Thym : les vertus d’un antiseptique puissant
Célèbre depuis l’Antiquité, le thym est incontournable pour soigner en douceur les petits maux de l’hiver, notamment les problèmes ORL, mais aussi pour favoriser une bonne digestion. Utilisé frais ou sec dans l’alimentation comme en tisane, ou sous forme d’huile essentielle, ce condiment étonne par sa polyvalence.
Originaire du bassin méditerranéen, le thym affectionne les sols secs, rocailleux et bien drainés. La chaleur ne lui fait pas peur : il peut résister à des températures très élevées. Son emploi remonte au moins à l’Antiquité. Les Égyptiens s’en servaient dans leurs rituels de momification, autant pour ses pouvoirs de conservation que pour la protection qu’ils attendaient de lui dans l’au-delà en faveur du défunt. Les Grecs aussi lui prêtaient ce pouvoir de protection contre les mauvais esprits et faisaient brûler du thym sur leurs lieux de culte. Dans la Rome antique, c’était la notion de courage que véhiculait essentiellement le thym, pour les soldats de l’armée de Rome comme pour les gladiateurs des jeux du cirque. Les Romains en faisaient également brûler couramment dans leur maison.
Plus tard, notamment à l’époque des grandes épidémies du Moyen Âge, le thym était porté sur soi pour se prémunir de la maladie. On l’a beaucoup utilisé aussi pour protéger les marchandises sur les bateaux ou dans les magasins, contre les rats, les vers, les insectes et le pourrissement. Il venait également en renfort du sel ou du citron dans la conservation des denrées alimentaires, avant de devenir un condiment incontournable dans la cuisine provençale. Si le thym compte plus de 100 variétés différentes, c’est Thymus vulgaris (qui comprend lui-même 7 chémotypes différents) qui est le plus utilisé de nos jours. Moins connu et plus rare, mais aussi plus puissant sur certains registres, le thym saturéoïde se décline le plus souvent en huile essentielle.
Désinfectant de la sphère ORL
Comme souvent avec les simples, la science officielle n’a pas (ou peu) daigné conduire de recherche spécifique sur les vertus du thym, mais la pratique historique dans de nombreux pays et les savoirs convergents de nombreux experts ont conduit à reconnaître certains de ses usages médicinaux traditionnels.
L’Allemagne a créé en 1978 une commission dédiée à l’évaluation des remèdes de phytothérapie, la « Commission E ». Cette commission a reconnu au thym une efficacité dans le traitement des symptômes de la bronchite, de la coqueluche et de l’inflammation des voies respiratoires. L’OMS, quant à elle, mentionne les usages du thym pour traiter la dyspepsie et certains troubles gastro-intestinaux, mais aussi la laryngite et l’amygdalite.
Ses vertus antiseptiques en font un très bon agent assainissant de la sphère ORL et des bronches. À prendre d’urgence en cas de laryngite, rhinite, sinusite, bronchite, toux… Le thym est souvent aussi d’un grand secours pour les asthmatiques, chez qui il aide à dégager les voies respiratoires et à calmer les quintes de toux. Dans ces cas de figure, vous pouvez soit prendre du sirop de thym ou vous faire vous-même un macérât de thym, qui est tout aussi efficace.
Et l’immunité, alors ?
Le nom latin du thym, thymus, désigne aussi une glande endocrine essentielle à l’immunité chez l’être humain. Le thymus est situé au beau milieu de la poitrine, et curieusement, cet organe atteint son activité et sa taille maximales au cours de la puberté, avant de régresser à l’âge adulte. Il semblerait que le thymus soit un élément clé de la maturation du système immunitaire chez l’enfant.
Le thym est aussi l’une de ces plantes qui ont su s’adapter à des milieux particulièrement hostiles en termes de sécheresse et de chaleur, sans perdre leur vigueur. Et c’est justement ce caractère vigoureux, empreint de courage, que le thym transmet à quiconque le consomme. Riche en flavonoïdes et en huiles essentielles, le thym dynamise le corps tout entier, du système digestif aux muscles, en passant par le système immunitaire.
Les dernières recherches montrent même non seulement qu’il n’y a aucune toxicité à craindre du thym, mais qu’en plus, ses huiles essentielles préviennent et corrigent les aberrations du matériel génétique induites par des mutagènes, qu’ils soient d’origine synthétique ou naturelle ! On peut donc considérer à juste titre que certaines molécules contenues dans le thym, comme le carvacrol et le thymol, protègent des risques cancéreux et, dans une certaine mesure, du vieillissement cellulaire.
