The Smoky God : un voyage vers le monde intérieur (2)
Lisez la première partie de cet article
Je me rappelle bien que nous avons quitté Stockholm dans notre sloop de pêche le troisième jour d’avril 1829 et avons navigué au sud, laissant l’Île de Gothland à gauche et l’Île Oeland à droite. Quelques jours plus tard nous avons doublé le Point de Sandhommar et avons emprunté le détroit qui sépare le Danemark de la côte scandinave. En temps voulu nous avons fait escale dans la ville de Christiansand, où nous nous sommes reposés deux jours et ensuite nous sommes repartis le long de la côte scandinave vers l’ouest, en nous dirigeant vers les Îles Lofoden.
Mon père était d’esprit très gai, en raison des excellents et satisfaisants bénéfices qu’il avait obtenus de notre dernière pêche qu’il avait commercialisée à Stockholm, au lieu de la vendre dans une des villes de marins le long de la côte scandinave. Il a été particulièrement heureux avec la vente de quelques défenses d’ivoire qu’il avait trouvées sur la côte d’ouest de la Terre de Franz Joseph pendant une de ses croisières du nord l’année précédente et il a exprimé l’espoir que cette fois nous pourrions de nouveau être assez chanceux de charger notre petit sloop de pêche de d’ivoire, au lieu de morues, harengs, maquereaux et saumons.
Nous fîmes escale à Hammerfest, qui est à 71°40’ de latitude N, pour nous reposer quelques jours. Nous y sommes restés une semaine, et nous fîmes des provisions supplémentaires et avec plusieurs tonneaux d’eau potable et nous avons ensuite navigué vers le Spitzberg.
Pendant les quelques premiers jours, nous avions une mer libre et un vent favorable et ensuite nous avons rencontré beaucoup de glace et beaucoup d’icebergs. Un navire aussi large que notre petit sloop de pêche ne pouvait pas probablement trouver sa route parmi le labyrinthe d’icebergs ou se serrer dans les canaux à peine ouverts. Ces montagnes d’icebergs se présentaient en une succession infinie de palais de cristal, de cathédrales massives et des chaînes de montagnes fantastiques, sinistres et pareilles à des sentinelles, immobiles comme quelques falaises imposantes en roche solidifiée, se dressant silencieux comme un sphinx, et résistant aux vagues agitées d’une mer mouvementée.
Après avoir échappé de justesse à de nombreux accidents, nous sommes parvenus au Spitsberg, le 23éme jour de Juin et nous avons jeté l’ancre à la Baie Wijade pendant un court temps, où nous avons eu la main très heureuse pour notre pêche. Nous avons alors levé l’ancre et avons traversé le Détroit Hinlopen et navigué le long de la côte de la Terre du Nord-Est. ( on doit se rappeler que Andrée amorça son fatal voyage en ballon à partir de la côte nord-ouest Spitsberg ).
Un vent fort nous a abordé venant du sud-ouest et mon père dit que nous ferions mieux d’en profiter et d’essayer d’atteindre la Terre de Franz Josef, où, l’année précédente il avait, par accident, trouvé les défenses d’ivoire qui lui avaient rapporté un si bon prix à Stockholm.
Jamais, auparavant ou depuis, je n’avais vu tant d’oiseaux de mer ; ils étaient si nombreux qu’ils cachaient les rochers du littoral et qu’ils obscurcissaient le ciel.
Pendant plusieurs jours nous avons navigué le long de la côte rocheuse de la Terre de Franz Josef. Finalement, un vent favorable nous a poussé vers la Côte Ouest et, après avoir navigué à la voile vingt-quatre heures, nous sommes arrivés à un magnifique petit bras de mer.
On aurait pu à peine croire que c’était là, la lointaine Terre du Nord. L’endroit était vert avec une croissante végétation et bien que la zone ne représente pas plus qu’un ou deux acres, l’air était cependant chaud et tranquille. Ce point aurait été le lieu où l’influence du Gulf Stream se fait le plus profondément sentir.
