Rapport : Plus de 16.000 substances chimiques présentes dans les produits plastiques courants, soit 3.000 de plus que les estimations précédentes

• Seule une petite partie des produits chimiques est réglementée par des accords environnementaux – seulement 980 sur 4.200.
• 3.200 substances chimiques potentiellement nocives ne sont pas surveillées, et leur diffusion dans l’environnement et dans les produits vendus chaque jour est inconnue.

Un nouveau rapport du projet PlastChem a révélé qu’il y a au moins 3.000 produits chimiques de plus dans différents produits en plastique que ce qui avait été estimé précédemment.

Réalisé par une équipe de scientifiques européens et financé par le Conseil norvégien de la recherche, le rapport a identifié plus de 16.000 substances chimiques dans des produits courants tels que les bouteilles d’eau, les jouets de dentition et même des produits médicaux comme les poches de sang.

Ce nombre stupéfiant représente une augmentation significative par rapport aux 13.000 substances chimiques identifiées par le Programme des Nations unies pour l’environnement.

Parmi les milliers de produits chimiques présents dans les plastiques, on trouve les substances per- et poly-fluoroalkyles, ou « produits chimiques éternels », qui sont liées au cancer, aux lésions hépatiques et à l’insuffisance pondérale à la naissance ; les phtalates, qui imitent les hormones et réduisent les niveaux de testostérone ; et les bisphénols, qui imitent les œstrogènes et perturbent le système endocrinien.

En outre, les chercheurs ont découvert des lacunes dans les informations concernant plus d’un quart des produits chimiques en plastique en circulation. En d’autres termes, les produits chimiques « manquent d’informations de base sur leur identité et plus de la moitié d’entre eux ont des informations ambiguës ou manquantes sur leurs fonctions et leurs applications dans le domaine public ».

Malgré leur dangerosité, seule une petite partie des produits chimiques est réglementée par des accords environnementaux – seulement 980 sur 4.200. En d’autres termes, plus de 3.200 substances chimiques potentiellement dangereuses ne font l’objet d’aucune surveillance, et leur diffusion dans l’environnement et dans les produits vendus chaque jour est inconnue.

« Seuls six pour cent des produits chimiques présents dans les plastiques font l’objet d’une réglementation internationale. Sans pression réglementaire, il n’y a pas de motivation pour divulguer ce que contiennent les plastiques », a déclaré Martin Wagner, toxicologue environnemental à l’Université norvégienne des sciences et de la technologie et auteur principal du rapport.

Les chercheurs appellent à une réglementation stricte des plastiques

Jane Muncke, coauteur du rapport et directrice générale de l’organisation suisse à but non lucratif Food Packaging Forum, a mis en garde contre les risques sanitaires liés à l’exposition à ces substances chimiques. Elle affirme que certaines substances chimiques contenues dans les plastiques ont été associées à des problèmes de fertilité, à des maladies cardiaques, à des cancers et à d’autres effets néfastes sur la santé.

L’étude a utilisé quatre critères clés pour évaluer les dangers de ces produits chimiques : la persistance, la mobilité, la bioaccumulation et la toxicité.

La persistance fait référence à la capacité des substances chimiques à résister à la décomposition ou à la dégradation dans l’environnement. La mobilité, quant à elle, fait référence à leur capacité à se répandre. La bioaccumulation souligne la propension des substances chimiques à s’accumuler dans les organismes vivants au fil du temps, ce qui peut avoir des effets néfastes sur la santé. Enfin, la toxicité signifie leur capacité à causer des dommages à l’homme, à la faune et aux écosystèmes.

De même, un rapport publié en février a confirmé que le recyclage des plastiques n’est ni économiquement ni pratiquement réalisable, ce qui contredit les affirmations de longue date de l’industrie.

En réponse, les auteurs de l’étude ont souligné la nécessité d’une approche holistique de la réglementation des plastiques, englobant toutes les étapes du cycle de vie des plastiques, de la production à l’élimination. Ils ont insisté sur le fait que si l’industrie et les gouvernements ne sont pas soumis à une forte pression pour faire évoluer la situation, les effets dangereux des produits chimiques contenus dans les plastiques persisteront sans relâche.

« Les gouvernements du monde entier veulent s’attaquer au problème des plastiques. Toutefois, cet objectif ne peut être atteint que si les produits chimiques plastiques problématiques sont traités de manière appropriée. Le rapport fournit les preuves scientifiques indispensables pour rendre les plastiques plus sûrs pour l’environnement et pour nous, les êtres humains », a-t-il déclaré.

Écoutez cet épisode du « Finding Genius Podcast » dans lequel Steve et Deonie Allen discutent de la manière de résoudre la crise mondiale du plastique.

yogaesoteric
4 avril 2024