Qui avait payé et armé Hitler ? (1)
Une question à laquelle journaux, magazines et livres d’histoires bourgeois touchent très rarement est celle de savoir qui avait financé et armé Hitler. Qui avait financé l’appareil militaire et l’appareil de propagande du parti nazi ? Hitler était caporal pendant la première guerre mondiale et il menait aussi bien avant qu’après la guerre une vie bohémienne, sans travail permanent.
Comment fut-il possible pour Hitler de mettre sur pied, en quelques années seulement, un grand appareil de propagande et un parti couvrant tout le pays et de rafler le pouvoir en Allemagne? Qui était derrière lui? Qui a financé Hitler ?
Savais-tu ?
Savais-tu que Fritz Thyssen, l’homme le plus riche d’Allemagne, au capital provenant de l’industrie sidérurgique, était le premier capitaliste qui avait commencé à financer Hitler ? Il avait donné à Hitler cent milles marks d’or en 1923 !
Savais-tu que l’industrie chimique allemande avait découvert et fabriqué le pétrole, les matières explosives et le caoutchouc artificiel qui rendirent Hitler et l’Allemagne nazie totalement indépendants des produits naturels importés et libres de faire la guerre ?
Savais-tu que les découvertes de l’industrie chimique allemande avaient été faites avec l’argent en partie emprunté aux Etats-Unis d’Amérique ?
Savais-tu que les Nazis avaient perdu 2 millions de voix dans la dernière élection démocratique en Allemagne, le 6 novembre 1932, et que les communistes avaient fait de grands succès électoraux et qu’ils étaient devenus le plus grand parti politique dans la capitale allemande, Berlin ?
Savais-tu qu’après le grand recul des Nazis dans les élections de novembre 1932, 38 des grands capitalistes d’Allemagne écrivirent une pétition au président Hindenburg pour exiger la nomination de Hitler comme chancelier national ?
Savais-tu que le grand capital allemand rassembla, dans une réunion secrète, le 20 février 1933, 3 millions de mark pour payer la campagne du chancelier Hitler pour aux élections du 5 mars 1933 ?
Savais-tu que IG Farben, la plus grande entreprise allemande, était le plus gros assistant de Hitler pendant la guerre et que IG Farben vola et s’appropria toutes les usines chimiques dans l’Europe occupée par les Nazis: le groupe autrichien Skoda Werke Wetzler, la plus grande entreprise chimique de la Tchécoslovaquie, Aussiger Verein, les trois fabriques chimiques de la Pologne : Boruta, Wola et Winnica, le groupe chimique de la France, Kuhlmann.
Savais-tu que IG Fabern avait, à Auschwitz, deux usines pour la fabrication de l’huile et du caoutchouc synthétique sous le nom de IG Auschwitz, où on utilisait de la main-d’œuvre esclave et que IG Auschwitz avait son propre camp de concentration ?
Savais-tu que le roi de la Grande Bretagne, Edward VIII, qui fut obligé d’abdiquer de son trône en 1936, et sa femme américaine, Mme Willis Simpson, étaient nazis ?
Savais-tu que les institutions financières des Etats-Unis d’Amérique comme Chase National Bank et National City Bank of New York, avaient continué d’investir dans l’industrie d’armement allemande après l’arrivée de Hitler au pouvoir et pendant la deuxième guerre mondiale?
Savais-tu que la plus grande entreprise des USA pendant la deuxième guerre mondiale avait ses propres usines de fabrication du matériel de guerre en Allemagne nazie et dans les pays occupés ? Par exemple : ITT, Ford, General Motors, Standard Oil of New Jersey, etc.
Savais-tu que la plus grande partie de ce matériel de guerre était envoyé au front de l’est contre l’Union soviétique mais qu’il fut aussi utilisé dans la guerre contre les troupes de leur propre pays, les USA ?
