Une étude alerte sur la trop grande quantité de dentifrice utilisée par les enfants
FAUT QUE ÇA BRILLE – Une récente étude des autorités sanitaires américaines alerte : 40 % des enfants en bas page mettent trop de dentifrice sur leur brosse à dents, ce qui peut entraîner la formation de tâches sur leur dentition. S’il est à utiliser avec modération, le dentifrice, supplémenté en fluor, pose toutefois moins de problèmes en France. Le chirurgien-dentiste Yassine Corbin explique pourquoi.
Chewing-gum, de cola, de fruits rouges… Au rayon des dentifrices pour enfants, les saveurs sucrées et acidulées se déclinent à l’infini pour rendre le moment du brossage de dents moins pénible. Malgré l’intention louable des fabricants, ces petites astuces peuvent aussi avoir un effet pervers : celui de faire confondre aux tout-petits dentifrice et sucrerie. Ainsi, selon une étude réalisée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux Etats-Unis, 40 % des enfants de 3 à 6 ans utilisent trop de dentifrice. Or, à cet âge, et poussé par les saveurs délectables, nombreux sont ceux qui avalent cette pâte à dents, s’exposant à l’ingestion d’une trop grande quantité de fluor, ce qui peut entraîner, précise l’étude, « des modifications visibles de la structure de l’émail, telles qu’une décoloration ».
Mais, alors que les dentifrices pour enfants ont une composition similaire, les petits Français sont-ils également touchés par cette dégradation de l’émail ? On a posé la question au chirurgien-dentiste Yassine Corbin.
Un émail plus poreux
« Les Américains ont une problématique particulière puisqu’ils ont du fluor dans l’eau de ville, volontairement ajouté par les autorités. Ce qui n’est pas le cas chez nous », explique à LCI le chirurgien-dentiste Yassine Corbin. Là-bas donc, en plus du fluor qui se trouve dans l’eau qu’ils boivent tous les jours, les enfants en bas âge, qui ne maîtrisent pas bien la déglutition, vont être exposés au fluor qui se trouve dans leur dentifrice.
« S’ils en utilisent trop, ils vont en ingérer trop et se retrouver avec ce que l’on appelle des fluoroses. Ce sont de petites tâches, d’abord d’un blanc laiteux, qui deviennent marronâtres par la suite et fragilisent l’émail. » L’enveloppe protectrice de la dent, trop concentrée en fluor, va devenir plus poreuse, permettant aux bactéries de s’accrocher plus facilement et facilitant la formation de caries.
Des apports moindres chez les petits Français
En France, la problématique est de moindre ampleur. En effet, parmi les produits de grande consommation, seuls certains sels de table sont supplémentés en fluor. Et alors qu’il y a quelques décennies, les supplémentations en fluor sous forme de comprimés ou de capsules étaient conseillées chez les tout-petits, entraînant chez certains un surdosage, ce n’est plus le cas. Ces apports en fluor sont désormais seulement conseillés aux enfants présentant un risque élevé de caries. « On s’est rendus compte que ce qu’il y avait dans le dentifrice et dans le sel suffisait largement », indique Yassine Corbin. Ainsi, le dentiste ne répertorie plus que de rares tâches de fluorose.
Pour autant, comme le préconisent les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains, le spécialiste conseille de mettre «moins d’un petit pois de dentifrice sur la brosse à dent ». Car, alors que ces pâtes nettoyantes contiennent environ 600 ppm (partie par million) de fluor, la quantité n’est plus que de 0,6 à 1 ppm une fois la mousse recrachée. « S’ils avalent par contre, ils prennent les 600. Cela fait une énorme différence », commente le chirurgien-dentiste. Nul besoin en revanche de vous inquiéter si votre enfant ne cesse d’avaler son dentifrice. L’essentiel est de ne pas lui en remettre systématiquement, ce qui risquerait d’entraîner une surdose de fluor, par ailleurs très important pour la robustesse de ses dents.
yogaesoteric
23 septembre 2019
Also available in: English