(… Sir John Barrow, Bart., F.R.S., dans son ouvrage intitulé « Découverte et recherche de voyages dans les Régions Arctiques », dit à la page 57 : « M. Beechey se réfère à ce qui était fréquemment trouvé et noté – la douceur de la température sur la côte occidentale du Spitsberg, est devenue là atténuée, ou ne présente aucune sensation de froid, bien que le thermomètre puisse être seulement de quelques degrés au-dessus du point de congélation. L’effet brillant et vif d’un jour clair, quand le soleil brille plus avant au travers d’un ciel pur, d’une teinte azurée, est si intense que l’on y trouve aucun parallèle même dans le célèbre ciel italien. »)
Sur la côte-Est, il y avait de nombreux icebergs, bien que l’on soit ici dans une eau libre. Loin vers l’ouest, cependant, on voyait des blocs de glace et toujours plus au loin, vers l’ouest apparaissaient en forme de chaînes de basses collines de glaces. Devant nous et directement au nord, s’étendait une mer libre.
(Le Capitaine Kane, à la page 299, citant le Journal de Morton, le 26 décembre, dit : « Aussi loin que je pourrais le voir, les passages ouverts étaient larges au moins de quinze milles, avec parfois des miettes de glaces les séparant. Mais c’était partout de la petite glace qui vient soit de l’espace libre au nord ou soit de la glace qui s’effrite et coule pour disparaître totalement plus avant vers le nord ».)
Mon père était un ardent adepte d’Odin et Thor et me disait fréquemment qu’ils étaient des Dieux qui sont venus de loin au-delà « du Vent du Nord. »
Mon père expliquait que selon une tradition, qui dit qu’il existait alors plus au loin vers le nord, une terre plus belle que tout ce qu’aurait jamais connu tout mortel et qui est habitée par le peuple « élu ». (Nous trouvons la chose suivante dans « Mythologie Allemande » page 778, sous la plume Jakob Grimm ; « Alors les fils de Bor construit au milieu de l’univers la ville appelée Asgard, où demeurent les Dieux et leurs semblables et de ce lieu, ils mirent au point tant de choses merveilleuses et sur la terre et dans les cieux au-dessus. Il y a dans cette ville une place appelée Hlidskjalf et quand Odin est assis là sur son trône élevé, il veille sur le monde entier et discerne toutes les actions humaines. »)
Cartes authentiques je vous laisse deviner d’où elles viennent…
Ma jeune imagination a été stimulée par l’ardeur, le zèle et la ferveur religieuse de mon bon père et je me suis exclamé : « Pourquoi ne pas naviguer vers cette terre gracieuse ? Le ciel est juste, le vent favorable et la mer ouverte ».
Même maintenant, je peux voir l’expression de surprise agréable de sa mine, quand il s’est tourné vers moi et m’a demandé : « Mon fils, désires-tu aller et explorer avec moi – l’au-delà où l’homme ne s’est jamais aventuré ? » J’ai répondu affirmativement. « Très bien », répondit-il. « Que Odin nous protège ! » Et, ajustant rapidement les voiles, il a jeté un coup d’œil à notre boussole, a tourné la proue droit dans la direction du nord et au travers d’une voie libre, notre voyage commença. (Hall écrit, à la page 288 : « Le 23 janvier deux Esquimaux, accompagnés par deux marins, sont allés au Cap Lupton. Ils ont annoncé avoir rencontré une mer d’eau libre qui s’étendait aussi loin que l’œil pouvait scruter ».)
Le soleil était bas sur l’horizon, comme il pouvait l’être encore en ce tout début de l’été. En effet, nous avions presque quatre mois d’avance avant que la nuit polaire arrive de nouveau.
