science afin de retarder au maximum le moment où elles devront admettre leur totale incompétence ? La théorie industrielle du vaccin qui protège mieux que l’immunité naturelle vit ici ses derniers instants, il était temps. Les KO approchent, merci à Jean-Baptiste Valtin (Pseudonyme, chercheur CNRS en immunologie), chercheur en immunologie, de nous l’expliquer à la lumière de deux travaux très… frappants.
par Jean-Baptiste Valtin
Introduction
N’oublions pas, d’une part, que ce qui a fait la gravité et le caractère exceptionnel de la pandémie était un fort afflux simultané de personnes souffrant de symptômes respiratoires graves dans les services de soins critiques.
Le paramètre pertinent pour l’évaluation de l’efficacité de la protection naturelle (suite à une 1ère infection à SARSCoV2), ou vaccinale, est la protection contre les formes graves.
Cette connaissance est importante pour pouvoir anticiper l’impact réel d’une « vague » de contaminations mais aussi juger du bénéfice individuel ajouté par la vaccination ou des rappels supplémentaires, maintenant qu’une large part de la population est naturellement immunisée. On trouve par exemple des anticorps contre le SARS-CoV2 chez 99% des enfants non vaccinés de 11-15 ans depuis le mois d’avril 2022 en Angleterre.
D’autre part, les critères « toutes infections à SARS-CoV2 » ou « tests positifs » sont davantage soumis à des biais comportementaux dans les études observationnelles (je viens de faire ma 3ème dose donc je ne vais pas me faire tester bien que j’ai de la fièvre…).
Pour cela, il faut des données fiables qui recensent des covid graves. Et non des « hospitalisations covid » qui comprennent, plus que jamais avec Omicron, une forte proportion de personnes hospitalisées pour autre chose mais ayant eu un test positif.
C’est malheureusement ce type de données qu’a utilisées la DREES (Ministère de la Santé et de la Prévention) pour publier un modèle médiocre d’efficacité vaccinale visant à promouvoir les doses de rappel en début d’année.
Il faut également distinguer les individus ayant été précédemment infectés ou non pour juger de la valeur ajoutée de la vaccination ou des rappels, contrairement à la récente étude EPI-PHARE qui mélange ces deux catégories.
L’étude de Goldberg et al.
Une étude israélienne publiée récemment dans le New England Journal of Medecine a été abondamment relayée et est trompeusement intitulée « déclin de l’immunité naturelle » (« waning of natural immunity »).
Elle est reprise pour justifier l’administration de doses vaccinales supplémentaires car on constate effectivement des réinfections dans la cohorte d’individus précédemment infectés mais non vaccinés qui est suivie. Mais la véritable question est : ces réinfections chez les non-vaccinés donnent-elles lieu à des covid graves ? Les auteurs prétendent par contre ne pas avoir observé suffisamment d’évènements de covid grave pour pouvoir effectuer des comparaisons.
Cependant, on peut déjà voir sur les données non ajustées que la fréquence de covid graves chez ces individus (« recovered unvaccinated ») est très faible, y compris chez les personnes âgées, en comparaison de ceux ayant reçu 2 ou 3 doses.
L’étude dite « qatarie » de Chemaitelly et al.
Heureusement une récente étude qatarie, disponible pour l’instant sous forme de « preprint » vient répondre à ces questions fondamentales : Il s’agit en fait d’une actualisation d’une étude publiée précédemment par les mêmes auteurs dans le New England Journal of Medecine, espérons qu’elle y sera également accueillie favorablement et que les éditeurs ne failliront pas à publier ces données importantes et solides.
Contrairement à l’étude israélienne qui fonctionne en individus jours d’exposition, la cohorte qatarie bénéficie d’une méthodologie plus robuste par appariement sur les covariables les plus importantes (comorbidités, période de suivi etc.) pour limiter les biais de comparabilité des individus.
Contrairement aux données de Santé Publique France notamment, les cas hospitalisés sont rigoureusement attribués ou non à la covid lors de la relecture des dossiers par des cliniciens.
Résultats : Malgré la possibilité de réinfections, il n’est pas décelé de décroissance de l’immunité naturelle contre la covid grave.
La protection conférée par une précédente infection contre la covid grave, reste forte et stable proche de 100% y compris avec Omicron, et ceci à plus de 14 mois de la 1ère infection.
- Autres détails importants : la cohorte suivie comprend de nombreuses ethnies différentes car l’essentiel de la population résidant au Qatar est constituée de personnes expatriées, ce qui étend sa validité à d’autres pays. La protection conférée par l’immunité naturelle était comparable en force et en durabilité dans la sous-cohorte des individus >50 ans.