Bon pour la digestion
Le thym a néanmoins de nombreuses applications, dont certaines assez puissantes. Autrefois utilisé aussi bien contre le hoquet que pour soigner les morsures de serpent, il est principalement reconnu pour deux spectres d’action majeurs : ses vertus digestives et son rôle d’antiseptique et d’antibiotique naturel. Pour en profiter, rien de plus simple : une bonne macération de l’herbe (2 cuillères à soupe de thym pour une tasse, en infusion pendant 5 à 6 heures), puis ajouter le jus d’un demi-citron et du miel de thym !
Sur le plan digestif, le thym excelle à « remettre de l’ordre » dans les dérangements gastro-intestinaux, notamment grâce à ses principes amers. Antispasmodique, il calme et rééquilibre rapidement le système nerveux entérique, et traite efficacement les digestions lentes, les ballonnements, les éructations et autres flatulences. Une macération de thym stimulera la vésicule paresseuse et aidera à désengorger le foie. Ses vertus antifongiques et antimicrobiennes permettent aussi de garder sous contrôle les mauvais éléments de la flore intestinale, y compris le célèbre Helicobacter pylori, souvent responsables d’ulcères de l’estomac.
Une autre commission, européenne celle-là (l’ESCOP ou European Scientific Cooperative on Phytotherapy), dont la mission consiste à promouvoir les connaissances en phytothérapie et l’harmonisation de leur statut en Europe, reconnaît au thym une utilité dans le traitement de l’inflammation des muqueuses de la bouche et des gencives… Il faut dire que sur cet aspect, quelques études cliniques sont venues évaluer l’efficacité du thym dans le cadre de la validation de la fameuse Listerine, un bain de bouche mondialement connu, mais qui a aussi été au début de sa carrière un désinfectant des salles d’opération et des plaies. Sa formule incorporait du thymol, de l’eucalyptol et du menthol.
Un substitut aux produits ménagers chimiques
Les hôpitaux en font souvent la démonstration malgré eux : plus on combat les germes à grand renfort de chimie, plus ils deviennent résistants. Jamais les infections nosocomiales n’ont été aussi nombreuses… Pour ne pas répéter la même erreur dans votre maison, l’huile essentielle (HE) de thym peut se substituer aux innombrables produits ménagers à base de chimie qui, en fin de compte, empoisonnent plus qu’ils ne nettoient nos intérieurs.
L’HE de thym est efficace contre les staphylocoques, les streptocoques, Escherichia coli, les listeria… Toutes les surfaces de votre maison doivent être désinfectées et vous pouvez les laver de cette façon : 5 gouttes d’huile essentielle de thym dans 500 ml d’eau chaude. Cela permet de désinfecter les plans de travail, les tiroirs et les armoires de la cuisine, les salles de bains et même le réfrigérateur. Pour un spectre encore plus complet, ajoutez l’HE d’arbre à thé et l’HE de citron, en diluant 5 gouttes de chaque huile essentielle dans la même quantité d’eau. Le linge peut également être lavé de la même manière.
En cuisine aussi
On entend souvent parler des bienfaits des épices, notamment pour leurs vertus antioxydantes. C’est aussi le cas des fines herbes, et du thym en particulier. Les antioxydants sont ces composés qui neutralisent les radicaux libres, molécules instables et très réactives que la science rend responsables de la plupart des maladies dues au vieillissement, cancers et cardiopathies en tête. Les évaluations ont permis de constater que certaines fines herbes comme le thym, mais aussi le romarin, ont un pouvoir antioxydant supérieur à la plupart des fruits et légumes.
Évidemment, l’idéal est de pouvoir en disposer sous sa forme fraîche. Hélas, ce privilège est réservé aux régions du sud, et pour aller le cueillir, encore faut-il accepter de courir la garrigue, et tôt le matin, afin de profiter de la teneur maximale en huile essentielle. Sinon, on trouve le thym séché partout, entier ou en poudre. Il accompagne merveilleusement les œufs brouillés et les omelettes, les pommes de terre, les poêlées de légumes, mais aussi les marinades, qu’il protège de surcroît grâce à son pouvoir bactéricide.
Les légumes du sud – tomate, aubergine, courgette – sont tous magnifiés par le parfum incomparable du thym. Même certains fromages, notamment ceux de chèvre, tirent grand profit à être associés au thym. Vous pouvez facilement confectionner aussi une huile ou un vinaigre.
Comment utiliser le thym ?
En usage interne : Contre la grippe, faire macérer pendant 5-6 heures, 20 g de sommités fleuries séchées dans 1 litre d’eau. Prendre 3 tasses par jour. Contre les rhumes de cerveau et les sinusites, faire macérer une petite branche.
En usage externe : Pour nettoyer une plaie, faire macérer 20 g de plante dans un litre d’eau pendant 5-6 heures et appliquer ensuite sur la lésion. Contre les rhumatismes, faire chauffer du thym frais dans une poêle et insérer entre deux linges que vous poserez sur l’endroit douloureux.
yogaesoteric
15 janvier 2022
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