Savais-tu que l’aide militaire de ces entreprises des Etats-Unis à l’Allemagne nazie était peut-être plus grande que la contrepartie des ventes des Etats-Unis à l’Union soviétique ?
Tout avait commencé avec Fritz Thyssen
Fritz Thyssen, le plus grand industriel de la sidérurgie allemande de l’époque, donna une série d’interviews aux éditeurs connus, Emery Reves et César Saerchinger, lesquelles donnèrent lieu à un livre sous le titre : « I Paid Hitler » (J’ai financé Hitler). Le titre du livre est une reconnaissance du rôle de Thyssen dans l’Allemagne nazie, mais le livre n’est pourtant qu’une partie de la vérité. Thyssen, qui était l’homme le plus riche d’Allemagne, raconte avoir donné des grandes contributions au Parti nazi. De son père August Thyssen, Fritz Thyssen avait hérité une aciérie et des industries des métaux dans la région de Ruhr, et les avait transformées en un empire. Fritz Thyssen avait, au début du 19e siècle, une position dominante dans la vie industrielle et financière allemande et une grande influence dans plusieurs pays en Europe. Fritz Thyssen devint actif dans la vie politique après la première guerre mondiale. Il n’accepta jamais les sanctions économiques des accords de paix de Versailles contre l’Allemagne vaincue et organisa entre autres la résistance passive contre l’occupation française de la Ruhr.
Fritz Thyssen chercha, après cela, un nouveau leader pour l’Allemagne. Thyssen voulait avoir quelqu’un qui pouvait contribuer au « rétablissement de l’Allemagne en faisant de nouveau naître une volonté nationale et en présentant un programme social moderne ». Et Fritz Thyssen d’ajouter : « dans un pays qui, à un moment, avait sept millions de chômeurs, il était nécessaire de détourner les pensées des masses des fausses belles promesses du socialisme radical. Car ces extrémistes avaient commencé à prendre le dessus pendant la dépression économique, tout comme ils avaient été près de gagner pendant la période révolutionnaire qui avait suivi l’effondrement de 1918 ».
Le choix de Thyssen devint Adolphe Hitler. Hitler avait comme premier objectif de combattre les communistes et le mouvement syndical et d’interdire ces organisations. De plus, Hitler voulait que l’Allemagne puisse conquérir le rôle de leader dans les domaines militaire et industriel en Europe. Comme indication dans ce sens, Hitler avait voulu expulser tous les Juifs qui, selon lui, s’occupaient de la conspiration de dominer le monde et de dompter l’Allemagne. La richesse de Fritz Thyssen et son aide politique étaient ce qui, à l’origine du nazisme, avait donné à Adolphe Hitler, une base économique stable et des contacts précieux avec le grand capital allemand.
L’histoire politique d’Hitler commença après la première guerre mondiale. Pendant la guerre, Hitler était planton et caporal. A la fin de la guerre, il prit un emploi dans l’armée du district de Munich comme espion de la Défense nationale allemande, ce qui restait de l’armée allemande après la défaite. La tâche d’Hitler était d’espionner la gauche et le mouvement syndical. La première mission d’Hitler était de reprendre, en 1919, le contrôle du petit parti de droite, le Parti allemand du travail, Deusche Arbeitepartei. Dans les réunions du parti, Hitler excitait grossièrement contre les communistes, les socialistes, les syndicalistes et les Juifs. C’était un démagogue exceptionnel qui connaissait l’art d’exciter le public. Il attira vers le parti, les anciens militaires de profession, les officiers et les sous-officiers, ce qui donna au parti un profil militaire.
Hitler prit vite le leadership du parti. Il changea le nom du parti en Parti national socialiste allemand du travail – NSDAP, et adopta un programme qui comprenait des principes nationalistes extrémistes et une forte idéologie antisocialiste, et antisémite. Les années suivantes furent caractérisées par un chômage massif et une grande agitation sociale. La propagande haineuse d’Hitler lui attira des partisans et le parti grandit. La confrontation avec les communistes et les socialistes qui était l’un des objectifs du parti, était toujours l’une des priorités à l’ordre du jour. Hitler donna à Ernst Röhm, un vieil officier, la mission d’organiser l’armée privée du parti, Sturmabteilung, SA, (le département d’assaut), que les Nazis utilisaient dans les attaques contre les réunions et les locaux des communistes.