Notre petit sloop de pêche a bondi en avant comme s’il désirait ardemment se lancer comme nous-mêmes dans l’aventure. Trente-six heures après nous étions hors de vue de l’extrême point nord du littoral de Terre de Franz Josef. Un courant fort se dirigeant le nord par le nord-est semblait nous transporter. Loin à droite et à gauche de nous s’étalaient des icebergs, mais notre petit sloop a dû longer d’étroits passages et des couloirs si fins en certains endroits, que si notre embarcation n’avait pas été de forme réduite, nous n’aurions jamais pu nous en sortir.
Le troisième jour nous sommes arrivés à une île. Ses rivages étaient baignés par une mer libre. Là mon père décida de faire une pause et de partir en exploration pendant un jour. Cette nouvelle terre était privée de bois de construction, mais nous y avons trouvé une grande accumulation de bois rejetés par la mer, sur le rivage du nord. Certains des troncs des arbres étaient quarante pieds de long (près de 12m) et deux pieds de diamètre (60cm).
Après avoir exploré pendant un jour le littoral de cette île, nous avons levé l’ancre et avons tourné notre proue vers le nord en direction de la mer libre. (Dr. Kane dit, à la page 379 de son ouvrage : « je ne peux pas imaginer ce que devient la glace. Un courant fort survint constamment du nord; mais, à l’altitude de plus de cinq cents pieds (152m), j’ai vu seulement les bandes étroites de glace, avec les grands espaces d’eau libre, de dix à quinze milles dans la largeur, entre eux. Cette glace doit, donc, ou aller vers un espace libre au nord, ou se dissoudre. »)
Je me rappelle que ni mon père, ni moi-même n’avions rien mangé pendant presque trente heures. Peut-être cela était dû à la tension d’excitation de notre voyage étrange dans les plus lointaines eaux du nord, où d’après mon père, personne ne s’était aventuré auparavant. Notre pouvoir de suggestion avait calmé nos appétits physiques.
A la place d’un froid intense comme nous l’aurions prévu, il faisait vraiment plus chaud et plus bien plus agréable que dans la région d’Hammerfest sur la côte du Nord de la Norvège, il y avait environ six semaines de cela.
Nous admîmes tous les deux, franchement avoir très faim et immédiatement, j’ai préparé un repas substantiel grâce à notre garde-manger bien pourvu. Après nous nous soyons copieusement restaurés, j’ai dit à mon père que je sentais venir le sommeil et que j’allais m’endormir. « Très bien », m’a-t-il a répondu, « je montrerai la garde ».
Je n’ai aucune façon de déterminer combien de temps, j’ai dormi; je sais seulement que j’ai été brutalement éveillé par secousse épouvantable du sloop. Je fus surpris alors de découvrir que mon père dormait profondément. Je me hurlai pour le réveiller et il se mit rapidement debout. En effet, s’il n’avait pas saisi immédiatement le bastingage, il aurait certainement été projeté dans les vagues bouillonnantes.
Une tempête de neige féroce faisait rage. Le vent était directement sur l’arrière, poussant notre sloop à une vitesse énorme et menaçant à chaque moment de nous renverser. Il n’y avait pas de temps à perdre, les voiles devaient être affalées immédiatement. Notre bateau se tordait dans des convulsions. Quelques icebergs que nous connaissions, nous côtoyaient de part et d’autre, et heureusement un canal s’ouvrait à nous directement vers le nord.
Mais en sera-t-il ainsi longtemps ? Devant nous, ceinturant l’horizon de gauche à droite, s’étalait un vaporeux brouillard ou une brume, parfois noir comme la nuit égyptienne au bord de l’eau et parfois blanc comme un haut nuage de vapeur, que l’on perd finalement de vue alors qu’il se confond avec les grands flocons blancs de neige tombante. Il n’y avait aucun moyen de déterminer, s’il couvrait un traître d’iceberg, ou quelque autre obstacle caché contre lequel notre petit sloop se briserait en nous précipitant dans une tombe liquide, ou s’il était simplement la manifestation d’un brouillard arctique.