Ces résultats vont encore une fois dans le sens d’une évolution similaire de celle des autres coronavirus humains. Après une phase initiale comportant des formes graves, une immunité naturelle durable contre les formes graves s’installe dans la population avec toutefois des réinfections bénignes fréquentes qui jouent le rôle de rappels vaccinaux.
- Autre résultat intéressant : ils montrent que l’immunité naturelle contre la réinfection (quelle que soit la gravité) dans la période pré-Omicron atteignait son optimum à 7 mois après la 1ère infection (efficacité calculée ici à 90%), alors que c’est précisément à 6 mois puis à 4 mois après l’infection que le gouvernement français a fixé arbitrairement la péremption de l’immunité naturelle. Cette immunité semble décroître ensuite beaucoup plus lentement que l’immunité vaccinale (encore 70% à 16 mois de la primoinfection).
Cette prédiction de péremption s’appuyait sur la cinétique de décroissance des taux plasmatiques d’anticorps IgG, dont on voit encore une fois ici que ce n’est pas le paramètre pertinent pour évaluer l’immunité naturelle. Espérons que les « experts » à l’origine de ces spéculations seront capables de faire leur mea culpa.
Actuellement, la protection vis-à-vis de la réinfection non grave a probablement diminué du fait de la profonde divergence antigénique d’Omicron par rapports aux souches précédentes. Mais il est fort possible que les personnes immunisées naturellement contre Omicron seront aussi durablement protégées sur le critère « toutes infections » en ce qui concerne les sous-variants d’Omicron, à l’image de ce qu’on observe sur les variants pré-Omicron entre eux.
En effet, à court terme, les mêmes auteurs qataris observent déjà une forte protection de l’immunité naturelle contre toutes réinfections avec les sous-variants Omicron BA.4 et BA.5, lorsque l’infection précédente a eu lieu avec les souches Omicron BA.1 ou BA.2.
À noter par ailleurs que :
Omicron est moins pourvoyeur que Delta de covid longs (symptômes persistants au-delà de 4 semaines) sur cette analyse multivariable des données britanniques qui ne porte que sur des individus vaccinés.
De façon intéressante, les personnes ayant reçu une dose de vaccin plus récemment (<3 mois) ont plus tendance à développer des symptômes persistants.
Les cris d’alarmes poussés par certains sur la dangerosité accrue de BA.5 partent d’une étude in vitro, c’est-à-dire de peu de poids en regards des données cliniques disponibles qui, elles, sont rassurantes : l’analyse multivariable de 3.800 patients de la « vague » BA.4/5 en Afrique du Sud ne montre pas de différence de sévérité avec BA.1 mais bien une réduction de la gravité intrinsèque en comparaison des variants précédents, même après ajustement sur l’antécédent d’infection et la vaccination. L’immunité acquise par l’infection antérieure et/ou la vaccination reste fortement protectrice.
Ceci vient également confirmer que les mesures d’anticorps totaux ou neutralisants dans le sang ne sont pas un paramètre suffisant pour prédire la protection (naturelle ou vaccinale) contre les formes graves dans le cadre de la covid-19 et contre différents variants. On parle en effet beaucoup de ce paramètre. Une raison est qu’il est classiquement utilisé pour d’autres maladies et vaccins car repose sur des échantillons sanguins faciles à obtenir et à répéter.
Malheureusement, l’immunité dans les voies aériennes, qui sont le lieu de l’infection par la covid-19, requiert des mesures plus compliquées, donc il faut s’en tenir aux données cliniques en priorité.
L’autre raison est que les vaccins fonctionnant par injections intramusculaires font augmenter automatiquement les quantités d’anticorps dans le sang. Ainsi, cette mesure est utilisée, à tort, pour prédire une efficacité vaccinale miraculeuse grâce à l’injection de nouvelles doses (« immunobridging »), dire que les doses précédentes ne sont plus suffisantes, mais aussi dénigrer l’immunité naturelle qui, elle, réside dans les voies aériennes.
Selon les résultats apportés par la cohorte dite « qatarie », la protection conférée par une précédente infection contre la covid grave, reste forte et stable à travers le temps et les variants, proche de 100% y compris avec Omicron.
Conclusion
Ces données encourageantes vont dans le sens d’une sortie durable de la véritable crise sanitaire, celle qui correspondait à de nombreux cas de covid grave saturant les ressources hospitalières semble révolue. En effet, la part de la population mondiale qui est naturellement et durablement protégée contre la covid grave est considérable et croissante, surtout depuis les « vagues » d’Omicron et ses sous-variants.
Il faut maintenant que les autorités prennent la mesure de ces nouvelles connaissances et adaptent leurs stratégies en conséquence pour qu’une sortie de la crise sanitaire « politique » soit envisageable.
yogaesoteric
13 octobre 2022