L’Allemagne après la première guerre mondiale
La situation politique était très tendue et très confuse en Allemagne après la première guerre mondiale. Certains territoires/états fédérés étaient dominés par des gouvernements de gauche (La Saxe, Thüringen, ainsi qu’une partie de la région du Rhin), d’autres par la droite (le Bayern). Un combat permanent entre la gauche et la droite était en cours dans tout le pays. De fois, les états fédérés de gauche étaient attaqués par des groupes de droite dans le but de démettre les gouvernements fédérés régionaux. Les situations révolutionnaires au sein de la classe ouvrière allemande ne manquaient pas. Les travailleurs voulaient le socialisme, les bourgeois défendaient l’ancienne classe des privilégiés. Les capitalistes finançaient la création des légions pour les utiliser contre les tentatives des travailleurs à la révolte et l’organisation. Les légions étaient constituées des anciens officiers qui s’étaient battus pendant la première guerre mondiale et qui pendant ce temps étaient des chômeurs. Ces légions étaient amenées dans tout le pays, elles attaquaient sauvagement toutes les réunions de gauche et les tentatives des travailleurs à s’organiser et terrorisaient toute la population ouvrière d’Allemagne.
Le magnat de l’industrie Fritz Thyssen faisait partie de ce mouvement contre la classe ouvrière. Thyssen voulait contribuer à casser le mouvement ouvrier allemand. Thyssen avait peu des contacts dans les milieux politiques. Dans ses mémoires, il raconte qu’il a cherché conseil chez un ami, le général Erich Ludendorff, à Munich. Le général Ludendorff était un ancien prussien, un bon ami du maréchal Paul Von Hindenburg, chef d’état-major des forces allemandes pendant la première guerre mondiale. Ludendorff était de ceux qui, pendant la guerre, avaient été nommés pour sauver l’Allemagne. Comme ancien ami du grand capital allemand, le général Ludendorff jouissait d’un grand prestige dans la haute classe allemande et était l’un des premiers représentants des soit disant patriotes des légions qui poursuivaient et pourchassaient les ouvriers.
Ludendorff était payé par le capital industriel. Selon Thyssen, il avait « sollicité et obtenu l’aide de plusieurs leaders industriels, surtout de Minnoux du groupe Stinnes ». Il savait où l’argent devait être utilisé pour mieux anéantir la révolte ouvrière. « Il n’y a qu’un espoir » disait Ludendorff à Thyssen. C’était « les Légions Oberland, et avant tout, le Parti national socialiste d’Hitler. Toutes ces unités étaient composées des jeunes hommes et des vétérans de la guerre, qui étaient résolument décidés à combattre le socialisme comme la racine et l’origine de toute la situation de déliquescence. Ludendorff admirait énormément Hitler ». « Il est le seul homme qui a quelque intelligence politique. »
Fritz Thyssen suivit les conseils de Ludendorff. Il participa comme spectateur à une réunion publique où Hitler parlait et où il trouva ce qu’il cherchait. « C’était en ce moment-là que je me rendis compte de son talent oratoire et sa capacité à conduire les masses. Mais ce qui m’impressionna le plus, c’était l’ordre qui régnait dans ses réunions, la discipline presque militaire de ses partisans », écrivit-il.