Par quel miracle avons-nous échappé à une suprême destruction, je ne saurais le dire. Je me souviens notre petite embarcation a grincé et a gémi, comme si ses joints se cassaient. Elle a balancé et chancelé, en avant et en arrière comme si elle avait été saisi par quelque féroce courant sous-marin tourbillonnant ou quelque vortex.
Heureusement notre boussole avait été fixée par de longues vis à une traverse. La plupart de nos provisions, cependant, furent éjectées et expulsées du pont des marchandises et si nous n’avions pas pris la précaution dès le début même, de nous attacher fermement aux mâts du sloop, nous aurions été balayés dans les flots déchaînés.
Au-dessus du tumulte assourdissant des vagues qui faisaient rage, j’ai entendu la voix de mon père disant : « Soit courageux, mon fils, » puis il a hurlé « Odin est le Dieu des eaux, le compagnon du courageux et il est avec nous. N’aie pas peur. »
À moi il semblait n’exister pour nous, aucun moyen d’échapper à une mort horrible. Le petit sloop fendait l’eau, la neige tombait si abondamment qu’elle nous aveuglait littéralement et les vagues talonnaient de leur blanche écume avec une infatigable fureur. Nous ne pouvions dire, à quel instant, nous allions être précipités contre un quelconque bloc de glace à la dérive. L’énorme houle nous soulevaient jusqu’aux sommets mêmes de colossales vagues puis, nous précipitaient dans les profondeurs de leurs creux comme si notre sloop de pêche était une coquille fragile. Des vagues gigantesques d’une blancheur inimaginable, se dressaient comme les murs véritables, d’une clôture, de l’avant à l’arrière.
Cette épouvantable épreuve exaspérante, par ses innommables horreurs en forme de suspense et d’indescriptibles agonisantes peurs, dura plus de trois heures et pendant tout ce temps ce fut, la fuite en avant à grande vitesse. Alors soudainement, comme s’il s’était lassé de ses efforts frénétiques, le vent commença à diminuer sa fureur et puis il disparut progressivement. Finalement ce fut le calme parfait. Le brouillard avait lui aussi disparu et en avant nous s’étendait un couloir sans glace peut-être dix ou quinze milles de largeur avec quelques icebergs loin à notre droite et un archipel clairsemé de plus petits sur notre gauche.
J’observais attentivement mon père, en décidant de rester silencieux, jusqu’à ce qu’il prenne la parole. Sur le moment, il déliait la corde de sa taille et, sans dire un mot, il a commencé à faire travailler les pompes, qui ne furent pas heureusement endommagées, allégeant le sloop de l’eau qu’il avait accumulée dans la tempête en furie.
Il a largué les voiles du sloop aussi calmement qu’il aurait lancé son filet de pêche et ensuite il fit remarquer que étions prêts, pour recevoir le vent favorable dès qu’il se lèverait. Son courage et sa constance étaient vraiment remarquables.
Après inspection nous avons constaté que le tiers de nos provisions était encore disponible, mais notre inquiétude fut très forte, quand nous avons découvert que nos tonneaux d’eau avaient été précipités par-dessus bord pendant les plongées violentes de notre bateau.
Deux de nos tonneaux d’eau étaient dans la cale principale, mais tous les deux étaient vides. Nous avions une suffisante provision d’alimentation, mais aucune eau douce. Je réalisai alors immédiatement le caractère effroyablement dramatique de la situation. Sur le moment j’ai fut saisi d’une soif dévorante. « C’est en vérité très alarmant » a remarqué mon père. « Cependant, faisons sécher nos vêtements débraillés, car nous sommes trempés jusqu’à l’os. Aie confiance au Dieu Odin, mon fils. Ne te désespère pas. »
Lisez la troisième partie de cet article
yogaesoteric
9 juillet 2018
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