Le capital industriel finance Hitler
Le Parti nazi d’Hitler voulait devenir le plus grand parti de la droite. Mais Hitler manquait de l’argent. Il était difficile de réaliser le projet politique des Nazis sans des grandes contributions et même de payer la canaille qui était prête à s’habiller sous l’uniforme de S.A. Thyssen et Hitler se retrouvèrent. Ils se rencontrèrent pour la première fois à la fin octobre 1923. La première contribution de Thyssen au Parti nazi fut « cent milles mark en or ». C’était le moment. Hitler et Ludendorff étaient justement en train de préparer un coup d’état à Munich et l’argent fut donc bien utilisé. Avec l’aide des pas des bottes des légions libres dans des grandes manifestations, les Nazis allaient prendre le siège du gouvernement, faire tomber le gouvernement fédéré et placer Hitler au pouvoir. Hitler avait, revolver à la main, obligé le commissaire général de Bayern de donner son accord pour la manifestation, et le train de la manifestation se déploya à travers les rues de Munich le 9 novembre 1923 avec Hitler et Ludendorff au premier rang.
Mais le coup d’état d’Hitler eut une fin piteuse. L’armée n’était pas d’accord de faire le coup d’état. Les soldats avaient attendu dans un coin de rue et avait ouvert le feu. Certains moururent, d’autres s’enfuirent, Hitler aussi. Hitler fut arrêté quelques jours plus tard, et condamné à cinq ans de prison, mais il fut amnistié après six mois. Hitler menait une vie privilégiée en prison. Ses sympathisants parmi les officiers avaient tout arrangé. Pendant son séjour en prison, Hitler avait commencé à écrire son livre « Mein kampf », Mon combat, dans lequel il développait son programme politique. Ce fut un manuel de propagande haineuse contre le communisme et les Juifs. La démagogie est le guide qui va attirer le lecteur inconscient dans un raisonnement aux postulats nationalistes extrêmes qui, en vérité, n’avaient pas de soutien dans la réalité. L’idée de base du livre peut être résumée dans une courte citation : « Nous devons considérer le bolchévisme russe comme une tentative de la part du judaïsme, de s’arroger le leadership du monde au vingtième siècle ».
Les Nazis se renforcèrent donc parmi les petits bourgeois allemands et la classe moyenne allemande sur les traces de la crise économique et avec l’argent provenant de la sidérurgie. En 1924, six mois après le coup d’état manqué, les Nazis firent une percée aux élections parlementaires avec 2 millions de voix et 32 sièges. Mais le bonheur ne dura pas cette fois. Lors des prochaines élections législatives tenues au cours de la même année, la côte des Nazis diminua de moitié, ils eurent 0,9 millions des voix. La marche à reculons allait continuer les années suivantes. Aux élections législatives de 1928, les Nazis eurent 0,8 millions des voix. Le parti nazi était pendant ces années, un petit groupe d’extrême droite sans influence dans la société. Au même moment, la gauche consolida ses forces. Les socio-démocrates du SPD eurent 1,9 millions des voix dans les mêmes élections et les communistes du KPD, un parti de 120.000 membres, eurent 3,3 millions des voix. La droite traditionnelle était représentée par le Centre obtint 4,7 millions des voix, le Parti national DNVP, 4,4 millions et un certain nombre de petits partis. Malgré cela, les élections de l’année 1928 furent les dernières élections où le Parti nazi d’Hitler était considéré comme l’un des plus petits partis du parlement.
En dehors d’Hitler et des capitalistes de la sidérurgie, beaucoup d’autres gens étaient intéressées à prendre la revanche de la première guerre mondiale qu’ils avaient perdue et d’amener l’Allemagne à reprendre le leadership comme la nation la plus industrialisée, et le pouvoir économique en Europe. La puissante industrie chimique allemande travaillait depuis longtemps pour une nouvelle conquête allemande des marchés européens et du monde et pour un réarmement militaire qui, les armes à la main, pouvaient garantir leurs ambitions. En réalité, l’industrie chimique allemande avait travaillé dans cette direction depuis la défaite de 1918 !
Lisez la deuxième partie de cet article
yogaesoteric
6 janvier 2020
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